Colette BessonLa tornade de Mexico

Colette Besson, la tornade de Mexico
Personne ne misait sur elle. Colette Besson a pourtant mis le monde à ses pieds lors des Jeux de Mexico en 1968. Engagée sur 400 mètres, la protégée d’Yves Durand Saint-Omer s’est offert, en finale, une dernière ligne droite d’anthologie pour aller décrocher les lauriers olympiques. Portrait d’une athlète qui ne manque pas d’air.

Par Sophie Danger

Publié le 31 août 2021 à 19h48, mis à jour le 11 septembre 2021 à 19h06

1968. La France est en pleine révolution. Les manifestations étudiantes se multiplient et la révolte gagne, progressivement, le monde ouvrier. Des barricades fleurissent un peu partout dans le pays, les écoles ferment. L’Hexagone est à l’arrêt.

Plutôt que de ronger son frein, Colette Besson, toute jeune professeur d’éducation physique de La Réole, une petite bourgade de Gironde, décide de mettre à profit cette période d’inactivité forcée pour donner un coup d’accélérateur à sa préparation.

Elle qui s’est mise à l’athlétisme sur le tard ambitionne de participer aux Jeux de Mexico qui auront lieu du 12 au 27 octobre à venir.

La Charentaise, 22 ans, plie donc bagages et met le cap sur Font-Romeu en compagnie d’Yves Durand Saint-Omer, son entraîneur de toujours. Un choix qui relève de tout sauf du hasard.

Située à environ 70 kilomètres de Perpignan, la commune pyrénéenne culmine à plus de 2200 mètres d’altitude, exactement comme l’Estadio Olímpico Universitario, le stade dans lequel se dérouleront les épreuves athlétiques olympiques.

La sociétaire du Bordeaux Étudiants Club, spécialiste du tour de piste, va s’y établir durant plus de quatre mois, ne quittant sa base qu’en de rares occasions. Les Championnats de France, organisés à Colombes en juillet, seront l’une d’elles.

Engagée sur 400 mètres, elle y remporte son premier titre national et valide, à cette occasion, définitivement, son billet pour le Mexique.

Le départ est programmé pour le début octobre. Et les débuts vont se révéler compliqués. La Fédération et Yves Durand Saint-Omer sont en froid et ce dernier, contraint de se rendre à Mexico par ses propres moyens, ne dispose pas de l’accréditation nécessaire pour accéder au terrain d’entraînement et accompagner sa protégée sur le stade.

Qu’à cela ne tienne, un ruban tricolore dessiné à la va-vite sur sa carte de pêche fera office de sésame.

Le 14 octobre, date du coup d’envoi des séries, le coach parvient à se faufiler dans les tribunes pour voir Colette Besson se qualifier pour les demi-finales après avoir remporté sa série en 53’’11. Le deuxième tour se disputera le lendemain sous des trombes d’eau.

Pas suffisant pour décourager la Française qui boucle son tour de piste à la deuxième place en 53’’62.

Reste alors un ultime 400 mètres à disputer. Rendez-vous est pris pour le 16 octobre à 17h30, soit près de minuit et demi, heure française.

Maillot bleu, flanqué du dossard 117, Colette Besson s’installe dans le couloir 5. La native de Saint-Georges-de-Didonne est tendue. Quand le starter retentit, les huit engagées s’élancent.

La Française se laisse vite déborder. Sixième à la sortie du dernier virage, elle va alors entamer une remontée d’anthologie.

Portée par un stade de 80 000 personnes en ébullition, elle dévore, une à une, ses rivales, littéralement à bout de souffle. Dans un ultime effort, elle efface la favorite britannique Lilian Board et passe la ligne en tête pour neuf centièmes.

L’entraînement à Font-Romeu a payé ! Victorieuse en 52’’03, Colette Besson entre dans la légende et s’offre, au passage, le record d’Europe.

Vingt après Micheline Ostermeyer, sacrée au poids et au disque à Londres en 1948, elle devient la deuxième athlète française de l’Histoire à décrocher l’or olympique.

Il faudra attendre 1992 pour que Marie-José Perec prenne le relais, sur 400 mètres, à Barcelone.

Vous aimerez aussi…

En basket...sur les pistes !

En basket…sur les pistes !

Courir en haute altitude pour la bonne cause ? Un combo qui vaut le détour et ce sera le 15 mai, lors de la première édition du Marathon des Alpes qui s’engage pour la recherche contre la sclérose en plaques. On vous explique tout.

Lire plus »
Triathlon nouvelle génération et défi inédit à Toulouse

Super League Triathlon, Ô Toulouse !

Triathlètes d’ici et d’ailleurs, réservez votre weekend du 1er octobre, la Super League Triathlon pose ses valises à Toulouse. Pour sa première étape sur le sol français, un format de course innovant qui permet aux spectateurs d’être, eux aussi, pleinement acteurs.

Lire plus »
Adélaïde : « En parkour, pas besoin de faire des vrilles ou de grimper sur les toits pour s’amuser ! »

Adélaïde : « En parkour, pas besoin de faire des vrilles ou de grimper sur les toits pour s’amuser ! »

Elle a découvert ce sport acrobatique par hasard. Et n’a plus jamais cessé de pratiquer depuis. Adélaïde Gandrille, traceuse et présidente de l’association Pink Parkour, a trouvé dans le PK comme on appelle le parkour chez les initiés, un moyen de s’épanouir, physiquement et intellectuellement. Témoignage d’une fille qui sait comment franchir tous les obstacles.

Lire plus »
Viki, Capitaine des Rising Bees, la joueuse engagée de l'e-sport français

Viki, la pasionaria de l’e-sport français

Pour l’e-sport féminin français, c’est une pionnière. Viki est aujourd’hui la capitaine des Rising Bees, une équipe 100 % féminine de la structure Vitality. Pour en arriver là, elle a dû sacrément faire bouger les lignes. Rencontre avec une gameuse pour qui les jeux ne sont jamais faits.

Lire plus »
Bethanie Makett-Sands

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une aviatrice américaine au sacré culot, une joueuse de tennis aussi colorée que ses médailles (Bethanie Makett-Sands, notre photo), une pionnière de la nage qui défiait les eaux en 1900, une autre, toute jeune, sacrée championne de natation, une chronique sur le sport féminin, le fameux 5 infos sur une tenniswoman aux allures de Grand Chelem, une question qui tue, une initiative qui rassemble et un peu d’actu avec l’Euro Basket 2021, vous n’avez qu’à demander, c’est sur ÀBLOCK!

Lire plus »
La question qui tue Un apéro après mon sport, ça peut pas faire de mal, si ?

Un apéro après mon sport, ça peut pas faire de mal, si ?

On vous voit venir, inutile de le nier. Cette belle excuse de la séance de sport pour pouvoir aller picoler ensuite, tellement déculpabilisant, pas vrai ? Nous, ici, on est ÀBLOCK! et pas là pour interdire quoique ce soit. Notre truc, ce sont les faits. Réponse à cette question existentielle de notre coach qui ne se noie jamais dans un verre d’eau.

Lire plus »
une Grande Traversée VTT

De grandes traversées en VTT ? Ça roule !

Faire découvrir les régions en sillonnant, à vélo, les plus beaux sentiers du territoire, c’est l’ambition de la Fédération Française de Cyclisme. À partir du 22 mai, elle nous invite à rouler sur les itinéraires des Grandes Traversées VTT. En selle !

Lire plus »
La question qui tue

C’est grave si j’arrête de m’entraîner quelque temps ?  

Envie de se la couler douce en vacances, blessé ou victime d’un gros coup de mou ? Rien à faire, le sport passe à la trappe. Et tu culpabilises. Parce que, forcément, ce sera dur de reprendre, tu vas perdre ton niveau (ou du muscle), tu vas grossir… Mais, en vrai, abandonner (un peu) sa routine sportive, c’est grave ou ça passe ?

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner