Cléa : « Le football américain m’a fait découvrir une autre forme de féminité… »Joueuse de football américain, 31 ans, autrice

Cléa : « Le football américain m’a fait découvrir une autre forme de féminité… »
C’est ce qui s’appelle une révélation. À 25 ans, lorsqu’elle découvre le foot américain, Cléa ne se doute pas du chemin qui s’ouvre devant elle. Ni qu’il allait donner naissance à une autre…elle-même. Un témoignage qui en dit long sur les vertus et les valeurs du sport. Paroles d’une discrète devenue lionne.

Propos recueillis par Katia Fuchs

Publié le 20 octobre 2020 à 14h54, mis à jour le 16 janvier 2025 à 12h35

« Mon histoire avec le football américain commence presque par hasard. En 2015, pour suivre mon compagnon de l’époque qui avait obtenu une mutation, je décidais d’emménager à Bordeaux, avec le souhait de rapidement me reconstruire un cercle social, couplé d’un besoin de pratiquer une activité sportive et ainsi retrouver la forme.

Avant cela, je n’avais jamais vraiment eu de grande activité sportive : au collège et au lycée, les cours d’EPS étaient un calvaire pour moi qui suis très introvertie.

Plus tard, dans une optique de perte de poids et de remise en forme générale, j’ai commencé à faire des footings. Rapidement, j’ai compris que j’en avais besoin bien au-delà de cet objectif initial.

Foot américain
©DR

À Bordeaux donc, il se trouve que mon ami qui avait pratiqué le foot US auparavant, a trouvé un club dans lequel il y avait une équipe féminine : les Lions de Bordeaux. J’ai très vite, si ce n’est tout de suite, accroché…et voilà maintenant six ans que je suis dans ce club que j’affectionne. Il est la principale raison d’ailleurs qui aujourd’hui me rattache à cette ville alors que je pourrais très bien déménager ! Il est vrai que je me vois difficilement enfiler le maillot d’un autre club que celui qui m’a formée…

Moi qui suis si discrète et introvertie, j’ai réussi à m’intégrer dans mon équipe justement parce que, tel qu’on nous l’enseigne dans mon club, c’est un véritable sport d’équipe, dans sa pratique et dans son esprit : sans cohésion, nous n’allons nulle part, et c’est là toute la beauté de ce sport. Mon coach lui-même a pour habitude de parler de compétences individuelles au service du collectif.

Foot américain
©Nathalie Hernandez

Mon poste consiste à être sur la ligne tantôt offensive, et tantôt défensive : je protège la quaterback ou porteuse de ballon de mon équipe et, lorsque nous sommes en défense, je vais chercher la quaterback ou porteuse adverse pour la plaquer.

C’est un rôle qui, à mon sens, a beaucoup de signification : un travail de l’ombre car nous n’avons jamais le ballon -ce qui me convient tout à fait, je ne souhaite pas être dans la lumière-, mais un poste clé qui n’a pas toujours la reconnaissance qu’il mérite. J’ai la chance d’avoir un entraîneur qui croit beaucoup au travail de la ligne, c’est pour cela que je ne suis pas certaine que je me serais autant épanouie dans un autre club.

Football US
©DR

Par ailleurs, occuper ce poste m’a permis de me découvrir des qualités sportives. Cela va même au-delà : tout ce qu’auparavant je considérais chez moi comme des défauts s’est révélé être des qualités : je suis d’un naturel plutôt bourru, maladroit, et côté physique je suis grande et assez carrée…pas vraiment le modèle de femme féminine ou tout du moins, pas au sens véhiculé par la norme dominante de notre société.

Longtemps, j’ai mal vécu ce physique, mais il se trouve que grâce à ce sport, et à mon rôle sur le terrain, mon corps a trouvé sa place.

Je me suis découvert un grand potentiel et, à force d’investissement, j’ai rapidement pu progresser.

Foot US
©Alain Fanen

À toutes les personnes qui affirment que c’est un sport violent, cliché relativement répandu, je répondrais que c’est un sport intense, à impacts certes, mais maitrisés, règlementés, et qu’indéniablement, sa pratique a boosté ma confiance en moi.

Il m’a fait découvrir une autre forme de féminité : je m’affirme, je n’ai pas peur d’aller au contact. On y apprend à encaisser les coups, parfois à les rendre, à tomber, se relever, et passer à l’action suivante.

Aujourd’hui j’en suis convaincue, quel que soit le sport qu’on pratique, ce sera toujours plus efficace que tous les régimes alimentaires du monde et toutes les crèmes qu’on pourra s’appliquer pour être bien dans sa peau…et dans sa tête. »

Elles aussi sont inspirantes...

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j'ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j’ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Formée à Harvard et par le théâtre, elle a plusieurs cordes à son art. Guila Clara Kessous, entrepreneure diplomatique, s’engage depuis plus de quinze ans pour les droits des femmes. Et voilà que le sport entre dans la danse en un geste politico-artistique : grimper à la corde. Une ascension symbolique, une allégorie de la difficulté des femmes à s’élever dans la société. Prenons de la hauteur.

Lire plus »
Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Avec sa sœur Éva, elle truste les premières places depuis 2015 en Ultimate. Membre essentiel de l’équipe de France, Lison Bornot est Championne d’Europe outdoor 2023 et championne du monde d’Ultimate sur sable 2023. La voici maintenant en piste pour les World Games, l’antichambre des JO, qui se déroulent en Chine, du 7 au 17 août 2025. Témoignage d’une fille pétillante devenue l’une des ambassadrices françaises d’un sport trop peu connu.

Lire plus »
Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

En à peine trois ans, cette passionnée de vélo a décroché un podium sur 500 kilomètres et bouclé sa première course d’ultra, la fameuse BikingMan, en tant que première féminine. Carburant aux défis, pédalant sans relâche, surmontant tous les obstacles grâce à un mental d’acier, la Savoyarde n’a pas fini d’enfiler les kilomètres dans ce sport de l’extrême. En piste !

Lire plus »
Emelyne Heluin: « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Emelyne Heluin : « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Gymnaste jusqu’à son adolescence, Emelyne Heluin a dû raccrocher le justaucorps après une prise de poids inexpliquée et d’autres symptômes invalidants. Diagnostiquée d’une maladie endocrinienne chronique et évolutive, le SOPK, à l’âge de 17 ans, elle erre pendant des années entre perte de confiance en elle et détresse psychologique avant de retrouver le chemin du sport comme outil de santé. Ce sera la marche, puis la course à pied jusqu’à se lancer sur des marathons.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Gabriella Papadakis

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une fille à couettes qui soulève plus lourd que Hulk en personne, une espionne qui ne lâche pas le sport, même en prison, une « mère indigne » championne olympique, des patineuses d’hier et d’aujourd’hui (comme Gabriella Papadakis sur notre photo) ou encore une sportive dingue de windsurf, demandez le programme !

Lire plus »
Euro féminin de baseball, tous derrière les battes bleues !

Euro féminin de baseball, tous derrière les battes bleues !

Le championnat d’Europe féminin de baseball se joue à Montpellier jusqu’au 6 août. Et l’équipe de France, tenante du titre, compte bien récidiver l’exploit devant son public. L’occasion de développer le baseball féminin et de prendre rendez-vous pour le premier tour de la Coupe du monde, l’an prochain.

Lire plus »

JO 1928 : Lina Radke, l’athlète trop « disgracieuse » pour courir

Elle s’appelait Karoline Radke-Batschauer dite Lina Radke. Pionnière de l’athlétisme, cette Allemande qui courait comme un lièvre fut la première médaillée d’or olympique au 800m, mais aussi la dernière jusqu’en…1960. Après sa victoire, l’épreuve fut tout bonnement supprimée. Miss Radke avait manqué de grâce en franchissant la ligne d’arrivée…

Lire plus »
Amélie Grassi : « Avec le Jules-Verne, c'est la première fois que l’on fait appel à moi sans qu’il y ait d’obligations de quotas féminins. »

Amélie Grassi : « Avec le Jules-Verne, c’est la première fois que l’on fait appel à moi sans qu’il y ait d’obligations de quotas féminins. »

Elle a un débit de mitraillette, de l’humour à revendre et cette envie folle de prendre le large. Amélie Grassi, 30 ans, a été choisie par François Gabart pour l’accompagner dans sa tentative de record du trophée Jules-Verne dont le départ a été donné ce 29 novembre. Seule femme à bord, elle est aussi l’une des rares à avoir osé tenter l’aventure.

Lire plus »
Marathon Rose, les femmes en marche contre le cancer du sein

Marathon Rose, les femmes en marche contre le cancer du sein

« Le sport pour vaincre ! » Comme un cri du cœur, le slogan de l’association Casiopeea résume parfaitement le projet de son Marathon Rose qui prendra la route en octobre : marcher côte à côte pour lutter contre la maladie durant le mois de sensibilisation nationale, Octobre Rose. ÀBLOCK ! soutient cet essentiel top départ…

Lire plus »
Joanna Grisez, la combattante du rugby tricolore

Joanna Grisez : celle qui a tout plaqué pour le rugby

C’est l’histoire d’une ascension fulgurante dans le rugby féminin. De ses débuts tardifs à l’université jusqu’aux plus grandes compétitions internationales, Joanna Grisez incarne la puissance, la résilience et l’engagement d’une génération qui veut faire bouger les lignes. Dans le sport comme ailleurs.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner