Bouger, j'aimerais bien, mais... Pourquoi avons-nous tant de mal à nous motiver ?

shutterstock_327573026
Avec le confinement, beaucoup tentent de saisir l'occasion de remettre leur corps en mouvement. Pas facile pourtant, surtout lorsqu'on est seul et que l'espace sportif se limite à ses quatre murs. Alors, généralement, on commence fort puis on se fatigue. Mais pourquoi si peu d’enthousiasme, même en sachant que le bien-être est au bout de la séance ? Explications.

Par Valérie Domain

Publié le 29 mars 2020 à 12h40, mis à jour le 27 avril 2021 à 18h19

Il est un fait (quasi) indéniable  : on trouve souvent mieux à faire que d’aller transpirer. Ainsi, l’effort est moins de pratiquer un sport que de s’y mettre. Même en sachant qu’une fois la séance terminée, on sera à bloc !

Alors, pourquoi tergiverser (“J’y vais ou j’y vais pas ?“), pourquoi rechigner, reporter, abandonner ?

Chaque séance de sport bouclée est une petite victoire sur nous-mêmes. Comme si nous avions vaincu le moi paresseux qui sommeille en nous. Pour autant, nous avons tous l’exemple d’un sportif accro (celui qui pratique par tous les temps, ne manquerait une séance pour rien au monde) qui nous culpabilise.

Mais est-ce vraiment notre faute si le petit interrupteur de la volonté est si difficile à actionner ?

Éléments de réponse avec Nathalie André, enseignante-chercheuse en psychologie du sport, de l’exercice et de la santé, et Michel Audiffren, professeur et chercheur, spécialisé dans les neurosciences cognitives et l’impact de l’activité physique sur la santé, tous deux à l’université de Poitiers*.

sport sedentarite

Pourquoi certains ont-ils davantage de motivation que d’autres  ?

Nous pourrions penser que c’est, en partie, une idée reçue. Il n’existe pas une motivation, mais des motivations qui sont intimement reliées à des besoins et plus précisément à la satisfaction des besoins.

Trois grands besoins fondamentaux sont reliés à trois grandes motivations  : le besoin de compétence, le besoin d’autonomie et le besoin d’appartenance sociale. Prenons comme exemple le besoin de compétence. Il peut être satisfait de deux façons différentes : soit en progressant dans le sport que je pratique, soit en cherchant à dominer les autres, c’est-à-dire, à être le meilleur. Un sportif qui cherche à progresser paraîtra moins motivé dans le cadre d’une compétition.

En revanche, il pourrait l’être fortement dans le cadre de ses entraînements. Maintenant, un sportif peut chercher à la fois à progresser et à être le meilleur. Ces types de but amènent généralement à déployer beaucoup d’efforts et donc à être motivé.

mr-bimsky-A1uOoLvSfBg-unsplash

Pour rester motivé, être plus constant dans sa pratique, doit-on privilégier une fréquence, une intensité, des lieux, des façons de s’entraîner  ?

Cette question est cruciale, car si l’on veut bénéficier des effets positifs de l’exercice sur la santé, il faut pouvoir maintenir la pratique régulière de cette activité.

La fréquence des séances est un élément important du processus d’instauration d’habitudes durables. En ce qui concerne l’intensité, les exercices doivent être suffisamment sollicitant tant sur le plan mental que physique pour entraîner des bénéfices.

Cependant, la séance doit aussi permettre à l’individu de ressentir du plaisir, car sinon sa motivation à rester engagé peut s’amenuiser progressivement. Laisser le choix de l’activité physique (en sachant que les sports facilitant la socialisation et procurant des feed-backs de succès augmentent la motivation) et du moment des créneaux hebdomadaires est un autre élément important de l’engagement.

Comment la motivation mène-t-elle à la performance, est-ce la tête qui dirige le corps  ?

En effet, les structures préfrontales du cortex cérébral contrôlent une grande partie de notre organisme et de nos comportements, mais les sensations physiques et les progrès nourrissent la motivation.

Il s’agit donc d’un cercle vertueux. La motivation d’accomplissement également appelée « motivation à la réussite » rend compte de l’importance pour le sportif de reconnaître que sans effort, il ne peut pas y avoir de réussite.

La motivation mène dans la plupart des cas à la performance quand elle est associée à l’effort investi. Mais la motivation est également liée à la notion de plaisir. La réussite, le plaisir, constituent des buts qui vont diriger le comportement du sportif.

On entend parfois dire : « Je suis allée jusqu’au bout grâce au mental, le corps ne suivait plus », peut-on vraiment, par la motivation, vaincre la fatigue physique  ?

Cette capacité à poursuivre un exercice physique malgré une intensité inconfortable, une douleur intense, ou une fatigue affaiblissante fait appel à l’autocontrôle, c’est-à-dire la capacité à inhiber l’intention d’arrêter un exercice pénible lors de sa réalisation.

Les individus possédant des capacités d’autocontrôle élevées pourront repousser leurs limites plus loin que ceux avec de faibles capacités.

Plusieurs études suggèrent que la capacité à s’autocontrôler, ce que certains appellent la volonté, peut se renforcer par l’entraînement.

* Tous les deux sont membres de l’équipe « Exercice, Sensori-motricité et Cognition » du Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage, Université de Poitiers et CNRS.

Vous aimerez aussi…

24 juillet 2004, la Britannique Alison Streeter traverse la Manche pour la 43e fois

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une escrimeuse qui tire vite, des jeunes pousses au sacré coup de pédale, nos dossiers spéciaux foot et cyclisme ou encore notre série Un jour un événement (avec Alison Streeter sur notre photo), c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Bonne lecture !

Lire plus »
Il était une fois le tennis de table… féminin

Il était une fois le tennis de table… féminin

La fédé française de tennis de table vient de créer sa « Cellule 2024 », au sein de laquelle évolueront les meilleurs pongistes français.es. Objectif : mettre toutes les chances de son côté aux Jeux Olympiques de Paris 2024. L’occasion toute trouvée pour revenir sur les débuts féminins dans cette discipline plutôt égalitaire…

Lire plus »
Fanny Horta : « Depuis les Jeux, j’ai coupé avec le rugby, j’en avais besoin. »

Fanny Horta : « Depuis les Jeux, j’ai coupé avec le rugby, j’en avais besoin. »

Elle a mis un terme à sa carrière à l’issue des JO de Tokyo. Fanny Horta, vice-championne olympique de rugby à 7, en a terminé avec la compétition mais pas avec le terrain. Engagée dans la commission des athlètes pour Paris 2024, elle ambitionne, à l’avenir, d’accompagner, à son tour, des groupes sur le chemin de la performance et de la réalisation de soi. Rencontre avec une fille qui sort de la mêlée.

Lire plus »
Il était une fois le cyclisme…féminin

Il était une fois le cyclisme…féminin

L’histoire du cyclisme féminin est pavée de pionnières comme le sont les rues du Paris-Roubaix qui reprendra la route dans sa version féminine à partir du 16 avril. Car pour que nos rouleuses d’aujourd’hui puissent pédaler sans entrave, d’autres avant elles ont fait en sorte que le vélo se conjugue au féminin. Qui étaient ces filles audacieuses qui leur ont montré la voie ?

Lire plus »

Sport et Coronavirus : le vrai du faux

On dit (et on entend) souvent que le sport aide à lutter contre les virus. Mais est-ce la vérité ? Ne rien changer à sa routine sportive aide-t-il vraiment à lutter contre la maladie et plus particulièrement contre le Coronavirus COVID-19 ? Pourquoi faut-il continuer à pratiquer, mais dans quels cas faut-il impérativement mettre son corps en mode « pause » ? Éléments de réponse.

Lire plus »
Nicole Abar : « Pour moi, le football est un destin. »

Nicole Abar : « Pour moi, le football est un destin. »

Elle a marqué de son empreinte le football moderne. Tout au long de sa riche carrière, Nicole Abar n’a cessé de collectionner les titres et les récompenses. L’ancienne internationale, désormais âgée de 63 ans, consacre désormais la majeure partie de son temps à militer pour un sport plus juste et plus ouvert. Rencontre avec une fille qui n’était qu’une « joueuse alibi » devenue une femme engagée.

Lire plus »
Une georgette ? Cékoiça ?

Une Georgette ? Cékoiça ?

En selle, cavaliers ! Notre petit lexique pratique pour mieux comprendre le langage des coachs s’offre une échappée dans l’univers de l’équitation. Et je demande le G…comme Georgette.

Lire plus »
Quand je fais du sport, je m’hydrate quand ? La question qui tue

Quand je fais du sport, je m’hydrate quand ?

Il parait que « l’hydratation, c’est la clé », mais la clé de quoi ? On nous dit de ne pas boire pendant l’effort, on nous dit de ne pas trop boire avant l’entraînement… mais moi, le sport, ça me donne soif ! Du coup, on fait comment ? Pose cette gourde, ABLOCK! t’explique tout.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner