Marie Wattel « J'ai vécu des moments très compliqués, j'ai dû faire des choix forts et ça a payé. »
Elle est un des grands espoirs de médaille de l'artillerie sous-marine française pour les Jeux Olympiques de Paris. Marie Wattel, 27 ans, a déjà accumulé une sacrée expérience et dans l'adversité, face aux doutes, aux blessures et aux critiques, elle n'a jamais lâché l'affaire et est toujours revenue ÀBLOCK! des épreuves traversées. Rencontre avec une guerrière aquatique.
Par Alexandre Hozé
Publié le 30 juin 2024 à 16h15
Tu as toujours eu du plaisir à nager ? Est-ce que tu te souviens de tes premiers pas en natation ?
Oui, je devais avoir 7 ans, j’ai appris avant que nous partions à l’Île Maurice avec ma famille. Et déjà, en piscine, je me rendais compte que je prenais du plaisir.
Et donc quand nous sommes arrivés sur l’île, pour moi, ça a été la confirmation de cette passion. J’étais tout le temps dans l’eau ! Dans les piscines, dans la mer… Un peu plus dans les piscines, d’ailleurs !
Qu’est-ce qui t’a autant plu dans la natation à ce moment ?
Les sensations. Quand tu mets ta tête sous l’eau, tu es dans ta bulle, coupé du monde. On pourrait croire qu’on est dans un cocon. C’est une sensation assez unique.
Mon père est sportif et c’est vrai que nos parents ont toujours dit qu’il fallait qu’on fasse du sport, ma sœur, mon frère et moi. Forcément, on était vraiment fans de sport, on adorait ça ! On jouait au foot, même à trois !
On aime le sport, et encore aujourd’hui, ma famille, mon frère, ma sœur, mon père et ma mère, sont vraiment des passionnés, ils s’y connaissent plus que moi dans le monde du sport.
En revanche, tes parents n’avaient pas d’attaches avec la natation…
Même dans ma famille élargie, personne ne faisait de la natation, c’est sorti un peu de nulle part.
Cependant, quand je vois mon père et ma sœur nager, ils n’ont jamais pris de cours mais je me rends compte qu’ils ont vraiment ce talent-là, ils sont très aquatiques.
Pour ma part, j’ai eu la chance de trouver un sport qui me plaît, et en plus de ça, pour lequel j’avais des facilités.
Comment ta famille a-t-elle vécu ta révélation dans le monde de la natation, quand tu as commencé à te faire repérer…
Ils ne comprenaient pas du tout, jusqu’à très tard. Pour eux, je n’allais pas faire de ça un métier, ce n’était même pas envisagé.
Donc, je me suis toujours poussée à être bonne à l’école, j’avais des très bonnes notes au collège… Cette réussite ajoutée à la natation, ça pouvait me permettre d’obtenir des bourses, d’aller dans des écoles prestigieuses…
Pour eux, c’était plus un moyen de faire de bonnes études qu’autre chose. Ils ne connaissaient rien et ils ont appris au fur et à mesure.
Tu as commencé à avoir de bons résultats rapidement, tu battais plusieurs records dans tes catégories d’âge notamment. Est-ce que c’est déjà à cette période que tu te dis que tu as envie de faire une carrière de haut niveau dans la natation ?
Oui, déjà très jeune, j’avais un objectif en tête, c’était de faire partie de l’équipe de France et d’être une médaillée olympique.
C’était ce que je voulais, mais je le gardais pour moi, je n’en parlais pas. Je pense que c’est pour ça que, jusque tard, que ce soit ma famille ou même les personnes de mes clubs de natation, ils ne se rendaient pas forcément compte que je me voyais déjà faire du très très haut-niveau.
Comment ça s’est passé la première fois que tu en as parlé à tes parents ? Quelle a été leur réaction ?
La première étape a été mon départ à Nice à 15 ans. C’est mon père qui a initié la conversation, qui m’a proposé qu’on se renseigne sur de plus grands clubs… Ils avaient compris que c’était important pour moi.
Même si, à ce moment, quand je déménage, la situation n’est pas facile ! J’ai 15 ans, ma famille est éloignée… Je pense qu’ils étaient inquiets, mais ils ont vu que je m’accrochais, que c’était ce que je voulais, tout simplement !
Et l’autre moment qui a été important, où ils ont vraiment compris mon projet, c’est quand je suis partie en Angleterre en 2016, après ma participation aux Jeux de Rio.
Parce qu’avant ça, entre 2013 et 2016, je monte en puissance mais je ne fais rien d’exceptionnel non plus. Mais la natation restait ma priorité, c’était très clair pour moi. Ça leur faisait forcément un peu peur, ils ne connaissaient pas ce monde, ils craignaient que je lâche au niveau études…
Il y a eu des tensions, par exemple lors de la saison 2016, durant laquelle je n’ai fait que de la natation avec les JO en ligne de mire. Mais en fin de compte, j’ai bien réussi à leur faire accepter que c’était ma vie et que j’avais envie de faire tout ça. Et en plus, j’ai toujours réussi à avoir des bons résultats scolaires, j’ai fait des études supérieures.
Quand tu pars à Nice du haut de tes 15 ans, tu rejoins un club qui compte des médaillées internationales dans ses rangs, Camille Muffat et Charlotte Bonnet notamment. Comment as-tu vécu ce changement ?
En arrivant à Nice, je commence dans le groupe Espoirs, mais je me qualifie aux championnats du monde très peu de temps après mon arrivée, à 15 ans et demi. C’est à ce moment que j’intègre le groupe Elites, avec les internationales.Et c’est vrai qu’avec le recul, je pense que je n’avais pas la meilleure mentalité, je n’étais pas prête.
À cette période, je m’entraîne pour performer, mais pas du tout pour faire une finale aux Mondes. Je faisais ce qu’on me demandait à l’entraînement, quand je n’avais pas trop envie, je ne forçais pas… Je n’avais pas la mentalité de championne !
Mais à côté de ça, à même pas 16 ans, je me qualifie aux championnats du monde ! Je me rends compte que je suis talentueuse, on me considère comme une pépite de la natation tricolore, on me compare à Camille Muffat…
Mais ça ne se passe pas très bien, on me promet de grandes choses, mais elles n’arrivent pas ! Je suis frustrée et perdue. Ça a été un peu comme ça pendant quelques années.
Ces moments de doute, comment les as-tu affrontés ? Tu as été accompagnée par ton club, par la fédération ?
C’est ça qui était un peu compliqué, je me sentais vraiment seule. Je n’avais pas de préparateur mental, pas de psychologue du sport… Et j’habitais seule en étant tout de même très jeune !
Aussi, en équipe de France, j’aurais sûrement eu besoin qu’on m’accompagne un petit peu plus, qu’on me donne confiance, qu’on m’encourage, qu’on soit un peu plus derrière moi.On voulait me traiter comme une grande, mais à cette époque, je n’en étais pas une !
J’ai tout de même eu de la chance de m’entraîner avec Charlotte Bonnet et Camille Muffat. Elles étaient là pour me recadrer quand c’était nécessaire.Mais c’est vrai que je manquais de confiance en moi et, de 2013 à 2016, c’était de pire en pire sur ce point-là.
À quel moment es-tu complètement entrée dans l’état d’esprit du très haut-niveau que tu visais ? Quel a été le déclic pour toi ?
Le déclic a eu lieu quand je suis arrivée en Angleterre, en octobre 2016. À ce moment-là, ça fait trois ans qu’on me dit que je suis un diamant brut, mais que ça ne décolle pas ! Je commençais à avoir l’impression que j’avais atteint mes limites, mon niveau max. Je me disais que j’avais juste été précoce.
Mais en arrivant en Angleterre, je rencontre Ian Hulme, un coach qui me repère tout de suite. Il était choqué que je fasse les perfs que je faisais avec le peu de connaissances, de maîtrise que j’avais. Il faut savoir qu’alors je ne connaissais rien, je ne savais pas de quoi j’avais besoin, je n’avais pas de routine d’échauffement, de routine de respiration…
Ian a été le premier coach à m’expliquer que je pouvais y arriver, à m’écouter, à me demander ce que j’avais envie de faire, à me demander si les entraînements me plaisaient, si je me rendais compte à quoi servais ce que je faisais… Il m’a impliquée dans ma propre performance, c’était vraiment un travail à deux. En toute logique, j’ai beaucoup progressé à cette période.
Avant ton arrivée en Angleterre, tu as tout de même participé à tes premiers Jeux Olympiques, après une année 100 % natation. Comment as-tu vécu cette qualification ?
C’était vraiment mitigé. Il faut savoir que la France avait décidé de mettre des critères de sélection qui sont beaucoup plus durs que ceux de la Fédération Internationale. Les temps de qualifs olympiques français étaient équivalents à un chrono de finale internationale !
Je donne tout dans la prépa, je fais une année 100 % natation… Mais aux France, je gagne le 100 mètres papillon, mais je ne fais pas les minimas. À ce moment, je suis dégoûtée, détruite même.
Pour moi, c’était fini, je n’allais pas aux Jeux. Mais, un peu après, alors que je suis en vacances avec ma sœur et ma meilleure amie, on m’apprend que je suis finalement repêchée, comme pas mal d’autres athlètes à ce moment d’ailleurs.
Pourtant, j’ai l’impression de ne pas le mériter, je n’étais même pas fière ! C’était une sensation très bizarre, j’avais fait les temps demandés par la fédération internationale, mais comme j’étais repêchée, je ne me sentais pas légitime. La qualification était gâchée, ce n’était même pas un beau moment en fin de compte ! Je suis un peu soulagée, mais bon…
Déjà que je manquais de confiance en moi, le terme « repêchée » n’a vraiment pas aidé, d’autant plus que l’on ne m’a pas expliqué pourquoi j’étais repêchée.
Aujourd’hui, avec le recul, je comprends pourquoi. Une jeune de 19 ans avec du potentiel, tu la prends pour qu’elle apprenne, qu’elle se fasse de l’expérience. Mais en 2016, personne ne me le dit, personne ne me dit qu’on croit en moi pour le futur, que j’ai du potentiel. On ne me dit rien à part que je suis repêchée.
Et ces JO, quel souvenir en gardes-tu ?
C’est aussi mitigé ! L’année n’est pas simple, j’avais des objectifs élevés, je m’entraîne à fond, mais je ne suis pas au niveau que je veux. Ça m’agace, je perds confiance en moi…
Quand j’arrive aux Jeux, l’expérience reste dingue, et je suis fière d’y être. Mais, comme d’habitude à cette période, en compétition internationale, le stress prend le dessus et je sous-performe, je sors en série. À ce moment, c’est hyper-dur, c’était mon rêve de gamine, et j’ai échoué. C’est ce que je me dis en tout cas. Mes parents étaient là, ma sœur aussi… Je m’en voulais.
Et en plus, le dernier jour, je disqualifie le relais quatre nages en partant trop tôt. C’était très très dur, j’avais le moral dans les chaussettes.Mais, une fois la natation passée, j’ai quand même pu profiter du village olympique, faire des rencontres… C’était malgré tout une superbe expérience.
C’est ça, le souvenir de ces JO, deux faces : la souffrance et l’excitation, la découverte.
Dans la foulée de ces Jeux Olympiques de Rio, tu pars donc en Angleterre, dans l’Université de Loughborough. Est-ce que tu visais déjà les prochains, JO, à Tokyo en 2020 à ce moment ?
Complètement. Je pense que c’est au pied du mur, après l’échec, que tu peux prendre les meilleures décisions de ta vie. Et moi, dans ma carrière, la meilleure décision que j’ai pu prendre jusqu’à aujourd’hui, c’est de partir en Angleterre. Ça a changé ma carrière, ça m’a changé en tant que personne aussi…
J’ai passé cinq ans à avoir en tête de me venger des Jeux de 2016 et de faire une finale olympique à Tokyo. Cet état d’esprit revanchard m’a nourrie pendant toute cette période.
Quand tu arrives sur place en octobre 2016, quelles sont tes premières impressions, comment ça se passe ?
Quand j’arrive à l’université, je me dis wow, c’est ça le haut-niveau ! La piscine était incroyable, il y avait un staff avec des gens dans la biomécanique, dans la physiologie du sport, dans la nutrition… Je n’avais jamais vu ça en France ! J’étais trop heureuse de faire partie de tout ça. J’ai toujours été attirée par l’excellence, le très haut-niveau, et là, j’étais complètement plongée dedans.
Après, ça n’a pas toujours été simple pour s’intégrer, les Anglais font très peu d’efforts pour essayer de comprendre quelqu’un avec un accent différent du leur. J’ai eu la chance d’avoir une amie qui avait la double nationalité et qui était également dans cette université, je lui dois beaucoup, surtout pour la première année.
Fait assez surprenant, ta décision de partir en Angleterre a suscité des critiques en France…
C’est vrai. C’était complétement inédit, une nageuse française qui part en Angleterre, ça ne s’était jamais fait. Certains partaient dans les universités américaines, mais jamais anglaises.Pour certaines personnes, mon choix était une fin de carrière. Dans leurs têtes, j’avais fait le choix des études, ils n’avaient pas du tout compris que j’étais partie pour faire du haut-niveau.
Je pense que ça reflète bien le manque d’accompagnement que j’ai ressenti en France. Ça s’est simplement accentué quand je suis partie, je n’étais plus personne pour eux.Mais ça a nourri mon esprit revanchard. Je voulais prouver des choses, à moi-même, mais aussi aux autres !
Ta décision de partir paye assez rapidement, tu bats tes records personnels, tu vas chercher une médaille d’argent aux championnats d’Europe petit bassin en 2017… À ce moment, tu te dis que ça y est, le cap est passé ?
Il faut savoir qu’avant le déclic, je me loupe complètement aux championnats de France 2017, et je ne me qualifie pas pour les Monde grand bassin. Alors qu’avant de partir, j’avais déjà fait des mondiaux, j’avais fait les Jeux… Et là, après mon choix fort d’aller en Angleterre, alors que j’avais envie de prouver à moi-même et à tout le monde que j’avais vu juste, je sous-performe plus que les années précédentes.
C’était vraiment dur. Je suis quand même qualifiée aux championnats des Etats-Unis, la compét’ pour ceux qui n’iront pas aux mondiaux en gros. Mais j’arrive à me dire que ces championnats, ce seront mes mondiaux. Donc, je ne lâche pas la prépa, j’arrive là-bas avec la volonté de performer.Et ça marche, je bats mon record du 100 mètres papillon, je fais un chrono qui m’aurait permis d’accéder à la finale des Mondes.
Cette performance m’a redonné confiance en moi, et quelques mois plus tard, je fais ma première médaille internationale, l’argent aux championnats d’Europe petit bassin.
Quels enseignements as-tu tiré de ce succès ?
Dans la foulée des championnats des Etats-Unis, je prends un préparateur mental. À ce moment, je sens bien que c’est à ce niveau que je dois travailler pour assurer lors des compét’ internationales majeures.
Ça a été beaucoup d’investissement en temps, en énergie et aussi en finance. Mon préparateur était à Paris, je faisais des allers-retours sur une journée, ou alors je lui payais les billets pour qu’il vienne en Angleterre…C’est toujours le même préparateur qui m’accompagne aujourd’hui, je pense vraiment que ce travail m’a permis de continuer ma quête d’excellence.
En 2018, tu te qualifies pour les championnats d’Europe, et tu vas chercher deux médailles d’or avec les relais tricolores. Mais, en individuel, c’est plus compliqué…
Une fois encore, ce sont des souvenirs très mitigés ! De véritables montagnes russes.Je pensais avoir passé le cap l’an dernier, je croyais que 2018 serait mon année, que j’allais obtenir mes premières médailles internationales en grand bassin. Et à ces championnats d’Europe, j’avais de vraies chances de podiums.
Mais encore une fois, je me loupe, je passe complètement à côté, je ne vais même pas en finale. Et je me dis que je ne vais jamais sortir de ce cercle vicieux dans lequel je sous-performe dans les grosses compét’ internationales.
Heureusement qu’il y avait les relais ! J’ai eu mes premières Marseillaise, de superbes expériences, des souvenirs trop sympas… Ça a un peu pansé mes plaies, même si je voulais des choses en plus.
On avance d’un an encore, pour arriver aux Mondiaux 2019. Et cette fois, tu bats tes records personnels sur 100 et 50 mètres papillon, tu fais donc deux finales, tu finis à trois centièmes du podium sur 50 mètres papillon… Tu obtiens également ta première médaille mondiale, le bronze, lors du relais 4*100 mètres nage libre mixte… Le cap est bel et bien passé cette fois !
À ces mondiaux, c’est la première fois depuis six ans que je fais mes meilleurs chronos lors d’une compétition internationale. C’étaient des moments incroyables.
Je gagne mes demi-finales du 100 mètres et du 50 mètres papillon, ce qui est forcément synonyme de qualif’ en finale. À ce moment, j’ai mes petits instants de gloire, je passe à la télé, je célèbre… Je m’en rappelle, j’étais tellement heureuse ! Je ne pensais pas faire ces chronos en plus !Et cerise sur le gâteau, on va chercher une médaille avec le relais…
Ces championnats du monde, j’y suis arrivée en me disant que c’était maintenant ou jamais. Je me suis clairement dit que si je sous-performais encore, c’est que je n’y arriverais jamais. Je me suis battue pour sortir de ce cercle vicieux, ça m’a donné l’énergie supplémentaire, la rage dont j’avais besoin. C’est la première fois que j’avais vraiment la rage, je voulais à tout prix réussir.
En 2020, alors que les JO sont proches, la période Covid s’annonce. Comment as-tu vécu ce chamboulement ?
Dans un premier temps, j’étais très frustrée, carrément énervée même. J’étais dans une super dynamique, et on m’a coupé l’herbe sous le pied.
Mais, d’un autre côté, avec le confinement, je n’ai pas pu nager pendant deux mois, et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai repris des forces, logiquement j’avais bien moins de pression, surtout après l’annonce du report des Jeux en 2021.
Paradoxalement, cette pause est arrivée au bon moment, mes derniers entraînements n’étaient pas bons, et même si je me transcende en compét’, cette pause de deux mois m’a permis de reprendre confiance sans stress. Je n’étais plus confrontée à mes chronos d’entraînements qui étaient de toute façon moins bons que ceux que je pouvais faire en compétition. J’ai fait du sport autrement, avec de la visualisation, de la muscu, de la course à pied…
La reprise de la nage n’a certes pas été simple, mais les JO étant reportés, je savais que j’avais le temps nécessaire pour revenir à mon meilleur niveau.
Tes championnats d’Europe 2021 se déroulent presque parfaitement, tu es titrée sur 100 mètres papillon, médaille d’argent sur 100 mètres nage libre, de bronze sur 4*100 mètres nage libre féminin… Le retour à la compét‘ est réussi !
C’est vrai, alors qu’un an avant, au moment de retourner dans la piscine après la pause, ça n’a pas été simple. Je me faisais exploser à l’entraînement ! Mais j’ai repris à mon rythme, et ça a payé.
Ces championnats d’Europe sont un très beau moment.Sur 100 mètres papillon, je ne me voyais pas gagner. Je m’entraîne alors avec Louise Hansson, qui était la grande favorite sur cette course et je l’imagine gagner le papillon, et moi plutôt aller chercher l’or en nage libre.
En fin de compte, je gagne le 100 mètres papillon avec un chrono pas si incroyable, Louise sous-performe. Et je finis deuxième au 100 mètres nage libre, ce qui me déçoit un peu, mais c’est tout de même une belle médaille, et la gagnante méritait sa victoire.
Tu enchaînes avec les JO, durant lesquels tu bats ton record personnel sur 100 mètres papillon en demi-finale, tu fais partie d’une finale historique… Tu considères que tes Jeux sont réussis ?
Oui, c’était incroyable ! Je bats mon record de presque une seconde, je gagne ma demi-finale… Et puis la finale, c’est un moment fou, c’est le 100 mètres papillon féminin le plus rapide de l’histoire ! Je me suis quand même dit : « Comme par hasard, le jour où tu fais un chrono incroyable, cinq filles font encore mieux ! » Mais c’était la preuve que j’étais sur la bonne voie, et c’est une chance d’avoir nagé avec les meilleures de tous les temps.
Tu en as parlé à d’autres occasions, l’après-JO a été éprouvant physiquement et mentalement pour toi…
C’est vrai. L’olympiade, au lieu de durer quatre ans comme d’habitude, en a duré cinq. Cinq ans pendant lesquels j’étais sous stress, à penser tout le temps aux Jeux, avec un état d’esprit revanchard, des hauts et des bas, comme en 2018… Tout ça a forcément demandé énormément d’énergie.
Et là, après Tokyo, on se rend compte que les Jeux de paris ne sont que dans trois ans ! La pression n’a pas réellement le temps de retomber, surtout qu’à cause de la pause Covid, les compét’ s’enchaînent bien plus vite, on a eu des championnats du monde puis d’Europe à un mois et demi d’intervalle.
Alors certes, c’est l’occasion de faire des médailles, mais d’un autre côté, personnellement, tout ça ne m’a pas laissé le temps de digérer mes cinq ans en Angleterre, maintenant que je suis à Marseille. Et lors des compét’, après mes derniers résultats internationaux, on attend de moi que je ramène des médailles, mais je me rends compte en même temps que je suis rincée mentalement, je n’arrive plus à retrouver la rage qui m’animait.
Le plus fou, c’est que malgré tout ça, je suis quand même aller chercher une médaille mondiale…
Tu deviens vice-championne du monde sur 100m papillon aux mondiaux de Budapest cette même saison 2022, quelle saveur a cette médaille durant cette période un peu plus compliquée pour toi ?
Cette place de vice-championne du monde, c’est clairement l’une de mes plus belles médailles. C’était un soulagement, il y avait énormément d’émotion. On le voit sur la course, dès que je touche le mur à l’arrivée, je m’effondre, j’étais à fleur de peau. Ce résultat était un peu inespéré, mais je trouvais que c’était mérité pour ces dernières années durant lesquelles je me suis toujours accrochée. C’était un super moment.
Et dans la foulée, tu enchaînes avec les championnats d’Europe de Rome…
Après mes mondiaux, je voulais confirmer, remporter le titre ! Mais en fin de compte, je me loupe, je finis deuxième sur 50 et 100 mètres papillon.
Mais j’en ai tiré une leçon, d’essayer de profiter du moment présent, et de ne pas se projeter systématiquement sur l’après et de vouloir absolument faire toujours plus, tout le temps plus. C’était un bel apprentissage !
Est-ce que cette nouvelle philosophie a porté ses fruits lors de la saison 2023 ?
Malheureusement, 2023 a été un peu compliqué pour moi. Je retrouvais de la fraîcheur mentale, mais c’est mon corps qui me lâchait. On voulait s’entraîner dur, mais j’ai enchaîné les blessures, ce qui a forcément eu des répercussions sur mon mental. Il y a eu des moments compliqués, mon corps souffrait beaucoup. Ça va mieux aujourd’hui, mais ce n’était tout de même pas simple à gérer.
J’ai fait des efforts pour rester positive et concentrée sur l’instant présent, malgré la frustration de l’enchaînement des pépins physiques. C’est le côté très challengeant des blessures sur le mental, c’est un véritable travail de résilience qui est loin d’être simple.
Selon toi, aujourd’hui, quel a été le plus beau moment de ta carrière ?
J’en ai deux qui me viennent en tête. Il y a d’abord ma demi-finale aux JO de Tokyo, avec mon record personnel. Ça a dépassé ce dont je rêvais en termes de chrono, ça a cassé des barrières mentales que je m’imposais. À ce moment-là, je me suis dit que tout était possible. En plus, ça lançait en quelque sorte l’équipe de France pour l’olympiade, tout le monde était content. Je me souviens aussi de mes amies, de ma famille, de leur fierté. C’était top !
Et le deuxième moment, c’est ma médaille d’argent aux Mondes de 2022, la fierté personnelle de ramener une médaille. C’est quelque chose qui restera à vie.D’un côté, ma plus belle expérience avec les Jeux de Tokyo, et de l’autre, mon plus grand accomplissement avec ma deuxième place mondiale.
À l’inverse, quelle a été la période la plus difficile pour toi durant ton parcours dans la natation ?
Mon année 2016, quelques mois avant les JO de Rio. J’avais la boule au ventre quand j’étais au bord du bassin, je manquais terriblement de confiance en moi, j’étais stressée… J’arrivais au point de pleurer avant l’entraînement parce que je ne voulais pas y aller, et je pleurais de nouveau après la séance, parce que je n’arrivais à rien. C’était des moments très très compliqués.
Mais c’est ce qui m’a poussé à faire un choix fort, qui a changé ma vie. Comme quoi, les pires moments peuvent également faire avancer.
Tu nous parlais du manque d’accompagnement des plus jeunes nageurs et nageuses que tu as remarqué en France, est-ce que tu l’impression que des efforts sont faits à ce sujet aujourd’hui ?
Je pense qu’on va dans le bon sens. Nous sommes encore loin de l’Angleterre, mais des efforts sont faits, des choses sont mises en place avec l’Agence Nationale du Sport.
Il faudrait demander aux jeunes nageuses de l’équipe de France, je serais curieuse de savoir si on leur propose une aide psychologique, de la prépa mentale… Je ne suis pas sûre que ce soit fait malheureusement.
Selon toi, quelle a été ta plus grande force pour en être où tu en es aujourd’hui ?
Avec le recul, je dirais la persévérance, la résilience, l’envie de toujours vouloir progresser et de se remettre en question, de ne jamais prendre un échec pour acquis et de toujours chercher à rebondir.
Comment se passe ta préparation olympique ?
Ce n’est pas celle que j’aurais rêvé, j’ai perdu un peu de temps à cause d’une fin d’année 2023 difficile physiquement, mais de toute façon, je ne peux pas aller plus vite que la musique. Je reste concentrée sur l’instant présent, je sais de quoi je suis capable. Il faut garder ce côté positif et enthousiaste et se donner tous les jours pour continuer de s’améliorer.
Quel est ton objectif pour ces Jeux de Paris ?
Depuis Tokyo, je me projette sur une médaille olympique. Mais il faut se préparer étape par étape.
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