1. Débuter au soleil
Marie Wattel est originaire de Lille. Son baptême sportif, bien loin des côtes nordiques, prend des airs d’aventure insulaire à l’Île Maurice où sa famille s’est installée durant trois ans. C’est en plein milieu de l’océan Indien que la Française découvre la natation.
De retour sur le sol français, tel un poisson dans l’eau, Marie plonge tête la première dans le Club des Dauphins d’Annecy à l’âge de 7 ans. Sous la tutelle de Vanessa Brouard, elle écume les longueurs et laisse derrière elle un sillage de plaisirs aquatiques. Le papillon devient son rythme de prédilection. Marie Wattel éclabousse les performances hexagonales de son talent naissant sur 50, 100 ou 200 mètres.
Le chant des sirènes de la compétition l’appelle alors vers des eaux internationales. En 2012, elle quitte le port d’Annecy pour jeter l’ancre à l’Olympique Nice Natation. Ce club est considéré comme le « meilleur au monde » après ses neuf médailles olympiques obtenues à Londres. Un sacré bel horizon pour la jeune championne.
Une première couronne de championne de France sur 50 mètres papillon en 2013 ouvre les portes des Mondiaux de Barcelone. Marie Wattel, tout juste 15 ans, rejoint pour la première fois l’équipe de France élite. Rapidement, elle se frotte à la rigueur des grands fonds. Rien qu’à l’entrainement, elle surfe les vagues en compagnie de noms illustres tels que Camille Muffat et Charlotte Bonnet.
En 2015, Marie Wattel décroche un second titre national sur 100 mètres papillon, et replonge dans les abysses des Mondiaux, cette fois à Kazan, en Russie. La même année, elle obtient son Bac S mention très bien.
En 2016, un nouveau titre de championne de France lui ouvre les portes des Jeux Olympiques de Rio, où elle termine à la 23e place.
2. Vivre ses premières déceptions
En une chaude journée durant les Jeux Olympiques de Rio, la tension est palpable autour du bassin. La France s’apprête à plonger dans le relais 4×100 m quatre nages dames. Les États-Unis règnent sans partage sur cette discipline, mais les nageuses françaises, Béryl Gastaldello, Fanny Deberghes, Marie Wattel et Charlotte Bonnet, sont prêtes à relever le défi.
Cependant, les espoirs coulent en un instant. Au passage de relais entre Deberghes et Wattel, l’impensable se produit : une disqualification. Les résultats officiels révèlent que Marie Wattel a pris le relais trop tôt, avec une avance de 26 centièmes de seconde sur l’arrivée de la nageuse précédente. Un moment déchirant pour l’équipe française. Les espoirs de médaille sont brutalement anéantis.
Pendant ce temps, les Américaines, sans leur star Katie Ledecky, réalisent un chrono impressionnant de 3 minutes et 54 secondes, reléguant le Canada à plus de deux secondes derrière.
Les débuts olympiques de Marie Wattel, à l’âge tendre de 19 ans, ne se révèlent pas être les plus glorieux. Avant cette malheureuse disqualification lors du relais, la jeune nageuse termine 7e de sa série au 100 m papillon. Un résultat qui ne suffit pas à la propulser en demi-finale.
3. S’aventurer à l’étranger
Dans le conte tumultueux de Marie Wattel, l’année 2016 se présente comme un chapitre épineux, une énigme à résoudre entre les lignes de la compétition. Mais au lieu de se laisser engloutir par les remous de l’adversité, Marie décide de hisser les voiles vers de nouveaux horizons, guidée par l’objectif de Tokyo 2020.
Ainsi, elle traverse la Manche pour s’établir au campus de Loughborough. Sur le modèle américain, cette université dispose de toutes les installations requises pour soutenir et favoriser le développement des athlètes de haut niveau.
Convaincue que la performance découle de nombreuses variables, Marie Wattel combine un suivi médical, nutritionnel et mental. Par la même occasion, la nageuse peut suivre des études supérieures en Sport Management.
Pourtant, à cette époque, l’exil des athlètes est encore vu d’un mauvais œil. Certains esprits conservateurs critiquent l’éloignement de Marie Wattel de sa terre natale. Elle se confronte même à l’abandon de soutiens financiers, ce qui lui laisse un goût amer.
Mais la nageuse, tel un phare dans la tempête, reste fidèle à sa vision. Elle navigue à contre-courant pour atteindre les rives dorées de ses ambitions. Aujourd’hui, la tendance évolue et de plus en plus de talents français s’aventurent outre-Atlantique. Marie en est une pionnière.
4. Emmagasiner de l’expérience
En juillet 2017, Marie Wattel survole le 100 m nage libre et le 100 m papillon à l’US Open de New York. Avec une amélioration spectaculaire de près d’une seconde sur ses meilleurs temps, elle intègre pour la première fois le Top 10 mondial en fin de saison.
Puis, après avoir brillé aux championnats de France en petit bassin, elle s’envole vers les championnats d’Europe de Copenhague avec l’équipe de France. Pour sa première compétition internationale, la Française atteint les finales du 100 mètres nage libre, du papillon et des relais. Une semaine de rêve se conclue avec une médaille d’argent en individuel sur 100 mètres papillon et une médaille de bronze avec le relais 4×50 mètres 4 nages.
En juillet 2019, après une semaine de préparation au Japon en effectif réduit, l’équipe de France se rend à Gwangju pour les championnats du monde. Marie Wattel y entame ses 3e Mondiaux. Sur le 100 mètres papillon, la Française démarre la semaine de compétition en trombe en réalisant son meilleur temps dès les séries. En demi-finale, elle pulvérise encore son record personnel. Mais pour sa première finale mondiale, le stress de l’enjeu est trop lourd, et elle termine 8e.
Place au 50 mètres papillon. La nageuse bat le record de France de Mélanie Hénique en demi-finale. Lors d’une finale serrée, Marie manque le podium de seulement 3 centièmes et termine 5e. Piquée au vif, elle décroche une médaille de bronze avec le relais 4×100 mètres nage libre mixte.
Marie, du haut de ses 22 ans, remporte sa première médaille mondiale.
En septembre 2019, Marie Wattel inaugure sa saison olympique avec un nouveau format de compétition : l’International Swimming League. Une expérience enrichissante où elle découvre le plaisir de nager en équipe avec les meilleurs nageurs du monde. Sous les couleurs de l’équipe de la London Roar, elle brille lors du Final IV à Las Vegas en décembre, et termine deuxième au classement général.
En mai 2021, Marie Wattel s’envole pour les Championnats d’Europe en bassin de 50 mètres à Budapest. Elle y décroche le titre sur 100 mètres papillon et devient vice-championne d’Europe sur 100 mètres nage libre. La nageuse confirme son état de forme à deux mois des Jeux Olympiques.
La Française participe aux JO de Tokyo dans des conditions particulières en raison de la pandémie de COVID-19, mais réalise néanmoins une performance exceptionnelle en explosant son record personnel et le record de France lors des demi-finales du 100 mètres papillon. Elle se qualifie ainsi pour sa première finale olympique avec le deuxième temps des demi-finales. Une finale inoubliable où la nageuse termine 6e, dans une course d’une intensité historique.
5. Se réparer d’une saison douloureuse
Dans une saison 2022 marquée par les douleurs aux épaules et au dos, Marie Wattel n’a pas atteint les objectifs escomptés. La vice-championne du monde du 100 m papillon aspire à « retrouver un corps sain » pour briller aux Jeux Olympiques.
L’année 2022 sera donc une période éprouvante. Malgré sa sixième place mondiale sur 100 m papillon au Japon, la championne endure une saison tumultueuse.
« Je me suis sentie dépassée. C’était une année de trop. J’ai enchaîné un entraînement intense, mais je n’ai pas su le gérer physiquement et mentalement, confie-t-elle au journal L’Équipe en octobre 2023. À partir de mars, j’ai été en proie à des douleurs aux épaules et au dos incessantes. Mon corps me lâchait. Lutter contre ces blessures et douleurs était un véritable défi. Dans l’eau, le plaisir était rare. Parfois, j’appréhendais même les entraînements car je savais que j’allais souffrir et j’avais peur d’admettre que je ne pouvais pas tout faire. Je n’ai pas bien communiqué avec le staff car je gardais beaucoup de choses pour moi. J’espérais que tout cela paierait aux Championnats du monde car j’avais souffert toute l’année. »
Avec son groupe d’entraînement à Marseille, elle fait l’impasse sur les Championnats de France et d’Europe en petit bassin. Elle préfère se concentrer sur les Championnats des États-Unis fin novembre, suivis du meeting d’Amiens en décembre. Comme beaucoup, elle renonce aussi aux Championnats du monde à Doha en février 2024.
Mais tout ce programme est chamboulé. La nageuse française se blesse au genou en novembre 2023. Pourtant, Marie Wattel n’a pas dit son dernier mot et n’a qu’un seul objectif : les JO 2024. Et pas question pour elle de rester en dehors de la vague.
Ouverture ©FFNatation