Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine
L’adieu à 2023 et l’arrivée en trombe de 2024, les femmes dans le sport encore et toujours, mais aussi notre lancement de la première édition d’ÀBLOCK! Kids, c’est le meilleur de ces derniers jours ! Enjoy !
Publié le 24 mars 2024 à 20h22
Le trampoline, c’est une histoire en deux temps pour toi. Tu découvres la discipline à la faveur de tes entraînements de gymnastique et tu t’y consacres pleinement à partir de la 6e. Comment ça s’est passé ?
Je faisais de la gym et j’étais passionnée, ma sœur aussi en faisait et le mercredi, comme nos parents travaillaient, c’est elle qui m’y emmenait. Mon entraînement à moi commençait à 18h30 or, j’étais dans la salle dès 14h et je m’ennuyais. C’est comme ça que l’on m’a proposé de faire du trampoline…pour passer le temps.
Tu te souviens de ce que tu as ressenti par rapport à la gym pour que, peu à peu, le trampoline prenne toute la place ?
J’ai choisi le trampo avant tout parce que je pouvais faire plus de résultats. Le fait que ça me permettait de rester plus longtemps à la maison a également joué, c’est même surtout cela qui a été déterminant dans mon choix.
©Thomas Schreyer/FFGym
Qu’est-ce que tu entends par rester plus longtemps à la maison ?
J’adorais les deux disciplines mais les filles qui font de gym partent souvent plus tôt de la maison, moi, avec le trampoline, je ne suis partie en pôle à Rennes qu’à 14 ans.
Tu vas commencer à collectionner les titres en catégorie benjamine. Tu es sacrée championne de France de trampoline pour la première fois en 2007. Est-ce que ce sacre, bien que tu sois très jeune, a eu une incidence sur la façon d’envisager ta pratique ?
Peut-être pas aussi jeune. Ce que je retiens de ce titre, c’est avant tout l’ambiance : on était un groupe d’amis, il y avait les parents, c’était vraiment incroyable. Pour le reste, ça a changé en 2008 quand je suis passée dans les catégories Elite.
Je me souviens également qu’avant ce rendez-vous, il y avait eu des Coupes nationales, j’avais terminé deuxième, battue par une Belge – la compétition était Open – et ça m’avait un peu énervée alors les France, c’était un peu ma revanche.
©FFGym
Est-ce qu’avec des premiers résultats, tu ne te sens pas, à ce moment-là, rattrapée par la pression du résultat, à sentir que l’on commence à attendre beaucoup de toi ?
Non, je n‘ai jamais ressenti ça comme ça, la pression, c’est plus quand on passe senior. À ce moment-là, on se prend une petite claque parce qu’alors, on n’est plus la meilleure et c’est ça qui est le plus dur je trouve.
Mes années juniors, je les ai super bien vécues mais quand on bascule de catégorie, on passe d’une période où l’on a gagné plein de médailles et on se lance dans le monde des grandes avec des filles qui ont dix-quinze ans de plus. Là, tu n‘es plus personne, tu repars de zéro et c’est compliqué.
©FFGym
Tu évoquais le fait de partir tôt de la maison, tu vas quitter le nid à 14 ans pour aller à Rennes. C’était une décision familiale ?
Je suis restée cinq ans à Rennes, j’ai passé mon bac en deux ans et après, je suis partie au CREPS d’Antibes où je suis restée là aussi cinq ans. La décision a été collective.
Tout le monde savait que je devrais partir à un moment donné, la seule chose c’est, que moi, dans ma tête, c’était prévu pour la seconde or, mon entraîneur m’a annoncé qu’il arrêtait et je suis finalement partie un an plus tôt.
Je suis quelqu’un d’assez carrée et ce décalage a fait qu’au début, ça a été assez compliqué mais, avec le recul, je ne regrette pas du tout, ça s’est très bien passé et j’ai eu de très belles années à Rennes.
©FFGym
Tu l’as vécu comment ce départ avancé ? Comme un sacrifice obligatoire ?
Je ne dirais pas que c’était un sacrifice, mais c’était difficile parce que d’un coup, tu te retrouves toute seule, loin de ta famille : j’habite Clermont-Ferrand, je me retrouve à Rennes, ce n‘est pas la porte à côté. À partir de ce moment-là, le trampoline est devenu mon quotidien, j’enchainais école–trampo, école trampo.
J‘adorais ce rythme et en plus, j’avais moins de cours – plus de techno par exemple – des horaires aménagés et ça, c’était très bien.
©FFGym
En 2014, tu es rattrapée pour une réalité que tu n’avais pas connue jusqu’alors, la blessure et ses conséquences puisque tu vas devoir observer six mois d’arrêt. Lors de ton retour, tu doutes…
Oui, je me suis fait une rupture partielle des croisés mais elle n’a pas été détectée immédiatement. Au mois d’août, je suis partie trois semaines à Capbreton afin de faire de la rééducation.
Après ça, j’ai repris mais, à la reprise, j’ai eu des problèmes de figures, j’avais un peu peur, c’était compliqué dans ma tête or il y avait les Championnats d’Europe junior de 2014 qui approchaient, Championnats d’Europe qualificatifs pour les Jeux olympiques de la jeunesse, et ce rendez-vous représentait la concrétisation de mes années juniors.
La période n’était pas facile mais j‘ai quand même réussi à me qualifier.
©Thomas Schreyer/FFGym
Ce sentiment de peur, tu ne l’avais jamais ressenti auparavant ?
Ce n’est pas vraiment de la peur, peur de la hauteur ou autre, c’était plus que je n’arrivais pas à visualiser certaines figures. Je n’avais pas peur d’aller haut, je savais faire mes figures mais c’est quelque chose qui se passait dans ma tête. Ça arrive souvent dans le trampoline.
En ce qui me concerne, ce n’était pas des pertes de figures mais une peur de ne plus savoir faire mes figures même les plus simples, comme si j’avais perdu mes repères.
Tu parviens malgré tout à retrouver de la sérénité et, en 2015, tu décroches ton premier titre de championne de France en sénior, en 2016, tu remportes l’or en synchronisé lors des Championnats d’Europe de Valladolid en Espagne avec Marine Jurbert. Jamais le trampoline français n’avait remporté de titre continental avant celui-ci, ça fait quoi de marquer les annales de son sport ?
C‘est cool, mais je ne commence à en prendre conscience que maintenant seulement ! Lorsque j’étais jeune, je ne me rendais pas compte de tout ça. Je vis avec Allan Morante et, lui, il dit souvent vouloir marquer l’histoire de son sport.
Quand on parle de ce moment, quand j’y repense, je me dis que c’est gratifiant et que j’ai encore plus envie de marquer mon nom dans l’histoire du trampo français.
Léa Labrousse et Marine Jurbert…©Club Levallois
La même année, tu es désignée remplaçante pour les Jeux olympiques de Rio. Ce rendez-vous, tu en parles comme d’un rêve. Ça représente quoi pour toi ?
J‘étais du voyage à Rio, j’étais remplaçante et j’étais à ma place. Je savais qu’il y avait meilleure que moi et j’étais bien dans mes baskets, contente d’être au Brésil. Ceci étant, on ne se rendait pas vraiment compte que l’on était aux Jeux Olympiques, on était à l’hôtel et c’est un séjour qui s’apparentait plus à des vacances.
En revanche, j’ai participé aux Jeux olympiques de Tokyo mais il y avait le Covid et je n‘ai pas pu engranger de l‘expérience parce qu’il n’y avait personne dans la salle.
On va voir ce que ça donne à Paris mais c’est vrai qu’au Japon, je n‘ai pas senti cette pression, c’était une édition assez bizarre.
Deux ans plus tard, tu brilles de nouveau sur la scène continentale avec l’argent par équipes aux Championnats d’Europe de trampoline de Bakou en Azerbaïdjan. En synchro, en revanche, pas de nouvel exploit, tu te blesses en finale, ce qui t’empêche de pouvoir défendre tes chances. Cette année-là, tu buttes plusieurs fois sur le même enchaînement et le doute s’insinue. Comment as-tu remédié à ça ?
Pendant plusieurs compétitions, je suis tombée sur le même enchaînement et ce qui est compliqué, c’est surtout d’arrêter d’y penser, de se focaliser dessus parce que, plus on est focus dessus, plus on va faire la faute.
Mais, après ça, je fais de très beaux Championnats du monde et c’est ce qui m’a redonné le sourire.
Comme pour les saisons 2014 et 2015, lorsque tu as un coup dur, tu réponds quelques mois plus tard avec une médaille. 2019 est un grand cru pour toi. Lors des Jeux européens de Minsk tu décroches ton premier titre individuel. La reconnaissance à titre personnel, c’est un cran au-dessus de ce que tu as vécu jusqu’alors ?
Oui, complètement. C‘était un titre individuel, en plus aux Européens, un rendez-vous qui rassemble beaucoup de monde, qui est reconnu, c’était vraiment bien.
En novembre, je me classe 5e en individuel aux Monde de Tokyo et je décroche un quota pour les JO. Je n’y pensais pas trop en y allant, ce n’était pas vraiment dans ma tête mais j’étais vraiment prête, ma préparation était parfaite, je me sentais très bien, en forme, et tout s’est enchaîné.
En finale, je fais trois triples rotations, j’étais la seule à le faire, je pense que je rate la médaille de peu.
©FFGym
Ce quota te sera attribué pour Tokyo mais avant cela, en 2021, tu deviens vice-championne d’Europe à Sotchi, la meilleure performance de de l’histoire du trampoline féminin français. Par rapport au titre des Jeux européens, tu la vis comment cette médaille d’argent ?
C‘était différent parce que je n‘étais pas dans un bon état d’esprit. J‘étais un peu blessée, je commençais à avoir mal à la hanche ce qui fait que j’avais pas mal de doutes, je n’étais pas non plus amplement satisfaite de ma préparation. Je suis toujours contente de décrocher une médaille mais celle-ci, je ne m’en souviens pas comme celle des Européens par exemple.
Pour le bronze par équipe que l’on a également décroché à Sotchi, c’est différent parce qu’il y a une copine qui se blesse, on doit, nous, rebondir et toutes réussir pour elle mais la médaille individuelle, c’était assez compliqué.
Tu enchaînes avec les Jeux de Tokyo qui ne vont malheureusement pas se passer comme tu l’aurais souhaité avec une élimination en qualification. Tu expliques que tu avais trop d’envie…
J‘étais très stressée les jours qui ont précédé, pas très bien. On avait fait un stage d’une semaine à Kobe avant et les toiles étaient nulles, c’était du bois, on ne pouvait pas sauter dessus, c’était vraiment pas facile et ça a fait que, pendant une semaine, on ne s’est pas trop entrainé.
À Tokyo, j’arrive en en salle d’échauffement, je ne suis pas fan non plus des toiles, les toiles de compet arrivent la veille et je les aime bien, je les ressens bien, je suis contente.
Le jour de la compétition, je savais qu’il allait falloir que je fasse un gros score en « L1 » pour espérer aller en finale. D’habitude, je regarde les scores des autres, là, je me suis dit que je n’en avais pas besoin, je savais qu’il fallait que je prenne des risques, j’ai voulu pousser, je me suis mise en sur-rotation et je suis tombée.
Cette déception, tu la laisses assez rapidement derrière toi, ces deux dernières années, tu remportes le bronze en individuel aux Europe de Rimini en Italie, l’argent en synchronisé avec Marine Jurbert aux Monde de Sofia en Bulgarie. Tu recommences en 2023 avec l’argent en trampoline par équipe à Birmingham en Grande-Bretagne. Qu’est-ce qui manque pour franchir l’ultime marche qui te sépare de l’or ?
Pour ce qui concerne l’individuel, ce qui me manque encore c’est de réussir à reproduire en compétition ce que je fais à l’entraînement.
En compétition, je suis plus petite, un peu sur la retenue et c’est sur quoi j’essaie de travailler. J’essaie de lâcher prise.
Pourquoi ? En compétition, je sais que je suis capable d’aller en finale, mais comme je pouvais le faire en étant petite, ça me suffisait mais, pour aller à la médaille, il faut que je sois encore au-dessus et c’est ça qu’il faut que je travaille.
©FFGym/Club Levallois
La grosse échéance cette année ce sont les Jeux olympiques de Paris. Tu t’es préparée en faisant un stage en Chine. Qu’est-ce que ça t’a apporté ?
On a fait un stage en Chine et on y retourne au mois de mai. Je suis partie avec Allan, sans entraîneur, on était à la fois avec l’équipe et livrés à nous-mêmes. On s’entraînait sur notre trampo, à côté des autres athlètes mais Dong Dong, qui est la légende du trampo, nous donnait des conseils.
En revanche, à l’extérieur, on était totalement intégrés, on a fait des restos avec eux par exemple… Techniquement, j’ai bien progressé sur certains détails : eux aiment avoir de grandes extensions, ce qui fait que je n’arrêtais pas de tirer mes jambes.
©Laurent Daufes
Comment te sens-tu à cinq mois de l’échéance ?
En ce moment, je suis un peu blessée, une entorse du genou, et je fais tout pour revenir pour les Championnats d’Europe. On verra mais, logiquement, pour les Jeux de Paris, je serai prête.
Pour les Europe, ma préparation ne sera pas optimale, mais j’aimerais bien gagner…
Toutes nos rencontres
Vous aimerez aussi…
L’adieu à 2023 et l’arrivée en trombe de 2024, les femmes dans le sport encore et toujours, mais aussi notre lancement de la première édition d’ÀBLOCK! Kids, c’est le meilleur de ces derniers jours ! Enjoy !
Je suis allée chercher mon dossard de cet Ironman d’Hawaï deux jours avant le coup d’envoi, c’est la première étape qui te met dans la course. La seconde étape a été de déposer mon vélo et mes sacs. Le jour J, j’ai mis mon réveil à 4h30. J’étais en forme, j’avais envie d’y aller…
Entre mon deuxième week-end de course, celui de Lédenon, mon circuit préféré, et mon bac blanc, j’ai la pression, mais je reste zen. Je vous raconte.
Lors de la première édition féminine du tournoi de Wimbledon, l’histoire retiendra qu’il n’y a pas d’âge pour briller. Le 19 juillet 1884, la britannique Maud Watson, prodige de 19 ans, s’impose en trois sets face à nulle autre que sa grande sœur Lillian.
On met très souvent en avant les leaders de chaque formation, mais qui sont-ils sans leurs équipiers ? En fin de carrière, Aude Biannic reste une coéquipière de luxe pour sa leadeuse Annemiek van Vleuten. Portrait d’une Bretonne qui est d’une aide précieuse pour la suprématie de son équipe.
Alexia Cerenys est la première joueuse de rugby transgenre à évoluer dans l’élite féminine et elle n’a plus peur de l’assumer. Le 14 octobre 2023, à Marcoussis,elle arbitrait le match de clôture de la Pride Rugby Cup, tournoi LGBTQIA+ friendly. Et nous étions là.
Malgré un été des plus sportifs, JO de Paris obligent, les chiffres sur l’activité physique des enfants et ados restent moroses. L’Académie Nationale de Médecine, via un rapport détaillant des recommandations à mettre en place d’urgence contre la sédentarité, met clairement l’école au coeur du processus.
Baroudeuse kayakiste, elle maîtrise haut la main les rapides les plus dingues de la planète. À 28 ans, cette championne du monde de slalom en équipe et triple championne du monde de kayak extrême se fait désormais la main et la malle en kayak d’expédition aux conditions extrêmes. Accro à l’adrénaline, elle ne lâche jamais la pagaie. Un vent de fraîcheur sans langue de bois !
Elle a encore du potentiel. Et elle espère le prouver lors de ces Championnats d’Europe de tennis de table qui débutent à Varsovie, en Pologne. Plus encore, Stéphanie Loeuillette, Championne de France en double dames en 2018 et vice-Championne de France en double mixtes, en 2019, se voit bien en haut de l’affiche aux JO de Tokyo. Portrait express d’une pongiste ultra concentrée sur ses objectifs.
Ado, elle pratiquait déjà le ski de randonnée. Et, depuis, elle n’a jamais cessé de grimper les sommets. Le plus souvent, dans sa région d’adoption, Grenoble.
La montagne, Pauline s’y sent bien, loin de tout esprit de compétition ou de performance. Elle nous partage sa passion. Celle qui la fait vibrer, celle qui l’aide à respirer.
Médaillée de bronze à la poutre aux championnats d’Europe de 2019, en Pologne, couplé à l’argent au concours général individuel des Jeux européens de Minsk, en Biélorussie, la gymnaste de Saint-Etienne, Lorette Charpy, victime d’une grave blessure au genou en mars dernier, n’avait pas pu participer aux JO de Tokyo et ne sera pas non plus aux Championnats du monde, le mois prochain. Mais elle ne lâche rien et se prépare déjà pour Paris 2024. Entre deux séances de rééducation, elle a répondu à notre petit questionnaire de Proust à la sauce ÀBLOCK!
Une revanche. En 1968, lors des Jeux Olympiques de Mexico, la plongeuse américaine Maxine « Micki » King captive le monde avec son courage et sa persévérance. Son retour en 1972 est d’autant plus remarquable.
Abonnez-vous à la newsletter