« N’acceptez pas la vie telle qu’elle vous a été donnée. Essayez d’explorer et découvrez vraiment qui vous êtes. »
Il aura fallu dix-neuf ans pour que Chloé Anderson devienne qui elle est vraiment. Petite, à chaque anniversaire, après avoir soufflé ses bougies, Chloé née dans la peau d’un garçon fait toujours le même vœu : être une fille. Jouer avec ses copines, se déguiser, elle adore ça.
Mais en grandissant, la puberté fait une entrée fracassante dans sa vie. Ces transformations physiques signent un mal-être profond. Chloé n’est plus en accord avec ce corps de jeune mec : « J’ai alors fait tout ce qui était en mon pouvoir pour être invisible », dit-elle.
Cible d’insultes et d’intimidations, son havre de paix est le terrain de volley-ball. Un sport qui lui permet de s’évader et de faire ses preuves, peu importe qui elle est. Mais à l’école ses notes dégringolent à l’image de son état émotionnel. Elle lâche l’affaire et s’isole dans sa chambre.
Jusqu’à la révélation. Le déclic. En classe, un de ses profs projette un film sur les enfants transgenres : « J’ai commencé à pleurer, juste là, à mon bureau. C’était la chose la plus incroyable, de réaliser que tous mes sentiments avaient un nom. » Plus question pour Chloé de se cacher. À 19 ans, elle entame sa transition.
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Et c’est un ascenseur émotionnel. Les sentiments s’entremêlent, l’esprit s’embrouille.
« Votre corps est très différent, la façon dont vous vous sentez est très différente, la façon dont vous êtes traité est très différent. Différent de tout ce à quoi vous êtes habitué. Le monde dans lequel vous avez grandi, tout ce que vous saviez, s’effondre complètement. Et les gens ne sont pas forcément gentils à ce sujet », confie Chloé Anderson.
Son rêve ? Jouer en équipe féminine de volley, en haut-niveau universitaire. Mais devenir athlète transgenre est un défi qui va bien au-delà de l’acceptation par les autres. En raison de l’hormonothérapie, elle rencontre des problèmes de coordination et de faiblesse musculaire.
Pour Chloé Anderson, ce mythe des athlètes trans, spécifiquement les femmes, qui auraient un avantage physique n’est rien d’autre qu’une peur de la différence. Elle a d’ailleurs peu de testostérones voire moins que la plupart des femmes cisgenres : « Cette transition, c’est comme une puberté à l’envers, explique Chloé Anderson. Les premiers mois sous hormones, je souffrais de douleurs musculaires, mes épaules me faisaient très mal. J’ai réalisé que mes muscles fondaient, c’était particulièrement difficile. »
Ces difficultés physiques ne l’empêchent pas de briller sur le terrain. Chloé Anderson fait ses débuts dans l’équipe de son université, Santa Ana. Mais, ambitieuse, elle voit plus grand. Rien ne l’arrête ! Malgré de nombreux refus liés à sa transidentité, la joueuse ne lâche rien. Elle est acceptée en tant qu’athlète de la National Collegiate Athletic Association (NCAA) et entre dans l’équipe de volley-ball de l’Université de Californie, à Santa Cruz. Une manière de montrer à ceux qui ne croient pas en elle, qu’elle peut le faire !
Pourtant, après quelques semaines passées au sein de l’équipe UCSC Santa Cruz, la différence de Chloé Anderson ne passe pas : « À l’université Santa Ana, la plupart de mes coéquipières étaient formidables et mon entraîneur et moi avions une relation solide malgré des moments difficiles. Cependant, après le transfert à l’UCSC, les choses sont devenues un peu plus compliquées. Je ne me suis jamais vraiment fait d’amis et je n’ai jamais eu l’impression de matcher avec mon entraîneur. Il y avait tellement peu de choses en commun avec tout ce monde que cet épisode fut douloureux et isolant ».
Désillusion, incompréhension, désespoir…mèneront Chloé Anderson à commettre une tentative de suicide. Puis vint le temps de la reconstruction, celui de la décision aussi : elle se bat aujourd’hui pour le droit à être différent.
Si elle a quitté l’équipe UCSC Santa Cruz, elle s’engage dans un combat qui fait sens : la défense d’un sport plus inclusif.
À commencer par des actions de sensibilisation, à l’image de cette affiche ci-dessus dans laquelle elle proclame : “ Être visible, c’est pouvoir être soi-même, dans toutes les sphères de sa vie, y compris le sport. Soyez fier d’aider les athlètes transgenres, afin qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls et que vous êtes là pour qu’ils vivent le meilleur de leur vie.”
« À l’avenir, dit-elle, j’aimerais aider les jeunes transgenres et continuer à faire ce que je peux pour aider la communauté. Une communauté que j’ai tellement appris à aimer ! »
- Ouverture ©Outsports