Eva Yaneva  « Le sport m’a prise par la main et m’a relevée. »

Eva Yaneva : « Le sport m’a pris par la main et m’a relevée. »
Pétillante sportive aux boucles brunes et au sourire communicatif, la volleyeuse Eva Yaneva, championne, début avril, de la Coupe de France et membre de l’équipe nationale de Bulgarie, est une globe-trotteuse des parquets. Quand elle quittera le terrain, ce sera pour enseigner son art aux jeunes filles rêvant de parties de volley endiablées. La transmission de sa passion est en ligne de mire de son prochain service.

Par Claire Bonnot

Publié le 01 mai 2022 à 18h40, mis à jour le 22 mai 2022 à 12h16

Tu viens de gagner la Coupe de France avec ton club du Cannet, tes sensations ? 

C’était un objectif pour le club cette année, c’est donc une très belle victoire et c’est le premier titre que je gagne avec Le Cannet pour ma troisième saison. C’est, en plus, sa deuxième Coupe de France après celle de 2015 et, ça, c’est magnifique ! 

Tu es née en Bulgarie et tu es une sacrée globe-trotteuse, tu as joué dans plus d’un club dans le monde…

J’ai notamment déjà joué à Cannes mais avec le Racing Club de Cannes, pendant cinq ans, de 2005 à 2010. Il est le club de volley-ball féminin le plus titré de France.

Sinon, comme c’est le cas dans notre sport, j’ai effectué beaucoup de changements de club, de la Chine au Japon, en passant par la Pologne, la Turquie, la Russie ou encore mon pays, la Bulgarie.

Comme mes années à Cannes avaient été merveilleuses et que j’ai eu l’opportunité d’y revenir, je n’ai pas hésité une seule seconde à rejoindre le club du Cannet dans son aventure.

Au cours de ma carrière, j’ai déjà gagné six fois les championnats locaux et une fois la Coupe de France. 

Comment as-tu débuté le volley, ce fut un beau hasard ou un coup de coeur avec ce sport ? 

Les deux ! J’avais beaucoup d’énergie, enfant, alors mes parents m’ont mise au sport. J’ai débuté par le ski, puis le cheval et j’ai rencontré le volley par hasard, à l’école.

Je suis vite tombée amoureuse de ce sport. Il s’avère que les entraîneurs ont vu un talent en moi et m’ont fait grimper les échelons dans ce sport, ils m’ont beaucoup aidée à progresser. 

Qu’est-ce qui, à ton avis, a procuré ce coup de foudre ? 

C’est la compétition qui ma plu et le fait d’être en équipe, de travailler sa stratégie en groupe. Quand on fait un sport Co, on partage tellement de choses avec ses coéquipiers-coéquipières qu’on est comme une famille.  

Tu es au poste de réceptionneuse-attaquante, ça te correspond ?  

Je suis à ce poste depuis mon enfance. J’ai un rôle pivot dans le jeu puisque je suis à la fois en réception et en aide à la défense.

Sur le terrain, je suis explosive et très émotionnelle, jaime gagner. Je crois que je suis celle qui crie le plus !

J’aime bien me provoquer moi-même sur le terrain et expérimenter des choses nouvelles. Ça me permet de voir comment je réagis dans des situations différentes et de ne pas avoir peur de grandir en tant que sportive.

Le suivi avec un coach mental m’aide beaucoup en ce sens. Ça n’existait pas vraiment quand j’ai débuté or, je pense que la gestion du mental joue beaucoup dans l’issue d’un match. On crée un mental de championne et j’aime ça ! 

Comment s’est construite ta carrière dans le sport de haut niveau ? 

Jai d’abord intégré un club à l’âge de 10 ans, le CSKA Sofia, en Bulgarie, de 1996 à 2004, puis je suis rentrée chez les adultes, à l’âge de 16 ans, en tant que joueuse professionnelle.

En 2004/2005, à 19 ans, j’ai débuté ma carrière à l’étranger. Je n’ai pas arrêté ! D’abord, en Russie qui m’a ensuite amenée au Racing Club de Cannes, à nouveau en Russie, au Japon, retour au RC Cannes en 2013/2014. Puis, ce fut encore la Russie avant de partir en Roumanie, en Chine, en Turquie, de nouveau en Chine, en Slovaquie, en Pologne pour, enfin, rejoindre la France, avec Volero Le Cannet où je joue depuis 2019.

En parallèle, j’ai intégré mon équipe nationale à l’âge de 15 ans et j’ai fait, à ses côtés, tous les championnats d’Europe et du monde. 

C’est un parcours éclair. À 36 ans, comment vois-tu la petite fille que tu étais, avec ses rêves sportifs ?  

Je voulais absolument être une joueuse professionnelle de volley-ball. Il y a eu des moments difficiles surtout vers l’âge de 12-13 ans car j’avais envie de faire autre chose. Mais j’ai eu la chance d’être très soutenue et entourée par mes coachs et ma famille et je ne regrette pas une seconde d’avoir choisi cette vie.

J’ai réalisé mon rêve et je suis heureuse et fière de ne pas avoir abandonné. Quand j’ai décroché un contrat à l’âge de 16 ans, j’ai bien compris que je pouvais faire quelque chose de grand dans le sport.

Ma motivation venait de jeunes sportives bulgares qui avaient fait de belles carrières et qui étaient populaires. Je voulais en être, moi aussi.

Et aujourd’hui, je peux me dire que j’ai réussi. C’est que du bonheur d’avoir réalisé mon rêve ! Et puis, je m’amuse, c’est la meilleure des motivations. 

©J!P

Tu as réussi ton rêve de carrière pro dans le volley, quels sont tes objectifs aujourd’hui ? 

Aujourd’hui, je suis presque à la fin de ma carrière, je pense que j’ai fait pas mal de compétitions ! Le mieux pour moi, désormais, serait de stabiliser au maximum mon jeu et de pouvoir gagner tout ce que je peux gagner !

Tu parlais d’icônes sportives qui t’ont inspirée, lesquelles ? 

Ah oui, par exemple, Antonina Zetova, une grande joueuse bulgare avec qui j’ai même eu la chance de jouer en équipe nationale

Jespère à mon tour, un jour, offrir mon expérience à des jeunes athlètes, les inspirer et les inciter à ne rien lâcher. J’aimerais, pourquoi pas, être entraîneure, après ma retraite sportive. 

La suite, tu la vois comment ? 

J’aimerais transmettre. En tout cas, l’année prochaine, je ferai une reconversion pour les sportives de haut niveau dans une école créée par la multi-championne d’escrime et ex-ministre des Sports, Laura Flessel, Sport Excellence Reconversion. Une très belle opportunité pour trouver mon chemin après le sport ! 

Étre sportive de haut niveau t’apprend à te dépasser, qu’est-ce que le sport t’a apporté d’autre dans ta vie perso ? 

J’ai mesuré la force du sport, il y a huit ans, quand j’ai eu à vivre un moment très dur sur le plan de la santé. J’ai eu un cancer des ovaires et j’ai dû être opérée. Je ne peux donc plus avoir d’enfants. J’ai pleuré pendant des jours.

C’est mon mental de sportive qui m’a sortie de cette situation. Je me suis remise et me suis dit : « Ok, maintenant il faut se battre, se lever, faire quelque chose ». Ça a été le moment le plus fort à gérer mentalement dans ma carrière.

Je pense, depuis, que le sport te donne la main et que c’est ainsi que tu t’en sors.  Moi, le sport m’a prise par la main et m’a relevée. Il m’a apporté la confiance en moi, le fait de savoir que je peux compter sur moi-même, gagner quand je travaille bien.

Ça m’a aussi prouvé que je pouvais réaliser mon rêve. Sinon, les émotions d’un match sont toujours merveilleuses, un épuisement heureux ! 

Y a-t-il eu un match tournant pour toi ? 

Quand javais 19 ans avec le RC Cannes, en 2006, pour la finale de la Ligue des champions. C’était quelque chose de merveilleux de pouvoir jouer en finale d’une telle compétition, je n’ai pas dormi les deux jours qui précédaient le match.  

Comme tu le disais, tu as envie de transmettre ta passion, que conseillerais-tu à une fille qui voudrait se lancer dans le volley à haut niveau ? 

De ne surtout rien lâcher et d’aller au bout de son rêve parce que c’est merveilleux de sentir toute sa force, toute sa liberté et de pouvoir connaître la joie d’être soimême, de montrer ses émotions sur le terrain.

Le sport, ce n’est pas juste du sport ! Quand je joue au volley, c’est un autre moi qui s’exprime, ce sont mes émotions qui font l’action. Le terrain du sport est la preuve que je peux surmonter les difficultés, trouver la force en moi-même.

Sur le terrain du sport et grâce à lui, je me sens invincible ! 

  • Pour reprendre du service sportif, on suit la volleyeuse championne de France Eva Yaneva sur son compte instagram : @evkata8 
Ouverture ©Michal Szymanski

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