Stockholm 1912. Pour la première fois, le Comité International Olympique décide d’inclure une épreuve féminine de natation au programme des Jeux, le 100 m nage libre. Au bord de la piscine, une jeune prodige : l’Australienne Fanny Durack. Avec un record du monde en séries et une large victoire en finale, elle multiplie les exploits et décroche la médaille d’or, devenant la première championne olympique de natation et la première médaillée d’or australienne aux Jeux.
Elle faillit pourtant ne jamais remporter le titre. Quelques semaines avant le début des Jeux, une activiste australienne, Rose Scott, commence une campagne visant à boycotter le tournoi de natation féminin. La militante affirme que « la présence de jeunes femmes très athlétiques en maillot de bain n’attirerait pas les spectateurs pour l’amour du sport, mais des voyeurs. » Le Comité Olympique australien ignore la campagne de miss Scott et envoie à Stockholm ses meilleures nageuses, Fanny Durack et Mina Wylie.
Le 12 juillet, celles-ci ne se demandent pas si leur corps bien galbé attirerait ou non les regards concupiscents de voyeurs : elles traversent rapidement, mais fièrement, le bassin du stade de Djurgårdsbrunnsviken et Durack décroche l’or, Wylie l’argent. Loin des revendications féministes, leurs oreilles se remplirent uniquement des applaudissements.
Fanny Durack, elle aussi très engagée contre toutes les formes de sexisme, pense alors certainement que s’imposer dans les bassins olympiques est plus important que de se préoccuper du regard des hommes sur ses courbes.
Entre 1912 et 1918, Fanny Durack établira 12 records du monde. En mars 1914, elle nagera sur la distance d’un mile (1 609 m) en eaux libres en 26 minutes 8 secondes, battant de 52 secondes le record masculin de Nouvelle-Galles du Sud. Et de devenir une icône pour les nageuses du monde entier.