
Paula Radcliffe : 5 infos pour briller en baskets
Ex-marathonienne, la Britannique a construit sa légende grâce à son mental d’acier et ses puissantes foulées qui lui ont permis de laisser une empreinte pavée d’or. La preuve en 5 infos.
Publié le 10 mai 2021 à 13h08, mis à jour le 24 novembre 2021 à 17h58
Marion Joffle a toujours le sourire. Et encore plus quand elle s’apprête à faire ce qu’elle aime le plus : nager en eau glacée. Celle qui se fait surnommer « Le Pingouin » a une spécialité peu commune.
Marion excelle dans les eaux froides, très froides. Comme celles du lac de Bled, en Slovénie, lieu féérique choisi pour les Championnats du monde 2020 de Winter Swimming, championnats qui avaient lieu en février et où nous l’avions retrouvée.
©Florent Schneider
Immergé, le thermomètre affiche six degrés. « Malheureusement, pour que les temps soient homologués, il faudrait qu’elle soit en dessous de 5 degrés ! », regrette Marion Joffle. Plus c’est froid, plus Marion se sent à l’aise.
En compétition, comme à l’entraînement, elle ne quitte pas son maillot de bain. Ici, enfiler une combinaison néoprène, c’est tricher. Après quatre années de pratique, son corps s’est habitué à ces eaux froides.
Quand elle nage en bassin, Marion Joffle doit parfois en sortir pour que sa température corporelle redescende.
©Florent Schneider
Le bassin des Mondiaux a été installé en extérieur, dans les eaux rouges de ce lac d’origine glaciaire. Il fait face à l’unique île du pays où se cache une église du XVe siècle.
Malgré le décor idyllique, la nageuse de l’Entente nautique de Caen n’est pas là pour chômer. Pendant cette semaine de compétition, cette prodige de 21 ans s’est alignée sur 10 courses.
En comptant les finales, elle a plongé pas moins de 14 fois dans le lac slovène ! Au total, Marion Joffle rapportera chez elle, à Caen, 7 médailles et des nouveaux records personnels, dont un mondial.
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Une semaine éprouvante où il faut, chaque fois, se concentrer, se donner pendant l’épreuve, s’alimenter correctement, veiller à bien se réchauffer et à récupérer à chaque sortie. Marion a la force d’endurer ces longs efforts. C’est même sur ce type d’événement qu’elle prend le plus de plaisir.
Une abnégation qu’elle tire de ce combat gagné à seulement 5 ans contre un sarcome épithélioïde, un cancer des tissus mous. La tumeur logée dans son majeur droit a obligé les médecins à l’amputer de ce doigt. Depuis, Marion Joffle fait preuve d’une force mentale impressionnante.
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Et si les médailles lui mettent toujours du baume au cœur, ce qu’elle préfère, c’est se lancer des défis : « Je me suis trouvée grâce à cette discipline, admet la pétillante athlète. Quand je nage, je suis comme dans une bulle. J’aime cette sensation d’apesanteur et de légèreté. Ce que je préfère, c’est le dépassement de soi ».
Quand Marion nage, elle se sent simplement vivante. Comme un exutoire, l’eau froide est très vite devenue son moyen d’expression. Marion Joffle a commencé à nager à 8 ans.
Un an plus tard, elle gagnait déjà sa première médaille. A 17 ans, elle prenait la deuxième place du 25 km lors de la Coupe de France et battait dans la foulée un record de 24 heures en nageant 60,05 km !
©Florent Schneider
Il y a quatre ans, elle a essayé l’eau froide avec un ami et a tout de suite accroché. Elle réalise alors un défi culotté pour une débutante : un 1000 mètres dans une eau à 3,8 degrés. Elle s’octroie le titre de première Française à réaliser un tel exploit.
Depuis, elle ne s’est plus arrêtée. La Caennaise voyage à travers le monde pour prendre part à de nouvelles aventures givrées. Quand on la questionne sur son plus beau souvenir en eau froide, elle évoque sans hésiter les Mondiaux à Mourmansk, en Russie, il y a deux ans : « L’eau était à 0,2 degrés mais j’ai pulvérisé mon chrono. C’était un instant magique ! »
La jeune nageuse mettra tout de même deux semaines à retrouver des sensations au bout des doigts. Sa discipline est bien de celles que l’on qualifie d’extrêmes. Celles où l’on met sa vie en jeu à chaque passage, celles où rien ne doit être laissé au hasard.
On ne rigole pas avec la sécurité. Sur les compétitions, les règles sont strictes. A Bled, interdit de faire une coulée, d’immerger sa tête pendant l’épreuve ou encore de faire un plongeon au départ.
Pour s’engager sur des courses supérieures à 200 mètres, il faut être majeur, fournir un électrocardiogramme et une prise de sang. Sur place, des médecins contrôlent aussi la tension des athlètes. On comprend pourquoi Marion Joffle paraît si soulagée en sortant du check-in médical.
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Pour les 450 et 1000 mètres nage libre, il faut aussi désigner un accompagnateur. Avec des températures aussi basses, le soutien est précieux, parfois vital. C’est Isabelle, la maman de Marion, qui garantit sa sûreté. « Je dois garder un œil sur elle pendant la course et alerter en cas de problème. Et je suis là aussi pour l’assister à la sortie de l’eau ! ».
La règle numéro un en eau libre et surtout en eau glacée : ne jamais pratiquer seul. Isabelle suit sa fille à chaque compétition et l’assiste aussi au quotidien lors de ses entraînements hors bassin, quand son coach Mathias Faride ne peut pas l’accompagner.
Sa présence bienveillante est devenue indispensable pour la championne : « Ma mère, c’est mon coach mental, j’ai besoin qu’elle soit à mes côtés ».
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Du mental, il en faut sans compter quand on pratique cette discipline de l’extrême. Il est au moins aussi important que la préparation physique. Le corps se retrouve vite poussé dans ses retranchements. Marion Joffle doit donc apprendre à l’écouter et à réagir en fonction des signaux qu’il lui envoie. Que ce soit pendant la nage ou au sortir de l’eau.
A Bled, Marion vient de finir sa quatrième course. Elle est en débardeur sous le grand chapiteau mis à disposition des nageurs. La température extérieure affiche 6 degrés. Sa peau est d’un rose vif. Elle tremble mais nous rassure : « Quand le corps a froid, il passe par plusieurs stades pour se réchauffer. Trembler c’est normal, c’est même très bon signe. Cela veut dire que le sang circule ! »
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Elle sort tout juste du hammam géant mis à disposition des athlètes. Ils y filent tous après chaque épreuve et papotent pendant des heures. L’ambiance en eau glacée est sans pareille. Ces nageurs givrés sont très chaleureux. Comme l’impression d’une grande fête de famille. Et c’est aussi pour ça que Marion aime tant cette discipline.
Les Mondiaux sont toujours l’occasion de retrouver ses amis étrangers. Ils viennent d’Allemagne, d’Argentine, de Finlande ou encore d’Espagne. « C’est une compétition moins axée sur la performance, où il y a beaucoup d’ambiance et où on vient tous surtout pour prendre du plaisir. Je suis très heureuse, chaque fois, de retrouver mes amis de l’eau glacée. Ici, tout le monde se connaît et l’ambiance est géniale ! »
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Plusieurs fois dans la semaine, Marion a reçu des petits cadeaux du monde entier. En retour, elle a distribué des badges préparés par ses soins. On peut y lire « Marion Joffle – Manche 2020 ».
Depuis 2017, Marion Joffle prépare en effet la traversée de la Manche. Elle souhaite se frotter au Graal de la natation. Comme un alpiniste avec l’Everest, Marion rêve de rallier Douvre à Calais.
La pandémie mondiale l’a forcée à annuler son défi, mais ce n’est que partie remise. Si tout se passe bien, elle a un bateau de réservé en 2022. Marion Joffle continue de s’entraîner sans relâche. Elle est dans l’eau vingt heures par semaine et fait deux passages de quinze minutes en chambre froide à 0 degré ou dans le lac à 5 degrés.
©Florent Schneider
La préparation du défi lui prend du temps, de l’argent et beaucoup d’énergie. Mais qu’importe car elle le fait pour une cause qui lui tient à cœur.
Cette aventure, elle la dédie aux enfants malades de l’Institut Curie. L’hôpital parisien où Marion a été soignée quand elle avait 5 ans : « C’est le challenge d’une vie. Je veux leur transmettre cette envie de réaliser leurs rêves. »
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