Un défi de taille. La Niçoise de 35 ans a six mois devant elle. Six mois pour reprendre le navire tennistique français en main. Une nouvelle génération de joueuses devra voir le jour en un rien de temps et Loïs Boisson pourrait être à la manoeuvre. Ainsi revient Alizé Cornet, décidément maîtresse dans l’art de la surprise !
Souvenez-vous de l’année 2022. Une dure saison pour le tennis français, les jeunes qui peinent à franchir le cap… mais Alizé Cornet qui remontait le moral des amateurs tricolores de la petite balle jaune ! 2022, une année d’ores et déjà réussie pour la Niçoise, grâce à des résultats plus qu’honorables à l’Open de Melbourne et à Wimbledon. La joueuse s’est même permis d’écrire l’histoire lors des seizièmes de finale du tournoi londonien.
Si elle a malheureusement été défaite ce lundi 4 juillet par l’Australienne Ajla Tomljanovic en huitièmes de finale au terme d’un match au scénario hitchcockien, c’est deux jours plus tôt que la Française a signé l’exploit de sa saison. Face à la numéro 1 mondiale, l’imbattable Iga Swiatek, toute fraîche auréolée de son deuxième Roland-Garros et sur une série de 37 victoires consécutives, Alizé Cornet a retourné le monde du tennis. 6-4, 6-2. Une affaire expédiée en deux sets et qui confirme qu’elle a insufflé du pep’s dans son tennis.
Ce n’était pas la première fois que la tenniswoman française brillait face à une adversaire au top du classement WTA. En 2014, la légendaire Serena Williams avait subi la loi d’Alizé Cornet à trois reprises (en comptant un abandon). Depuis son arrivée sur le circuit professionnel, la Niçoise a toujours été cette joueuse piège pour les meilleures. Rien d’étonnant quand on se penche sur son début de carrière.
Le talent, Alizé Cornet l’a toujours eu. En 2004, elle est championne de France des 13-14 ans. En 2005, championne d’Europe des 14-15 ans. Mais cette année-là, le véritable exploit de l’adolescente est d’une autre envergure. Lors du Roland-Garros 2005, à seulement 15 ans, elle est alignée au premier tour du tournoi de la Porte d’Auteuil. Et cerise sur le gâteau, après avoir remporté son match, elle a la chance de se mesurer à son idole, Amélie Mauresmo. Le conte de fées n’ira pas plus loin mais, peu importe, son aventure a commencé de bien belle manière.
Sa progression entre 2005 et 2009 est constante. Les résultats arrivent petit à petit, son classement grimpe progressivement… Après avoir ramassé un Roland-Garros junior au passage, Alizé Cornet fait son entrée dans le top 100 mondial en 2007. Et, bien évidemment, la Française est loin de s’en satisfaire. Sa saison suivante est encore aujourd’hui l’une des meilleures de sa carrière.
En 2008, la joueuse se hisse en finale du tournoi de Rome, puis remporte celui de Budapest. Premier titre WTA pour elle. Et quand les victoires s’enchaînent de cette façon, ça se ressent au classement. À 18 ans, Alizé Cornet intègre le top 20 mondial. Elle brille à l’Open de Melbourne 2009, se hissant jusqu’aux huitièmes de finale, alors son meilleur résultat dans un tournoi du Grand Chelem. Mais après ça, le parcours presque parfait entamé par la Française tourne court.
Les victoires ne s’enchaînent plus, la régularité fuit la jeune joueuse. À force d’efforts déployés avec détermination, Alizé Cornet parvient à sortir de cette spirale négative, mais ne montera jamais plus aussi haut au classement. Pour autant, d’autres titres s’ajoutent régulièrement à son palmarès. Au total, la Niçoise a remporté neuf tournois WTA, dont trois en double. Et lors des tournois du Grand Chelem, elle grimpe à plusieurs reprises jusqu’aux huitièmes de finale. En 2015 et 2017, elle fait vibrer le public français sur la terre battue parisienne, mais les quarts de finale se refusent toujours à elle.
Il faudra attendre 2022 pour qu’Alizé Cornet brise ce plafond de verre. Lors de l’Open d’Australie, elle sort Garbine Muguruza, alors troisième mondiale, en deux sets et sans même concéder une seule balle de break. Après un seizième de finale renversant, elle hérite de Simona Halep en huitièmes. Et la Française récidive ! Alizé Cornet surprend l’ancienne numéro 1 et accède pour la première fois aux quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem.
Sa défaite face la future finaliste Danielle Collins n’affecte en rien l’un des plus grands exploits de sa carrière. Et si son Roland-Garros laisse un sentiment d’inachevé avec une élimination au troisième tour, la 135e édition du tournoi de Wimbledon confirmait qu’elle était celle qui représentait alors le mieux le tennis féminin français.
Battre Iga Swiatek, plus d’une adversaire avaient essayé depuis février 2022. Sans succès. Il aura fallu Alizé Cornet pour calmer les ardeurs de la meilleure joueuse de la planète. Alors, Alizé, on fait quoi maintenant ? Après sa défaite face à Ajla Tomljanovic, Alizé Cornet confiait à L’Équipe : « Si aujourd’hui ce devait être mon dernier match ici, franchement, j’ai tout donné. J’ai laissé mes tripes sur le court. Après, c’est sûr que ça me donne envie de revenir. » Mais rien n’est jamais terminé pour une Alizé qui a le feu. Après avoir annoncé sa retraite du tennis professionnel en mai 2024 à Roland-Garros, s’être consacrée à l’écriture et avoir travaillé comme consultante pour France Télévisions, Alizé Cornet a surpris son monde en mars 2025 en annonçant un retour inattendu à la compétition. À 35 ans, l’ancienne numéro 11 mondiale décidait de reprendre les tournois, motivée par une passion intacte pour le jeu et le désir de vivre un « dernier frisson » sur les courts.
Une dernière pige qui témoignait de son attachement profond au tennis et de son envie de partager encore des émotions avec le public. Elle lançait alors avec humour : « Vous croyiez vous être débarrassés de moi ? Ce n’est pas encore le cas ! » Elle avait d’autant plus raison que là voilà nommée capitaine de l’équipe de France de Billie Jean King Cup. Une surprise alors qu’on attendait Amélie Mauresmo. Ce sera finalement la Niçoise de 35 ans qui aura pour mission de remonter rapido dans la Première Division de la compétition.
Outre sa fonction de capitaine, elle sera chargée du suivi des Bleues sur les tournois ainsi que des équipes de France jeunes et devra contribuer « à la cohésion et l’esprit d’équipe lors des rassemblements et en dehors » et à « la mise en oeuvre du plan de féminisation de la FFT », selon un communiqué fédéral. Et ça a tout l’air de lui plaire : « Je suis déterminée à tout mettre en oeuvre pour aider nos joueuses à exprimer leur meilleur niveau. J’ai à coeur de construire un esprit d’équipe fort, fondé sur l’exigence, la solidarité et la passion du maillot bleu. » Y a plus qu’à.
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