Barbara Humbert « Quand je cours, je me laisse porter par la joie. »
Elle a récemment pris part au Marathon pour Tous des JO de Paris, son soixantième « 42 » ! Barbara Humbert, 84 ans, qui a débuté la course par hasard en 1982 s'entraîne, depuis, à raison de 50km par semaine, s'offrant un espace de bien-être essentiel à sa vie. Un exemple pour les femmes qui « doutent ».
Par Sophie Danger
Publié le 19 août 2024 à 11h36
Vous vous êtes mise à la course en 1982, à 43 ans, pour accompagner votre fille ainée qui préparait une épreuve d’endurance pour le bac. Avant cela, le sport et vous, ce n’était pas une folle histoire d’amour ?
En 1982, ce n’était pas comme maintenant, il n’y avait pas toutes ces salles de sport. Tout se passait dans des centres sociaux, au cœur des petites villes et des villages avec des jeunes femmes qui proposaient de la gym–danse ou de la gym rythmique, le tout assortid’un spectacle en fin de la saison. J’y suis allée, comme toutes les jeunes mères. Plus jeune, j’ai également fait du ski. À cette époque, il y avait encore de la neige. On montait en train, en bus, on retrouvait des camarades de classe et on skiait toute la journée.
Comment expliquez–vous cette adhésion quasi immédiate à la course, un sport exigeant, difficile quand on débute ?
Je n’ai pas ressenti le fait de courir comme une difficulté. En fait, lorsqu’on court, on se sent toujours bien parce qu’on laisse les soucis derrière soi,ça fait comme un vide et on n’y pense plus. Il y a aussi ce désir de se lancer des défis, d’aller plus loin, qui procure de la satisfaction. C’est pour cela que l’on a envie de continuer, que l’on passe de petites courses à des courses de plus en plus grandes.
La course, pour moi, c‘est un mélangeà la fois d’envies et de défis que l’on s’adresse à soi-même. Et puis courir est un effort régulier, un effort qui laisse le temps au corps de s’habituer.
En 1984, un an après vos débuts, vous êtes dans la salle d’attente d’un médecin et vous tombez sur un article qui parle du marathon de New York, ça vous tente et vous allez sauter le pas à Paris à l’occasion d’un marathon exclusivement féminin…
Le marathon de New York m’intéressait, mais c’était un peu une idée en l’air. Ceci étant, je suis tombée par hasard sur ce marathon de Paris qui étaitpurement féminin. À l’époque, je ne me rendais pas compte de ladifficulté que rencontraientles femmes, à certains endroits,pour courir. Je n’étais pas au courant que Kathy Switzer s’était fait agresser pour cela peu de temps avant à Boston.
Pour moi, être une femme et faire du sport, c’était tout à fait naturel, ce qui fait queje ne me suis jamais posé de questionconcernant ce sujet. Ce n’est qu’après avoir participé à ce marathon 100 % féminin que je me suis rendu compte que j’avais pris part à un évènement pour les femmes.
Vous évoquez Kathy Switzer, la première femme à avoir officiellement couru un marathon, c’était à Boston en 1967. 1984, c’est aussi l’aboutissement de son combat mené pour que les femmes puissent s’aligner au départ d’un marathon olympique, une première qui aura lieu à Los Angeles. Vous étiez passée à côté de ce pan de l’histoire du sport féminin ?
Complètement !Il ne me serait pas venu à l’esprit qu’une femme ne puisse pas participer à un marathon ! Lorsque je faisais du ski, nous étions toujoursmélangés, garçons et filles, pourquoi pas le reste ? Je ne connaissais pas l’histoire de Kathy Switzer, ni les difficultés qu’elle avait rencontrées et le combat qu’elle a menéensuite.
Moi, je courrais parce que j’avais envie de courir, j’avais envie de me lancer des défis, de me prouver des choses à moi-même, c’est pour cela que j’avais envie de vivre au moins une fois un marathon. Le fait qu’il n’y ait que des femmes au départ de ma première course ne m’a pas choqué, ça m’a peut-être surpris mais c’était très sympathique.
Qu’est-ce que vous avez ressenti à l’issue de ce premier « 42 » ?
Ça s’est bien passé.Bien sûr, au début on souffre toujours un peu et on se dit : « Ah non, plus jamais ! » On ne se rend pas compte,sur le moment, que l’on est en train de vivre un évènement marquant et on est surtout content d’avoir fini. Sur le coup, ce qu’il reste, c’est plus l’impression de difficulté, mais ça disparaît vite. Deux ou trois jours après, on se rend compte, finalement, que c’était bien, on ne ressent plus alors que la satisfaction de l’avoir fait et l’envie de recommencer. C’est là que l’on se demande : « À quand le prochain ? »
En tout et pour tout, vous avez pris part à 59 marathons en quarante ans, soit plus d’un par an, et ce ne sont pas vos 84 ans qui vous arrêtent.Lequel vous a laissé le plus beau souvenir ?
Chaque marathon est un très bon souvenir. Il y a bien sûr des villes qui marquent : Florence et ses belles églises, Venise, New York avec tout ce monde et le souvenir touchant de ces petites filles qui, je crois, sortaient d’une synagogue avec leurs petites robes plissées. Il y a aussi Berlin bien sûr, c’était en 86 et il y avait encore le Mur. Il y a Paris et ses monuments, Millau avec ses dégustations de vin, Rome, son Colisée et le passage au-dessus de la place Saint-Pierre, l’Alsace et ses vignobles…
Chaque marathon marque, que ce soit en raison de sa difficulté ou de son organisation mais, chaque fois, on se surpasse, on vit le moment, on vit l’effort tout en étant en communion avec les autres, c’est un enrichissement à chaque fois.
Cette année, vous avez bouclé le parcours du marathon de Paris en 6h43.
En décembre,j’avais fait Valence en 6h13, un mois avant j’avais fait Chicago en 6h23 et là, à Paris, je passe la ligne en 6h43 ! C’est mon plus mauvais temps ! L’année dernière, j’avais fait 6h21 avec un arrêt technique et je voulais faire mieux,c’est pour cela, qu’avant, j’avais fait un régime pour perdre un peu de poids et gagner quelques minutes. Le problème, c’est que je n’avais pas assez mangé et que je n’avais plus de force, alors j’ai fait vingt minutes de plus. Je ne suis pas contente mais je l’accepte, je sais pourquoi.
Vous avez voulu prendre votre revanche lors du Marathon pour Tous aux JO de Paris 2024, c’était comment ?
C‘est un événement qui n’arrive qu’une fois dans sa vie et encore, quand il arrive. Je ne me suis pas fait avoir pour ce marathon, j’ai respecté un régime alimentaire, j’ai tout bien fait. J’ai mangé des sucres lents pendant deux semaines, j’avais la résistance physique nécessaire, je suis arrivée en très bonne forme.
Comme d’habitude, je me suis entraînée en courant 50 km par semaine, mais j’ai juste ajouté une sortie longue par semaine au programme, entre 20 et 25km, en m’imposant beaucoup de parcours en montées. Cela dit, la montée de la côte du Pavé-des-Gardes a été difficile, on était une floppée de coureurs qui marchaient !
Mon genou gauche m’a fait quelques misères, j’ai dû ralentir, notamment dans les tunnels éclairés, c’était magnifique d’ailleurs. Et après, ça allait, surtout quand j’ai vu la tour Eiffel, fabuleux ! Elle nous montrait le chemin. C’était vraiment magique. Le lendemain, j’ai eu le corps un peu lourd, mais pas de courbatures. Je me sens bien.
Les Jeux de Paris sont paritaires et les organisateurs ont souhaité mettre les femmes à l’honneur en programmant, notamment, l’épreuve féminine le dernier jour des Jeux. Vous qui étiez passée à côté de la facette politique du marathon féminin, vous en pensez quoi ?
C‘est comme un cercle qui se referme,une boucle qui a débuté sans que je ne m’en rende compte et qui se termine maintenant avec le savoir, l’assurance et cette joie de prendre partà ce marathon qui concerne désormais aussi bien les femmes que les hommes.
C’est aussi l’occasion, pour vous, de montrer l’exemple, de faire comprendre aux autres femmes que l’âge n’est pas un facteur limitant…
C‘est très important de donner l’exemple, surtout pour les femmes qui doutent, celles qui, dans leur entourage, doivent composer avec des gens qui veulent les empêcher de courir par peur, peut-être, qu’elles se fassent mal, qu’elles demandent trop à leur corps. Je pense qu’il faut avancer tout en écoutantson corps. Quand quelque chose semble ne pas aller, on doit ralentir.
Quand mon corps se rappelle à moi, je diminue les entraînements, j’espace les jours. Mais si le corps va, le mental le pousse et l’aide à aller plus loin. À part cela, je pense qu’il n’y a pas de limite, peu importe l’âge, si on se sent bien et si on s’y prend en douceur, sans pousser son corps à l’extrême, il n’y a pas d’âge pour faire du sport et se sentir bien dans son corps, et dans son esprit.
Si vous jetez un rapide coup d’œil en arrière, vous diriez du sport qu’il vous a apporté quoi ?
Le sport m’a apportéun équilibre, il m’a permis de faire face aux contraintes, aux difficultés de la vie. Le sport permetà l’esprit de se reposer. Quand on court, c’est comme la méditation, pendant des kilomètres on est dans un vide de bien-être, on se laisse porter par les pas, on se laisse porter par le souffle du vent, par tout ce qui vous donne de la joie. C’est ça ce que m’a apporté le sport, un équilibre dans ma vie de tous les jours.
Votre prochain objectif ?
Le trail du château d’Ecouen, ce sera le samedi 14 septembre. Je n’arrête jamais !
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