« Ma mère m’a toujours poussée à faire du sport. Pour éviter l’ennui, pour que je sorte de la maison…
J’ai fait de la natation, de la danse orientale et j’allais au forum des sports avec elle pour trouver d’autres idées. Par hasard, j’ai découvert la lutte. J’avais six ans.
Mon frère cherchait à faire un sport de combat. Le président du club de lutte nous a alors invités tous les deux à assister à son cours. Comme je m’ennuyais sur le banc, le président du club m’a dit de venir essayer. Ça m’a tout de suite plu.
J’ai été, par la suite, cinq fois championne de France de cette discipline que j’ai pratiquée pendant quatorze ans.
J’étais en Pôle Espoir Lutte et on nous apprenait à faire d’autres sports, du ski l’hiver, des sports Co l’été. Quand je suis revenue à Rouen en septembre 2016, je n’étais plus aussi motivée.
Là, des joueurs de football américain m’ont proposé de venir voir un match, j’ai immédiatement eu envie de pratiquer ce sport, même si je ne comprenais aucune règle. C’était beau et intense, ça me procurait de nombreuses sensations en à peine quelques secondes.
J’ai alors commencé à jouer avec les Léopards de Rouen tout en continuant la lutte, mais après mon premier match, j’ai annoncé à mon coach que j’arrêtais.
Une passion s’éteint au bout d’un moment et on en découvre d’autres…
Le fait de pratiquer le sport à plusieurs, ça a été une autre belle découverte pour moi ! Le point positif avec le football américain, ce sont les émotions partagées sur le terrain.
Le football américain nous montre, à nous les femmes, qu’on peut être fortes. Il ne faut pas avoir peur, l’équipement nous protège dans les plaquages. Ce sport me prouve que je peux me dépasser tout le temps.
Il autorise tous les physiques, différents postes demandent différentes qualités : des personnes plus imposantes pour bloquer des joueuses, des plus grandes pour rattraper les balles ou des plus petites pour plaquer. Comme le dit l’un des coachs : « Venez comme vous êtes »… comme le slogan de McDo !
Il y a très peu d’équipes féminines de football américain en France – c’est toujours très peu médiatisé – mais ça se développe : c’est aux clubs d’essayer de recruter un maximum de joueuses. Mais c’est vrai que ça reste un milieu très masculin. En ce moment, je suis coach pour les seniors, une équipe masculine !
L’autre jour, j’ai croisé les arbitres dans les couloirs, ils m’ont dit : « Ah, vous allez encourager vos copains ? » Forcément, le cliché de la copine…
Dès le premier entraînement, les joueurs masculins me regardaient un peu de haut en mode « C’est pas elle qui va m’apprendre le football ». Quand on leur a dit que j’étais dix fois meilleure qu’eux et qu’ils m’ont vue à l’entraînement, j’ai vite pu prouver que j’étais à leur niveau, même au-delà.
Dans tous les cas, il faut se dire qu’il n’y a pas d’âge pour avoir de nouveaux rêves. Il ne faut pas avoir peur de changer de sport. Quand j’ai voulu abandonner la lutte pour le football américain, ma mère m’a tout de suite demandé si j’allais être capable de tout recommencer à zéro. Si on y croit, on peut réussir. »
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