Coralie Demay La cycliste qui ne perd jamais les pédales

Coralie Demay, la cycliste qui ne perd jamais les pédales
Elle a délaissé la piste pour prendre la route. À 31 ans, Coralie Demay pratique le cyclisme dans toutes ses dimensions. La voilà en chemin pour boucler son troisième Tour de France et elle en veut. Portrait d’une Morbihannaise qui n’a pas peur d’avaler les kilomètres.

Par Timéo Gomes

Publié le 28 juillet 2023 à 17h00, mis à jour le 16 août 2024 à 14h25

La Bretagne a vu naître bon nombre de cyclistes, masculins comme féminins. Cette année plusieurs Bretonnes arpentent les routes de la Grande Boucle, parmi elles, Coralie Demay.

Le 10 octobre 1992, elle pointe le bout de son nez à Nogent-sur-Marne dans le 94 mais c’est dans le Morbihan qu’elle grandit, à Elven. Haute comme trois pommes, la petite Coralie découvre le vélo grâce à ses frères. Son père est militaire et par essence nomade. Lorsque la famille déménage au Togo, en Afrique, la Morbihannaise délaisse quelques temps le vélo pour mieux pratiquer d’autres sports comme le judo, la gymnastique et surtout l’équitation.

Mais Coralie rêve de remonter en selle et, adolescente, lorsqu’elle revient dans l’Hexagone, elle ressort ce bon vieux vélo du placard pour prendre sa première licence au Véloce Vannetais. Pour l’Elvinoise, le cyclisme n’était alors qu’un passe-temps, elle est loin de s’imaginer y faire carrière. Pourtant, à 18 ans, elle intègre le pôle espoir de Lorient. Dans ce milieu exclusivement masculin, Coralie Demay doit se dépasser pour « survivre ».

©A.S.O. Thomas Maheux

Cette expérience lorientaise lui apprend à se concentrer sur ses performances et à exceller en selle. Un apprentissage qui lui est bien utile dès l’année suivante, en 2011, lorsqu’elle commence les compétitions. Un début de carrière classique sur route, mais la Française se spécialise dans un tout autre domaine, le cyclisme sur piste.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle va très rapidement s’exprimer dans cette discipline. En 2012, Coralie Demay est championne de France par équipe accompagnée d’une certaine Aude Biannic, de Laudine Génée et de Coralie Sero. Puis, en 2013, elle décroche le titre de championne de France de la course aux points, son premier succès individuel.

L’apothéose survient quelques années plus tard, en 2017, dans ces mêmes championnats de France, lorsque sur six épreuves disputées, elle en remporte cinq : la poursuite, la poursuite par équipe, la course aux points, le scratch et l’omnium. Seule épreuve qui lui échappe, l’américaine, et de peu puisqu’elle finit deuxième. Un braquage à la française. Au total, sur toute sa carrière, Coralie Demay comptabilise treize titres de championne de France.

©ASO

Là où la coureuse se démarque, c’est assurément dans sa polyvalence. Entre piste et route, elle a toujours tenu à pratiquer les deux pour son équilibre personnel, comme elle le dit à Velo101 : « Je ne me vois pas faire l’un sans l’autre, ces deux disciplines m’apportent beaucoup et sont complémentaires dans ma progression ».

Mais alors sur route, qu’est-ce qu’elle donne la Bretonne ? Son parcours est moins victorieux que sur piste mais semble prendre un tournant intéressant ces dernières années. En 2022, elle participe à son premier grand Tour, qui plus est à domicile puisqu’elle est alignée avec son équipe St Michel-Mavic-Auber 93 sur le Tour de France qu’elle finit à la vingt-quatrième position, mais elle se fait remarquer lors de la quatrième étape entre Troyes et Bar-sur-Aube, où elle s’offre une longue échappée (belle). Une performance solide qui pousse sa formation à lui faire confiance et à la sélectionner pour la Vuelta de cette même année où elle décroche la trente-et-unième place.

Mais l’évènement 2023 pour Coralie Demaye, c’est bien le Tour de France 2e édition où elle espère faire mieux que lors de sa première fois et sur lequel elle est alignée en tant que leader de son équipe, ce qui la galvanise : « J’ai envie de leur montrer qu’ils ont eu raison de me faire confiance […] Je suis prête à me battre », confiait-elle à DirectVelo.

Coralie Demay avant le Tour de France Femmes 2022

Mais Coralie Demay ne prendra pas sa revanche, elle pointera à la vingt-septième place. Loin de ses objectifs, mais l’espoir est permis, elle est acharnée et ne laisse pas facilement tomber l’affaire. Cette saison, elle signe pour deux ans avec la formation FDJ-Suez qu’elle avait quitté cinq ans plus tôt. Là, elle est sélectionnée pour la troisième édition du Tour de France Femmes. Et c’est avec de bonnes sensations qu’elle prend le départ, dans un esprit de combattante.

Un combat contre elle-même pour espérer marquer les esprits et continuer sur sa belle lancée.

©A.S.O. Thomas Maheux

Ouverture ©Loïc Déniel/Bretagne Ladies Tour Ceratizit

D'autres épisodes de "Cyclisme, dans la roue des sportives"

Vous aimerez aussi…

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une femme oiseau qui prend son envol, deux basketteuses prêtent pour un rêve américain, une actrice nouvelle star du fitness (Kate Hudson sur notre photo), une combattante bientôt aux JO, le sport en question ou deux initiatives qui prennent leur pied, c’est le programme de la semaine sur ÀBLOCK!

Lire plus »
Ons Jabeur, l'histoire est en marche...

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Des joueuses sur les courts à Roland-Garros, le nouveau podcast ÀBLOCK! qui accueille une femme qui n’a pas sa langue dans sa poche ou encore un championnat où tenir bon la barre, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Bonne lecture !

Lire plus »
Camille Prigent

Camille Prigent : « Le kayak, ça t’apprend la résilience… »

Tombée dans la marmite tourbillonnante du kayak quand elle était petite, la kayakiste de 22 ans semble voler sur l’eau depuis son titre aux JO de la Jeunesse et ses victoires en championnats nationaux, européens et mondiaux. La tête sur les épaules et armée d’une motivation sans faille, Camille Prigent trace avec détermination son sillon pour Paris 2024.

Lire plus »
Milena Surreau : « Aujourd’hui, pour le mouvement paralympique, l'autisme n’existe pas ! »

Milena Surreau : « Quand on est amoureux, on dit qu’on a des papillons dans le ventre mais moi, en compet’, ce sont des flammes ! »

C’est une revenante. Une survivante. Alors qu’elle se destinait à une carrière de haut-niveau, la badiste Milena Surreau va composer durant des années avec la douleur. Jusqu’à ce que deux diagnostics – l’autisme et un trouble neurologique rare – ne viennent donner du sens à ce qu’elle vit. La jeune paludière, en lice pour les Europe de para-badminton dès ce 30 septembre à Istanbul, renoue alors avec son rêve de sportive pro en s’orientant vers le handisport. Son objectif désormais ? Décrocher le max de titres, jusqu’aux Jeux de L.A. en 2028.

Lire plus »
Madge Syers

Madge Syers, la première Lady du patinage artistique

Les Championnats du monde de patinage se déroulent cette semaine à Stockholm, en Suède. L’occasion d’être ÀBLOCK! sur la glace et de rendre hommage à la première femme médaillée d’or olympique en patinage artistique, la Britannique Madge Syers. Une lady qui a marqué de sa grâce et de sa détermination l’histoire de cet art sportif de la glisse et n’a pas hésité à tracer son sillon moderne dans un petit monde dominé par les hommes. Son talent et son esprit de pionnière ont brisé la glace pour des générations de sportives.

Lire plus »
Rugby

Rugby : les mots qui plaquent ! (Le dessous des Pelouses. Épisode 12)

« Alors, les filles, vous vous broutez la chatte ? », « Dans l’équipe, vous êtes toutes des lesbiennes ? »… Elles en ont entendu des phrases pétries de préjugés, ces joueuses de rugby d’une équipe de Fédérale 1, la 3e division du championnat de France ! Et elles en parlent sans tabou dans ce nouvel épisode du « Dessous des Pelouses »…

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner