« J’avais l’objectif de faire une course pleine, de m’épanouir », confie Blandine L’Hirondel à son arrivée, encore habitée par l’émotion de sa victoire sur la mythique Diagonale des Fous. En 27 heures, 26 minutes et 9 secondes, la traileuse normande a dompté les 180 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé de l’île intense, s’imposant chez les femmes et décrochant une 8e place au classement général – un exploit rarissime dans l’histoire du Grand Raid.
Mais au-delà du chrono, c’est une boucle personnelle que Blandine L’Hirondel vient de refermer. « Cette île, elle m’a beaucoup donné. C’est ici que j’ai découvert le trail, ici que ma vie a changé », souffle-t-elle, les yeux brillants. Étudiante en médecine à La Réunion en 2016, elle y découvre la course en montagne presque par hasard. Dix ans plus tard, elle y revient en conquérante, avec un palmarès qui force le respect.
Son ascension sera fulgurante. Car rien ne prédestinait cette ancienne fêtarde, « spécialiste du lever de coude », comme elle aime à le rappeler avec humour, à devenir l’une des meilleures traileuses mondiales. Et pourtant, en moins d’une décennie, Blandine L’Hirondel a empilé les titres : double championne du monde de trail (2019, 2022), championne d’Europe (2022), triple championne de France, 3e de l’UTMB 2023, puis 5e en 2024, vainqueure du 90 km du Mont-Blanc 2025. Et désormais, reine de la Diagonale des Fous 2025. Ça vous pose là un CV !
Et cette dernière victoire, elle a un goût de revanche. La Diagonale, Blandine l’avait en tête depuis longtemps. « Je savais que j’allais la refaire, mais je ne savais pas quand. Il fallait que je trouve le bon moment. Et c’était le bon moment cette année », dit-elle à France-Info avec une conviction tranquille.
Sur les sentiers techniques de La Réunion, elle a mené la course de bout en bout, creusant l’écart dès les premiers kilomètres. « À partir de Grande Chaloupe, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je pensais juste à mettre un pied devant l’autre », raconte-t-elle dans L’Équipe, lucide sur la brutalité de l’effort.
Cette femme engagée, à jamais entre deux vocations, est une force de la nature et cela prend tout son sens sur cette Diagonale. Médecin gynécologue-obstétricienne, Blandine L’Hirondel n’a jamais renoncé à son métier. Elle jongle entre gardes à l’hôpital et entraînements de haut niveau (vélo, muscu, et volume progressif de course à pied). « Je suis passionnée par la gynécologie, mais rien ne me fait plus vibrer que le trail », confiait-elle au podcast « Dans la tête d’un coureur ».
Cette double vie, elle l’assume pleinement. Elle incarne une nouvelle génération de sportives, engagées, inspirantes, qui refusent de choisir entre passion et profession.
Et maintenant ? À 34 ans, Blandine L’Hirondel est au sommet. Mais elle ne semble pas vouloir s’arrêter là. « C’est une belle histoire et j’ai fini le chapitre sur un énorme point d’honneur. J’en suis très heureuse », conclut-elle, le souffle encore court, mais le cœur grand ouvert.