Elle le dit sans détour : « Moi, ce que je veux, c’est gagner la Coupe du Monde. ». À 28 ans, Joanna Grisez incarne une nouvelle génération de sportives audacieuses, polyvalentes et résilientes. Celle qui fait les beaux jours des stades aujourd’hui a pointé le bout de son nez à Colombes, dans les Hauts-de-Seine en Île-de-France, le 5 octobre 1996. Elle n’a pas grandi avec un ballon ovale entre les mains, la passion a été tardive. C’est à l’université, lors de ses études en STAPS, qu’elle découvre le rugby, presque par hasard : « Dans mon menu de sport, j’avais tennis et rugby. Mon prof de rugby m’a dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire. Je n’avais pas peur du contact et j’en avais un peu marre du tennis, c’est comme ça que ça a commencé », raconte-t-elle. Ce coup de foudre devient rapidement une vocation. Et la voilà avec une seule idée en tête : fouler les stades avec ses crampons affutés.
D’abord repérée pour ses qualités athlétiques plus que techniques, Joanna Grisez intègre l’équipe universitaire de rugby à 7, avec laquelle elle remporte deux titres mondiaux en 2016 et 2018. Sa progression est fulgurante : en quelques années, elle devient une pièce maîtresse de l’équipe de France à 7, avant de faire le grand saut vers le XV. Joanna Grisez est une joueuse de rupture. Ailière au Stade bordelais, elle est capable de transpercer les défenses avec une vitesse qui rappelle ses années à 7. Lors du Tournoi des Six Nations 2025, son essai contre l’Angleterre à la 79e minute est élu « meilleur essai du tournoi ». Elle marque les esprits par ses courses tranchantes, comme lors de la Coupe du monde 2025 en Angleterre, où elle relance les Bleues face à l’Italie avec un essai en solitaire.
Mais derrière les exploits, il y a les blessures et les doutes. Privée des Jeux de Tokyo en 2021 à cause d’une blessure, elle vit une autre désillusion à Paris en 2024, éliminée en quart de finale. « Je suis morte de l’intérieur et je pèse mes mots. J’ai mal dans ma chair, le poids de l’échec sur le cœur », écrivait-elle alors sur sa page Instagram. « Il a fallu redonner du sens à mon rugby », ajoutait-t-elle, lucide et déterminée.
Joanna Grisez ne se limite pas au terrain. Si elle a tout plaqué pour vivre de sa passion, elle prépare déjà l’après-carrière grâce son double projet, elle est diplômée en management du sport et en design d’intérieur. Elle milite aussi pour une meilleure reconnaissance du rugby féminin, encore largement amateur en club. « En vingt ans, le rugby féminin a tellement changé, mais il reste encore beaucoup à faire », dit-elle. Aujourd’hui, Joanna Grisez est une sportive complète, ambassadrice pour la place et la visibilité des femmes dans le rugby, et source d’inspiration pour celles et ceux qui découvrent tardivement leur passion. Elle ne court pas seulement après les essais, mais aussi après le sens, la justice et l’envie de faire bouger les lignes. Et ça, ici, ça nous parle. Bref, c’est une championne ÀBLOCK!