Dans son regard, comme quelque chose d’indéfectible qui frappe, cette flamme tranquille forgée dans la mêlée, nourrie par le combat, mais aussi par une conviction profonde : le rugby, ce n’est pas une affaire d’hommes, c’est une affaire de cœur, de corps, d’intelligence. C’est donc (aussi) une affaire de femmes. Et Gaëlle Mignot en est la plus vibrante démonstration. Née en 1987 à Périgueux, dans le Sud-Ouest, formée très jeune au ballon ovale – elle commence le rugby à l’âge de 7 ans -, elle intègre le haut niveau à une époque où les projecteurs sont encore rares pour les joueuses. Mais Gaëlle Mignot ne se pose pas de questions. Elle joue, elle avance, elle s’impose. À Montpellier, elle devient une pièce maîtresse du club, raflant cinq titres de championne de France. En parallèle, elle enfile le maillot tricolore, devient capitaine, mène les Bleues à un Grand Chelem en 2014. Une talonneuse d’1,57 m, qui plaque comme une lionne et fédère comme une cheffe d’orchestre.
Mais l’histoire ne s’arrête pas à la ligne de touche. En 2021, elle raccroche les crampons. Enfin, presque. Car très vite, Gaëlle Mignot choisit de transmettre. D’entraîner. De construire et d’être à l’origine d’une dynamique nouvelle. Elle devient coach des avants de l’équipe espoirs du Montpellier Hérault Rugby, puis rejoint le staff de l’équipe de France. En 2022, elle est nommée entraîneuse adjointe des Bleues puis elle fait figure de pionnière : elle devient co-sélectionneuse de l’équipe de France au côté de David Ortiz. Une femme à la tête d’une équipe nationale, dans un sport encore verrouillé par les codes masculins, c’est rare. Et peu importe si elle partage le pouvoir, la mixité lui va bien aussi. Avec Gaëlle Mignot, la compétence prend toujours le pas sur la tradition.
Travailleuse acharnée, technicienne respectée, humaine et directe, elle incarne aujourd’hui une autre façon de faire du sport : plus ouverte, plus équitable, mais toujours tournée vers la performance. Et c’est précisément là sa force. Elle n’a jamais demandé de passe-droit pour être femme. Elle a gagné sa place comme on arrache un ballon sur un ruck : avec courage, lucidité et puissance.
En 2025, à l’aube d’une Coupe du Monde de rugby féminin qui s’annonce historique (du 22 août au 27 septembre en Angleterre), Gaëlle Mignot est plus que jamais une figure essentielle. Elle est la preuve vivante que les femmes ne sont pas là pour suivre, mais pour mener. Que les petites filles peuvent rêver de mêlées et de maillots bleus. Et que le rugby, quand il se conjugue au féminin, peut lui aussi faire vibrer un pays entier. Autant dire qu’on l’attend ÀBLOCK!