
Estelle Mossely : 5 infos pour briller sur le ring
Championne olympique, Championne du monde, maman et ingénieure. À 28 ans, la vie de la boxeuse Estelle Mossely est musclée ! Retour sur 5 dates clés d’une championne française d’exception.
Publié le 29 mars 2021 à 12h50, mis à jour le 13 janvier 2025 à 17h00
Tu n’as pas encore 18 ans et tu es déjà un jeune espoir français du Biathlon… Comment l’aventure a débuté pour toi ?
Je suis originaire de Morzine, le ski, c’est une histoire de famille. Même si, petite, j’ai pratiqué tout un tas de sports – judo, natation, tennis, danse – c’était pour trouver le bon ! J’ai vite foncé vers le ski.
Mon père est moniteur de ski de fond. Il nous emmenait souvent en promenade avec mes sœurs. J’ai débuté en club par le ski alpin. J’en ai fait pendant dix ans en enchaînant les compétitions, mais je n’ai vraiment pas accroché côté mentalité au sein du ski club : les coachs étaient durs et nous demandaient beaucoup trop de rigueur pour notre âge.
J’ai préféré m’orienter vers le ski de fond. On n’est pas là pour gagner absolument, mais pour se faire plaisir et ça, ça change tout pour moi !
En plus, il y a une super entente dans le club. Le ski alpin, c’est très individuel, tu ne peux que skier tout seul. Là, c’est totalement différent, on tire à la carabine ensemble, par exemple.
C’est cet esprit d’équipe qui me tire vers le haut au jour le jour dans mon sport et dans ma tête !
Pourquoi avoir choisi de te mettre au biathlon ?
C’est quand j’ai passé la sélection pour le Comité Mont Blanc (créé en 1933, il est l’un des 17 comités de la Fédération Française de Ski et le premier fournisseur d’athlètes pour les équipes de France toutes disciplines confondues, ndlr) que je me suis mise au biathlon.
En intégrant le Comité en 2017, j’avais le choix entre le ski de fond et le biathlon. Je me suis alors dit : « Pourquoi pas commencer cette discipline plus spectaculaire ?! ».
C’est improbable d’apprendre à tirer à la carabine… Ça m’offrait l’apprentissage d’une autre discipline et la possibilité d’avoir un autre défi dans ma vie sportive.
Malgré tes victoires, tu préfères pratiquer ton sport pour le plaisir ?
Je fais de la compétition de ski alpin depuis que je suis toute jeune donc je suis vraiment habituée à l’esprit de compétition et j’ai le goût de la victoire.
Mais je pense que lorsqu’on est jeunes, il faut plus prendre les choses avec plaisir : faire du sport, voyager et rencontrer des gens grâce à ce sport me permet de profiter de la vie.
Je vois tout ça comme un plus pour moi. Et quand je gagne, ça me montre que lorsqu’on fait des efforts, ça paye. Donc, c’est cool !
On sent que l’esprit d’équipe est un environnement très porteur pour toi…
Ce qui est le plus beau pour moi dans ce que je vis aujourd’hui, c’est tout ce lien social que j’ai pu créer grâce au sport. Cette expérience sportive en biathlon m’a apporté énormément sur le plan de mon développement personnel.
J’ai rencontré de belles personnes, j’ai eu la chance d’avoir un super groupe d’entraînement. Ça offre une réelle ouverture d’esprit ! On est entre filles, on parle de tout, on apprend à la fois à être autonomes et à vivre en collectivité.
Et on partage beaucoup de belles choses toutes ensembles, on en bave collectivement aussi ! C’est grâce à toutes ces filles de l’équipe que j’avance.
Le biathlon est une sacrée discipline sportive qui demande de concilier ski de fond et tir à la carabine couché et debout, ça n’a pas été trop difficile d’apprendre le tir en aussi peu de temps ?
C’est clair que c’est dans le tir que je dois toujours progresser. Mon point faible à retravailler, c’est le tir debout, qui est le plus dur selon moi. Dans les courses, tout se joue sur le tir debout qui est le dernier tir. Je suis super heureuse parce que lors des Championnats du monde jeunes, en individuel, j’ai sorti le meilleur tir de la saison, le meilleur tir de toutes mes courses !
Et j’ai aussi fait le premier 5/5 de la saison en debout donc c’était top ! En tout cas, le biathlon, j’ai tout de suite accroché parce que ça n’a rien à avoir avec d’autres sports. Tu lies le physique avec un sport d’adresse, c’est génial !
Après une saison 2020 exceptionnelle – deux médailles en individuel et en relais mixte aux Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) – tu viens de faire sensation en décrochant l’or en individuel aux Championnats du monde de biathlon jeunes d’Obertilliach en Autriche, qui avaient lieu du 27 février au 16 mars dernier. Qu’est-ce que t’a apporté cette compétition internationale ?
J’avais déjà une expérience du niveau international avec mes courses de l’année dernière, notamment les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ).
Je savais que nous, les Françaises, on pouvait jouer devant. Notre nation est solide ! Mais au point de pouvoir décrocher une médaille d’argent en individuel, non !
Pour ce championnat du monde, je me suis beaucoup mis la pression pour la course en individuel. Parce que c’est ma course préférée et parce que, en quelque sorte, je remettais en jeu cette médaille d’argent aux JOJ.
J’ai d’abord dû passer les courses de sélection pour y parvenir. Ça se passait sur deux weekends de sélection et quatre courses. Ils ont pris quatre filles en France et j’en faisais partie !
J’étais très impatiente d’y aller. C’était une opportunité et une chance pour moi car il n’y avait qu’une course pour notre catégorie d’âge. Alors, j’ai vraiment profité de chaque moment.
C’est une course très exigeante, comment as-tu résisté à la pression ?
Oui et c’est une course qui est longue au niveau du kilométrage et très difficile au niveau des tirs. Je crois bien que c’est une des courses les plus dures qu’on peut trouver. La veille, j’ai très mal dormi.
La compét’ a duré une semaine et demie pendant laquelle on alternait un jour de course, un jour d’entraînement. Il y avait quatre épreuves : l’individuel, le sprint, la poursuite et enfin le relais. Donc c’était un programme assez costaud !
Ce qui m’a aidé à surmonter ce stress, c’est d’avoir été préparée aux compétitions. On a eu beaucoup de chance, les Français, on a été sélectionnés pour beaucoup de courses cette année en comparaison d’autres nations.
J’ai su poser mon cerveau au départ et me dire que ce n’était qu’une course et que je faisais ça depuis longtemps. Je pouvais donc gérer la situation !
Quel mental cultives-tu pour garder la gagne ?
Je ne me fais pas trop de souci par rapport au mental. Je ne me prends pas trop la tête tant que ça fonctionne comme je suis.
En tout cas, mon mental actuel me stimule et j’arrive à le maîtriser si j’ai des pensées négatives. Ça joue énormément au biathlon au niveau des tirs. C’est la confiance en soi qui fait tout.
Il faut savoir faire disparaître ou contourner les pensées parasites !
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Comment gères-tu, justement, tes ressentis en compétition ?
Avant une course, je n’ai pas vraiment de routine. Je me base sur les conditions du jour et je règle les paramètres en fonction.
Et, sinon, je peux avoir deux comportements différents : soit, je suis assez concentrée et je fais les choses machinalement, soit je suis un peu plus stressée, je me mets la pression pour la « win » et je pars très loin dans ma tête.
J’essaye donc de gérer ça en me disant que je dois donner le meilleur de moi, autrement je vais avoir des regrets !
As-tu un exemple d’une course difficile qui a forgé ton mental et t’as permis de progresser ?
Déjà, il n’y a pas de course où je me suis dit : « Plus jamais ! ». Après, c’était pendant les Championnats du monde jeune. À part l’épreuve en individuel où j’ai décroché l’or, c’est vraiment le tir debout de l’épreuve du sprint qui a été délicat. J’ai sorti trois balles… Ça m’a remis à ma place niveau confiance en moi même si j’avais eu l’or la veille.
En plus, quand je me suis installée, j’étais en face de celle qui avait fait deuxième en individuel et qui a ensuite gagné le sprint. Je me suis mis la pression et mon esprit s’est emballé ! J’étais clairement hors de mon tir.
Résultat : je me suis retrouvée loin dans le classement, ça m’a coupé les jambes. Mais c’est bien, ça m’a remis à ma place, parce que c’est là où j’avance au final.
J’ai fait une mauvaise épreuve de poursuite derrière aussi, mais c’est pas grave, je ne me prends pas la tête par rapport à ça. Il y a beaucoup de choses à apprendre sur ces courses et de quoi progresser ! Ce ne sont jamais des courses de perdues.
Et, à l’inverse, une course qui t’a fait glisser sur un petit nuage ?
Le relais mixte aux JOJ avec mon coéquipier, Mathieu Garcia, qui nous a valu de décrocher le titre olympique !
Déjà, je trouve que concourir et gagner à deux, c’est plus gratifiant. Parce qu’on partage les mêmes émotions, qu’on est fiers l’un de l’autre. Ça a un goût différent par rapport aux courses individuelles.
Je n’ai jamais revécu de telles émotions ! Je me rappelle de toutes les étapes comme si c’était hier. Pour son dernier tir, il a mis toutes les balles une par une. J’étais tellement stressée, mais ça m’a tellement fait vibrer !
À l’arrivée, il brandissait le drapeau de la France, le public le poussait, il a vraiment brillé. On n’a pas vraiment réalisé tout de suite ce qui nous arrivait, on était sollicités de tous les côtés ! C’était magnifique à vivre.
Est-ce qu’il est difficile de s’intégrer dans ce sport lorsqu’on est une femme ?
J’avoue que je ne me suis jamais trop posé la question. C’est, en plus, l’un des sports où les femmes sont autant rémunérées que les hommes. Mais c’est vrai que les courses masculines sont beaucoup plus suivies que les nôtres.
On en parle beaucoup entre filles d’ailleurs. Et parfois, on se dit même : « Est-ce que ça vaut le coup de continuer, de donner le meilleur de nous-mêmes si on n’est pas intéressantes au final ? ». Ça n’est pas toujours facile à vivre.
Même s’il y a des relais mixtes, on ne s’entraîne pas ensemble, filles et garçons. Mais j’aimerais bien, ça changerait l’allure. Physiquement, on sait qu’on ne peut pas se comparer à eux, mais ça pourrait nous booster.
Cela dit, ce qui est intéressant avec ce sport, c’est que nous, les filles, on a un atout sur le tir. Si le ski de fond est clairement basé sur la puissance, là où les garçons ne sont pas au même niveau que nous, le tir est un sport d’adresse et donc sollicite le mental. Généralement, nous, les filles, on est plus calmes quand, eux, sont plus nerveux.
C’est quoi la suite de la saison pour toi ?
Du 26 au 28 mars, j’ai participé aux Championnats de France aux Contamines-Montjoie où je me suis placée 4e. J’abordais la course complètement détendue, sans stress car, dans ma tête, j’ai un peu terminé la saison !
Pour moi, c’était un bonus et j’avais envie d’en profiter avec les copines, d’être dans une bonne ambiance.
Tu es encore très jeune et ta carrière fonce tout schuss. As-tu des rêves pour la suite ?
Je ne me fixe jamais d’objectifs précis, mais peut-être entrer en équipe de France de ski. Je crois que si je ne deviens pas une athlète professionnelle, si je ne vis pas de mon sport, je ne continuerai pas.
Je me laisse encore un ou deux ans pour voir. Sinon, je me consacrerai à mes études. Actuellement, je suis au lycée en horaires aménagés, je vais passer le bac en quatre ans.
Pour la suite, j’aimerais apprendre de nouvelles choses car aujourd’hui je suis très centrée sur le sport. Je sais, en tout cas, que je ne ferai pas un métier dans le sport.
Je m’orienterai vers l’économie, la gestion et le management, mais j’aimerais aussi beaucoup entrer dans l’armée, m’y engager, pour voir ce que c’est. C’est cette envie de se dépasser, de se donner, qui me porte !
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