Sur le terrain comme dans la vie, elle avance avec détermination, lucidité et une volonté farouche de faire bouger les lignes. À 29 ans, Pauline Bourdon Sansus est bien plus qu’une demi de mêlée de talent. Elle incarne l’évolution du rugby féminin français, toujours essentielle sur les grandes compet’, toujours au taquet, la plus expérimentée du groupe France. Suspendue deux matches par la commission de discipline de la Fédération française de rugby pour avoir critiqué l’arbitrage lors de la finale d’Élite 1, elle n’avait pas pu participer au match d’ouverture contre l’Italie au Mondial 2025 qui se joue en Angleterre jusqu’au 17 septembre. Mais la voilà de retour pour la confrontation avec le Brésil, et les tricolores soufflent.
Joueuse la plus capée de l’équipe de France, la titulaire au poste de numéro 9 est une figure du rugby national. Et international : World Rugby l’a classée à la deuxième place des 50 meilleures joueuses de l’année 2025. Née à Limoges, Pauline Bourdon Sansus découvre le rugby alors qu’elle est haute comme trois pommes : elle a 4 ans et apprivoise ses premiers ballons au stade de Beaublanc. Formée au Capo Limoges puis à l’USA Limoges, elle rejoint l’AS Bayonne en 2013, où elle remporte deux titres de championne de France Élite 2. En 2015, elle débute en équipe de France contre l’Angleterre. Depuis, elle cumule plus de 66 sélections et 114 points. Polyvalente, elle évolue au Stade Toulousain, où elle joue aussi à l’ouverture. Son jeu est complet : passes millimétrées, jeu au pied précis, vision tactique. Elle est décrite comme celle qui a « révolutionné le jeu de l’équipe de France. » Rien que ça.
Mais Pauline Bourdon Sansus, c’est aussi une femme engagée. En 2024, elle participe à la campagne « Notre Diversité, Notre Force » de la FFR et de la LNR, pour parler de son homosexualité et de l’inclusion dans le rugby : « C’était une campagne qui me tenait à cœur. Assumer mon homosexualité, c’est aussi dire que dans le rugby, peu importe qui tu es, on accueille tout le monde. » Mariée à Laure Sansus, ancienne internationale et aujourd’hui coach au Stade Toulousain, elle jongle entre vie de famille et haut niveau. En août 2025, elle devient mère d’un petit Arthur, quelques jours avant d’être sélectionnée pour la Coupe du monde en Angleterre :
« Trois jours avant d’être appelée pour le Mondial, j’ai vécu le plus grand moment de ma vie : la naissance de mon fils. » Tout un symbole pour celle dont la vie est rythmé par un sport qui lui a toujours donné de vives émotions. Et il le lui rend bien.
Peu importe les défaites, les baisses de forme ou les désillusions, cette fille-là est un roc. Et même si le rugby féminin n’a pas encore la place qu’il mérite, elle reste sereine et concentrée sur l’essentiel : « On avance doucement, mais on avance. Il faut qu’on reste alignées, convaincues que notre projet va marcher. » À 29 ans, Pauline Bourdon Sansus se considère comme une « ancienne » dans un groupe rajeuni, mais elle ne perd rien de sa fougue, bien au contraire, ça semble la motiver, la régénérer : « Plus je vieillis, meilleure je suis. À notre poste, plus on joue, plus on maîtrise. ». Elle accompagne les jeunes, transmet, inspire. Et rêve encore : « Ce que je veux pour 2025 ? Un bon Tournoi, une belle Coupe du monde, et un titre avec Toulouse. Ce serait déjà une très belle saison. » Et ce n’est pas trop demander.