
Arbitres, les filles toujours sur la touche
Des femmes à qui on coupe le sifflet ? En matière d’arbitrage sportif, il n’y a aucun doute.
Publié le 27 octobre 2021 à 18h12, mis à jour le 13 avril 2023 à 15h21
Lorsqu’elle a commencé sa carrière, elles n’étaient qu’une centaine de filles sur le terrain. Aujourd’hui, au Québec, le baseball en compte près de quatre mille.
Vanessa Riopel, la Québécoise de la région de Lanaudière, fait office de pionnière dans un sport qu’elle a contribué à féminiser. Celle que l’on disait trop petite pour le job (1,62m), née avec un pied bot, a réussi à déjouer tous les pronostics.
Une matinée à regarder son frangin frapper dans une balle au terrain de baseball d’à côté et, à 9 ans, elle se voyait déjà en haut du monticule ! Ce monticule, zone surélevée où se tient le lanceur, est alors devenu son home sweet home.
Dès lors, Vanessa Riopel ne voudra plus quitter le stade.
Sélectionnée à l’âge de 15 ans pour jouer dans l’équipe du Québec Bantam comme lanceuse, elle n’a qu’une seule quête : représenter son pays à la Coupe du monde. L’année 2007 lui offre le Graal : elle intègre l’équipe nationale du Canada.
Un an plus tard, c’est la désillusion, elle n’est pas retenue pour disputer la Coupe du monde de l’IBAF (la Fédération internationale de baseball). Vanessa Riopel prend alors la décision d’aller passer huit mois en Australie pour peaufiner sa technique. Et elle s’acharne.
Le résultat est à la hauteur de ses attentes : elle est appelée pour la Coupe de monde 2010 puis pour les suivantes, en 2012 et 2014. Un an plus tard, elle participe aux Jeux panaméricains et décroche la médaille d’argent.
Considérée comme un élément central de l’équipe nationale, elle l’est également pour son équipe locale, Laurier Pub O’Connell de Victoriaville, mais pour une tout autre raison : elle est la seule joueuse d’une équipe…masculine AA de la ligue junior majeur du Québec. « Ils nous acceptent et ils sont généreux d’accepter les femmes dans leur gang de gars, mais ce n’est pas là que tu vas arriver et que tu vas mener quand tu es la seule fille », confie-t-elle à Radio Canada.
Ceci explique sans doute cela. Aujourd’hui, Vanessa Riopel, 31 ans, a remisé le gant, mais ne plus jouer ne signifie pas ne plus s’impliquer dans le baseball. Kiné de métier, elle se donne désormais pour mission de faire grandir, dans son pays, la proportion de filles qui jouent au baseball. Mais aussi de leur permettre de jouer entre elles.
Nommée, en février dernier, Coordonnatrice du développement et leadership féminin par la fédé Baseball Québec, elle a travaillé à créer la Ligue féminine de baseball du Québec : « Un peu comme au hockey, il y a plusieurs années, les jeunes filles s’intégraient aux équipes masculines de baseball sans toujours y trouver leur compte, explique-t-elle sur Radio-Canada. Chez les très jeunes, ça fonctionne. Ça se complique chez les plus grandes, quand l’écart de force physique se creuse entre garçons et filles. Bien sûr, on ne peut pas arriver du jour au lendemain et dire : « Les filles jouent avec les filles et les gars jouent avec les gars. » C’est un changement qui va se faire graduellement. »
Mission, donc : faire de la place aux filles sur les terrains, mais également aider les femmes à occuper davantage de postes clés dans les instances dirigeantes et au sein des équipes.
« Les filles, souligne-t-elle, vont développer un volet qu’elles développent moins quand elles jouent avec les gars, le leadership. Elles vont pouvoir mener une équipe et développer autre chose que des qualités athlétiques. »
Sa source d’inspiration n’est autre que la joueuse de foot Us Mia Hamm, et son mantra, une petite phrase de Muhammad Ali : « Pour être un grand champion, on doit croire qu’on est le meilleur. Si tu ne l’es pas, fais semblant. »
« Le baseball est un sport d’erreurs, dit-elle. C’est un sport où tu dois te relever. Ton erreur est inscrite au tableau. Tout le monde a vu la balle qui est passée entre tes jambes. Tu t’élances dans le beurre, tu échappes la balle, tu fais un mauvais relais. C’est important de se remonter après tout ça et peut-être faire le jeu gagnant. »
Vanessa Riopel n’en demeure pas moins joueuse dans l’âme. Mère de trois enfants, elle se surprend souvent à rêver : « Je rêve que je reporte les couleurs du Canada, je suis sur le monticule, j’approuve le choix du lancer de ma receveuse… Et avant de lancer pour la finale de la médaille d’or, je jette un petit coup d’œil à mes trois petits qui me regardent avec fierté, de l’autre côté de la clôture : Wilson, Maverick et Romy .»
Vanessa Riopel, en 2015, juste avant les Jeux panaméricains.
Vous aimerez aussi…
Des femmes à qui on coupe le sifflet ? En matière d’arbitrage sportif, il n’y a aucun doute.
Durant cette année, la deuxième depuis le lancement d’ÀBLOCK!, nos journalistes se sont penchées sur des sportives d’exception. Dans des portraits en profondeur (comme celui de la tenniswoman Bethanie Mattek-Sands sur notre photo), les parcours de ces championnes se révèlent et impressionnent. Retour sur les enquêtes ÀBLOCK! de l’année 2021.
Elle se disait inconsolable, en deuil de son corps, de sa discipline, le short-track. La patineuse de vitesse Tifany Huot-Marchand, victime d’un grave accident sur la glace en 2022 et toujours en rééducation, refuse de (se) laisser tomber et prépare le Marathon pour Tous des JO de Paris. Elle est la 2e héroïne de notre série de slams inédits signés de l’ex-footballeuse Mélissa Plaza. Et c’est bouleversant.
Elles chauffent des stades de foot et de rugby blindés de supporters prêts à en découdre. Elles, ce sont les speakers femmes, ces voix de l’ombre qui s’expriment haut et fort dans un milieu souvent majoritairement masculin. Des matchs ambiancés d’une main de maître…de cérémonie. Lançons la Ola pour ces ladies du micro !
Le récap’ historique du mois d’août, une cycliste pleine d’espoir, une championne dans les nuages, un Euro dans l’eau, une Coupe du Monde sur la vague, neuf championnats d’Europe en un, le retour sur les femmes et la natation et un trail pour transpirer, c’est sur ÀBLOCK! cette semaine. À lire on the rocks.
Ils ont pour ambition de rafler les plus belles médailles aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Ambre Frotté et Alexis Blin font partie des jeunes gymnastes français les plus talentueux. Entre deux entraînements à l’INSEP, ils ont répondu à notre Q&A vidéo.
Elle a été la danseuse du rockeur anglais Pete Doherty pendant dix ans avant de fonder le Fit’Ballet. Une méthode qui allie danse classique et fitness, aujourd’hui enseignée dans plusieurs pays d’Europe. Octavie Escure marche sur des pointes comme elle respire. Témoignage d’une ballerine qui a su démocratiser sa discipline comme personne.
Sept fois championne de France et multi-médaillée internationale en tumbling, Lauriane Lamperim s’est offert une deuxième vie de sportive après avoir subi une grave blessure sur les tapis. C’est aujourd’hui sur l’eau qu’elle glisse. Elle a pris le temps de remplir notre petit questionnaire entre deux vagues.
À l’heure où l’équipe de France féminine de handball joue son Mondial, ÀBLOCK! choisit de mettre en lumière celle qui en a été un pilier jusqu’à sa retraite internationale en novembre dernier. Retour en 5 infos sur la carrière d’Alexandra Lacrabère, légende du handball féminin.
Elle entame la compétition du Pacifique en sirène. Dès la première journée des Championnats pan-pacifiques, la nageuse australienne Jessicah Schipper fait des vagues en s’offrant un record mondial du 200m papillon. Récit d’une course contre la montre.
Elle s’appelait Karoline Radke-Batschauer dite Lina Radke. Pionnière de l’athlétisme, cette Allemande qui courait comme un lièvre fut la première médaillée d’or olympique au 800m, mais aussi la dernière jusqu’en…1960. Après sa victoire, l’épreuve fut tout bonnement supprimée. Miss Radke avait manqué de grâce en franchissant la ligne d’arrivée…
Avant 2020, le savoir-faire de la Bosnie-Herzégovine en natation passait sous les sonars… Mais tout ça a bien changé. Du haut de ses 18 ans, l’enfant du pays Lana Pudar vise les plus belles médailles en papillon. Le début d’un raz-de-marée ?
Abonnez-vous à la newsletter