Anaïs Quemener : « Si tu gagnes toujours, que t’es toujours première, qu’est-ce qui t’anime ? »
La petite étoile que tu vois dans mes yeux, ce sont les chronos de toutes ces filles qui placent la barre si haut que ça me stimule. C’est bien de ne rien lâcher pour essayer d’arriver, d’égaler, de faire mieux que les autres. Quand le niveau est si élevé, y a plus qu’à retourner au charbon et encore progresser.
Par Anaïs Quemener, championne de marathon*
Publié le 05 décembre 2023 à 12h48
Je vous le disais il y a quinze jours, j’avais hâte de partir sur le marathon de Valence ce 3 décembre pour motiver les copains. Je n’y participais pas pour faire une perf, ce marathon faisait plutôt office d’entraînement mais, surtout, c’était l’occasion de me frotter à un autre exercice, celui de pacer, ce qu’on appelle le lièvre, vous voyez ? Et qui dit pacer dit partage : soutenir un copain du club, le motiver, l’alléger des détails de la course, c’était mon job !
Viser un record au marathon de Valence après celui de Berlin, c’était trop tôt mais j’avais pris mon dossard il y a un an, je trouvais dommage de ne pas assister à la fête, je me suis alors dit : « Je vais le faire avec et pour les copains. »
La course avait lieu le dimanche matin, mais dès le vendredi, je suis partie à Valence avec quelques personnes de mon club La Meute, mais aussi avec mon père, comme toujours présent sur le parcours dans son rôle de coach : il encourage tout le monde, prend des photos, des vidéos. Il essaye de nous accompagner le plus possible sur nos déplacements, ça dépend de son travail, mais ça le fait vraiment kiffer : il prépare les coureurs de La Meute jusqu’au jour J, il est donc vraiment content d’être là.
On était une vingtaine du club en tout, mais les arrivées se sont échelonnées, ça dépendait de chacun, des congés, du travail, on s’adapte. Le programme ne varie pas tellement : après avoir récupéré notre logement, on dîne, on papote un peu puis, le lendemain, après le petit-dej, on se retrouve pour récupérer les dossards. Là, on est resté environ une heure sur le salon du running, on était déjà dans le bain ! On y a retrouvé des coureurs, certains que l’on voit de marathon en marathon, surtout des Français. Valence est un marathon populaire, il y a là-bas beaucoup de têtes qu’on connait déjà.
Après un petit footing d’avant-course, on a déjeuné dans un restau classique, plutôt type pizza ou pates, rien d’inhabituel, on ne fait pas de folies une veille de marathon ! Un peu de repos puis le dîner, toujours pas très loin de notre location car on évite de piétiner. Puis, on s’est offert une bonne nuit et, en ce qui me concerne, ça veut dire en moyenne six heures de sommeil.
Le lendemain, c’était le grand moment, celui de la course. Réveil 5h30. On avait fait quelques emplettes la veille – pain, beurre yaourts, café, lait – pour le petit-dej sur place. Puis, ma petite routine : ruban dans les cheveux, paillettes sur le visage, ça reste une compet’. Même si je n’y vais pas pour un record, il faut briller !
À 7h45, on s’est tous rejoint au point de départ, on s’est fait un check d’avant course, on a échangé quelques encouragements avant de partir.
J’étais très très zen. Je le suis déjà même quand je veux faire une perf’, alors là d’autant plus. Mon rôle était de motiver, de gérer les détails de course si besoin -alimentation, ravitaillement, allures…. Je sais ce dont les coureurs ont besoin. Moi, j’ai couru avec Benoît. Dès qu’il y avait un ravitaillement, j’allais chercher de l’eau pour le laisser focus sur ses allures. Je faisais un détour et j’allais lui récupérer une bouteille, je lui donnais à boire…
Son objectif à lui : 3h05 pour boucler le marathon. J’ai une vraie responsabilité, celui de l’aider à faire son chrono et ça s’est très bien passé, on a été un peu plus rapides au départ puis on a ralenti dans la deuxième partie car, côté allures, on avait été un peu ambitieux, mais il a réussi à maintenir le rythme jusqu’au bout. Il a terminé en 3h10, c’était pas loin de l’objectif, d’autant qu’il a battu son record de 6 min. Contrat rempli ! D’ailleurs, y a eu dix-neuf records parmi les coureurs du club. C’est énorme.
Je suis rentrée le dimanche en fin d’après-midi. À 22h, j’étais à Paris. Certains coureurs du club sont restés là-bas pour passer un peu plus de temps ensemble. Je travaillais le lendemain, je n’ai donc pas pu rester, mais il y a un temps pour tout. Je ne me sens pas privée de moments chaleureux pour autant, je savoure toujours les compétitions. Mais quand ma journée est passée, je passe à la suivante. Même si c’est court et qu’on aimerait partager davantage, il faut garder les pieds sur terre. Ce week-end, quatre filles ont réussi à faire les minima olympiques, je ne dois donc pas perdre de vue mon objectif de toujours m’améliorer. Et ça n’a rien d’une contrainte, c’est ce dont j’ai envie.
En ce moment, je m’entraîne pour le marathon de Séville, le 18 février. Les sélections vont être dures à aller chercher car les filles sont incroyablement performantes, mais ça donne encore plus de saveur au défi à relever. C’est exceptionnel de voir un tel niveau féminin français, je suis contente pour elles car je sais ce que ça représente d’arriver à ce niveau dans un marathon, la préparation que ça demande et, quand tu obtiens les performances au bout, c’est juste magnifique.
La petite étoile que tu vois dans mes yeux, ce sont les chronos de toutes ces filles qui placent la barre si haut que ça me stimule. C’est bien de ne rien lâcher pour essayer d’arriver, d’égaler, de faire mieux que les autres. Quand le niveau est si élevé, y a plus qu’à retourner au charbon et encore progresser. Si tu gagnes toujours, que t’es toujours première, qu’est-ce qui t’anime ?
Pour l’instant, je veux améliorer mon record. Il y a des filles qui sont bien meilleures, mais j’y vais step by step, ma principale concurrente, c’est moi.
On se retrouve dans quinze jours ? Je vous parlerai de mon cross du 10 décembre, à Torcy, en Seine-et-Marne. Pour moi, ce n’est pas encore la trêve des confiseurs !
*Anaïs Quemenerest notre ambassadrice ÀBLOCK! Elle est aide-soignante et athlète, spécialiste des courses de fond. Atteinte d’un cancer du sein, elle trouvera dans le sport une thérapie, un outil de réparation. Le , elle devient championne de France de marathon en 2h40’36, après son titre de 2016. Le au marathon de Paris, elle bat son record en 2h32’12, première Française à passer la ligne d’arrivée. Elle s’entraîne aujourd’hui à sa qualification à l’épreuve de marathon des Jeux Olympiques en 2024 et/ou 2028.
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