Clémence Simon : « Se comparer aux autres est tentant, mais mieux vaut éviter… »

Haltérophilie
Le week-end dernier, j’ai participé à une compet’ où l’on a testé la charge la plus lourde que nous pouvions épauler. Certaines filles ont fait des barres supérieures à la mienne. Est-ce que ça m’a rendue jalouse ? Non. Parce que c’est rarement constructif.

Par Clémence Simon, crossfiteuse et fière de l’être*

Publié le 24 mai 2023 à 14h00

Je pratique un sport de chiffres. Non, je ne suis pas Championne du monde des experts-comptables : je fais du CrossFit. Or, au CrossFit, nous aimons les pourcentages, les statistiques et la quantification. À croire que ce sport a été lancé par Sébastien et son acné, après sa Terminale Spé Maths.

La preuve de cet attachement à la quantification ? Il existe un panel d’entraînements, appelés des benchmarks – de grands classiques de la discipline – que nous faisons plus ou moins régulièrement afin de mesurer notre progression. Nous testons également nos 1RM – une répétition maximum – sur différents mouvements d’haltérophilie ou de force athlétique. Je sais donc quelle charge je suis en mesure de soulever sur de l’arraché ou du développé couché  (« pousse-tétés » pour les intimes).

Le week-end dernier, j’ai même participé à une compétition durant laquelle nous avons testé la charge la plus lourde que nous pouvions épauler. Certaines filles ont fait des barres supérieures de 15 kilos à la mienne. Est-ce que ça m’a rendue jalouse ? Non. Je me suis même arrêtée en pleine épreuve pour les applaudir.

Si je vous dis ça, ce n’est pas pour que vous demandiez ma canonisation à l’Église catholique. C’est simplement pour vous expliquer que se comparer aux autres est rarement constructif.

La championne de CrossFit, Carole Castellani

À mes débuts dans la discipline, je suis tombée dans cet écueil. Non seulement, je regardais les performances des autres, mais je les jalousais. Sauf que ces personnes n’avaient pas forcément le même parcours ou la même vie que moi. Certes, j’étais une débutante. Mais j’étais surtout un petit loukoum dont la seule véritable expérience sportive était une pratique de la danse Modern Jazz, une fois par semaine à la MJC du coin.

Peut-être que ces personnes, même si elles débutaient elles aussi, avaient autre chose que « On voit bien que Clémence fait des efforts » écrit à la rubrique EPS sur leurs carnets de notes. Peut-être qu’elles avaient pratiqué un autre sport avec assiduité, pendant longtemps. Peut-être faisaient-elles très attention à leur hygiène de vie (ce qui à l’époque, était loin d’être mon cas puisque je jouais pour la team Ben &Jerry). Peut-être avaient-elles un métabolisme ou une constitution différente de la mienne. Bref, de nombreux facteurs entrent en compte !

©Shutterstock

Et ce n’est pas parce qu’on fait le même entraînement qu’on va avoir les mêmes résultats. Sauf que, ne pas tenir compte de ces différents facteurs, c’est s’exposer à la frustration et à l’amertume. Est-ce vraiment nécessaire ? En particulier dans une pratique dite « de loisir » ? Je suis lucide : je ne ferai jamais les CrossFit Games (les championnats du monde de ce sport) – sauf peut-être dans le public avec une bière bien fraîche à la main. Je n’ai pas d’autres objectifs que ceux de m’amuser, de me vider la tête et de progresser, à mon rythme.

« L’autre » peut être une source de motivation ou d’inspiration mais certainement pas un.e ennemi.e (même si le terme est fort). Il ou elle peut nous motiver à nous dépasser– d’ailleurs, je ne fais que le constater depuis que je m’entraîne aux côtés d’une formidable coéquipière. Elle est forte, très forte. À chaque entraînement que nous partageons, elle me pousse à m’améliorer.

Alors, je bosse, encore plus dur. Pas pour concurrencer ou dépasser quiconque, mais simplement pour avoir encore plus d’occasions de s’amuser, ensemble, et de cultiver l’émulation.

*Clémence Simon est journaliste et grande sportive. Adepte de CrossFit, elle a créé un blog sur sa passion pour cette discipline exigeante, I hate Wall balls (La Belle et la Bête).

Ouverture ©Shutterstock

Vous aimerez aussi…

Salomé Gilles

Salomé Gilles : « Toute petite, je rêvais d’être pilote. On m’a toujours dit que ce serait impossible… »

Petite, Salomé a fait un rêve : un jour, elle sera championne de voltige aérienne. Quelques années plus tard, c’est chose faite ! Aux manettes de sa Formule 1 des airs, la pilote à la persévérance inébranlable s’est imposée Championne de France en 2017. Détermination, progression et réussite sont les maîtres-mots d’une battante qui n’en a pas fini avec le ciel.
Son plan de vol est tout tracé. Au programme : Championnat de France et Open de France fin 2020. Pour Salomé Gilles, l’objectif de ces compétitions est ensuite d’intégrer l’équipe de France. Décollage immédiat pour une interview à 400 à l’heure !

Lire plus »
Rénelle Lamote : 
« Je me suis servie du sport pour exister. »

Rénelle Lamote : « Je me suis servie du sport pour exister. »

Elle a vécu des très hauts. Et des très bas. Rénelle Lamote est un phœnix. Après des Jeux Olympiques de Rio cauchemardesques et une lente descente aux enfers, la protégée de Bruno Gajer s’est relancée à Montpellier. Désormais en paix avec elle-même, cette spécialiste du 800 mètres aborde l’avenir avec sérénité et ambition. Son rêve : décrocher une médaille mondiale.

Lire plus »
Erica Wiebe

Erica Wiebe, la lutteuse qui envoie les clichés au tapis !

Une guerrière, une passionaria, une femme de tête. Championne olympique 2016 en lutte libre, la Canadienne remettra son titre en jeu sur le tapis des prochains JO, à Tokyo. Ambassadrice de la lutte féminine, Erica Wiebe se bat pour que les jeunes filles soient intégrées dans l’arène sportive. Go for showtime !

Lire plus »
Melina Robert Michon Mélina Robert-Michon, la lanceuse de disque qui connaît la chanson

Mélina Robert-Michon, la lanceuse de disque qui connaît la chanson

Elle a été de toutes les campagnes olympiques depuis les Jeux du millénaire à Sydney, en 2000. Mélina Robert-Michon, médaillée d’argent au disque aux Jeux Olympiques de Rio, participe, à 42 ans, aux sixièmes JO de sa carrière et avait pour seule et unique ambition de décrocher le Graal à Tokyo. Elle a échoué, mais nous donne rendez-vous à Paris 2024. Retour sur le parcours d’une athlète inoxydable.

Lire plus »
Jessica Vetter : « Le CrossFit, c’est le girl power absolu ! »

Jessica Vetter : « Le CrossFit, c’est le girl power absolu ! »

Aussi solaire que son Sud natal et dopée à l’énergie du sport-passion, elle envoie du lourd. Mais désormais, c’est tout en douceur. Ou presque. La coach Jessica Vetter, ex-gymnaste et championne de CrossFit, désire aujourd’hui aider les autres à se sentir bien dans leur corps, sans jamais se départir de son humour communicatif. Les muscles n’ont qu’à bien se tenir !

Lire plus »
Un WOD ? Cékoiça ?

Un WOD ? Cékoiça ?

Parfois, ils ne sont pas faciles à décrypter. Les coachs ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Sur ÀBLOCK! on a pensé défricher tout ça avec un lexique pratique. C’est le petit dico « Coach Vocab' » Et on commence par le terme WOD propre au CrossFit.

Lire plus »
Kiki Caron

Christine Caron : « Être porte-drapeau aux JO a été un grand pas pour le sport féminin. »

Elle a marqué, de manière indélébile, les deux campagnes olympiques auxquelles elle a participé. Christine Caron dite Kiki Caron, 73 ans le 10 juillet prochain, s’est adjugée l’argent du 100 mètres dos aux JO de Tokyo en 1964 avant de bousculer les codes en devenant porte-drapeau de la délégation française à Mexico, quatre ans plus tard. Une première mondiale pour les Jeux Olympiques d’été. Rencontre avec une icône qui a fait bouger les lignes, et pas uniquement dans les bassins.

Lire plus »
AéroRun 2024, prenez votre envol en baskets !

AéroRun 2024, prenez votre envol en baskets !

Ce dimanche 20 octobre, la première édition de l’AéroRun a lieu au cœur de l’aéroport historique du Bourget. L’ONG Aviation Sans Frontières ouvre ses pistes aux runners, l’occasion de faire un footing pour la bonne cause dans un cadre exceptionnel. En piste !

Lire plus »
Q&A Delphine Delrue

Le Q&A de la badiste Delphine Delrue

Les Jeux Olympiques de 2024 à Paris s’annonce bien pour les Françaises. Parmi les jeunes championnes à haut potentiel, la joueuse de badminton en double dames ou mixte Delphine Delrue a toute sa place. Elle a déposé raquette et volant pour répondre à notre Q&A en vidéo.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner