Capucine : « Être entre filles nous permet d’oser nous lancer. » Wakeboardeuse, étudiante en gemmologie, vice-présidente de l’association Les Demoiselles Shreddeuses, 20 ans

Capucine : « Être entre filles nous permet d’oser nous lancer. »
Elle fait partie d’une asso qui met notamment en avant les sports de glisse et plus particulièrement du wakeboard. Plus largement, elle s’engage pour que les filles se fassent une place dans tous les sports extrêmes. Capucine est une « Demoiselle Shreddeuse » qui ne veut plus avoir peur de rien.

Publié le 21 novembre 2022 à 6h55

« C’est en novembre 2017 que l’association des Demoiselles Shreddeuses a été créée. L’idée est venue de quatre wakeboardeuses qui, en fréquentant le Totem Wake Park de Crêches-sur-Saône, ont remarqué qu’il y avait beaucoup plus de garçons que de filles sur le ponton. Elles ont alors eu envie de monter une association 100% féminine pour embarquer des filles dans les sports extrêmes, notamment les sports de glisse.  

Se faire une place dans ces disciplines est généralement compliqué pour nous. On a tendance à se comparer aux garçons qui, eux, sont plus dans la performance, plus dans la compétition. C’est à celui qui fera la meilleure figure, le meilleur trick. Il n’est pas toujours aisé d’oser.

Il y a peut-être, de notre part, une part de timidité, la crainte d’être ridicule, que l’on se moque de nous. À travers les Demoiselles Shreddeuses, il y avait la volonté d’être plus nombreuses, la volonté de se retrouver entre nous pour passer un bon moment, sans jugement, dans la détente.    

Les débuts ont été discrets. Les fondatrices sont allées au contact. Dès qu’une fille mettait les pieds au Totem Wake Park, même si c’était juste pour boire un verre, elles partaient à sa rencontre pour lui parler de l’association et la motiver à les rejoindre. C’est comme ça que ça s’est passé pour moi.

C’était en 2019. J’ai tout de suite été séduite par l’ambiance et l’esprit de cohésion. Il y a aussi le fait que l’on se pousse et que chacune peut trouver ce qui lui convient le mieux : certaines sont là juste pour rigoler, sans se prendre la tête, d’autres sont là pour progresser.  

À l’origine, les Demoiselles Shreddeuses proposaient avant tout du wakeboard. Désormais, nous pratiquons également la moto, le skateboard, le ski, le snow, les raquettes… Nous avons également des activités plus axées loisir comme l’accrobranche.

Concrètement, nous avons des rendez-vous hebdomadaires avec ce que nous appelons « l’heure de l’association » : tous les mercredis soir durant la saison estivale, les adhérentes ont droit à une heure de wakeboard réservée rien que pour elles.

Nous organisons également des évènements à but d’initiation durant lesquels nous testons de nouveaux sports avec des sorties occasionnelles. Et puis il y a des stages. Ils ont généralement lieu lors de week-ends. Cette année, nous avons eu trois rendez-vous de ce genre : un snowcamp, un stage de wake et un stage moto avec motocross le samedi et moto de piste le dimanche. 

L’an passé, les Demoiselles Shreddeuses comptaient quarante adhérentes. À priori, nous étions un peu plus nombreuses cette année. Notre but est, tous les ans, de leur proposer au moins une nouvelle activité. C’est comme cela que nous sommes allées sur les sports mécaniques par exemple.

Il y a également eu des sorties BMX et VTT électriques. Il est très rare de voir des filles dans ce domaine et c’est pour cela que nous essayons de les y amener. Ce sont des initiatives qui plaisent énormément, c’est super de découvrir des sports auxquels nous ne nous serions probablement jamais frottées sans l’association.

Nous ne sommes pas contre la mixité, bien au contraire, mais nous nous sommes aperçues que, lorsque nous sommes entre nous, nous prenons plus le temps de comprendre le geste par exemple.

Nous sommes là pour nous entraider, nous tirer vers le haut les unes et les autres et, au final, j’y reviens mais c’est vraiment cela, la cohésion que cela engendre nous permet d’oser nous lancer.  

Les retours sont toujours très positifs. Les filles sont généralement ravies d’avoir pu découvrir une discipline que, pour la majorité, elles ne connaissaient pas ou d’avoir pu se perfectionner dans un domaine donné. Généralement, quand elles s’inscrivent à l’un de nos évènements, elles reviennent.

Le fait que ça leur plaît nous fait chaud au cœur car, pour nous, l’association c’est aussi un investissement personnel.

J’ai un souvenir particulièrement marquant. L’an dernier, nous avions mis sur pied un wakecamp. Parmi les participantes, il y avait une fille qui n’avait jamais mis les pieds sur un wake et qui nous avait rejointes car son ami pratiquait.

Cette semaine-là, le temps était épouvantable, il a beaucoup plu mais, pendant quatre jours, elle s’est acharnée. Le dernier matin, elle est venue plus tôt pour s’entraîner. Lorsque nous sommes arrivées, elle a réussi à faire un départ et quelques tours. C’était génial car c’est elle qui avait rencontré le plus de difficultés et elle y était arrivée !  

La suite ? Nous aimerions organiser un week-end surf, nous savons que les filles aimeraient beaucoup et nous essayons de voir si c’est possible. Pour le reste, nous ne fermons la porte à aucun sport. Notre but est que l’association regroupe de plus en plus de filles afin que nous puissions être encore plus nombreuses à partager les valeurs du sport, à vivre cette cohésion et passer de super moments ensemble. »

Pour suivre les « Demoiselles Shreddeuses » sur Facebook, c’est ici !

Elles aussi sont inspirantes...

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j'ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j’ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Formée à Harvard et par le théâtre, elle a plusieurs cordes à son art. Guila Clara Kessous, entrepreneure diplomatique, s’engage depuis plus de quinze ans pour les droits des femmes. Et voilà que le sport entre dans la danse en un geste politico-artistique : grimper à la corde. Une ascension symbolique, une allégorie de la difficulté des femmes à s’élever dans la société. Prenons de la hauteur.

Lire plus »
Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Avec sa sœur Éva, elle truste les premières places depuis 2015 en Ultimate. Membre essentiel de l’équipe de France, Lison Bornot est Championne d’Europe outdoor 2023 et championne du monde d’Ultimate sur sable 2023. La voici maintenant en piste pour les World Games, l’antichambre des JO, qui se déroulent en Chine, du 7 au 17 août 2025. Témoignage d’une fille pétillante devenue l’une des ambassadrices françaises d’un sport trop peu connu.

Lire plus »
Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

En à peine trois ans, cette passionnée de vélo a décroché un podium sur 500 kilomètres et bouclé sa première course d’ultra, la fameuse BikingMan, en tant que première féminine. Carburant aux défis, pédalant sans relâche, surmontant tous les obstacles grâce à un mental d’acier, la Savoyarde n’a pas fini d’enfiler les kilomètres dans ce sport de l’extrême. En piste !

Lire plus »
Emelyne Heluin: « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Emelyne Heluin : « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Gymnaste jusqu’à son adolescence, Emelyne Heluin a dû raccrocher le justaucorps après une prise de poids inexpliquée et d’autres symptômes invalidants. Diagnostiquée d’une maladie endocrinienne chronique et évolutive, le SOPK, à l’âge de 17 ans, elle erre pendant des années entre perte de confiance en elle et détresse psychologique avant de retrouver le chemin du sport comme outil de santé. Ce sera la marche, puis la course à pied jusqu’à se lancer sur des marathons.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Pop In The City Marseille 2022, une rentrée qui fait plaisir !

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Des courses engagées, le gratin européen du handball aquatique, un moment philo, une sportive à nulle autre pareil, une coureuse on ne peut plus perchée, la rentrée de la Question Qui Tue et la fin du dossier de l’histoire du sport en août, une sacrée semaine sur ÀBLOCK!

Lire plus »
Alpinisme

Existe-t-il un alpinisme au féminin ?

Voilà déjà un bout de temps qu’elles ont chaussé les crampons. Si elles sont encore en minorité dans les clubs d’alpinisme, elles tracent leur voie. Mais les femmes ont-elles une manière bien à elles de grimper, marcher et s’élever ? Ce Podcast riche en témoignages nous aide à mieux comprendre ce qui pousse les femmes à s’élever jusqu’aux cimes sans en faire une montagne.

Lire plus »
Léa Soldner : « Le volley m'a sauvée. »

Léa Soldner : « Le volley m’a sauvée. »

Elle pourrait soulever la troisième Coupe de France de sa carrière ce 29 mars face à Nantes. Léa Soldner, 29 ans, dispute sa onzième saison sous les couleurs de Mulhouse dont elle est devenue la capitaine. Enfant de la balle, biberonnée au volley par ses parents, elle mène une carrière singulière et couronnée de succès sur ses terres. Sa priorité ? Le plaisir ! Rencontre avec une fille qui « set » y faire !

Lire plus »
Anouk Garnier : « En grimpant la Tour Eiffel à la corde, je ne serai plus seulement “unstoppable“ mais monumental. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Le témoignage d’une grimpeuse qui veut passer la corde au cou à la Tour Eiffel (Anouk Garnier sur notre photo), une snowboardeuse qui s’est offert un podium au Canada ou encore notre rendez-vous spécial KIDS, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Bon rattrapage !

Lire plus »
Louise Lenoble

2020 : Le best-of ÀBLOCK!

9 mois. 9 mois à donner la parole aux championnes et aux sports peu médiatisés, aux pratiquantes enthousiasmantes, aux acteurs et actrices de la sphère sportive. 9 mois à écrire sur des sportives étonnantes, qui nous boostent et nous inspirent, aux quatre coins du monde. Notre nouveau média digital est encore jeune, mais il collectionne déjà une foule de pépites. Confidences, témoignages, tranches de vie… nous plongeons jour après jour dans l’univers des sportives avec gourmandise. Et cela va bien au-delà du sport : dans leur intimité, au cœur de leurs émotions et de leurs ressentis. Petit florilège de ces filles qui ont définitivement marqué ÀBLOCK!

Lire plus »
Lil' Viber : « Je suis motarde, je me la joue girly et j’adore ça ! »

Lil’ Viber : « Je suis motarde, je me la joue girly et j’adore ça ! »

Elle s’appelle Aurélie Hoffmann alias Lil’Viber. Mais sur les circuits, on l’appelle aussi « Wonder Lili ». Elle, c’est une super héroïne de la bécane qui se déguise comme ça lui chante pourvu que ce soit haut en couleur. Cette nana qui affole les chronos casse les codes à toute berzingue. Ultra féminine, elle est une motarde jusqu’au bout des ongles. Faites de la place !

Lire plus »
Kumba Larroque

Koumba Larroque : « Je suis une fille qui fait de la lutte, je n’aurais pas pensé, qu’un jour, on me prendrait pour exemple. »

Elle a bien failli voir le Japon devant sa télévision. Touchée au ménisque en 2018, Koumba Larroque a cru, un temps, que les Jeux Olympiques allaient lui échapper. Il n’en sera rien ! La lutteuse française a su prendre son mal en patience pour revenir plus forte. Et saisir sa chance, en mars dernier, en validant sa présence à Tokyo. Rencontre avec une combattante que rien ne peut mettre au tapis.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner