Un grand sourire contagieux, une forme « olympique » travaillée sur le « Break my soul » de l’incomparable Beyoncé, un enthousiasme total… Angelina Lanza est un concentré de bonne humeur. Son mental face aux compet’ ? « Se faire plaisir avant tout ». Une attitude 100 % ÀBLOCK! qui donne envie de la suivre et de mieux la connaître.
La petite Angelina naît le 5 juin 1993 au Togo avant d’être adoptée à l’âge de 2 ans, ce qui l’amène à résider en France. Touchée par la polio à sa naissance, elle subit, depuis, des déséquilibres dans sa façon de courir et de sauter : « Je vis avec les séquelles de la poliomyélite qui est une maladie qui touche le système nerveux. Cela se traduit par une perte de force, une diminution d’amplitude, une incapacité à faire certains mouvements et une fatigue musculaire plus rapide. »
Pour autant, cela ne l’empêche pas de débuter l’athlétisme dans ses jeunes années pour cause d’hyperactivité. Et c’est le coup de foudre : « J’ai tout de suite accroché avec le fait qu’il y ait plusieurs disciplines, qu’on soit un peu touche-à-tout. Impossible de s’ennuyer ! ».
Très vite, Angelina Lanza prend les choses au sérieux : à 10 ans, elle s’inscrit en athlétisme à l’AS Beauvert à Grenoble. Elle découvre alors le sprint, le lancer, le saut en longueur et le saut en hauteur. Et c’est le saut en longueur et le sprint court – 60, 100 et 200 mètres – qui ont sa préférence : « J’ai toujours été sprinteuse au fond de moi. J’ai toujours voulu savoir à quel point j’étais capable d’aller vite, connaître cette limite puis la dépasser. Concernant la longueur, j’adore la sensation de voler une fois dans les airs, le fait d’avoir plusieurs sauts possibles pour améliorer ma performance », explique-t-elle.
La petite a du flair et elle se connaît bien : car elle va briller dans ces deux disciplines. Les médailles s’accumulent au niveau départemental et régional… et, de plus, chez les valides ! Ce qui devait arriver arrive alors : cette boule d’énergie est repérée. En 2010, Angelina Lanza a 17 ans. Jean-Baptiste Souche n’est autre que l’entraîneur des équipes de France handisport. La machine est lancée… Pour autant, la jeune femme avoue ne pas se percevoir comme « assez handicapée pour appartenir au mouvement handisport ». Ne s’est-elle pas adaptée à ce corps, même imparfait, depuis son enfance ?
Angelina Lanza gravit donc les échelons : dès 2011, la voici qui participe aux Championnats de France handisport même si elle continue en parallèle son ascension chez les valides. Les médailles s’enchaînent aux Championnats de France d’athlétisme handisport Espoirs (médaille d’or sur le 60 mètres) et Élite en 2011 (elle est vice-championne de France sur le 60 mètres et médaillée de bronze sur le 100 mètres et le 200 mètres).
Rebelotte en 2012 : elle remporte une médaille d’or sur le 100 et le 200 mètres lors des Championnats de France Espoir et une médaille d’argent sur les mêmes disciplines aux Championnats de France Élite. Mais, patatras, son corps lâche, entraînant des blessures à répétition sur plusieurs zones – quadriceps, claquage aux ischios-jambiers. Il lui est impossible de participer à une seule compétition jusqu’en 2014. « Mon corps n’était pas prêt à faire de la performance à haut niveau, et mon équipe et moi n’avions pas intégré que rééquilibrer ma façon de courir allait à ce point avoir un impact sur mes muscles », confie-t-elle sur le site de son employeur, la SNCF, dont elle est la chargée de communication réseau.
Deux années d’absence et un Master en langues étrangères appliquées en poche plus tard, cette athlète née intègre le pôle France Jeune de Lyon avec déjà en objectif chevillé au corps : être sélectionnée pour les Championnats du monde d’athlétisme handisport 2015. Elle concoure dans la catégorie T47 : déséquilibre dû à l’atteinte d’un côté du corps.
Une pause et ça repart. Lors des Championnats de France Élite 2015, Angelina Lanza décroche la médaille d’argent sur le 200 mètres et une médaille de bronze sur le 60. La même année, aux Championnats du monde, même si elle termine cinquième au 100 mètres, elle réalise son meilleur temps personnel tout comme en saut en longueur, même si elle ne termine que sixième.
La suite démontre son impressionnante détermination et implication : en 2016, elle réalise un triplé en bronze lors des Championnats d’Europe (100m, 200m et saut en longueur) et s’offre aussi l’entrée dans l’arène olympique en participant aux Jeux Paralympiques de Rio, où elle réalise ses records personnels. Angelina Lanza termine à la 4e place en saut en longueur et à la 5e au 200m. Angelina Lanza est bien une sprinteuse : elle donne tout d’un coup, dans l’intensité. Pour le reste, elle sait s’envoler toujours plus loin et toujours plus haut dans les palmarès de compétition.
Infatigable « compétitrice dans l’âme » comme elle le dit elle-même, elle s’offre sa toute première médaille mondiale aux Championnats du monde de Londres – une 3e place en saut en longueur, et le titre de Championne de France indoor de la discipline. Un titre conservé en 2018, suivi d’une place de vice-championne de France au 200m. Enfin, c’est la consécration : elle est sacrée double championne d’Europe en 200 mètres et en saut en longueur à Berlin. La persévérance et le travail acharné paient.
Au top du top, Angelina Lanza est dans la course pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2021. Elle se classera 8e en saut en longueur. La suite ? Les Championnats du monde à Paris en 2023, une compétition très symbolique – une préparation en vue de Paris 2024 pour les compétiteurs et un rendez-vous avec le grand public – mais aussi pour la para française, qui le vit pour la toute première fois, un championnat à domicile.
Elle se classe 6e à la longueur, avec un peu de déception mais toujours une volonté d’enfer pour la suite : « Ça manque de réglage, ce sont des sauts où j’étais capable d’aller plus loin et de grapiller des places, concède-t-elle sur lequipe.fr. J’ai encore du travail pour l’année prochaine. »
Aujourd’hui, la championne s’apprête à disputer ses troisième Jeux – dans la catégorie T46 : paralysie membre supérieur – à l’âge de 31 ans, après une saison en demi-teinte. Malgré ses deux nouvelles médailles d’argent remportées aux Championnats de France 2024 d’Albi au 200m et en saut en longueur, Angelina Lanza déplorait un « objectif à moitié rempli » : « Cette compétition était la dernière opportunité pour moi de réaliser les minimas au 200m et ce n’est pas le cas… ».
Son focus à présent ? « Avoir l’esprit clair », confiait-elle à Radio-France, il y a quelques jours. Dans cette perspective, elle n’a pas hésité à consulter la lanceuse de disque et médaillée olympique Mélina Robert-Michon sur « l’ambiance du Stade de France ». L’idée ? « Limiter les choses qui peuvent (la) surprendre ».
Ce qui est sûr et certain, c’est qu’Angelina Lanza attend avec une grande impatience ces Jeux de Paris 2024 : « Une occasion de briller à la maison, devant mes proches et le public français. »
Celle qui se décrit comme « combative, organisée et empathique » puise son inspiration dans deux figures du combat à toute épreuve : Nelson Mandela, symbole de la lutte contre l’apartheid, à qui elle doit ses deux devises favorites – « Soit je gagne, soit j’apprends » et « Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès », et la triple médaillée olympique en para-athlétisme et présidente du Comité Paralympique 2024, Marie-Amélie Le Fur, « une personne qui m’a poussée vers l’avant dès que je l’ai vue et côtoyée », dit-elle.
Généreuse et engagée, Angelina Lanza n’hésite pas à mettre toute son énergie dans la lutte contre les discriminations raciales et associées au handicap. Bref, une athlète exemplaire ! On se donne rendez-vous avec cette pépite des para françaises au Stade de France pour fait exploser les compteurs. Cours, Angelina, cours !
Ouverture ©Angelina Lanza/Facebook