Anastasia Sanchis « C’est le sport qui, malgré ma petite taille, m’a permis de m’imposer. »
Elle a brillé dans les compétitions de natation synchronisée et de danse orientale. Et son petit format n’aura jamais réussi à avoir raison de sa ténacité. À l'occasion de notre partenariat avec le podcast 1m60max, celle qui enseigne aujourd'hui le modern jazz aux enfants et ados parisiens, nous raconte une vie de sportive au centimètre près.
Par Marion Griesemann
Publié le 02 mai 2024 à 8h59, mis à jour le 02 mai 2024 à 9h07
Pourquoi tu as accepté d’offrir ton témoignage pour notre podcast 1m60max avec ÀBLOCK! ?
La thématique autour des femmes de moins d’un 1,60m m’a immédiatement concernée et j’aurais aimé à l’époque avoir un média qui me donne des conseils pour gérer ma taille, comme ce podcast 1m60max.
Pour ma part, je l’ai plutôt bien vécu mais pas à tous âges. J’en ai souffert un peu quand j’étais plus jeune, quand j’étais adolescente et que les autres ont commencé à grandir plus que moi…
En fait, j’étais parmi les plus grandes de ma classe jusqu’à 11 ans et puis d’un seul coup, ma croissance s’est arrêtée. Peut-être à cause du sport études, je ne sais pas. Et là, tout le monde s’est mis à me rattraper et à me dépasser.
Retrouvez l’épisode en fin d’interview et dans notre rubrique Audio/Vidéo.
Ta carrière sportive, ça a démarré comment ?
J’ai commencé par la danse classique bien que la professeure ait conseillé à ma mère de ne pas m’inscrire vu que j’étais petite et boulotte… Elle disait qu’il valait mieux que je me dirige vers la gym mais je n’étais pas d’accord. Je voulais faire de la danse alors j’ai fait un peu de modern jazz et puis un jour, en allant avec mon père qui était en équipe de France de judo à un entraînement, je suis tombée sur un cours de natation synchronisée et j’ai complètement flashé. J’avais 12 ans et c’est moi qui ai demandé à faire cette discipline.
J’ai passé deux ans dans un petit club à Torcy puis j’ai été repérée par le Racing pendant des compétitions interrégionales et j’ai intégré un sport études. Bon, mes parents n’étaient pas ravis car je me levais à 4h30 tous les matins, j’allais jusqu’au lycée Jean de la Fontaine, dans le 16ᵉ arrondissement. Je traversais toute la banlieue, tout Paris. Mais j’étais là tous les jours et j’avais tous les jours envie d’être dans la piscine.
La natation synchronisée est un sport très cadré. Est-ce que la taille a été un sujet dans ta pratique ?
Oui, dès que je suis arrivée en sport études, je me suis rendu compte que les filles étaient beaucoup plus grandes et pour les figures, c’était un problème. Quand deux verticales sortent de l’eau, il faut que les quatre pieds soient au même niveau. On ne peut pas demander à celle qui est grande de baisser donc il faut demander à celle qui est plus petite de monter. À moi donc.
Pour autant, j’étais au centre de tous les portés. Bon pas en haut, mais grâce à ma taille j’arrivais à me mettre très rapidement en place et à me glisser, ce qu’une grande n’aurait pas pu faire aussi facilement. Mais surtout, j’ai travaillé deux fois plus que les autres pour combler mes lacunes. De souplesse notamment. Et c’est encore plus compliqué dans l’eau : il faut tirer fort sur ses muscles pour avoir un grand écart parfait. J’ai dû bosser comme une dingue pour y arriver.
Tu as finalement arrêté la natation synchronisée, pourquoi ?
Après le sport études, soit tu continues en haut niveau et tu fais toutes les compétitions type Jeux Olympiques, soit tu arrêtes. Souvent à cause de la pression.
Et, pour moi, ce qui s’est passé c’est que j’ai commencé à prendre du poids. Gentiment, un kilo, puis deux puis trois… Alors j’ai arrêté. J’ai décidé de faire un cours d’essai de danse orientale dans le club de mon père. En plus, ma mère est d’origine marocaine donc je me suis dit “essaie” et j’ai adoré.
Ma professeure m’a prise sous son aile et m’a tout de suite fait travailler dans les bar-mitsvah, les mariages…. En 2006, j’ai remporté l’Open de Paris avec ma propre chorégraphie et c’est ce que je continue à faire aujourd’hui avec mes élèves, sur des thèmes différents chaque année.
Tu enseignes actuellement le modern jazz au Club Daumesnil dans le 12e arrondissement de Paris. Ça fait combien de temps maintenant ?
Ça fait dix-sept ans mais le club est dans ma famille depuis plus de quarante ans. C’est un club plutôt consacré aux arts martiaux à la base mais qui s’est ouvert à la danse.
En fait, moi je suis née sur les tatamis, avec les kimonos de mon père qui sèchent sur les chaises à la fin des entraînements. J’y ai passé tous mes mercredis quand j’étais plus jeune. J’ai même fait un an de judo moi aussi !
J’ai d’abord commencé à enseigner aux adultes et ensuite je suis passée aux enfants. C’est vrai que je m’y retrouve beaucoup plus car je trouve qu’elles sont pleines de pudeur. Elles ont toujours envie, elles sont contentes d’être là, elles sont contentes de me voir alors qu’avec les adultes, il y a plus de questions d’ego à gérer. Par exemple lors des spectacles.
Est-ce que la taille est un sujet pendant tes cours ?
Ça peut le devenir oui ! En fait, quand les filles commencent mes cours, elles ont souvent entre 3 ou 4 ans, donc là ça va encore. Et puis, ensuite, elles grandissent. Il y a forcément un moment où elles arrivent à ma taille et c’est vrai que, parfois, ça peut être un peu plus compliqué à gérer. Mais globalement, comme je les ai depuis longtemps en cours, elles me connaissent et surtout elles connaissent ma façon de travailler et mon caractère donc ça se passe plutôt bien.
En revanche, avec les adolescentes, c’est plus déconcertant. Elles sont plus grandes que moi et elles me regardent avec un œil d’adulte et parfois j’ai besoin de hausser un peu plus la voix.
Tu penses que ta taille t’oblige à sortir les crocs pour t’imposer ?
Ah complètement ! C’est des trucs tout bêtes comme dans le métro quand je me fais bousculer où que les gens me reculent dessus. J’ai envie de leur dire : “Attention, je suis derrière, vous me voyez pas ou quoi ?” Donc je le dis. Pas de façon agressive mais je le dis. Et je pense que c’est le sport qui m’a permis de m’imposer comme ça, de m’affirmer pour ne pas me faire écraser.
Comme j’ai fait un sport études très jeune, comme j’ai passé des heures dans les piscines, les vestiaires, j’ai développé un rapport spécial à mon corps. Je n’ai pas vraiment de pudeur, j’ai un esprit combatif et c’est ce qui m’aide à donner de la voix quand il le faut.
Comment décrirais-tu ce rapport avec ton corps et ta taille, à l’adolescence notamment ?
Compliqué, ne serait-ce que par rapport à ma prise de poids. Une petite qui prend des kilos, ça se voit beaucoup plus qu’une grande. D’ailleurs, je le retrouve aujourd’hui chez certaines de mes élèves qui sont adolescentes. Je les vois changer et j’assiste forcément à la formation de leurs complexes.
Il y a celles qui sont trop petites, celles qui sont trop grandes trop vite et qui se courbent pour être à la hauteur de leurs copines, celles qui tirent sur leur sweat pour se cacher, celles qui rasent les murs. Je ne les sens pas bien dans leur coquille tout simplement et ça me fait de la peine. Alors, j’essaie de leur parler, de les prendre à part, d’être une oreille.
J’essaie de leur faire comprendre que j’étais pareille, que moi aussi j’avais des doutes. Oui, parfois on se retrouve moche mais la vie va changer. Le physique c’est pas grand chose, on peut faire tout ce qu’on veut. On peut commencer danseuse de rock’n’roll et finir par faire du taekwondo !
Toi aussi le regard des autres a influencé ta perception de toi-même ?
J’ai un souvenir qui me vient à l’esprit : quand j’étais en sport études, je nageais tellement, tous les jours, toutes les vacances, tous les week-ends, que j’étais extrêmement musclée. Quand je me coiffais, j’avais les biceps qui sortaient et à chaque fois, j’entendais des “Ohlala, mais c’est horrible”.
Bref, que des commentaires peu flatteurs qui m’ont créé un complexe que je n’avais pas vraiment envisagé avant. Si bien que j’ai inventé des techniques pour ne plus montrer mes bras. J’attachais mes cheveux différemment, je mettais des chemises sur mes tee-shirts l’été. Alors en plus, j’étais la petite banlieusarde du 77 qui arrivait dans une classe d’élèves du 16e très compétitifs. Je portais des Doc Martens rouges, un bombers rouge, j’étais complètement décalée. Et on ne m’a pas fait de cadeau.
Malgré ça, j’arrivais quand même à être bien dans ma peau car mon père était très bienveillant, très rassurant sur mon physique et mes capacités, et puis ce n’était que ma classe finalement, c’était une minorité. Je trouvais le jugement un peu facile et j’ai réussi à le dépasser. Heureusement qu’il n’y avait pas les réseaux sociaux à l’époque…
Est-ce que comme en natation synchronisée, la taille à un impact à haut niveau dans la danse ?
Forcément. Plus on est grand, plus on a de longs bras, plus on peut aller chercher loin alors que, quand on est petite, il faut étirer. En danse orientale moi j’ai tout de suite mis des talons de 10 cm minimum. Dans les fêtes familiales, les mariages où je me produisais, il fallait qu’on me voit, quoi ! Et accessoirement qu’on ne m’écrase pas les pieds… Et finalement, ça m’a aidé à m’affirmer.
Le conseil que je donne en cours à mes élèves, c’est de bien aller au bout de leurs mouvements quand elles sont petites, pour avoir la même puissance que les grandes.
Je crois qu’aujourd’hui, les standards de la taille sont de moins en moins valables dans le sport. On voit bien avec internet que tout est possible : on peut faire de la pole dance si on est costaud, du hip-hop si on est une crevette. J’ai même vu récemment un homme avec une seule jambe qui faisait du hip-hop justement. C’était fou, très inspirant.
Comment pourrais-tu qualifier ta personnalité en quelques mots aujourd’hui ?
Je suis quelqu’un d’assez facile, je vais facilement vers les gens. J’aime beaucoup parler, faire des petites blagues. Je ne suis pas du tout de nature sauvage, je suis quelqu’un de très bout-en-train, encore plus quand j’étais en sport études où j’étais souvent punie parce que je faisais pas mal de bêtises…
Dans mes cours, je dirais que je suis une main de fer dans un gant de velours. Je peux être douce, leur apprendre des choses et on peut rigoler, il n’y a pas de problème, mais quand ce n’est plus l’heure, ce n’est plus l’heure. Elles le savent et je pense qu’elles m’estiment pour ça.
Cette année, tu as choisi d’aborder le thème des Jeux Olympiques dans le spectacle que tu montes avec tes élèves, pourquoi ?
Déjà parce qu’on a la chance d’avoir les Jeux Olympiques en France cette année. Je me suis dit que c’était un super challenge d’essayer, avec les chorégraphies, d’illustrer les différents sports. Le saut à la perche avec un porté, le vélo aussi. Il y en a une qui fait les pédales, l’autre les roues. Et à la fin, ça rend super bien.
C’est l’occasion de montrer que les femmes ont leur place aux Jeux Olympiques. À l’époque de mon père, il n’y avait pas autant de femmes dans le sport et, aujourd’hui, elles sont là. Leur présence s’est développée, c’est important de le faire savoir.
Est ce que tu as eu des modèles dans ta vie ?
C’est peut-être cliché mais je dirais ma mère et ma grand-mère ! Elles sont petites aussi. Ce sont des femmes de caractère qui, quand elles ont quelque chose à dire, le disent. C’étaient des bosseuses qui ne se laissaient jamais faire. Ni dans le travail, ni dans la vie. Et c’était une vraie leçon pour moi.
Je pense qu’il ne faut vraiment pas faire de sa taille une barrière car il y a tellement d’horizons différents et de possibilités ! On peut même en faire un atout dans certains cas.
Il faut réussir à relativiser ce rapport aux autres car ce ne sont pas non plus des géants, ce sont juste les gens qui nous entourent.
Pour Claire Pola, coach sportive à Limoges, le confinement est un moyen de se réinventer, dans le sport comme dans son activité. Deux fois par semaine, elle nous fait partager quelques moments pris sur le vif dans ses journées toujours très actives.
Un sport racé, noble, dominé par les hommes. C’est ainsi que l’on décrivait le polo. Les moeurs ont changé. Désormais, les femmes tiennent fermement le maillet.
Il était le roi des cours de récré, le voilà sport à part entière. Le jeu du Chat et de la Souris, évidemment ça vous parle ? Les 8 et 9 juillet prochain, il aura même sa première compétition nationale officielle. Les WCT National Series France, prendront leurs quartiers à la TwitchCon Paris et les femmes sont à l’honneur. Alors à vos marques, prêt, chassez !
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Avec le confinement, beaucoup tentent de saisir l’occasion de remettre leur corps en mouvement. Pas facile pourtant, surtout lorsqu’on est seul et que l’espace sportif se limite à ses quatre murs. Alors, généralement, on commence fort puis on se fatigue.
Mais pourquoi si peu d’enthousiasme, même en sachant que le bien-être est au bout de la séance ? Explications.
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