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Publié le 09 juillet 2024 à 20h33, mis à jour le 10 septembre 2024 à 11h43
Dans ma dernière chronique, je vous avais laissé aux portes de Magny-Cours, alors laissez-moi vous raconter tout ce qui s’est passé depuis. Avant le week-end de course, je me sentais plutôt bien, enfin libérée de tout stress scolaire, j’étais juste concentrée sur Magny-Cours. Pendant les tests, on avait travaillé avec l’équipe pour préparer la moto au mieux, moi je savais ce que je devais améliorer dans mon pilotage, donc je partais plus que motivée !
Avec mon nouveau télémétriste ça s’est très bien passé. D’habitude avec mon coéquipier Corentin Perolari, on avait chacun le notre et on travaillait séparément. Mais là, du coup, ça a changé.
©Justine Pedemonte
Corentin est un pilote très expérimenté, il a déjà fait des courses en Championnat d’Europe Moto 2 et là, cette saison, il joue le titre dans ma catégorie. Cette fois, ce que j’ai fait c’est, qu’avant d’aller voir mon ingénieur en descendant de la moto, je prenais une feuille et je notais tout ce que je ressentais.
Ensuite, je débriefais avec lui, ce qui me permettait parfois de mettre des mots plus clairs sur des choses et de travailler en autonomie avant d’en parler à mon ingénieur, donc le télémétriste, télémétriste qui a été au top tout le week-end parce qu’on a eu des problèmes sur la moto et il s’est donné à fond !
©Justine Pedemonte
Maintenant, on va passer au week-end de course en lui-même et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était très mouvementé ! Déjà, Magny-Cours n’est pas le circuit sur lequel je suis la plus à l’aise, même si je savais ce que je devais travailler. Les essais libres ont représenté beaucoup de travail d’amélioration.
Ensuite, vient la qualification. Il avait plu une heure avant le début de la séance, je suis donc parti en pneus spécial pluie. Sauf qu’on s’est rendu compte que la piste était déjà sèche au moment du départ. Je suis rentrée au stand pour remettre des pneus plus classiques, ce qu’on appelle des pneus slicks. Mais quand je suis repartie, il y a eu un désaccord entre deux commissaires de pistes à mon sujet, ce qui m’a forcé à rentrer encore une fois au stand, ce qui a fait que j’ai encore perdu du temps.
Sans compter qu’ils ont touché un tas de boutons sur ma moto, ce qui a fait que je suis repartie en mode pluie donc pas du tout au maximum de mes capacités. Je ne me cherche pas d’excuses, j’étais aussi très déçue, j’ai vraiment mal roulé sur ces qualifs même si la moto ne m’a pas aidée. Au final, j’ai fait le 23e meilleur chrono sur 33 donc vraiment pas top.
©Justine Pedemonte
Après ça, il y a eu 1h/1h30 de débrief avec mon ingénieur et Corentin pour vraiment voir tout ce que j’avais fait de mal. Au lieu d’être abattue, ça m’a motivé et le lendemain je suis arrivée aux courses avec la rage de vaincre. C’est là qu’on arrive à la course numéro une, préparez-vous, c’était comme un film !
Je pars donc 23e, sous la pluie encore, dès le deuxième tour je remonte 15e, juste avant qu’on nous annonce un drapeau rouge. Un pilote était tombé et avait laissé de l’huile sur la piste : arrêt temporaire de la course, on est rentrés au stand pendant 40min.
Je repars 19e et il nous restait huit tours. À la moitié, j’arrive à la… 4e place. Donc énorme performance, ça roulait très bien. Sauf qu’à trois tours de la fin, je chute inexplicablement dans un virage. Même à la data, on voit que je perds le contrôle de l’arrière de la moto, mais impossible de savoir précisément pourquoi. Le virage qui s’appelle le virage Adélaide, est connu pour être hasardeux, c’est au petit bonheur la chance et pour cette fois ça ne m’a pas souri. C’est dommage parce que j’allais faire podium, ça aurait été une très belle remontée.
Mais je retiens le positif, j’ai vraiment sorti mon épingle du jeu : faire le 3e meilleur chrono en course, doubler presque vingt pilotes. Ça reste pas mal malgré la chute.
Deuxième course complètement aux antipodes : dès le second tour, j’intègre le top 15 puis je roule quasi toute seule pendant tout le long parce que je fais deux erreurs qui ne m’ont pas permis de rattraper le groupe de devant, même si j’avais la même allure qu’eux. Au final je finis 12e. Je tire quand même un bilan positif et mon équipe aussi, malgré des qualifs très compliquées j’ai su me relever et prouver mon potentiel, c’est ce que je préfère retenir.
©Justine Pedemonte
Maintenant, cap sur Pau Arnos. Vu que je suis en vacances, je peux faire beaucoup plus de sport, c’est l’avantage, même s’il faut faire attention à ne pas faire de surentrainement. Mais on va aussi tester quelque chose de tout nouveau. Etant donné que les sessions d’entraînement ne seront que sur des créneaux d’une journée journée et que c’est assez loin de la maison, j’ai décidé de participer à une course régionale. C’est la première fois que je fais ça, mais je pense que c’est une bonne idée, ça me permettra de m’entraîner et de vivre des sensations en conditions réelles de course.
C’est le week-end du 15 juillet, au moins ça me fera trois jours d’entraînement et une semaine plus tard, ce sera la vraie course. En sachant que, cette fois, ce sera sur quatre jours, ça aussi c’est la première fois, d’habitude c’est vendredi/samedi/dimanche, là on aura le jeudi aussi. Ça permet de caler plus de séances d’essais libres et de se calquer sur ce que font les Espagnols et les Italiens dans leurs championnats.
©Justine Pedemonte
En attendant, je reste en forme. Comme je fais du sport tout le temps, j’ai l’impression que si je n’en fais pas pendant une journée, cette journée n’a servi à rien ! Là, par exemple, après Magny Cours je me suis juste reposée le lundi parce qu’on est rentrés tard. Mais, dès le lendemain, j’ai fait du vélo le matin, le mercredi vu que j’avais mal aux jambes, j’ai juste fait un petit 5km de course pour décrasser et le soir je suis allée à la salle pour faire une grosse séance cardio. J’essaye toujours de faire au moins une activité sportive le matin.
Il y’a un autre pan de ma vie de sportive que j’aimerais aborder, c’est le côté psychologique. Récemment, j’ai eu un appel avec mon préparateur mental et pour moi c’est vraiment essentiel. Il s’appelle Luis, et il me suit depuis 2021 qui a été une année très compliquée pour moi, mes résultats n’étaient pas bons et ma relation avec l’équipe était compliquée. Il a beaucoup été là pour m’aider et j’ai vraiment pris conscience que le mental est très important dans le sport. Un pilote m’avait dit « La moto, c’est 95 % de galère pour 5 % de plaisir » et ces galères, il faut savoir les surmonter physiquement mais aussi mentalement. Je ne vois vraiment pas comment je pourrais faire sans lui.
©Justine Pedemonte
Je crois que ça y est, je vous ai livré tout ce que j’avais à raconter, je retourne négocier avec mes copains, savoir si on la fait vraiment notre semaine de camping ! Mais puisque c’est ma dernière chronique avant une petite pause (vous aurez de mes nouvelles en septembre), je me suis dit que j’allais vous passez un petit message.
Je suis passée d’une année où je gagnais presque tout, j’était tout le temps devant, à un début de saison où, avec le changement de catégorie, c’est plus compliqué, il y a des moments difficiles. Alors, j’aimerais vous dire qu’il ne faut jamais abandonner, continuer de travailler, de progresser, ça finit toujours par payer. C’est important de croire en soi et en ce dont on est capable. Le sport me donne des leçons de vie incroyable, finalement nos parents ne nous mentent pas quand ils nous disent ça.
Allez, sur ces belles paroles, je vous souhaite de bonnes vacances. On se retrouve en septembre pour de nouvelles aventures, toujours ÀBLOCK!
©Justine Pedemonte
*Justine Pedemonte a 17 ans et est pilote moto, engagée en championnat de France de Superbike (FSBK), Championnat de France SuperSport 300. Après avoir remporté plusieurs podiums, elle a terminé en octobre 2023, vice-championne de France. Vous pouvez la suivre sur son compte Instagram @justinepedemonte
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