Originaire d’Alsace, Claire Bannwarth n’a pas toujours foulé les sentiers. Avant de devenir une figure incontournable de l’ultra-trail, elle maniait le fleuret en équipe de France junior. « J’ai toujours aimé les efforts longs, mais à l’époque c’était en escrime. Puis la vie active m’a éloignée des pistes… et rapprochée des chemins », confie-t-elle sur son compte Insta. Son premier marathon en 2016, puis l’UT4M l’année suivante, ont ouvert la voie à une passion dévorante pour les formats XXL : « L’UTMB ? Trop court pour moi !, lance-t-elle dans une interview au site Esprit Trail. Je préfère les courses où l’on ne compte plus les heures, où la nuit devient une compagne. ». Claire Bannwarth enchaîne les ultras et le D+, les exploits et les victoires, avec une régularité qui force le respect.
Victorieuse de la Spine Race en plein hiver britannique -imaginez : 430 km dans le froid et la neige-, première femme à remporter le Tahoe 200 miles au scratch, record français féminin de Backyard Ultra avec 61 boucles… Et, cerise sur le gâteau, une participation à la mythique Barkley en 2025 (160 kilomètres et 20 000 mètres de dénivelé en cinq boucles d’environ 34 kilomètres à réaliser en moins de 12 heures par boucle. Le tout devant être achevé en 60 heures maximum), où elle devient la première Française à s’élancer sur ce labyrinthe infernal : « Je cours pour le plaisir, pas pour la gloire. Chaque ultra est une aventure unique, une immersion totale », assure-t-elle.
Une course qu’elle aura davantage endurée que kiffée, mais elle s’en remettra : « Je me suis vraiment pris une claque dans la gueule. Même si je n’avais pas été blessée, je n’aurais pas fini une boucle dans les temps, explique-t-elle dans L’Alsace. Une fois la déception passée, j’ai pris énormément de plaisir. J’ai adoré la philosophie de la course. Au final, même si ça a été catastrophique, c’est une expérience incroyable et j’en garde un très bon souvenir. Ce n’est pas une course normale, c’est vraiment l’aventure. Elle nous sort de notre zone de confort. C’est la chose la plus dure que j’aie faite jusqu’à présent, sans aucun doute. »
Son secret ? Une endurance hors norme et une philosophie simple : beaucoup de volume, peu d’intensité. « Je fais 35 heures d’entraînement par semaine, mais à faible allure. J’aime courir lentement, longtemps. C’est ma zone de confort », explique celle qui travaille à temps plein comme ingénieure et n’hésite pas à confier : « Passer mes journées le cul vissé sur une chaise à remplir des tableaux Excel, ce n’est pas ce que je préfère mais cela permet de payer mes dossards. » Des dossards, ses gourmandises à elle : « Mentalement, je suis à chaque fois excitée à l’idée de découvrir de nouveaux paysages ou une nouvelle course. Sur une ligne de départ, j’ai toujours été motivée » confie-t-elle à L’Equipe.
Sans assistance, sans artifices, Claire Bannwarth revendique une autonomie totale : « Je me débrouille seule aux ravitos, et j’en suis fière. C’est aussi ça, l’esprit ultra ». Humilité et mental d’acier : voilà ce qui définit cette athlète hors norme qui n’est pas forcément accro à la perf’ : « Je ne le fais pas spécialement pour gagner, je sais que je peux enchaîner, je récupère très bien entre deux ultras et je ne me blesse pas. Et puis, j’adore faire ça. »
Son surnom, Lapin DuDuracell, dit tout : inépuisable, infatigable, elle avance, encore et toujours. Pour le plaisir, pour la liberté. Elle est ÀBLOCK!