Marion : « Avec mes copines de VTT, on aimerait donner à d’autres nanas l’envie de s’y mettre… »Pratiquante de VTT, 32 ans, commerciale dans l’univers du vélo

VTT
Elle aime fédérer. Mais aussi détricoter les clichés. Pour pousser les filles à pratiquer le VTT dans un univers encore trop masculin à son goût, Marion a créé un groupe de vélo féminin. À 32 ans, elle s’éclate dans un sport qu’elle aimerait démocratiser. Rencontre avec une "jungirlz" ultra positive pour qui tout roule toujours !

Propos recueillis par Katia Fuchs

Publié le 15 novembre 2020 à 16h49, mis à jour le 11 septembre 2024 à 17h25

« Si je dois me souvenir de mes débuts dans la pratique du sport, il faut remonter à toute petite quand je faisais de l’équitation. A vrai dire, ensuite, j’ai un peu lâché durant l’adolescence, puis les études…Ce n’est pas le temps qui me manquait, mais ce n’était pas ma priorité.

Progressivement, j’ai eu envie de m’y remettre, pour une question de forme bien sûr, mais surtout d’équilibre : je réalise aujourd’hui à quel point le sport est bon pour le mental. Quel bonheur cette sensation quand on s’est dépensé à fond ! 

Un jour, donc, une amie m’a branchée pour aller faire du CrossFit. J’ai tout de suite accroché. Mais, davantage que le coté musculation, ce qui m’a convaincue et poussée à pratiquer trois fois par semaine, c’est vraiment l’ambiance collective, la notion de partage et une certaine bienveillance au-delà de toute notion de performance pure. 

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En réalité, je crois que ce qui me plait le plus dans le sport, c’est de rencontrer des gens formidables dont je n’aurais peut-être jamais croisé la route autrement. C’est la même chose pour la pratique du vélo, même si, au départ, j’ai plus ou moins commencé seule.

Je faisais de la moto, mais dans mon département d’origine, les Alpes-Maritimes, ce n’était pas vraiment adapté et toute la partie mécanique a fini par me rebuter. Et puis, un jour, un ami m’a proposé d’essayer le VTT en me promettant que ça allait me plaire. Nous avons fait une petite sortie de groupe avec également deux filles, ce qui m’a rassurée et…banco !

J’ai acheté mon premier vélo à 27 ans et commencé à m’entrainer seule, ce qui peut paraître étrange, surtout quand on connait mon caractère, mais je crois que j’avais d’abord envie de « me faire la main » et prendre confiance en moi, sans pression.

Je me souviens de la première marche que j’ai descendue en VTT : ça me semblait être le bout du monde, la prise de risque maximale… et aujourd’hui cela ne me semble rien du tout ! Ce n’est pas désagréable d’ailleurs de constater la progression…

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Puis, comme ce n’est de toute façon pas dans ma nature, je ne suis pas restée bien longtemps à pratiquer seule et j’ai progressivement rencontré des gens dans ce milieu : via des groupes sur les réseaux, les “bikettes” notamment, et puis j’ai déménagé dans la Drôme, et j’ai rencontré mon compagnon, lui-même passionné. Aujourd’hui, je pratique principalement l’enduro et la descente.

Une des choses qui m’a le plus interpellée dans cet univers- qui tient tout de même à se démocratiser aujourd’hui ! – est sa laborieuse mixité. Je crois que ça tient à plusieurs facteurs, notamment des préjugés du côté des femmes comme des hommes.

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D’abord, j’ai pu remarquer dans ma pratique comme dans le cadre de mon travail – je suis commerciale dans l’univers du vélo- que les préjugés étaient encore prégnants. Si bien que j’ai fini par prendre un calepin pour noter toutes les petites réflexions machistes tant c’était affolant, surtout en boutique où j’ai dû travailler un temps pour acquérir de l’expérience ! 

 Aujourd’hui, je fais environ trois sorties par semaine avec des groupes mixtes, même si je suis souvent la seule fille. Si les garçons sont parfois sceptiques au début, ils sont rapidement rassurés en constatant que je ne suis pas à la traîne.

Après cette première sortie, en général, c’est le double effet kiss cool car, victimes de leurs préjugés, ils sont surpris. Quant aux remarques du style : « T’avances bien pour une nana ! », j’y vois aujourd’hui davantage de maladresse que de machisme à proprement parler car, quand on se connaît mieux, tout se passe très bien. 

VTT JunGirlz

Le second frein à cette démocratisation de la pratique tient, je crois, aux blocages que les filles se mettent elles-mêmes. Souvent, elles sont rebutées par la partie mécanique et la notion de performance. Alors, oui, bien sûr, il faut quelques petites notions de mécanique de sauvetage (changer un pneu, une chambre à air…) pour ne pas être coincé sur un parcours mais…j’y arrive et je suis loin d’être très douée ! 

Défendre la pratique féminine est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Pour cela, avec des amies, nous avons décidé de créer un groupe de filles, les “JunGirlz”, pour se motiver et donner à d’autres nanas l’envie de s’y mettre.

Sur un groupe privé, nous publions notamment un agenda pour les sportives à vélo (VTT enduro, descente, route…) en Drôme-Ardèche, mais nous prévoyons aussi d’en organiser plus loin.

Il arrive que des garçons, souvent les compagnons, se joignent à nous, mais la page du groupe est uniquement ouverte aux femmes. L’idée est vraiment de passer un bon moment dans un esprit ultra-conviviale : chacune a son rythme, on papote à la montée, on s’attend si besoin, bref on partage des bons moments et à la fin…on s’offre une bonne bière ! »

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Retrouvez les JunGirlz de Marion et les Bikettes sur Facebook.

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