L’histoire du plongeon de compétition débute en Grande-Bretagne, dans les années 1880. À l’époque, on l’appelle « plongeon de fantaisie », rapport aux vrilles et culbutes qu’effectuent les athlètes en sautant. On considère alors le plongeon comme une variante de la gymnastique suédoise. Si c’est dans les bassins des écoles privées de Grande-Bretagne que le plongeon se développe, c’est donc grâce à la Suède que la pratique se popularise. Les premiers plongeurs suédois étaient des gymnastes plus emballés par l’idée de s’entraîner à faire des figures en retombant dans l’eau que sur un sol dur. Les plongeurs anglais, eux, étaient des nageurs. C’est le choc des cultures !
Les compétitions débutent donc outre-Manche, là où the Amateur Diving Association voit le jour en 1901. À l’époque, les femmes ont déjà investi les bassins, comme on vous le raconte dans notre article « Il était une fois la natation… féminine », mais plutôt pour y nager que pour y plonger. Il faut dire que leur « costume de bain » n’est pas des plus pratiques… Imaginez, jusqu’en 1907 et l’invention du maillot une pièce par Annette Kellermann, les femmes nagent en robe et en pantalon, un bonnet en lin ciré sur la tête. Logique donc, qu’à l’inscription du plongeon aux Jeux de Saint-Louis, en 1904, on compte zéro plongeuse sur le bord des bassins.
Comme pour les nageuses, les plongeuses ont intégré les Jeux Olympiques douze ans plus tard, en 1912, en participant à seulement une épreuve sur trois. Ainsi, pour le plongeon de haut vol à 10 mètres, 57 plongeurs se sont présentés devant le haut échiquier, dont quatorze femmes. La première championne olympique de plongeon ? La Suédoise Greta Johansson. Dans le sillage de cette pionnière, les plongeuses n’ont pas fait que des ronds dans l’eau. Victoria « Vicki » Draves, par exemple, a marqué les esprits. Véritable sirène, elle est la première femme à décrocher deux titres olympiques, en 1948, ceux du plongeon à 3 mètres et à 10 mètres.
Du courage et de la persévérance, il en a fallu aux plongeuses pour se faire une place dans l’histoire de leur sport ! Leur participation aux JO, à partir de 1912, n’a été que la première marche de l’escalier menant au sommet du plongeoir. Il a ensuite fallu attendre 1920 pour la première compétition de tremplin ouverte aux femmes, à Anvers. On notera alors la présence de l’Américaine Aileen Riggin, la plus jeune alors de l’histoire des JO à décrocher une médaille d’or : miss Riggin n’a que 14 ans lorsqu’elle remporte l’épreuve de plongeon tremplin 3m.
En 1928, Alice Milliat se bat encore avec le Comité international olympique (CIO) pour le droit des femmes à participer aux JO. C’est à partir de cette date justement que plongeuses et plongeurs disputent deux mêmes épreuves : le tremplin à trois mètres et le plongeon de haut vol.
La championne canadienne Lysanne Richard, plongeuse de haut vol, est ainsi confiante quant à l’avenir du plongeon féminin. Elle déclarait en 2021 : « Les plongeurs de haut vol, c’est vraiment une belle communauté ! Ils ont été très accueillants, ils nous ont donné des conseils, ils nous ont aidées à nous améliorer très rapidement. Et ils étaient contents qu’on soit là. » De quoi renforcer la réputation positive de cette discipline considérée par ailleurs comme un des rares sports gay-friendly. En France, l’une des reines du plongeon de haut vol est l’ex-championne du monde et vice-championne d’Europe de plongeon Laura Marino qui filme ses exploits à travers le monde pour sa belle communauté de près de 300 000 followers sur Instagram*.
Dernière avancée de la discipline ? En 2013, quand la Red Bull Cliff Diving s’ouvre enfin aux femmes. Elles sont quatre à s’élancer, cet été-là, dans les eaux du lac de Garde, en Italie, depuis un plongeoir fixé à 20 mètres de hauteur ! En 2020, cette même compétition atteignait la parité parmi ses athlètes permanents. Et ce n’est pas tout : les plongeuses et plongeurs de cette édition ont également eu le droit à l’égalité salariale… Comme quoi, il faut parfois oser faire le grand saut pour être considéré à sa juste valeur.