Et le drapeau est attribué à… Tessa Worley, Kevin Rolland et Benjamin Daviet ! Cette semaine ont été désignés les porte-drapeaux de la délégation française pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver de Pékin 2022. Récompense méritée pour trois sportifs au palmarès de feu et au mental bien trempé. Petite fiche de révision pour ceux qui ne les connaissent pas (encore).
Par Alexandre Hozé
Publié le 28 janvier 2022 à 17h35
Les qualifiés pour les Jeux Olympiques de Beijing étaient connus, mais il fallait nommer les capitaines avant l’envol pour les hauteurs chinoises. Qui pour la succession de Martin Fourcade, jeune retraité et porte-drapeau français lors des JO d’hiver de Pyeongchang en 2018 ?
La réponse est tombée ce mercredi soir. Les chefs de file lors des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Pékin 2022 qui débutent ce 4 février seront…(roulements de tambour) Tessa Worley et Kevin Rolland !
Un mois plus tard, le 4 mars, débuteront les Jeux Paralympiques dont le porte-drapeau sera…(re-roulements de tambour) Benjamin Daviet !
Commençons par le commencement : les JO. Deux prétendants à une médaille olympique, du plus beau des métaux si possible.
Tessa Worley, skieuse alpine, a en effet rendez-vous avec l’Histoire lors de ces Jeux Olympiques de Beijing. Mais, avec le palmarès qu’elle affiche, son nom est d’ores et déjà en bonne place parmi les légendes du ski alpin.
Spécialiste du slalom géant, la jeune Tessa commence sa carrière en 2006, avant l’obtention de son bac. Il faut dire que l’univers des pentes enneigées, c’est son dada depuis toute petite.
Avec deux parents adeptes de ski, Tessa Worley est sur les pistes dès ses 2 ans. La question de son projet professionnel a été résolu très tôt, pas d’angoisse avec Parcoursup.
La gamine est douée, très douée même. Skieuse précoce, elle participe à des épreuves de la Coupe du monde à partir de 2007 et pas pour y faire de la figuration. Elle se fait un nom très vite, avec des performances impressionnantes sur Géant, tenant tête sur certaines manches aux meilleures mondiales.
Sa progression est fulgurante. Dès la saison 2011, Tessa Worley est dans la course pour le globe de la Coupe du monde de slalom géant. Elle enchaîne les victoires et se hisse jusqu’à la seconde place. Une révélation, mais la Française est une gagnante, elle espérait mieux.
La saison ne s’arrête pas là, les championnats du monde affole son calendrier. En équipe, elle obtient sa première médaille d’or internationale lors de la coupe des nations.
En individuel, elle fait partie des favorites pour l’épreuve du Géant. Pourtant, à la fin de la première manche, c’est très mal embarqué, avec un chrono qui la place à la dix-neuvième place. Mais Tessa Worley se remobilise et va signer un exploit historique. Elle signe le meilleur temps lors de la seconde manche et obtient la médaille de bronze. Une remontada incroyable !
Et la championne n’a pas l’intention de s’arrêter en si bonne piste. Régulière dans le haut du panier, elle confirme la saison suivante avec une troisième place au général du slalom géant.
En 2013, Tessa Worley connaît une saison particulière. Elle fait partie des meilleures lors des épreuves de Coupe du monde, mais n’arrive pas à renouer avec la victoire. Finalement, ce manque de premières places lui coûte le podium. Elle échoue à la quatrième place.
En revanche, lors des championnats du monde de Schladming, en Autriche, c’est pas la même histoire ! Tessa Worley brille de milles feux, finit en tête de chaque manche du Géant et obtient sa première médaille d’or internationale en individuel.
Après cette victoire impressionnante et sans appel, les attentes sont nombreuses et élevées pour la nouvelle championne du monde. Sans compter que les Jeux olympiques de Sotchi se profilent à l’horizon.
Malheureusement, une chute lors d’une épreuve de la Coupe du monde met un terme à sa saison et engloutit ses espoirs. Sa participation aux JO est désormais impossible.
Première médaille d’or internationale en individuel, en Autriche.
Son retour au plus haut niveau prend du temps. Les podiums en Coupe du monde ou aux Championnats sont hors d’atteinte en 2015 et 2016. Mais le mental de Tessa Worley est sa plus grande arme. Même si sa blessure l’a éprouvée, ni elle ni son entourage ne doutent de son retour dans le gratin du ski alpin.
En 2017, la combativité et la détermination de la Française vont payer. Cette saison voit son retour au premier plan. Et ça fait mal.
Elle renoue enfin avec la victoire lors d’une épreuve de la Coupe du monde. Cette première place n’est que le début d’une belle aventure de winneuse. Le général du slalom géant se fait une raison : cette saison, le globe est pour Tessa Worley.
Récompense méritée pour la championne, mais encore une fois, elle ne s’en contente pas. Les championnats du monde en Suisse, à Saint-Moritz plus précisément, sont entourés en rouge sur le calendrier de la skieuse.
La coupe des nations tombe dans la besace de l’équipe de France et Tessa Worley n’y est pas pour rien. Avec une médaille d’or, on peut déjà qualifier ces mondiaux de réussis.
Mais une deuxième victoire pour une skieuse alpine française lors d’un championnat du monde serait un exploit. Un exploit attendu depuis plus de quarante ans.
Aussitôt dit, aussitôt fait, l’épreuve de slalom géant ne résiste pas à Tessa Worley, qui remporte une distinction au goût particulier, celui d’un come-back inattendu après une blessure sévère.
Lors des deux saisons suivantes, les podiums s’enchaînent en Coupe du monde, aussi bien lors d’épreuves qu’au général. En 2018, c’est la deuxième place et en 2019, la troisième. Point négatif tout de même, en 2018, Tessa Worley passe à côté des Jeux Olympiques de Pyeongchang. La médaille olympique lui échappe.
La championne continue son parcours et demeure une des meilleures. Alors que les Jeux Olympiques de Beijing approchent, elle fait le plein de confiance, avec une troisième place au général de la Coupe du monde 2021 de slalom géant.
Durant les mondiaux de cette même année, elle échoue à la septième place lors du Géant, mais surprend son monde avec une médaille de bronze au Parallèle.
Candidate naturelle au titre de porte-drapeau au vu de sa carrière déjà riche, elle guidera la délégation française lors de la compétition : « J’ai envie de partager un maximum d’émotion, mettre notre expérience au profit de tous, et aussi de me nourrir de tous ces grands athlètes qui forment la délégation française pour ces Jeux, confie-t-elle. On part à Pékin avec énormément de détermination, de volonté, de plaisir, j’ai envie de transmettre tout cela jusqu’au public français, malgré la distance. »
Honorée d’être choisie, Tessa Worley a une motivation supplémentaire pour aller chercher la seule ligne qui manque à son CV : médaillée olympique.
Kevin Rolland, deuxième porte-drapeau français, glisse également vers les Jeux Olympiques dans l’optique de signer une performance digne de ce nom.
Spécialiste du half-pipe, il possède pourtant un palmarès déjà long comme le bras. Même si une médaille olympique est toujours une consécration pour un athlète, dans son cas, elle représenterait la cerise sur la montagne.
Et le bonhomme a le talent pour aller la chercher. N’est-il pas, pour commencer, l’un des meilleurs skieurs freestyle des années 2010 ? Kevin Rolland a dominé la discipline du half-pipe, jusqu’à s’imposer comme une des légendes du ski freestyle.
Les bases de sa carrière se sont construites lors des championnats du monde junior en 2007, durant lesquels il obtient la médaille d’or. Débuts professionnels réussis, mais ce n’est pas assez pour le Français.
En 2009, il signe une saison historique. Une médaille d’or aux championnats du monde d’Inawashiro, au pays du soleil levant. Ajoutez à cela une victoire au général de la Coupe du monde d’half-pipe et vous comprendrez à qui vous avez à faire.
Les années suivantes, Kevin Rolland confirme son nouveau statut, notamment aux X Games. Cette compétition réunit toutes les épreuves de ski ou snow freestyle. Il y a une édition américaine et une autre européenne. Les athlètes peuvent participer aux deux, même si doubler ces compétitions au niveau époustouflant est logiquement très exigeant physiquement.
En 2010 comme en 2011, il gagne l’épreuve de superpipe lors de la compétition américaine, mais également l’européenne. Doublé extra-ordinaire.
Pas assez ? Il obtient la médaille d’argent lors des championnats du monde en 2011. Une légère domination…
Mais le niveau de l’ensemble des athlètes ne fait qu’augmenter, la concurrence se fait plus forte. Kevin Rolland fait toujours partie des meilleurs, mais il n’est plus possible de dominer comme il l’a fait.
Pour autant, ses résultats sont toujours excellents, comme aux Jeux Olympiques de Sotchi, en 2014. Déterminé à étoffer son palmarès, il arrache la médaille de bronze lors de l’épreuve de half-pipe. Exploit incroyable et qu’il confirme avec une deuxième place aux X Games cette même année, en superpipe.
Les podiums obtenus ravissent Kevin Rolland, mais le goût de la victoire lui manque. À la recherche du métal doré, le Français connaît une saison magnifique en 2016. Pour commencer, une victoire en superpipe aux X Games américains. Ensuite, une victoire de la Coupe du monde d’half-pipe, qui lui permet également de monter sur la deuxième marche du podium du général de la Coupe du monde de ski freestyle.
Bien entendu, Kevin Rolland ne s’arrête pas en si bon chemin. En 2017, pour la deuxième fois consécutive, il remporte le globe de cristal de la saison d’half-pipe. Lors des championnats du monde, il continue sa collecte de métaux en tout genre avec une médaille de bronze.
Petit trou d’air en 2018 et déception lors des JO de Pyeongchang avec une petite onzième place lors de l’épreuve d’half-pipe.
Mais qu’importe, le Français ne s’attarde pas sur ses échecs.
Il reprend du poil de la bête lors des mondiaux de 2019 avec une seconde place. Mais lors d’une tentative de record du monde, Kevin Rolland va subir une chute très violente. Victime de plusieurs fractures dont une au bassin, la fin de sa carrière semble inéluctable.
Mais à force de mental et de détermination, il vient au bout de sa rééducation et remonte sur les skis.
Qualifié aux JO de Beijing, sa nomination comme porte-drapeau est un geste fort : « Forcément, c’est aussi une fierté personnelle après ce qui m’est arrivé, le fait de revenir après mon accident sur les Jeux Olympiques, mais en tant que porte-drapeau, symboliquement, c’est fort, confie-t-il. Je vais essayer de ramener de l’énergie, de la positivité. J’ai connu la médaille, mais j’ai aussi connu l’échec, donc j’espère pouvoir être de bon conseil et sinon, les athlètes pourront compter sur mon soutien. »
Et quand on voit la carrière du bonhomme, l’espoir d’une nouvelle médaille olympique pour parachever de la plus belle des manières ce come-back, est bien réel.
Enfin, concernant la délégation paralympique qui entrera en piste dès le 4 mars, le porte-drapeau en impose tout autant que Tessa Worley et Kevin Rolland.
Benjamin Daviet, 32 ans, domine le ski de fond et le biathlon paralympique depuis les Jeux Olympiques de Sotchi, en 2014. Et il ne fait pas dans la demi-mesure.
Deux médailles avec le relais open, une en bronze en 2014 et l’autre en or en 2018. Leader de l’équipe, ses coéquipiers et lui maîtrisent l’open, qu’ils comptent bien remporter pour la deuxième fois en Chine.
Benjamin Daviet a le sens du collectif, mais reste une machine quand l’heure est aux épreuves individuelles. Ses adversaires l’ont appris à leurs dépens aux JO de Pyeongchang.
Benjamin Daviet ramène à la maison deux médailles d’argent et deux autres en or. Que ce soit en ski de fond ou en biathlon, il fait partie du gratin.
Il l’a d’ailleurs prouvé de nombreuses fois aux championnats du monde. Avec 19 médailles dont 9 en or depuis 2015, on peut appeler ça une preuve solide de sa domination.
Benjamin Daviet arrive donc aux JO de Beijing comme porte-drapeau et candidat à de nombreuses médailles. Parcours impressionnant pour un homme qu’une chute en mobylette a handicapé, privé d’un genou, mais pas de sa hargne. Et il n’a pas l’intention de s’arrêter là, évidemment.
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