1900. Alors qu’elle étudie l’art à Paris avec pour professeurs Auguste Rodin et Edgar Degas (excusez du peu), l’Américaine Margaret Abbott, 23 printemps, s’apprête à entrer dans l’Histoire… mais n’en a pas la moindre idée.
Longiligne et athlétique, celle qui se passionna pour le golf très tôt, symbolise l’émergence d’une génération de sportives américaines : ces femmes qui envoient valser corsets et autres carcans, s’affranchissant d’artifices trop contraignants, prémices du tournant féministe des années 1920.
Margaret Abbott, donc, lit dans un journal qu’un tournoi de golf féminin sur 9 trous aura lieu au Club de Golf de Compiègne, à environ 30 km au nord de la capitale.
À l’initiative du gouvernement français et contre l’avis du baron Pierre de Coubertin, des femmes participent, en effet, pour la première fois, à certaines compétitions des JO de Paris. Elles ne sont que 22 sur les 997 participants connus et, pour la plupart, elles ne savent pas qu’il s’agit là des Jeux Olympiques.
Miss Abbott en fait partie. Elle décide de s’inscrire à ce tournoi, accompagnée de sa mère Mary. Elles joueront avec 9 autres compétitrices : 4 venant des États-Unis, et 5 de France.
L’étudiante en arts réussit le parcours en 47 coups et gagne avec deux points d’avance sur sa compatriote Polly Whittier (’Américaine Daria Pratt monte sur la 3e marche du podium), devenant la première femme américaine médaillée d’or à des Jeux olympiques et la seule dans son sport jusqu’au Jeux de Rio 2016 où le golf fut réintégré après avoir été retiré des Jeux en 1904.
Margaret Abbott reçut comme prix un magnifique vase en porcelaine, avec des détails en or ciselé. Toute sa vie, elle crut avoir remporté́ une compétition locale.
Elle mourut en 1955 à Greenwich, dans le Connecticut, sans avoir jamais su que son nom avait été gravé dans le marbre olympique.