Camille : « J’ai beaucoup couru pour perdre du poids. C’était une obsession malsaine. Aujourd’hui, j’organise des runs culturels, écolos et ludiques. »"Écolorunneuse" , 28 ans, rédactrice freelance

running

Propos recueillis par Claire Bonnot

Publié le 16 mars 2020 à 10h23, mis à jour le 28 juin 2024 à 15h24

«  J’ai toujours fait du sport. Ça fait partie de mon équilibre, je m’y sens à ma place, et c’est un défouloir aussi.

Mais je ne me définis pas du tout comme une accro. J’ai beaucoup couru pour perdre du poids. C’était une obsession malsaine. Le sport ne devrait pas avoir pour objectif un physique en particulier, sauf s’il s’agit de garder la santé.

Très vite, la course à pied a été mon activité favorite. C’est après les compétitions de cross au collège, que j’ai découvert que ce sport était fait pour moi. 

Un de mes profs d’EPS m’avait alors proposée de faire partie de l’équipe de l’UNSS en athlétisme. Après des années à courir pour moi, sans autre ambition, j’ai fini par m’inscrire à des cours.

J’allais toujours courir au même endroit, j’ai eu envie d’aller voir ailleurs…

Puis il y a eu ce projet qui a commencé à me trotter dans la tête quand je suis arrivée à Paris, il y a quelques années : « Parcourir Autrement ». La course à pied était alors le seul sport accessible pour une étudiante qui débarquait de Nice sans budget.

J’allais courir toujours au même endroit, et puis j’ai eu envie d’aller voir ailleurs car je ne connaissais pas bien la capitale. Je me suis mise à visiter littéralement la ville en courant : la Tour Eiffel, le Parc Montsouris… Je me faisais des parcours avec Google Maps.

Quand je suis arrivée à la fin d’un triple CDD, j’ai senti qu’il était temps de le développer. J’ai donc créé (timidement) un blog sur lequel je proposais des parcours de courses à pied, même en voyage.

J’ai très vite eu des commentaires où l’on me demandait « Où aller courir en Croatie ? » par exemple.

J’ai lancé les premiers runs culturels, que du plaisir !

J’ai alors lancé en partenariat avec un restaurant les premiers runs culturels de « Parcourir Autrement ». Ça a été organisé tous les mois pendant un an. La deuxième année, j’ai commencé à initier des weekends voyages spécial run en Europe.

Le concept  ? Un run culturel d’environ 7 kilomètres où l’on s’arrête à chaque fois devant des lieux d’intérêts que je commente. Un guide sportif en quelque sorte.

C’est à la fois accessible et ludique, j ‘ai même avec moi des gens qui courent pour la première fois ! C’est une approche de la course à pied liée au plaisir. On n’est pas du tout dans la recherche de performance.

Aujourd’hui, je lance une nouvelle version : des retraites running dans une logique plus globale autour de la course à pied. Avec du yoga, du renforcement spécifique, de la nutrition et des talks pour parler de sujets qui gravitent autour de la discipline et de l’environnement du runner.

Je suis « écolorunneuse » mais pas extrémiste 

Dans ce cadre, je sensibilise beaucoup sur le sujet de l’écologie. J’aime beaucoup la ville quand c’est intéressant en termes d’architecture et de culture, mais sinon je suis plutôt attirée par la nature. Je fais beaucoup de trail en montagne notamment.

L’environnement me tient à cœur, j’ai fait des études dans ce domaine. J’ai travaillé sur le recul des glaciers ou encore la préservation de la biodiversité.

Être « écolorunner », c’est évidemment ramasser les déchets mais pas que. C’est réfléchir à ce que l’on consomme, choisir des produits éco-conçus, durables, tant que c’est possible.

C’est aussi sensibiliser au fait qu’on peut se déplacer en courant, tout simplement. On allie ainsi le côté pratique et physique du sport tout en (re)découvrant un endroit sans impact écologique.

Je ne suis pas dans l’extrême – tout en zéro déchet ou uniquement des vêtements éco-responsables – car c’est difficile à tenir et souvent très couteux.

Mais faire preuve de bon sens, c’est un début ! Ne serait-ce que manger une banane au lieu d’une barre emballée dans un papier plastique !

Nous devons nous remercier de l’attention portée à notre corps

Aujourd’hui, je trace ma route, je suis en pleine reconversion. Je termine une formation pour devenir coache sportive et donner des cours collectifs – techniques fitness, douce, cardio et renforcement musculaire.

J’assure déjà des cours de techniques douces, dans lesquels il y a surtout des femmes. À la fin, j’insiste toujours sur le fait qu’elles peuvent se remercier de l’effort qu’elles ont fourni, du soin et de l’attention qu’elles ont apportés à leur corps. On le fait trop peu. »

Elles aussi sont inspirantes...

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j'ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j’ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Formée à Harvard et par le théâtre, elle a plusieurs cordes à son art. Guila Clara Kessous, entrepreneure diplomatique, s’engage depuis plus de quinze ans pour les droits des femmes. Et voilà que le sport entre dans la danse en un geste politico-artistique : grimper à la corde. Une ascension symbolique, une allégorie de la difficulté des femmes à s’élever dans la société. Prenons de la hauteur.

Lire plus »
Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Avec sa sœur Éva, elle truste les premières places depuis 2015 en Ultimate. Membre essentiel de l’équipe de France, Lison Bornot est Championne d’Europe outdoor 2023 et championne du monde d’Ultimate sur sable 2023. La voici maintenant en piste pour les World Games, l’antichambre des JO, qui se déroulent en Chine, du 7 au 17 août 2025. Témoignage d’une fille pétillante devenue l’une des ambassadrices françaises d’un sport trop peu connu.

Lire plus »
Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

En à peine trois ans, cette passionnée de vélo a décroché un podium sur 500 kilomètres et bouclé sa première course d’ultra, la fameuse BikingMan, en tant que première féminine. Carburant aux défis, pédalant sans relâche, surmontant tous les obstacles grâce à un mental d’acier, la Savoyarde n’a pas fini d’enfiler les kilomètres dans ce sport de l’extrême. En piste !

Lire plus »
Emelyne Heluin: « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Emelyne Heluin : « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Gymnaste jusqu’à son adolescence, Emelyne Heluin a dû raccrocher le justaucorps après une prise de poids inexpliquée et d’autres symptômes invalidants. Diagnostiquée d’une maladie endocrinienne chronique et évolutive, le SOPK, à l’âge de 17 ans, elle erre pendant des années entre perte de confiance en elle et détresse psychologique avant de retrouver le chemin du sport comme outil de santé. Ce sera la marche, puis la course à pied jusqu’à se lancer sur des marathons.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Adeline

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une yogi qui souffle enfin (Adeline sur notre photo), des expertes du sport féminin qui ne trichent pas, des skateuses boliviennes qui roulent pour la tradition, un nouvel Instant Philo et une Question qui tue, mais aussi le lancement de notre rubrique vidéo, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine. Faites-vous plaisir !

Lire plus »
Florence Arthaud Cette insatiable louve des mers

Florence Arthaud, cette insatiable louve des mers

Le 9 mars 2015, il y a tout juste six ans, l’aventurière perdait la vie dans un crash d’hélico. Avec elle, le mot marin s’était conjugué au féminin. À 33 ans, en 1990, l’intrépide à la crinière bouclée et au teint halé devenait la première femme à remporter la mythique Route du Rhum. Une entrée fracassante au sein du milieu testostéroné des « vieux » loups de mer. Une grande dame qui tracera la voie pour les autres navigatrices. Portrait-hommage d’une fille qui avait tant besoin de prendre le large…

Lire plus »
Sarina Wiegman, la maestro du ballon rond

Sarina Wiegman, la maestro du ballon rond

Celle qui a déjà à son palmarès deux Championnats d’Europe fait aussi office de pionnière : elle est la première entraîneuse, hommes et femmes confondus, à avoir disputé deux finales de Coupe du monde de foot féminines avec deux nations différentes. La Néerlandaise Sarina Wiegman, coach des Lionesses anglaises, attire aujourd’hui les convoitises des sélections masculines.

Lire plus »
Louise Lenoble

Highline : Louise Lenoble, en recherche d’adrénaline

La highline est sa vie, l’air son élément. À l’occasion du Tour de France, de passage au Mont-Dore, la reine de la slack, se lance un nouveau défi. Avec ses camarades de vide, Louise Lenoble va marcher sur la deuxième plus longue ligne de France, à deux-cents mètres au-dessus de la ville. On lève les yeux ?

Lire plus »
Valérie Taylor

Valerie Taylor, la plongeuse écolo qui a inspiré « Les dents de la mer »

Repérée par Spielberg pour tourner les « vraies » séquences terrifiantes de Jaws alias Les Dents de la Mer, cette ex-championne de chasse sous-marine repentie a toujours eu à coeur de défendre les requins et regrette que le film ait été contre-productif. Voix pionnière pour la conservation des fonds marins, Valerie Taylor n’a jamais eu peur des profondeurs.

Lire plus »
Simone Biles

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une pionnière du tennis français restée dans l’ombre, une autre qui s’est offert un doublé pour la postérité à Roland-Garros, une championne folle de volley, la gymnaste la plus titrée de tous les temps (Simone Biles, notre photo), mais aussi une “question qui tue“, un film poignant sur la relation entre des ados et le foot et un nouveau campus sport business, c’est le programme à retrouver sur ÀBLOCK!

Lire plus »
Marielle Goitschel : « À 7 ans, j’écrivais déjà sur des papiers que je serais championne de ski. »

Marielle Goitschel : « À 7 ans, j’écrivais déjà sur des papiers que je serais championne du monde de ski. »

Elle a marqué l’Histoire du ski. En à peine dix ans de carrière, Marielle Goitschel (au centre sur notre photo) a tout raflé. Multiple championne du monde et olympique, l’Avaline continue d’espérer qu’une skieuse française lui succède sur la plus haute marche du podium de géant et de slalom à l’heure où les meilleures de la planète dévalent les pistes de ces JO de Pékin. Conversation avec une légende.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner