Claire BannwarthL’inépuisable aventurière du trail

Claire Bannwarth : l’inépuisable aventurière du trail
Elle court comme d’autres respirent. Claire Bannwarth, 36 ans, surnommée le « Lapin DuDuracell », est l’ultra-traileuse française qui défie les lois de l’endurance. Entre records, solitude choisie et défis hors norme, cette ingénieure alsacienne incarne une philosophie : courir pour le plaisir, sans jamais s’arrêter.

Par Titaïna Loiseul

Publié le 04 décembre 2025 à 17h11

Originaire d’Alsace, Claire Bannwarth n’a pas toujours foulé les sentiers. Avant de devenir une figure incontournable de l’ultra-trail, elle maniait le fleuret en équipe de France junior. « J’ai toujours aimé les efforts longs, mais à l’époque c’était en escrime. Puis la vie active m’a éloignée des pistes… et rapprochée des chemins », confie-t-elle sur son compte Insta. Son premier marathon en 2016, puis l’UT4M l’année suivante, ont ouvert la voie à une passion dévorante pour les formats XXL : « L’UTMB ? Trop court pour moi !, lance-t-elle dans une interview au site Esprit Trail. Je préfère les courses où l’on ne compte plus les heures, où la nuit devient une compagne. ». Claire Bannwarth enchaîne les ultras et le D+, les exploits et les victoires, avec une régularité qui force le respect.

©Claire Bannwarth/Facebook

Victorieuse de la Spine Race en plein hiver britannique -imaginez : 430 km dans le froid et la neige-, première femme à remporter le Tahoe 200 miles au scratch, record français féminin de Backyard Ultra avec 61 boucles… Et, cerise sur le gâteau, une participation à la mythique Barkley en 2025 (160 kilomètres et 20 000 mètres de dénivelé en cinq boucles d’environ 34 kilomètres à réaliser en moins de 12 heures par boucle. Le tout devant être achevé en 60 heures maximum), où elle devient la première Française à s’élancer sur ce labyrinthe infernal : « Je cours pour le plaisir, pas pour la gloire. Chaque ultra est une aventure unique, une immersion totale », assure-t-elle.

Une course qu’elle aura davantage endurée que kiffée, mais elle s’en remettra : « Je me suis vraiment pris une claque dans la gueule. Même si je n’avais pas été blessée, je n’aurais pas fini une boucle dans les temps, explique-t-elle dans L’Alsace. Une fois la déception passée, j’ai pris énormément de plaisir. J’ai adoré la philosophie de la course. Au final, même si ça a été catastrophique, c’est une expérience incroyable et j’en garde un très bon souvenir. Ce n’est pas une course normale, c’est vraiment l’aventure. Elle nous sort de notre zone de confort. C’est la chose la plus dure que j’aie faite jusqu’à présent, sans aucun doute. »

©Claire Bannwarth/Facebook

Son secret ? Une endurance hors norme et une philosophie simple : beaucoup de volume, peu d’intensité. « Je fais 35 heures d’entraînement par semaine, mais à faible allure. J’aime courir lentement, longtemps. C’est ma zone de confort », explique celle qui travaille à temps plein comme ingénieure et n’hésite pas à confier : « Passer mes journées le cul vissé sur une chaise à remplir des tableaux Excel, ce n’est pas ce que je préfère mais cela permet de payer mes dossards. » Des dossards, ses gourmandises à elle : « Mentalement, je suis à chaque fois excitée à l’idée de découvrir de nouveaux paysages ou une nouvelle course. Sur une ligne de départ, j’ai toujours été motivée » confie-t-elle à L’Equipe.

Sans assistance, sans artifices, Claire Bannwarth revendique une autonomie totale : « Je me débrouille seule aux ravitos, et j’en suis fière. C’est aussi ça, l’esprit ultra ». Humilité et mental d’acier : voilà ce qui définit cette athlète hors norme qui n’est pas forcément accro à la perf’ : « Je ne le fais pas spécialement pour gagner, je sais que je peux enchaîner, je récupère très bien entre deux ultras et je ne me blesse pas. Et puis, j’adore faire ça. »

Son surnom, Lapin DuDuracell, dit tout : inépuisable, infatigable, elle avance, encore et toujours. Pour le plaisir, pour la liberté. Elle est ÀBLOCK!

©Claire Bannwarth/Facebook

Ouverture ©Claire Bannwarth/Facebook

D'autres épisodes de "Running, après quoi courent les filles ?"

Vous aimerez aussi…

Philippe Herbette/ Podcast

Philippe Herbette : « Aujourd’hui, les salles de sport donnent naissance à des fitness-models. »

Il a été champion de France de culturisme en 1993, avant de lancer l’une des enseignes de salles de sport les plus connues, Fitness Park. De ces salles encore considérées comme des temples de la masculinité, certaines femmes n’osent toujours pas pousser les portes. Pourquoi ? Tentative d’explication au micro d’ÀBLOCK! avec Philippe Herbette, grand patron et grand sportif.

Lire plus »
Véronique Sandler

Véronique Sandler, la vététiste qui n’a pas peur de sortir du cadre

Elle n’a d’abord vécu que pour la compétition. Avant de lui tourner le dos, notamment faute de sponsors. Depuis 2016, Véronique Sandler a décidé de ne plus rider que pour le plaisir. Un choix payant pour la vététiste néo-zélandaise qui s’engage pour le VTT au féminin et régale, à grands coups de vidéos, une communauté grandissante sur les réseaux sociaux. Portrait d’une fille qui a la tête dans le guidon. Et en redemande.

Lire plus »
sport feminin

Le sport féminin ? En pleine lucarne !

L’été dernier, les records d’audience de la Coupe du monde féminine de foot et quelques mois plus tôt du Championnat d’Europe de handball féminin à la télévision ont prouvé que le public se passionnait de plus en plus pour les compétitions féminines. Et les dernières études ne font que réaffirmer cette réelle tendance. Pour autant, les jeux ne sont pas faits. Décryptage.

Lire plus »
Chamari Atapattu, l'inspirante cricket woman

Chamari Atapattu, l’inspirante cricket woman

Sport adulé dans les anciennes colonies anglaises, le cricket voit monter la notoriété d’une joueuse au talent indéniable. Chamari Atapattu brille batte en main depuis 2009. En club ou avec l’équipe nationale du Sri Lanka, elle écrit l’histoire de son sport.

Lire plus »

Rallye des Gazelles : Anne et Sandra attendront encore un peu…

Elles se sont lancées un défi un peu fou : participer au Rallye Aïcha des Gazelles au Maroc, le seul Rallye-Raid hors-piste 100% féminin au monde. Elles, ce sont Anne et Sandra. Elles devaient nous faire partager leur préparation jusqu’au départ, en 2021, mais le COVID-19 est passé par là et décision a été prise de reporter d’un an. Mais ce n’est que partie remise.

Lire plus »
Sophia Flörsch

24 Heures du Mans : les filles vont faire fumer l’asphalte !

Une (quasi) première dans l’histoire du sport automobile : un équipage 100 % féminin est sur la grille de départ de la mythique course d’endurance, en LMP2. Un seul précédent : le trio Lyn St. James, Desiré Wilson et Cathy Muller, en 1991, qui avaient finalement dû abandonner la course. Prouver que les femmes ont leur place dans le sport auto, trop souvent trusté par les hommes, est l’ambition clairement affichée par son sponsor, l’horloger Richard Mille. Entretien sans langue de bois avec sa directrice marketing, Amanda Mille.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner