« Je suis tombée amoureuse de l’escalade car il y a, dans cette activité, un spectre infini de réalisations personnelles et c’est un sport exigeant, physiquement et mentalement. Il a également servi de « véhicule » pour explorer les coins les plus reculés du monde et a été ma porte d’entrée pour créer une communauté mondiale. »
La grimpe au cœur et au corps
Tout a commencé en 1998, lors de la fête d’anniversaire de son frère : la petite Sarah DiGiulian, 6 ans, escalade allégrement le mur du club de gym qui sert de lieu de réunion. Un an plus tard, elle prend d’assaut le monde de l’escalade.
En commençant dans un club de sa ville natale, Alexandria, en Virginie puis en remportant, à neuf ans, son premier concours régional. Vient alors ses débuts de grimpeuse en plein air suivis de ses premiers championnats continentaux juniors…
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Et c’est l’escalade du succès : en 2010, à 17 ans, elle devient professionnelle et remporte ses premiers championnats nationaux d’escalade sportive contre des femmes de tous âges et le titre de championne du monde un an plus tard.
Le 15 octobre 2011, elle devient la troisième femme de l’Histoire – et la première nord-américaine – à gravir un itinéraire de 5,14 jours dans le neuvième degré (le plus haut niveau de difficulté en escalade sportive) – l’ascension de « Imagination Pure », sur un mur de la gorge de la rivière Rouge, au Kentucky.
Infatigable, passionnée, elle cumule les impressionnantes montées alpines, réalisant les premières ascensions féminines, du Kentucky à l’Afrique du Sud en passant par les Dolomites italiennes.
Et côté exploit, ça ne fait que commencer. En 2015, elle devient également la première fille à gravir un itinéraire notoirement difficile appelé « Champignon magique » situé sur la face nord du célèbre sommet Eiger, en Suisse.
Deux ans plus tard, accompagnée de l’un de ses acolytes masculins, Jon Cardwell, elle effectue la première ascension libre de Misty Wall, mur de 518 mètres du parc national de Yosemite, pendant 14,5 heures !
À l’été 2019, c’est accompagnée des grimpeuses Savannah Cummins et Angela Vanwiemeersch qu’elle prend d’assaut l’impressionnant Pico Cao Grande sur l’île de Sao Tomé-et-Principe – culminant à 663 mètres d’altitude et dominant d’environ 300 mètres les terrains environnant. Elles sont les premières à réaliser cet exploit !
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Le repos de l’esprit après l’effort
Ce petit bout de femme blonde grimpe tout ce qui la dépasse avec un appétit digne des plus grands voraces.
D’où lui vient cet amour pour l’escalade ? Le plaisir pur : « Même si je tombe, il y a peu de moments où j’ai des pensées négatives à propos de mon sport. C’est vraiment fun pour moi ! ». L’envie de se dépasser : « Je suis motivée par ce processus d’exploration, savoir de quoi je suis capable ».
Et que lui apporte ce sport qu’elle aime ? Le repos (de l’esprit) après l’effort : « Dans l’escalade, vous avez affaire à des forces beaucoup plus importantes que vous, donc vous apprenez à être vraiment conscient de votre environnement, de l’atténuation des risques. Vous devez penser de manière vraiment décisive. Personnellement, je trouve ça vraiment méditatif. Quand je suis sur le rocher au sommet, je ne pense à rien d’autre », confiait-elle à CNN.
La zen attitude ? Sasha DiGiulian la trouve dans les nuages… Elle dort tranquillement au plus près de ses parois adorées, dans un lit d’appoint accroché à une falaise de plus de 450 mètres d’altitude. La vie de funambule…
Être une femme dans ce sport ? Une ascension ardue…
« L’escalade en tant que sport, traditionnellement, est un club masculin blanc et j’ai vécu cela dans ma carrière. Je sais que nous manquons de diversité à bien des égards », expliquait-elle à CNN Sport en Octobre 2020.
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Son expérience ? Pas toujours idyllique même si elle a pris le problème (symboliquement et réellement) à bras le corps en gravissant les plus hautes montagnes : « Je pense que les femmes ont réalisé que vous pouviez être une femme et être bien meilleure que les gars du gymnase. Je ne suis évidemment pas un homme ultra-musclé, mais je réussis plutôt bien avec ma technique.
C’est un sport très accueillant et diversifié puisqu’il repose sur un rapport force/poids corporel. Physiologiquement, il y a des différences. Cependant, l’escalade offre une multitude de styles et de potentiels qui permettent aux femmes de réaliser des ascensions aussi dures, voire plus dures, que les hommes. »
Pourtant, côté masculin, c’est encore trop souvent un autre refrain : tout au long de sa carrière, elle a entendu qu’elle ne correspondait pas à ce qu’on s’imagine d’un grimpeur professionnel. Le moment le plus marquant ? Alors qu’elle s’apprêtait à escalader l’Eiger – l’une des ascensions les plus techniquement difficiles des Alpes – un alpiniste déclare que les filles ne « font pas partie » de l’Eiger. « Cela n’aide pas et cela n’encourage pas plus de gens comme moi à se sentir à l’aise dans le sport », expliquait-elle alors dans un article du Guardian.
Les femmes au sommet
Devenue rôle-modèle, Sasha DiGiulian se bat pour ouvrir la voie (de l’escalade) à toutes les petites filles. La pétillante athlète a beau s’évader dans les hauteurs, elle n’en oublie pas moins les combats terrestres et se fait fervente ambassadrice pour l’inclusion des femmes dans le milieu de l’escalade. Son conseil béton ? « L’avenir des femmes dans l’escalade est de sortir et de faire ce que seuls les hommes ont fait auparavant ».
Chroniqueuse engagée pour la cause des femmes via ses propres expériences dans Outside Magazine, suivie par près de 500 000 abonnés sur son compte Instagram aux publications engagées, elle produit également des films d’escalade réalisés par et mettant en vedette des femmes avec sa société de production, Female Focused Adventures (FFA).
Une manière d’encourager une nouvelle génération de grimpeuses : « Si vous voyez une femme qui a accompli quelque chose, il y a cette inspiration de se dire : “Si elle peut le faire, je le peux aussi” ».
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Autre bel engagement à ajouter à son Curriculum Vitae au top du top ? Elle est une militante politique et s’exprime sur le changement climatique. « J’ai un million de personnes sur ma plate-forme de médias sociaux. Ce serait dommage de ne pas utiliser cela pour partager mes opinions, même politiques. Notre sport a une capacité aussi folle d’influer sur le changement social et économique. Si vous croyez en quelque chose et avez la possibilité de partager, utilisez votre voix ».
Celle qui voyage autour du monde dans les endroits les plus sauvages de la planète témoigne de la dévastation causée par la crise climatique : « Vous voyez les ramifications du changement climatique dans la régularité des chutes de pierres qui se produit de plus en plus souvent. J’étais aussi en voyage d’escalade sur glace (…) et nous avons eu des changements climatiques extrêmes qui ont conduit à briser d’énormes morceaux de glace ».
Sasha DiGiulian travaille, dans ce cadre, avec « Protect Our Winters », une organisation qui cherche à éduquer et à inspirer les amateurs de plein air à devenir des défenseurs du climat, reconnaissant « l’importance de l’action climatique sur ce qu’est leur style de vie. »
Bref, Sasha DiGiulian est une sportive et une femme au sommet de son art, une femme au mental d’acier. Solide comme un roc.
* Le site officiel de Sasha DiGiulian