« La natation n’a pas été un jeu d’enfant pour moi, bien au contraire ! Petite, j’ai vécu une expérience qui m’a traumatisée : mon chien s’est noyé dans la piscine familiale à une période où je commençais tout juste à apprendre à nager.
Comme nous habitions à côté de l’Océan Atlantique, mes parents tenaient à ce que je sache nager, alors je m’y suis mise, même si j’étais tétanisée par les profondeurs…
Vers l’âge de 17-18 ans, je faisais du théâtre ainsi que des photos en tant que modèle amateur, j’avais l’habitude de me costumer. J’ai eu envie de m’essayer au personnage de la sirène et j’ai recherché un costume.
J’ai alors rencontré une jeune Toulousaine, Aurore, qui créait des nageoires en tissu. Avec elle, j’ai découvert l’activité du « mermaiding », l’art de nager comme une sirène (de l’anglais mermaid, pour sirène, ndlr). Ça m’a donné l’idée de proposer des animations – séances photos, jeux dans l’eau – en tant que sirène professionnelle.
En 2015, quand j’ai commencé ce métier, il n’était pas très répandu, surtout en France. C’est une tendance qui vient des États-Unis et la première sirène pro au monde, la référence mondiale, c’est l’Australienne Hannah Fraser. Puis, très vite, j’ai entendu parler de Claire La Sirène, la première sirène professionnelle de France. Je l’ai contactée et je suis allée la voir nager en aquarium. Je ne pensais pas qu’un jour j’aurais le courage de faire la même chose !
C’est l’Océarium du Croisic qui m’a, le premier, fait confiance. C’était il y a quatre ans, lorsqu’ils ont eu un bassin approprié, avec des raies du Pacifique. Je n’avais jamais fait une telle performance, eux non plus, on s’est lancé !
Si c’est un spectacle, c’est aussi du sport ! Je me produis pendant dix minutes dans un aquarium au milieu des raies et je dois enchaîner plusieurs apnées – entre 45 secondes et 1 minute – en privilégiant les mouvements lents, plus jolis esthétiquement.
Je n’ai pas de pince-nez, de bouchons d’oreilles, de lunettes, rien pour m’aider à respirer. Je dois aussi faire attention à ne pas toucher les raies car elles ont un dard venimeux sur la queue. L’eau peut être froide et mon costume est assez lourd.
Je plonge avec un costume d’une dizaine de kilos créé par Richard Van Loot « The Mermad Tails » qui fait un travail sublime. J’ai une nageoire d’écailles en tissu et un soutien-gorge, tous deux recouverts de silicone ainsi qu’une monopalme intérieure en silicone. Sans oublier les quatre kilos de plomb cachés dans mon costume pour me lester et rester bien en place sous l’eau.
C’est une activité qui demande de l’entraînement et de la discipline : je vais entre deux et trois fois par semaine en salle de sport pour faire du cardio et de la musculation. Je m’entraîne en piscine, je prends des cours d’apnée, j’apprends à maîtriser les mouvements d’ondulations. Pour ça, j’ai pris un coach en apnée qui s’est aussi spécialisé dans ces cours pour sirènes professionnelles, Jean-Luc Casares. J’ai aussi prévu de passer mon baptême de plongée et le niveau scaphandrier.
C’est vraiment un rêve d’enfant qui se réalise, ce côté princesse de la sirène ! Toute mon enfance, j’ai rêvé devant Ariel, La Petite Sirène, le film Splash avec Daryl Hannah… Je n’aurai jamais cru cela possible.
Quand je nage en sirène, j’ai une grande sensation de liberté et d’apaisement. Je suis dans ma bulle !
On se prend parfois des réflexions du style « Mais tu as quel âge ? ». Les gens ne voient pas le côté sportif de cette activité. Je reprends une phrase de Walt Disney pour motiver les passionnées à se jeter à l’eau : « Si tu peux le rêver, tu peux le faire ! »
Il faut oser quand on est passionné, peu importe ce qu’on pense de toi. Et puis, il y a aussi des hommes qui s’y mettent. Il existe un concours de Mister Triton… Alors, quoi ? »
Pour suivre les aventures d’Andrina, rendez-vous sur son site et sur son compte Instagram @andrinalasirene
- Ouverture : ©Jean-Luc Casares
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