
Clara Matéo, à fond les ballons
Les Bleues sont en ordre de marche… Et la jeune prodige Clara Matéo s’est bien installée dans cette équipe. Portrait d’une attaquante qui a faim de titres et de buts.
Publié le 21 avril 2021 à 17h51, mis à jour le 29 juillet 2021 à 12h17
La vie d’Alfonsina Strada est un véritable roman. Issue d’un milieu modeste, la tornade italienne voit le jour le 16 mars 1891 à Riolo di Castelfranco Emilia, une discrète bourgade de la province de Modène.
La légende veut qu’elle ne soit âgée que d’une dizaine d’années lorsque son père, Carlo Morini, décide de troquer quelques-unes de ses poules contre un vélo. Un échange qui va bouleverser à jamais sa courte existence.
Mordue, Alfonsina Strada commence à parcourir la campagne alentours au guidon de ce qu’elle appelle sa « machine de liberté ».
Très vite pourtant, les balades ne lui suffisent plus. Alfonsina Strada veut se mesurer aux autres. Alors que ses parents la pensent à la messe, l’adolescente, elle, met à profit ses dimanches pour prendre part à quelques réunions locales.
L’exubérante Italienne commence à se forger une réputation et gagne le surnom de « diable en jupons ». Son comportement, jugé, par beaucoup, scandaleux, pousse ses parents à lui chercher un époux.
En 1915, Alfonsina Rosa Maria Morini devient Alfonsina Strada après avoir épousé Luigi, ouvrier soudeur et, de surcroît, coureur amateur qui lui offre… un vélo conçu de ses propres mains en guise de cadeau de noces !
Tout juste mariés, Luigi et Alfonsina Strada partent s’installer à Milan. Loin de chercher à freiner les ardeurs de sa cycliste d’épouse, Luigi les attise et devient son entraîneur.
La môme Strada continue de rouler et franchit régulièrement la frontière pour se tester dans les Vélodromes de France et de Belgique. En 1917, alors que la guerre bat son plein, retenant une grande majorité des coureurs les plus en vue sur la ligne de front, la Milanaise demande à participer au Tour de Lombardie.
Requête acceptée pour « la Strada » qui se classe 29e et dernière d’un classement remporté par le Belge Philippe Thys. Peu échaudée pour autant, elle réitère l’année suivante et boucle le parcours à la 21e et avant dernière place.
Il faudra attendre l’année 1924 pour qu’Alfonsina Strada n’entre définitivement dans l’Histoire du cyclisme italien. La Lombarde, qui a alors 33 ans, se pique de participer au Giro.
Le contexte particulier qui entoure la tenue de cette 12e édition va jouer en sa faveur. Emilio Colombo, le directeur de course, est dans la tourmente. L’homme fort de La Gazetta dello Sport subit la fronde des grandes équipes professionnelles qui réclament rétribution pour aligner leurs vedettes. Colombo, persuadé que c’est bel et bien le Giro qui fait le champion et non l’inverse, refuse et décide d’ouvrir le peloton aux coureurs indépendants.
Alfonsina Strada saute sur l’occasion et s’inscrit sur les rangs sous le pseudonyme d’Alfonsin.
Le 10 mai 1924, dossard 72 sur le dos, elle devient la première femme à prendre le départ du Tour d’Italie. À ses côtés, 89 autres prétendants à la victoire, tous des hommes.
Les débuts sont difficiles pour Alfonsina Strada qui, fidèle à son caractère pugnace, s’accroche. Séduit par ce petit bout de femme que rien ne semble pouvoir arrêter, le public la plébiscite.
Plus la course avance, plus sa popularité grandit. La 8e étape manque, de peu, la couper dans son élan. Blessée au genou, la veille, à la suite d’une chute, elle boucle les 304 kilomètres qui séparent Foggia (Pouilles) de l’Aquila (Abruzzes) hors délais.
Bien décidé à profiter de sa renommée pour redorer le blason de « son » Giro, Emilio Colombo lui propose de finir la course à condition de renoncer au classement. Le 1er juin 1924, elle passe la ligne d’arrivée avec vingt minutes d’avance sur la lanterne rouge, son compatriote Telesforo Benaglia.
Revancharde, Alfonsina Strada prend rendez-vous pour l’année suivante. Colombo, de retour en grâce chez les professionnels, lui oppose une fin de non recevoir et le Giro redevient une affaire d’hommes.
Le « diable en jupons » ne renonce pas pour autant à sa passion. Désormais célèbre, elle continue de courir jusqu’en 1938. Quatre ans après le décès de Luigi, en 1946, elle épouse Carlo Messori, un ancien pistard, et monte, avec lui, un magasin de cycles à Milan.
De nouveau veuve sept ans plus tard, Alfonsina Strada solde les reliques de son glorieux passé pour s’offrir une moto et battre, encore et toujours, le rappel des compétitions, côté public cette fois.
C’est en revenant de l’une d’elles, « les trois vallées Varésines », qu’elle va trouver la mort. Alors qu’elle remise sa Guzzi avant de rentrer chez elle, cette dernière lui tombe dessus. Victime d’une crise cardiaque, elle s’éteint le 13 septembre 1959. Elle avait 68 ans.
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