Alizée Baron « Je fais du skicross pour me dépasser et j’aime ce risque-là. »
Une impétueuse, toujours en quête d’adrénaline. Après une saison blanche pour cause de blessure au dos et malgré les conditions particulières liées, entre autres, à la situation sanitaire, Alizée Baron reprend du service en Coupe du monde de skicross. La skieuse d’Orcières-Merlette aborde cet hiver avec une envie décuplée. Sereine et déterminée. Rencontre avec une fille qui ne laisse pas de glace.
Par Sophie Danger
Publié le 14 décembre 2020 à 17h08, mis à jour le 18 janvier 2022 à 18h48
Tu as commencé très tôt par la pratique du ski alpin, mais toi qui sembles être quelqu’un ayant besoin d’un cadre, d’un environnement stable, pourquoi avoir, adolescente, décidé de te lancer en skicross ?
La réalité, c’est que je suis extrêmement perfectionniste et me battre seule contre le chrono, c’était quelque chose de compliqué. En ski alpin, j’aurais forcément eu envie de faire quelque chose de bien, de beau, mais le beau n’avance pas.
Dans le skicross, il y a cette confrontation directe qui est ultra stimulante. Tu n’as pas le temps de faire quelque chose de beau parce que tu as trois nanas qui sont là pour arriver en bas avant toi et te battre. Ton seul choix, c’est de poser le cerveau et être la meilleure à « l’instant T ».
Les sensations aussi sont différentes ?
Le skicross, c’est tellement stimulant ! Je ne sais pas comment je vais réagir lors de la prochaine course, mais, il y a trois ans, après ma première blessure au dos, j’avais réattaqué par la Coupe du monde de Val Thorens.
À l’époque, j’étais complètement flippée à l’idée d’avoir un dossard sur le dos. Au moment de mon premier run, j’ai trois nanas qui m’entourent et là, je prends une grosse décharge d’adrénaline et je me dis : « Putain, mais c’est ça que j’aime ! ». L’adrénaline qui vient de cette confrontation directe, c’est génial.
Tu dis souvent qu’au départ d’une course, tu ne te sens pas forcément bien, mais dès que la porte s’ouvre, tu te métamorphoses. Tu te fais du bien en te faisant du mal, c’est ton petit côté masochiste ?
Moi, j’accepte d’avoir cette boule au ventre, ce stress et je sais que, le fait de l’accepter, c’est aussi ce qui me stimule et me donne envie de me dépasser. Quand, au bout, il y a une victoire, elle est encore plus belle car on prend conscience du chemin difficile que l’on a parcouru et quand il y a défaite, il faut savoir la digérer et trouver la solution pour la course d’après.
Peut-être que je donne le sentiment d’être masochiste, mais c’est tellement cool de se dépasser, de se pousser dans ses retranchements !
Ça va faire maintenant dix ans que tu navigues sur le circuit FIS (Fédération Internationale de Ski). Avec le recul, quels ont été les moments les plus marquants de ta carrière ?
Des moments marquants, j’en ai eu beaucoup. Je pense, par exemple, à ma première Coupe du monde. Je venais de finir ma première saison en Coupe d’Europe, je gagne le classement général et j’apprends, peu après, que ça me donne une place nominative sur le circuit Coupe du monde la saison suivante. C’est alors que le coach de skicross m’appelle pour me dire de rejoindre le groupe pour une Coupe du monde programmée…le week-end d’après.
Par chance, c’était le même parcours que celui sur lequel je venais de gagner. J’étais très à l’aise tout de suite sur les entraînements, tellement à l’aise que j’ai tenté de suivre des garçons que je ne voyais, jusqu’alors, qu’à la télé et… je suis tombée sur un saut ! Première Coupe du monde : tibia-péroné, bienvenue chez les grands !
Il y a eu aussi ma médaille de bronze, en 2019, aux Championnats du monde.
Ça va paraître bête parce que j’ai eu beaucoup de bons résultats avant ça mais, là, c’est une médaille, et cette médaille m’a permis d’avoir quelque chose de concret à offrir à tous les gens qui m’ont soutenue pour me permettre d’arriver où j’en suis aujourd’hui.
J’étais fière de la ramener chez moi pour leur dire : « Regardez-là, je vous l’offre, pour vous remercier de votre aide. » Au-delà du seul résultat, c’était un cadeau que je pouvais offrir à tout le monde et c’était ça le plus chouette.
Et le globe de cristal, cette distinction qui récompense le sportif qui a accumulé le plus de victoires dans ta catégorie au cours de l’année, il fait partie de tes ambitions pour les années à venir ?
Après dix ans, je n’ai pas envie de cacher qu’un globe me fait rêver, mais je sais très bien que, pour cela, il faut une régularité exceptionnelle tout au long de l’hiver. Quoi qu’il en soit, ce qui me fait le plus rêver, c’est la médaille olympique. C’est, pour moi, une motivation, c’est ce qui m’aide les jours où j’ai du mal à me rendre à l’entraînement, c’est mon leitmotiv.
Une médaille olympique reste plus prestigieuse qu’un globe à tes yeux ?
Sportivement, c’est le globe qui prime. Certains athlètes peuvent en effet faire un hold-up aux Jeux Olympiques et décrocher une médaille, sans pour autant avoir une super belle carrière en termes de résultats.
Mais les Jeux Olympiques, c’est un événement exceptionnel et c’est mon rêve. J’ai toujours suivi les Jeux, été comme hiver, devant ma télé et, en 2014, rien que le fait d’y participer pour la première fois, c’était complètement dingue ! J’ai mis longtemps à réaliser que j’y étais, beaucoup trop peut-être, mais j’ai vécu mon rêve à fond.
À l’inverse, je me souviens de 2018 : je suis à deux doigts de réaliser ce rêve, d’être médaillée et je termine 5e. Pourtant, ça m’a reboostée à 1000 % pour repartir pour quatre ans. Je veux arriver à Pékin avec toutes les cartes en main ou du moins en posséder le maximum et pouvoir me dire que j’ai fait tout ce qu’il fallait pour y être performante.
Le calendrier Coupe du monde reprend ce 14 décembre, mais il est chamboulé. Les étapes de Val Thorens et de Voralberg (Autriche) ont en effet été reportées pour manque de neige et l’étape d’Innichen (Italie) proprement annulée… Comment se présente ce début de saison singulier ?
Ça fait plus de vingt mois que je n’ai pas mis un dossard sur le dos à cause d’une nouvelle blessure au dos contractée l’hiver dernier. Je suis donc vraiment impatiente ! Ma préparation s’est très bien déroulée et, maintenant, j’ai hâte de pouvoir me mesurer aux autres et de savoir où je me situe réellement.
Ce retour à la compétition va se faire dans des conditions rendues particulières en raison de la pandémie de la Covid-19. Tu as déjà vécu une épreuve de Coupe du monde sans public ?
Non, mais je l’avais anticipé. Dès le premier confinement, j’ai beaucoup travaillé sur ce sujet avec ma préparatrice mentale. Elle, elle était complètement dedans car elle collabore avec des sportifs « été » qui préparent les Jeux Olympiques de Tokyo.
Comment est-ce que l’on anticipe des conditions de course si spéciales ?
Je sais, depuis le début, qu’il va y avoir énormément de changements, et notamment des changements de dernière minute. Moi qui aime bien avoir quelque chose de très structuré, c’était important que je me prépare à tout ça.
Je ne suis donc pas vraiment surprise ni perturbée par ces modifications, d’autant qu’il est possible que ça aille de pire en pire. Moi, je suis prête, je me projette jour après jour, je n’essaie pas de voir beaucoup plus loin. Le mot d’ordre de l’hiver, ça va être « adaptation ». Il va falloir rester calme, concentrée et faire de son mieux.
Lorsqu’on pratique un sport comme le skicross, le public, on le perçoit surtout à l’arrivée. Concrètement, quelles incidences son absence peut avoir sur tes performances ?
Quand on évolue en France, à la maison, comme ce rendez-vous à Val Thorens, il y a, c’est vrai, la famille et le fan club en bas, mais lorsqu’on est sur la piste, on est seul face à soi-même. Le skicross, ce n’est pas comme un sport collectif où il y a constamment du bruit. Nous, quand on est sur les skis, on n’entend pas les cris, les encouragements.
Mais, même en l’absence de public, je pense que cette ambiance très particulière de compétition sera là. Ça reste une Coupe du monde et j’espère réellement pouvoir rester dans ma bulle et penser uniquement à ma compétition.
En tout cas, je pars dans cette optique-là. Là où ça va changer énormément, ça va être, je pense, pour les remises de prix, les remises de dossards qui seront supprimées.
Tu t’apprêtes donc à renouer avec la compétition après une saison blanche pour cause de blessure au dos. Où en es-tu et comment te sens-tu physiquement ?
Il y a trois ans, j’ai eu une blessure similaire donc, dès que j’ai été opérée, je savais ce qui m’attendait et j’ai pu me projeter assez rapidement. Au niveau de la réathlétisation et de la rééducation, c’est allé beaucoup plus vite, mon corps a beaucoup mieux récupéré.
En ce qui concerne la préparation physique, je me suis surprise à pouvoir faire des choses dont je ne me sentais plus capable. Finalement, à ma grande surprise, j’ai énormément progressé.
Sur les skis, c’est pareil. Ça n’a pas toujours été évident, il a fallu que mon dos se réhabitue aux contraintes du ski mais, une fois cette partie délicate et compliquée terminée, la suite a été assez rapide. Je suis vraiment contente de ma préparation et je pense que c’est ce qui fait que je suis encore plus impatiente de commencer. Je me sens prête.
Lors de ta première opération du dos en 2016, tu disais alors que cette pause contrainte avait été bénéfique car elle t’avait permise de repartir de zéro. Cette deuxième trêve forcée, tu l’as également vécue de cette façon ?
La première fois, la blessure avait été super longue, il y avait eu pas mal d’inconnus au niveau médical et je n’avais pas eu d’autres choix que celui de repartir à zéro. Là, c’était différent. Je savais où j’allais. La blessure de toute façon, tu es obligée de l’accepter. Elle est là et il ne sert à rien de penser au passé.
Moi, je la vois comme une opportunité de reconstruire, de modifier des choses qui n’ont pas marché dans le passé. Je pense que cette situation m’a permis de progresser. Mentalement, j’ai gagné en sérénité, j’ai pu prendre du recul sur ma carrière et j’espère que ça portera ses fruits.
Physiquement, c’est pareil. J’ai travaillé différemment et j’ai progressé sur beaucoup de facteurs. Peut-être que c’était une chance, finalement, d’en passer par-là à ce moment de ma carrière.
C’est le travail avec ta préparatrice mentale qui t’a aidé à mieux aborder ces aléas de la vie de sportif de haut-niveau ?
Oui complètement. Une préparatrice mentale doit être là dans les bons moments comme dans les mauvais. Il faut qu’elle nous connaisse parfaitement dans la victoire et dans la défaite.
Ma préparatrice mentale m’a permis de prendre du recul par rapport à ma carrière, de voir ce que j’avais déjà fait, de penser à ce que je voulais faire. Elle m’a aidée à me fixer des objectifs réels et à ne pas seulement me dire que je voulais être la meilleure car ça ne suffit pas.
Quoi qu’il en soit, même si pour moi tous les feux sont au vert, physiquement comme mentalement, je ne sais pas comment la reprise de compétition va se passer. Ceci étant, je pense que grâce à mon passé, à mon vécu, je peux l’aborder avec plus de sérénité.
La préparation mentale, elle t’aide en quoi dans la victoire ?
Elle me permet de prendre conscience de pourquoi ça fonctionne à ce moment-là. En somme, il ne suffit pas juste de gagner quelque chose à un moment donné, mais de savoir pourquoi on y arrive. Par le passé, je me suis aperçue qu’il peut y avoir des jours où l’on se dit que ça ne va pas du tout, que l’on est fatiguée et on fait un bon résultat.
C’est important de se dire que, ce n’est pas parce que l’on ne se sent pas bien qu’on ne va pas performer. Et inversement ! Il y a des moments, où l’on se sent imbattable et où l’on prend des tartines sur les pistes. Il faut être conscient de tous ces facteurs-là.
Tu l’as ressenti quand, ce besoin de préparation mentale ?
Le premier déclic, ça a été après mes premiers Jeux Olympiques à Sotchi en 2014. Je faisais partie des meilleures à l’entraînement et en course, ça n’allait pas. À la fin de la saison, je me suis dit qu’il fallait que je me fasse aider, que je trouve des solutions. J’ai travaillé avec une personne pendant plus de deux ans puis nos rendez-vous se sont espacés. Sur le coup, je n’en avais peut-être plus besoin.
Et puis, il y a eu mes deuxièmes Jeux Olympiques en 2018 : je fais un très bon résultat, je termine 5e et je prends conscience que j’arrive peut-être sur la fin de ma carrière ou, du moins, que je n’en suis plus au début et qu’il faut que j’optimise au maximum, que je sois le plus performante possible, le plus rapidement possible. J’ai fait appel à une autre préparatrice et je bosse avec elle depuis le printemps 2018.
La mixité en sport est devenue, ces dernières années, une question centrale. Comment ça se passe en skicross ? Vous avez le même circuit que les hommes ?
J’ai une chance extraordinaire de faire ce sport parce qu’on se trouve sur le même pied d’égalité que les garçons. Au niveau du prize money, on gagne exactement la même chose, mais, au-delà de l’aspect financier, pour moi, c’est une chance d’avoir les mêmes compétitions qu’eux et qu’elles se déroulent en même temps. Je suis totalement consciente que, le jour où il y a un circuit féminin, c’est la mort de notre sport.
Pour quelles raisons ?
Quelqu’un qui regarde une compétition de skicross, à l’heure actuelle, regarde autant les hommes que les femmes parce que nos runs s’enchaînent. La création d’un circuit féminin va entraîner, forcément, des parcours moins exigeants, moins impressionnants et il y aura beaucoup moins de visibilité. Des filles de certaines nations se sont plaintes que les sauts étaient peut-être trop gros, qu’il fallait que l’on ait un saut parallèle à celui des garçons, moi j’ai toujours plaidé contre.
Je fais du skicross parce que j’aime les gros sauts, les parcours impressionnants et demain, ça m’embêterait que l’on soit contraintes de faire de plus petits sauts pour que ce soit plus accessible. Je m’entraîne toute l’année avec des garçons et je me sens capable de faire la même chose qu’eux. Je fais ce sport pour me dépasser. Et j’aime ce risque-là.
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