Le 30 septembre 2018, elle entrait dans l’histoire. À 21 ans, la pilote espagnole devenait Championne du monde de moto face à ses concurrents majoritairement masculins. Et de devenir une figure reconnue des paddocks.
Elle est à ce jour la seule femme à avoir décroché une couronne mondiale en vitesse. Une autre pilote avant elle, la Finlandaise Kirsi Kainulainena, avait remporté le titre 2016, mais c’était en side-car.
On ne sait si elle en rêvait à l’âge de 3 ans alors qu’elle piquait la mini-moto de sa sœur aînée, mais ce passe-temps est vite devenu une passion :
« Quel que soit le sport de compétition, avec l’objectif d’aller au niveau mondial, il faut commencer très jeune, passer par de nombreuses catégories, et prendre un maximum d’expérience. La moto est comme tous les autres sports, les jeunes garçons commencent le foot, le basket, ou le tennis à trois ou quatre ans. Pour les motos, c’est pareil. Si tu veux apprendre, engranger de l’expérience et être prêt à courir en Championnat du Monde à 16 ans, tu dois commencer jeune et apprendre tout ce qui est possible avant », expliquait Ana Carrasco au magazine espagnol Marca.
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La jeune pilote décroche à vitesse grand V des victoires en catégories junior lors de championnats 125 cm3. Elle a 12 ans et le bitume lui fait de l’œil.
La p’tite motarde qui a déjà tout d’une grande, participe au championnat FIM CEV International Championship en 2011, devenant la première fille à obtenir des scores dans ces séries et passe deux ans plus tard au Moto3.
Rebelote, elle devient la première femme à marquer des points dans les séries en finissant 15e au Grand Prix de Malaisie puis 8e au Grand Prix de la Communauté valencienne.
Problème de sponsoring, blessure au genou, elle quitte la piste pour l’ombre, avant de remettre les gaz en 2018 lors du Supersport 300 au cours duquel elle devient la première femme dans l’histoire à remporter une course sur piste dans un Grand Prix.
Il aura fallu attendre près de soixante-dix ans depuis les premiers GP moto…
Un titre de championne du monde dans un sport mixte, voilà donc qui n’est pas passé inaperçu !
Aux commandes de sa Kawasaki Ninja 400, Ana Carrasco a fait fumer l’asphalte et estomaqué les stars du MotoGP dont Valentino Rossi : « Peut-être que ce résultat peut pousser une autre fille à courir », confiait-il alors, ou encore Marc Marquez : « Ce qui est clair, c’est qu’elle a ouvert la porte à d’autres femmes et leur a montré que c’est possible.»
Mais c’est surtout pour elle que l’Espagnole a concouru. Elle l’avait rêvé, elle l’a fait. Néanmoins, le fait qu’elle puisse inspirer les femmes ne semble pas lui déplaire :
« Historiquement, la moto était un sport d’homme, ça c’est clair, note t-elle. Tout est histoire de chiffres, parce qu’il y a beaucoup plus de petits garçons que de petites filles qui se lancent dans ce sport, les garçons ont donc davantage de possibilité d’arriver au top. Quand j’ai commencé, nous n’étions que trois ou quatre filles en Espagne. Avec tout ce que nous allons réussir, la carrière va se féminiser, il y a beaucoup de filles qui ont envie de courir et je pense que dans quelques années, le nombre de femmes augmentera. Pour l’instant, nous allons de l’avant et c’est déjà bien. Je suis sure qu’en obtenant de bons résultats, je permets aux autres que ce soit un peu plus facile. »
Quant à savoir si la moto a un genre, la pilote s’étonne :
« Ce n’est ni féminin, ni masculin. La moto est un véhicule et nous sommes ceux qui le dirigeons. Piloter n’est ni féminin, ni masculin, c’est une question de technique et de savoir-faire. Aujourd’hui, je suis un des pilotes de référence dans la compétition, tout le monde sait qui je suis et je suis dans les points à chaque course. Cela ne surprend plus que nous nous battions pour gagner. Il y a quelques années, quand j’ai commencé le Championnat du Monde, ça pouvait paraitre étrange, mais maintenant c’est normal pour tout le monde. »
Pour celle qui n’utilise jamais sa deux roues pour rouler au quotidien, la moto doit rester un sport :
« Je monte sur une moto pour faire la course et aller vite, la route n’est pas faite pour cela. Le mieux pour ceux qui veulent faire de la vitesse, c’est d’aller sur un circuit et ainsi de ne pas prendre de risques inutiles. La route n’est pas faite pour tomber : il y a des glissières, des bordures, des arbres et énormément d’autres obstacles. En moto, le choc tue. En compétition, on n’a pas peur parce que tomber fait partie de l’apprentissage. On cherche à trouver la limite et on tombe souvent. »
Ana Carrasco qui sera bientôt l’héroïne d’un documentaire sur sa jeune carrière « Ride your dream », vient de remporter sa première victoire de la saison, la première des deux courses de la Monde Supersport 300 sur le circuit de l’Algarve, à Portimao, au Portugal.
« Je suis très heureuse, nous avons très bien travaillé jusqu’à présent, maintenant nous devons continuer à travailler pour demain, pour essayer de gagner à nouveau », s’est exclamée la pilote espagnole, le sourire jusqu’aux oreilles.
Ana Carrasco est ÀBLOCK! Bien joué, chica !
- Ouverture : ©Twitter Ana Carrasco