Juliette Labous « Dans le vélo, je suis arrivée au bon moment, quand les filles ont pris la parole. »
Elle a 25 ans, mais elle roule sa bosse depuis longtemps. Juliette Labous n’en finit plus de monter en puissance. La coureuse de DSM continue à voir loin et à viser haut. Après les Jeux Olympiques de Paris 2024, la voilà de nouveau sur le Tour de France Femmes.
Par Sophie Danger
Publié le 07 octobre 2022 à 15h46, mis à jour le 12 août 2024 à 15h33
Tes débuts sur un vélo, tu les as faits dans le Finistère, une région dont ton grand-père paternel est originaire et dans laquelle tu passais une semaine de vacances chaque année. Tu avais 3 ans. Tu te souviens malgré tout de tes premiers tours de pédale ?
C’est drôle parce qu’il y a parfois des images qui nous marquent. Même si j’étais vraiment petite, je m’en souviens vraiment bien. Je me rappelle du garage avec les petits vélos que l’on pouvait emprunter. Je me souviens aussi être tombée puis m’être dit : « C’est bon, ça ne m’arrivera plus » et c’était parti !
Le vélo, j’ai tout de suite aimé. C’était ludique, on pouvait aller plus vite qu’en marchant et c’était aussi un défi.
Tu en as fait rapidement en club, ou bien tu pratiquais un autre sport à l’époque et le vélo n’était qu’une simple récréation ?
Petite, je pratiquais la gymnastique. J’ai commencé avec la baby gym et j’en ai fait jusqu’à mes 6-7 ans. Par la suite, je me suis mise au BMX et au VTT. Faire tout en même temps, ça commençait à faire trop. Comme la gymnastique me convenait moins, j’ai décidé d’arrêter.
C’est grâce à ton grand-frère, Quentin, que tu vas commencer le BMX. Qu’est-ce qui t’a attirée dans cette discipline ?
L’esprit de compétition ! J’évoluais avec beaucoup de garçons car il y avait peu de filles pratiquantes à l’époque et, ce qui m’attirait, c’était l’envie de les battre. Durant les compétitions, mon but était toujours de gagner. Ça fonctionnait plutôt bien, alors ça me plaisait. Cet esprit de compétition, je pense que c’est quelque chose que j’ai toujours eu en moi. Que ce soit à l’école ou dans le vélo, j’ai toujours voulu être la plus forte dans ce que je faisais.
Et puis, il y a avait aussi le fait que le BMX, c’était un sport très ludique, on s’amusait beaucoup lors des entraînements, on était un groupe d’amis, c’était très sympa.
Quel regard posaient-ils sur toi ces garçons ? On ne t’a jamais fait sentir que tu n’étais pas à ta place ?
Non, on n’a jamais posé ce regard sur moi. Le fait que je sois une fille ne les a jamais dérangés. Nous étions vraiment amis et il m’est d’ailleurs souvent arrivé de les inviter pour mon anniversaire. On allait faire du VTT tous ensemble dans un parc situé juste à côté de chez moi. Et puis, si dans mon club sur Besançon, il n’y avait pas de filles de mon âge, à l’école j’avais de bonnes copines qui faisaient du sport, de la gymnastique notamment.
Par la suite, en 2008, lorsque j’ai commencé à faire des Coupes de France, je me suis fait une très bonne amie, Axelle Etienne, qui est maintenant aussi très forte, qui a fait les Jeux Olympiques, et avec qui je suis toujours en lien.
Tu vas également pratiquer le VTT et, à 12 ans, tu vas te tourner vers la course sur route et le cyclo-cross. Tu te cherchais en ce qui concerne le vélo ?
Le VTT, j’en ai fait assez tôt, à peu près en même temps que le BMX, la seule différence, c’est que je ne faisais pas trop de compétition. Par la suite, j’ai commencé le cyclo-cross et la course sur route à peu près en même temps, vers 2012. Tout s’est fait assez naturellement.
J’ai arrêté le BMX parce que, en ce qui nous concerne mon frère et moi, ça ne nous convenait plus trop : l’ambiance était peut-être trop bon enfant, ça manquait peut-être un peu de sérieux par rapport à ce que nous attendions. Au final, je me suis dit que j’essaierais bien le VTT.
La route, j’ai commencé à en faire parce que mes parents m’avaient acheté un petit vélo de route pour m’entraîner. J’ai fait des courses et j’ai aimé. Mais tout s’est fait simplement, je n’ai pas arrêté les disciplines du jour au lendemain.
Par la suite, tu vas intégrer le pôle espoirs de Besançon. Tu as continué à pratiquer toute ces disciplines ou tu t’es concentrée sur la route et le cyclo ?
Le pôle espoirs était multidisciplinaire et ça aétéune très bonne école. J’ai continué route et cyclo-cross et j’ai même refait une année de VTT en 2014. J’ai participé aux Coupes de France et même aux Championnats de France. Mon lycée était vraiment bien adapté pour les sportifs, et pas uniquement en ce qui concerne le vélo, il y avait aussi du handball, du kayak… Moi, j’avais envie de tout tester.
Au début, nous les filles, nous n’étions pas nombreuses : nous étions trois avec Soline Lamboley et Marine Strappazzon. Les premières années, les entraînements, c’était dur car j’étais avec des garçons comme les frères Bouvet, dont l’un est devenu professionnel aujourd’hui. Il y avait un gros niveau, ce n’était pas évident mais c’était vraiment super.
Tu dis n’avoir jamais envisagé devenir professionnelle car ça n’existait pas encore pour les filles. Comment tu envisageais ton avenir dans le cyclisme ?
Je voulais atteindre le plus haut niveau. J’avais de bons exemples comme Pauline Ferrand-Prévot ou Julie Bresset qui avait été championne olympique en 2012. Je voulais aller le plus haut possible, disputer à mon tour les Jeux Olympiques et décrocher une médaille. C’était ça mes rêves.
Ce n’est pas difficile de se dire que les garçons qui vont sortir de ce pôle espoirs pourront devenir professionnels mais que pour vous, les filles, ce ne sera pas possible de faire du cyclisme votre métier, d’en vivre ?
À l’époque, je ne le voyais pas vraiment comme ça. Je voulais voir comment les choses allaient se passer, je me disais qu’un jour peut-être on serait professionnelles. J’ai toujours été assez optimiste sur ce sujet. Je pense également que je suis arrivée à la bonne période, celle où les filles ont commencé à prendre la parole pour dire qu’il fallait qu’il y ait des progrès dans le domaine du cyclisme féminin pour qu’un jour on soit, nous aussi, professionnelles.
J’ai eu cette chance d’arriver à un moment où ça bougeait vraiment beaucoup, ce qui fait que je n’ai jamais ressenti le besoin de me dire que ce n’était pas juste. Je savais que ce n’était pas juste, mais j’étais dans l’optique de tout donner et de voir comment ça allait évoluer plus tard.
Tu avais, qui plus est, un plan B puisque tu voulais devenir astrophysicienne.
J’ai abandonné l’idée de devenir astrophysicienne lorsque j’étais au collège. Par la suite, j’ai voulu devenir ingénieure sans savoir, au début, dans quel domaine, soit le bio-médical, soit la micro-mécanique. J’ai fait un bac S option ingénieur et, après le bac, j’ai fait le choix de ne pas aller dans une école dédiée parce que je savais qu’il allait être compliqué pour moi de combiner le vélo et l’école en faisant les deux à 100 % or j’aime faire les choses à 100 %.
Je me suis dirigée vers un DUT que j’ai fait en trois ans au lieu de deux, ce qui me permettait d’avoir plus de temps pour être en mesure de tout concilier. C’est à ce moment-là que j’ai été contactée par mon équipe, qui s’appelait Liv-Plantur à l’époque. Les portes s’ouvraient devant moi, je savais que le moment était venu de faire un choix. Je me suis demandé si je privilégiais plutôt les études ou le sport et je pense que j’ai trouvé un bon compromis.
C’était en 2016. Comment ça s’est passé, comment t’ont-ils approchée ?
Tout s’est passé après les Championnats du monde de Richmond. Je ne m’y attendais pas. Le directeur sportif de l’équipe m’a contactée sur Facebook. Je suis d’abord allée vérifier que ce n’était pas un faux profil. J’en ai parlé à mes parents qui se sont renseignés et ça avait l’air d’être vrai.
Après, nous sommes rentrés en contact et j’ai accroché tout de suite. Les dirigeants m’ont mise en confiance dès le début, ce qui fait que je n’ai jamais eu de peurs, ni d’appréhensions quant au passage pro.
Tu as accepté la proposition tout de suite ou tu as eu besoin de réfléchir à ce que ce contrat signifiait pour toi ?
J’avais fait deux stages avec eux avant de m’engager. Ça ne me faisait vraiment pas peur car j’avais pu voir de près comment fonctionnait l’équipe et puis je m’étais bien entendue avec le staff et les filles, ce qui m’avait rassurée.
De plus, même si c’était une équipe étrangère, l’idée n’était pas non plus de partir de la maison tout le temps. Pour moi, ce n’était pas un pas exceptionnel à franchir et puis c’était mon rêve, ce qui fait que j’ai très vite eu les réponses aux questions que je me posais.
Quand tu as été approchée, tu n’étais pas encore majeure, tu n’as jamais craint que tout cela arrive de façon prématurée ?
J’ai eu de la chance, j’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment, ce qui n’est malheureusement pas arrivé à mon frère, par exemple. Pour moi, tout s’est fait naturellement finalement et ça, ça aide pour réussir par la suite.
Tu as aussi été approchée par la Française des Jeux à cette époque. Qu’est-ce qui a guidé ton choix ?
La Française des Jeux m’a approchée en juin ou juillet 2016 or, de mon côté, c’était bien engagé avec Liv-Plantur. Je leur avais quand-même dit que je voulais bien discuter mais il est vrai que, à l’époque, la FDJ n’était pas du tout la même équipe que ce qu’elle est maintenant, c’était moins développé, moins professionnel. Pour moi, partir à l’étranger était, je pense, la meilleure option à ce moment-là.
En intégrant les rangs de cette formation néerlandaise, est-ce que tu as pu constater une différence dans l’approche du cyclisme féminin ?
Quand j’ai signé, le cyclisme féminin était mieux considéré aux Pays-Bas qu’en France. Dans l’opinion publique, c’était beaucoup plus populaire, les gens connaissaient davantage les têtes d’affiche comme Marianne Vos, les courses… En France, même Pauline Ferrand-Prévot qui a été championne du monde à de multiples reprises n’était pas très connue ! Je voyais une différence à ce niveau-là.
Et pour ce qui est de l’équipe, c’était aussi vraiment spécial car les filles étaient considérées de la même manière que les garçons. Il y avait certes des différences de salaires mais on bénéficiait des mêmes structures, on avait le même staff et j’ai vraiment apprécié ça.
La transition jeune-élite va se dérouler parfaitement pour toi. Dès 2017, tu remportes ta première course pro en t’imposant à l’issue de la 4e étape du Tour de Feminin, une course par étapes qui se déroule en RépubliqueTchèque. Elle représente quoi dans ta carrière cette victoire ?
Elle a été marquante. Je n’en ai d’ailleurs pas eu tant que ça depuis. J’étais très fière de gagner là-bas car il y avait quand même un bon niveau et ça m’avait donné confiance. Au sein de l’équipe, les leaders s’étaient dit que j’avais quand même gagné une course, ce qui m’a aidée, je pense, à faire ma place.
Au cours des années suivantes, tu vas monter en puissance. Après une bonne saison en 2018, tu t’offres notamment la première place au classement de la meilleure jeune du Giro en 2019 et, en 2020, tu décroches ton premier titre de championne de France du contre-la-montre à Grand-Champ,en Bretagne. Ce premier sacre national en élite, il a, pour toi, une saveur particulière ?
C’était en 2020, une année particulière car il y avait eu le Covid et il avait fallu rester concentrée sur les objectifs. Ce n’était pas une saison facile.
Ce titre en contre-la-montre, c’est le seul que j’ai jusqu’à présent chez les élites. J’avais gagné chez les jeunes, en junior, mais il me tenait à cœur de le gagner dans une autre catégorie d’âge. C’était exceptionnel, je me suis imposée devant Audrey Cordon-Ragot en plus et pour quelques secondes seulement. J’étais vraiment fière de porter ce maillot de championne de France pendant un an.
2021 sera une année faste aussi. Tu grimpes sur ton premier podium du Word Tour avec une 2e place à l’issue du Tour de Grande-Bretagne et tu es sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Cette sélection, toi qui rêvais de Jeux lorsque tu étais en pole espoirs, elle signifiait quoi ?
C’était vraiment exceptionnel car il a fallu que je me batte pour avoir ma place. Quand le sélectionneur m’a annoncé que j’étais retenue, j’étais très fière. C’était un rêve pour moi de faire les Jeux. Lorsque j’étais au collège, j’avais été championne de France en BMX et certains avaient compris que j’étais championne olympique. Ce n’était pas le cas, mais j’avais très envie d’y participer. C’était dans ma tête depuis un moment même si, avant, c’était pour le BMX.
Sur place, j’ai vécu un moment exceptionnel. Nous avons eu la chance, avec l’équipe de France, d’être logés non pas à l’hôtel mais dans un logement à part. On ressentait un peu moins l’effet Covid et, même s’il fallait faire des tests tous les matins, ce n’était pas ultra dérangeant. Il y avait une très bonne ambiance entre nous et j’ai beaucoup apprécié l’expérience des ces Jeux de Tokyo. Le Japon, c’était top. Au-delà de ça, les courses se sont bien passées, c’était une très bonne expérience.
Tu en retiens quoi sur le plan extra-sportif ?
J’étais la seule athlète française, ce qui fait que j’étais beaucoup plus regardée. Médiatiquement, c’était très important et tout ça joue. Tour de France mis à part, c’est la course pour laquelle j’ai ressenti le plus de pression. Les Jeux Olympiques, c’est une référence dans quasi tous les sports, tout le monde connaît, je sentais vraiment que les gens étaient contents que j’y aille.
Médiatiquement, les projecteurs se sont pas mal focalisés sur toi, tu l’as vécu comment ? C’était important ?
Oui, bien sûr. La reconnaissance, c’est aussi ce qui nous permet d’évoluer professionnellement. Ces dernières années, par exemple, les salaires ont progressé de manière assez exceptionnelle et c’est en partie grâce aux médias. Mais, quoi qu’il en soit, pour moi, toute cette attention a été assez progressive. J’en parlais il y a peu car beaucoup de gens me demandaient si, à mon niveau, j’allais réussir à gérer la pression qui en découle.
L’attention des médias, ça a commencé en cadette pour moi et même si ça n’a rien à voir avec ce que je peux vivre maintenant, tout ça m’a permis d’apprendre à gérer la situation progressivement, à savoir quand il faut dire oui, quand il faut dire non.
Cette année a également été très riche en émotions. Tu as remporté le Tour de Burgos, ta première victoire sur le World Tour, tu t’es imposée sur une étape du Giro et tu as pris le départ du Tour de France Femmes, épreuve qui avait depuis longtemps disparu du paysage cycliste féminin. Tu as terminé quatrième du Général et première Française. Comment as-tu appréhendé la saison ?
On avait défini les objectifs de pic de forme avec mon équipe. Pour résumer, le plus gros, c’était pour le mois de juillet avec le Giro et le Tour de France. Avant cela, l’idée était de bien marcher sur les classiques ardennaises, d’observer une période d’entraînement à fond sur le mois de juillet avant d’attaquer la dernière partie de la saison avec la Vuelta et les Championnats du monde. Mes vrais objectifs quoi qu’il en soit, c’était le Tour de France et le Giro.
Comment ça s’est passé cette victoire d’étape sur le Giro ?
Avant, j’avaiseu un coup de chaud sur l’une des étapes, ce qui m’avait mise hors du Général. C’était dur parce que c’est ce que je visais et qu’il ne m’est pas souvent arrivé de me louper sur le Giro ou sur un objectif important. Pour autant, j’ai réussi à relativiser, à me re-mobiliser et à viser une étape. Pour moi, c’était la septième qui me correspondait le mieux pour aller chercher ça et ce jour-là, tout s’est passé comme je le voulais, c’était assez spécial.
Avant, je m’étais dit qu’il faudrait partir en échappée, j’avais fait une liste de filles avec lesquelles il serait bien de partir et elles étaient presque toutes dedans. Toute la journée s’est passée comme je m’y attendais, c’était bizarre, ça n’arrive pas souvent que tout se déroule comme on le souhaite, il y a quelques journées comme ça et il faut en profiter.
Et le Tour de France ? Y participer était encore impensable lorsque tu es passée pro…
C’est vrai, mais je l’espérais. Après avoir commencé le vélo, j’étais allée voir la Route de France mais il n’y avait pas beaucoup de monde au bord des routes, c’était très peu médiatisé. On ne pouvait pas appeler ça un Tour de France d’autant que le niveau était largement en-dessous.
Par la suite, il y a eu la Course by le Tour et, depuis, les filles ont milité pour que l’on ait plus qu’une étape. Il y a eu quelques tentatives comme en 2017 avec l’Izoard et la course à Marseille. C’était le rendez-vous le plus médiatisé de l’année mais ce n’était pas encore le Tour de France. Ce Tour de France, on l’attendait beaucoup et je crois que tout le monde a été soulagé lorsque les organisateurs l’ont annoncé.
Je pense à ce propos qu’ils avaient beaucoup de pression parce que les attentes étaient assez élevées. Le cyclisme féminin progresse et il fallait que ce soit réussi dès le début pour que ça lance le rendez-vous.
Cette pression du résultat était aussi sur vos épaules à vous les coureuses, tu l’as abordé comment ce rendez-vous ?
On pense toujours être en forme mais parfois on a quelques petits doutes. Avant le Tour, il y avait donc eu le Giro et il fallait que je récupère. J’avais vraiment confiance dans mes plans, mes programmes mais même si je ne me faisais pas trop de souci, ça restait le Tour de France.
Médiatiquement, depuis un an, on avait beaucoup de sollicitations, chose qui, d’habitude, n’arrivait pas pour une course. C’était de la pression mais je pense que je l’ai plus ressentie une fois l’épreuve terminée. À ce moment-là, j’ai eu des crampes d’estomac qui ont duré quelques jours et les médecins m’ont expliqué que c’était dû au stress que j’avais gardé en moi.
Comment as-tu trouvé l’accueil réservé par le public ?
C’est vraiment monté crescendo. À Paris, au départ, j’ai trouvé ça exceptionnel mais je pense que les gens n’étaient pas là que pour nous, il y avait les garçons après. Par la suite, en revanche, les gens n’étaient là que pour nous et ils étaient très nombreux. Les deux dernières étapes se déroulaient pas loin de chez moi, je connaissais beaucoup de monde. Ils sont venus me voir et ça faisait chaud au cœur.
Même au bord des routes, j’entendais mon nom partout avec celui d’Évita (Évita Muzic, Ndlr) et ça faisait vibrer. À Lure, lors de la dernière étape, c’était très fort, il y avait un troupeau de gens massé autour du bus. On voit souvent ça à la télévision avec Thibaut Pinot mais, nous, ça ne nous était jamais arrivé.
Je pense que c’était nouveau, même pour Marianne Vos qui n’avait jamais vécu ça à ce point à part peut-être aux Pays-Bas, c’était vraiment impressionnant et particulier. C’était extra.
Ce Tour de France c’est aussi la preuve que le cyclisme féminin prend de l’ampleur. Même s’il n’y a pas encore le même nombre d’étapes que chez les hommes, la situation évolue globalement, que ce soit en termes de conditions de travail, de salaire… Vers quoi faut-il tendre désormais pour que ça continue ?
Je pense que, dans les prochaines années, ce qu’il faut vraiment améliorer c’est la différence entre les équipes World Tour et les équipes continentales. On observe beaucoup de disparités entre les deux. Dans les équipes continentales, il y a encore des filles qui sont obligées de travailler en parallèle du vélo et c’est assez compliqué. Il faudrait peut-être instaurer un niveau intermédiaire, à l’image des continentales pro chez les garçons : c’est plus réglementé au niveau de la structure, des conditions de travail… Je pense que c’est vraiment ça ce qu’il faut développer en priorité.
Après, plus globalement, c’est un tout. Il faut que tout continue à progresser dans le même sens que ce qui a été mis en place ces dernières années.
Certaines voix militent pour une égalité parfaite entre hommes et femmes en matière de sport. Est-ce que tu penses qu’il faut revendiquer la même chose ou demander des évolutions spécifiques au cyclisme féminin afin qu’il puisse évoluer dans une direction qui lui est propre ?
Il faut s’en inspirer mais, entre le cyclisme masculin et le cyclisme féminin, il peut y avoir des différences et c’est aussi bien. On me demande souvent par exemple si, sur le Tour, on veut des étapes plus longues et ça, je pense que ce n’est pas une bonne idée.
Nos étapes sont beaucoup plus attractives, moins ennuyeuses lorsqu’elles sont courtes. Il y a aussi la question de savoir s’il nous faut trois semaines de course et je pense que, pour l’instant, les équipes ne sont pas encore prêtes. Nous ne sommes pas super nombreuses au sein des équipes et je pense que ça les mettrait dans des difficultés, même au niveau du staff.
À terme, ce sera peut-être bien de courir sur trois semaines, mais il ne faut pas aller trop vite. Il faut continuer à développer ce qui est vraiment urgent et notamment les équipes continentales qui ont des conditions différentes.
C’est pour ça, pour faire évoluer la situation, que tu es déléguée des coureurs Bourgogne-Franche-Comté ?
Mon rôle dans le comité est de faire remonter les demandes des coureurs. S’ils n’osent pas, ils peuvent passer par moi, hommes comme femmes. C’est un comité qui fonctionne bien et, pour l’instant, ce n’est pas encore arrivé, mais ils savent que je suis là. J’aime bien ce rôle qui permet aux athlètes de leur donner une voix peut-être plus accessible que s’il fallait passer uniquement par les dirigeants. Pour moi, il est important de m’engager pour ma discipline.
Concernant la représentation hommes-femmes, le comité est aussi pour. Marine Strappazzon, avec qui j’étais au pôle espoirs, est désormais manager technique territorial, c’est important aussi.
L’avenir, d’un point de vue sportif, ce sera quoi pour toi ?
En cette fin de saison, il y a le Tour de Romandie. Tous mes grands objectifs sont passés, mais ce sera malgré tout une belle course avec, lors de la deuxième étape, une arrivée en col à plus de 2000 mètres d’altitude, je pense que ça peut bien me convenir.
Après, ce sera coupure. En ce qui concerne le long terme, c’est le Tour de France et les Jeux Olympiques, c’est là que je veux vraiment performer. Je pense que le Tour de France, c’est peut-être le rendez-vous pour lequel j’ai le plus de chance, je suis plutôt faite pour les classements généraux, mais j’aimerais aussi progresser en contre-la-montre et aller chercher quelque chose à Paris. C’est ça mon objectif de travail des prochaines saisons.
Depuis notre rencontre, Juliette Labous qui a terminé 9e au Tour de Romandie 2022, a décroché le titre européen du contre-la-montre en relais mixte en 2023, est arrivée 2e du Tour d’Italie 2023, a été championne de France sur route en juin 2024 avant de se classer 4e du contre-la-montre aux JO de Paris 2024. Lors des deux éditions précédentes du Tour de France Femmes, elle est arrivée 4e puis 5e.
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