Elle a toujours été comme un poisson dans l’eau, ou plutôt comme une grenouille. Son père qui lui a donné ce surnom alors qu’elle était enfant avait-il déjà vu en elle une future championne ? Toujours est-il qu’en 2005, à 17 ans, Elodie Lorandi s’entraîne intensivement avec la championne olympique de natation Camille Muffat. Plutôt de bon augure.
Mais, depuis toute petite, elle est atteinte d’une maladie qui paralyse un nerf de sa jambe gauche, du genou à la cheville, ce qui limite ses mouvements et malgré son désir de concourir avec les athlètes valides, elle réalise que l’objectif est trop grand. Elle doit se tourner vers le handisport. Déterminée, elle s’investit alors pour se faire une place dans cet univers. Et le parie sera relevé.
Le tournant dans sa jeune carrière ? 2006, l’année où elle participe au Championnat du Monde Handisport à Durban en Afrique du Sud. Là-bas, « la grenouille » décroche la médaille d’or et établit un nouveau record de France dans sa catégorie pour le 200 mètres. Ses premiers exploits internationaux sont gagnants. Briller maintenant sur la scène Olympique, c’est possible aussi.
Elodie Lorandi concourt dans la catégorie S10, destinée aux athlètes ayant une déficience au niveau des jambes. Lors des Jeux Paralympiques de Pékin en 2008, elle remporte la médaille d’argent sur le 200 mètres. Quatre ans plus tard, elle continue sa série parfaite aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012 où elle enrichit son palmarès avec une médaille d’or sur le 400 mètres, une médaille d’argent sur le 100 mètres et une médaille de bronze sur le 100 mètres papillon. L’armoire à trophées est bien pleine, mais les premières embuches ne sont pas loin.
En 2013, une blessure à l’épaule perturbe ses entraînements, mais elle serre les dents et elle tient bon. La preuve lors des Championnats du Monde Handisport au Canada où elle remporte une médaille d’or sur le 400 mètres et deux médailles de bronze sur le 50 mètres libre et le 100 mètres papillon. Mais les Jeux Paralympiques de Rio en 2016 se révèleront plus difficiles pour notre habituée du podium, elle n’y décrochera en effet qu’une médaille de bronze sur le 400 mètres, bien loin de ses performances précédentes.
Les causes de cette baisse de régime restent floues. Elodie Lorandi aurait eu une envie de changement, un besoin de retrouver une nouvelle motivation, un désir d’explorer d’autres horizons sportifs. Et la voilà qui s’initie au para-aviron : « L’aviron m’a permis de retrouver de l’envie et de briser la routine », explique-elle sur le site Natation Handisport.
Et là, si elle ne démérite pas (lors du Championnat du Monde 2018 à Linz en Autriche, qui inclue des athlètes possédant des déficiences physiques, elle se classe septième en quatre de pointe mixte jambes-tronc-bras, PR3 Mix4+), elle ne se satisfait pas de ce maigre palmarès en aviron et replonge dans le grand bain.
Mais une période particulièrement éprouvante s’annonce. Après avoir donné naissance à sa petite fille début d’année 2021, elle souffre d’une dépression post-partum, prend 10 kilos et peine à retrouver sa forme physique. Et puisque, décidément, rien ne va, elle contracte aussi la maladie de Hashimoto, une affection thyroïdienne qui la fatigue et complique d’autant plus sa reprise sportive. Elle ne participera pas aux Jeux de Tokyo 2021.
Mais il en faut plus pour abattre une championne de sa trempe. En 2023, après trois années d’arrêt pour se consacrer à sa fille et retrouver la niaque, Elodie Lorandi fait un retour marquant. Durant les Championnats du Monde de Manchester de para-natation, elle se classe cinquième au 400 mètres nage libre S10 et reprend doucement en confiance en elle. « La tête suit, c’est la détermination qui me guide », dit-elle au journal L’Équipe. Son objectif : les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Jeux pour lesquels elle est qualifiée.
Elodie Lorandi espère retrouver ici sa belle énergie et ambitionne même de représenter la France en devenant le porte-drapeau de cette olympiade paralympique…