Kirsty Coventry La sirène qui fait chavirer le CIO

Kirsty Coventry La sirène qui fait chavirer le CIO
L’Olympe a parlé. À 41 ans, c'est la double championne olympique de natation zimbabwéenne, Kirsty Coventry, qui devient la 10e président(e) du Comité International Olympique. C’est donc une femme qui prend les rênes de l’instance suprême du sport mondial chargée d’organiser les Jeux Olympiques. Une première depuis la création du CIO par Pierre de Coubertin en 1894.

Par Claire Bonnot

Publié le 21 mars 2025 à 16h25

« Je suis particulièrement fière d’être la première femme présidente du CIO, ainsi que la première originaire d’Afrique. J’espère que cette élection sera une source d’inspiration pour de nombreuses personnes. Aujourd’hui, un plafond de verre a été brisé et je suis pleinement consciente de mes responsabilités en tant que modèle. »

Le 20 mars 2025, la 144e session du CIO a élu au premier tour, avec un total de 49 voix sur 97 votes exprimés, la première femme de son histoire comme présidente, Kirsty Coventry. Il aura fallu plus de cent ans -cent trente et un exactement-, pour y arriver. Bien que favorite – officieuse – du président sortant, Thomas Bach (en poste de septembre 2013 à juin 2025), elle faisait face à une instance réputée particulièrement conservatrice, dirigée depuis toujours par des hommes européens ou américains.

Plus jeune des sept candidats, seule femme dans la course, unique représentante du continent africain : Kirsty Coventry, 41 ans, affichait un « palmarès » des plus audacieux. Les urnes ont finalement parlé. Et c’est un beau symbole pour le sport mondial ! « Un message fort, la preuve que nous sommes vraiment un mouvement mondial et diversifié », a réagi l’heureuse élue. Elle entrera en fonction le 23 juin pour un mandat de huit ans.

©IOC/Greg Martin

Mais qui est cette « Amazone » ? Kirsty Coventry est née en 1983 à Harare, la capitale du Zimbabwe. Elle a très vite baigné dans la natation grâce à un entourage familial connaisseur : elle commence donc à nager à 1 an et demi et pratique en club dès l’âge de 6 ans. En 1998, elle a 15 ans lorsqu’elle participe aux Jeux du Commonwealth, parvenant jusqu’à la demi-finale en 200m quatre nages. En 2000, elle fonce vers les JO de Sydney. Sa performance au 100m dos avec laquelle elle atteint les demi-finales lui vaut d’être désignée sportive zimbabwéenne de l’année.

En 2001, la sportive de haut niveau quitte son pays natal direction les États-Unis pour s’offrir de meilleures conditions d’entraînement. Lors des Jeux du Commonwealth de Manchester en 2002, elle s’illustre en décrochant la médaille d’or sur l’épreuve du 200m quatre nages. Puis, à partir de 2003, la nageuse prend toute son ampleur : spécialiste du dos et du 4 nages, elle est sacrée championne olympique du 200m dos aux JO d’Athènes en 2002 ainsi qu’au Jeux de Pékin en 2008.

©Wikipedia

Mais ce n’est pas tout, Kirsty Coventry s’octroie aussi d’autres breloques non négligeables : quatre médailles d’argent – sur le 100m dos en 2004 et 2008, sur le 200m et 400m quatre nages en 2008, et une médaille de bronze sur le 200m quatre nages en 2004. Sept médailles olympiques qui la place sur un piédestal, celui de l’athlète africaine la plus décorée des Jeux Olympiques, hommes et femmes confondus. Kirsty Coventry est, ni plus ni moins, la meilleure nageuse africaine de l’Histoire de la natation.

Elle compte aussi à son sacré palmarès trois médailles d’or aux championnats du monde en grand bassin (100 m dos et 200 m dos en 2005, 200 m dos en 2009), quatre titres en petit bassin, quinze médailles d’or aux Jeux Africains et deux records du monde, en 100m dos et 200m dos. Icône du Zimbabwe, porte-drapeau de la délégation sportive de son pays aux JO d’été de Sydney en 2016, cette tornade des bassins est aussi très impliquée dans les instances sportives. Elle est élue membre du Comité international Olympique en 2012 et intègre, en parallèle, le Comité national olympique du Zimbabwe en 2013, dont elle devient vice-présidente en 2017-2018, après sa retraite sportive.

En 2018, elle est nommée ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et des Loisirs du Zimbabwe. Elle a aussi été, notamment, la représentante des athlètes à l’Agence mondiale antidopage (AMA) de 2012 à 2021 et la vice-présidente de la Fédération Internationale de Surf (ISA) dès 2016.

Alors, cette nomination est-elle un raz-de-marée ? Pas forcément – mais le message fort de cette élection au féminin ne passera pas inaperçu, la quadragénaire ayant opté pour une approche « collaborative ». Son slogan de campagne n’était-il pas tiré de la philosophie africaine « ubuntu » ? « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous. Je veux un projet collaboratif », avait-elle expliqué.

À noter, son engagement envers une famille olympique plus inclusive et davantage d’égalité entre hommes et femmes, parmi les entraîneurs et les administrateurs du sport. À elle de gérer deux enjeux majeurs : l’organisation des Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028 et la sélection du pays hôte pour les Jeux de 2036.

On est ÀBLOCK! pour ce tout nouveau leadership au féminin au sommet du sport mondial !

©Wikipedia

Ouverture ©IOC/Greg Martin

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