Il était une fois l’équitation…féminine

Il était une fois l’équitation…féminine
C’est l’heure de monter à cheval ! Alors que les Championnats du Monde de Saut d'Obstacles, dressage, para-dressage et voltige s’ouvrent à Herning, au Danemark, ÀBLOCK! vous invite à démonter les vieux clichés autour de l’équitation et des femmes via les cavalières qui ont marqué l’Histoire. Et au trot !

Par Clotilde Boudet

Publié le 05 août 2022 à 17h00, mis à jour le 18 février 2024 à 12h21

Pour certains, c’est « un sport de femme » puisque « c’est le cheval qui fait le taf ». Pour d’autres, les jeunes filles devraient l’éviter au risque d’adopter une démarche de cow-boy (cow-girl, donc). Pour d’autres encore « L’équitation ? C’est même pas un sport ». Vraiment ?

Au cours de l’histoire, on a très vite vu des femmes monter à cheval. Et on ne parle pas des ladies en robes bouffantes se baladant en amazone. Pourtant, elles ont du mérite parce que c’est loin d’être évident…

D’ailleurs, saviez-vous que cette position était obligatoire pour les femmes de 1580 à 1930 ? Mais bref, on veut vous parler de cavalières badass comme Calamity Jane, l’aventurière de l’Ouest !

Calamity Jane, l’un des premiers symboles de la femme émancipée…©Wikipedia

Mais avant d’aborder des pionnières de l’équitation sportive, faisons un petit point historique : le cheval a été domestiqué durant la Haute Antiquité (soit 2 200 ans avant notre ère). Il a été utilisé pour voyager, tracter des machines, chasser, faire la guerre…

Des trucs de mecs, en gros. Ah, oui ? Dites ça aux Amazones (si, si, elles ont bel et bien existé, comme l’atteste cet article du magazine National Geographic.)

Les Amazones, ces guerrières scythes en pantalon court, montées à cheval et armées de lances… La bataille des Amazones par W. Tischbein ©Pinacothèque de Munich

À la fin du XIXe siècle, l’équitation devient spectacle, puis sport. Pour les femmes, c’est l’occasion de se mettre en selle ! Dès 1840, on compte déjà plus d’écuyères que d’écuyers dans le milieu…

Une domination féminine qui continue aujourd’hui, avec plus de 80 % de femmes licenciées à la FFE. C’est parce qu’elles ont su s’imposer majoritairement dans la discipline que certains parlent de l’équitation comme d’un « sport de femmes » justement.

Mais, revenons-en aux pionnières… Dans le domaine du spectacle, il y a eu Caroline Loyo, première femme à avoir présenté un show de dressage équin dans un cirque.

Cavalière de génie, elle débute à 17 ans au cirque de Paris et se distingue en dressant elle-même ses montures.

Caroline Loyo, une des premières écuyères de haute école.

Côté sport, à l’origine, il n’était question que de raids d’endurance. Plus tard, sont arrivés les concours de sauts d’obstacles. En France, c’est la création de la Société hippique française, en 1865, qui a ouvert l’ère de l’équitation sportive.

En 1900, à Paris, les JO accueillent des sports équestres comme le polo, la voltige, l’attelage à quatre mains, les sauts d’obstacles (CSO)…

Et si les femmes sont déjà présentes sur la ligne de départ (vingt-deux sur les neuf-cent-quatre-vingt-dix-sept athlètes inscrits, toutes disciplines confondues), les épreuves d’équitation sont réservées aux officiers.

En 1900, lors des Jeux…©Wikipedia

En parallèle, le premier Championnat du Cheval d’Armes (qui deviendra plus tard le Concours Complet ou CCE) est organisé en 1902 à Saumur (Indre-et-Loire). Dix ans plus tard, aux JO de Stockholm, l’équitation revient, plus représentée que par trois épreuves : le dressage, le concours hippique et le « military », l’ancêtre du concours complet.

C’est là que le paradoxe frappe. Les cavalières sont autant – voire plus nombreuses – que les hommes, mais elles restent privées de compétitions olympiques… jusqu’en 1952 !

Là, on leur permet de participer aux épreuves de dressage. Deux ans plus tard, on leur ouvre les portes du saut d’obstacles et, huit ans plus tard, celles du concours complet.

Lis Hartel, la cavalière danoise la plus capée des Jeux de son époque.

Enfin, les cavalières peuvent exposer leur talent au monde !

Première médaillée olympique de l’histoire de l’équitation, en dressage donc : la Danoise Lis Hartel.

Avec son cheval Jubilee, elle marque les esprits puisqu’elle souffre d’une poliomyélite. Lis Hartel est paralysée des pieds aux genoux et se fait aider pour monter sur son cheval. Rien n’aurait pu l’arrêter, une vraie guerrière !

Sur ses traces, deux ans plus tard, on retrouve l’Anglaise Pat Smythe, première championne en saut d’obstacles par équipe (mixte), cette fois.

Pat Smythe était également auteure de romans équestres et d’autobiographies.

Aujourd’hui, les femmes excellent et s’imposent dans toutes les disciplines équestres. Une d’entre elles est même Directrice Technique Nationale de la FFE depuis 2013, Sophie Dubourg !

Et si vous doutez encore que l’équitation soit un sport, on vous invite au galop à suivre les Championnats du Monde (de CSO, de dressage et de CCE), organisés du 6 au 14 août au Danemark.

Un hommage à Lis Hartel ? Une chose est sûre, le spectacle promet d’avoir belle allure.

Sophie Dubourg…©PSV Morel/FFE

Ouverture : Alfred Dedreux, "Une élégante équestrienne"

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