Althéa Laurin « En décrochant l'or aux JO, j'ai vu que je pouvais faire ce qui paraissait impossible. »

« En décrochant l'or aux JO, j'ai vu que je pouvais faire ce qui paraissait impossible. »
Elle est et restera l’un des visages des Jeux de Paris 2024. Althéa Laurin, 23 ans, est devenue la première taekwondoïste française, tous sexes confondus, à décrocher l’or olympique. Un magnifique pied de nez à ceux qui s’étaient autorisés à lui dire qu’elle n'arriverait jamais à rien.

Par Sophie Danger

Publié le 08 décembre 2024 à 20h29

Si j’évoque la date du 10 août 2024, qu’est-ce qui te vient à l’esprit ? 

La médaille d’or, les Jeux Olympiques, la victoire, le public… C‘était juste incroyable, je n‘avais jamais vécu un moment aussi fort de ma vie !

De ta vie ?

Oui, de ma vie ! C‘était super fort en émotions et je pense que je ne revivrai jamais ça Même si je n’ai que 23 ans et que je n’ai peut-être pas encore assez d’expérience, c’est pour le moment ce que j’ai vécu de plus beau et de plus fort.

Tu as réussi à les digérer ces émotions depuis ou est-ce que tu es toujours sur un petit nuage ? 

J‘ai réussi à redescendre mais ça restera toujours gravé dans mon cœur, c’est un moment qui a été tellement spécial, tellement unique que je ne suis pas près de l’oublier. Tout cela fait partie de mon histoire maintenant et j’y pense assez souvent.

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Est-ce que tu dirais que ta vie avant et après ce 10 août est légèrement différente ?

Oui, ma vie est légèrement différente parce que je pense que ce que j’ai vécu à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris m’a apporté encore plus de confiance en moi : j’ai vu que j’étais capable de faire certaines choses qui paraissaient impossibles

Tu n’en avais pas conscience auparavant ?

Je savais déjà que j’étais capable de faire de grandes choses mais le taekwondo français n’avait encore jamais eu la médaille d’or olympique et la décrocher semblait, jusque-là, être mission impossible. Le fait d’y parvenir a permis de franchir cette limite.

Et puis, il y a une autre chose qui a changé depuis les Jeux, c’est le fait d’être parfois reconnue lorsque je me balade dans la rue. Ça ne m’arrive pas extrêmement souvent mais lorsque c’est le cas, je sens qu’il y a un changement entre l’avant et l’après 10 août.

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Ce destin qui est le tien aurait pu prendre une tournure tout autre. En 2008, tu as 7 ans, ta maman souhaite que tu fasses du sport et plus précisément du karaté. Elle t’envoie à l’école municipale des sports d’Epinay mais rien ne va se passer comme prévu et tu vas te retrouver en section taekwondo. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Dans notre famille, il y a la culture du sport. Plus jeune, ma mère a fait de l’aïkido et elle voulait que ma grande sœur, mon petit frère et moi pratiquions, nous aussi, des sports de combat ou de défense. Il se trouve que lorsque j’étais petite, je parlais très très bas et lorsque je suis allée à l’école municipale des sports, l’animateur n’a pas entendu ou n’a pas compris ce que je lui disais. Au lieu de me diriger dans la file pour le karaté, il m’a orientée dans la file pour le taekwondo. C’est comme ça que je me suis retrouvée à faire du taekwondo et ça m’a plu dès le premier jour. 

Tu évoquais des jeux, des étirements, c’est ce côté ludique qui a fait que tu as aimé ?  

Bien sûr. Quand on est enfant, c’est important de pouvoir jouer, de s’amuser. Le taekwondo a, de plus, ceci de particulier qu’il permet de faire des kiai. Les kiai, ce sont les cris que l‘on pousse lorsque l’on fait un coup de pied et c’est juste magique quand on est une enfant super calme. Je pense que tout cela fait que j’ai vraiment accroché très vite avec ce sport.

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Est-ce que tu dirais qu’il t’a permis de sortir de ta coquille ?

Oui, je dirais ça comme ça. Le sport permet de s’exprimer d’une autre manière et, en grandissant, ça aide beaucoup. Je pense que le sport est très important pour les jeunes enfants : quel que soit leur caractère, ça leur permet soit de se défouler, soit de s’exprimer avec, toujours, des effets positifs.

Très vite, l’or olympique devient un graal à conquérir. Comment est-ce que tu expliques cela ?

J‘avais vu des highlights du taekwondo aux Jeux et ça m’avait vraiment plu. Par la suite, j’ai suivi les Jeux Olympiques de 2012. Lorsque j’ai entendu à la télévision que la France n’avait encore jamais décroché l’or, c’est devenu une évidence : c’était à moi d’y remédier. Je ne peux pas expliquer d’où me vient ce sentiment, c’est juste que parfois, on est persuadé d’une chose et elle va de soi.  

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C’est le taekwondo qui a fait naître chez toi cet esprit de conquête, de compétition ?

Je pense que c’était peut-être déjà inhérent à mon caractère. Le sport et, par la suite, la compétition m’ont néanmoins aidée à développer cette qualité.

Tu évoques la compétition, est-ce que tu te souviens de la première ? 

Je m’en souviens très bien, ce n‘était pas fameux et je n‘étais pas contente du résultat. Je ne sais plus exactement si j’avais terminé 2e, 3e peut-être, tout ce qu’il me reste c’est le souvenir d’avoir perdu, ce qui m’avait beaucoup attristée. Avec le recul, je pense que lorsque l’on débute, on n’enregistre pas forcément d’emblée de bons résultats, c’est un chemin qui se construit au fur et à mesure. 

Huit ans après tes débuts, en 2016, tu évolues en junior et l’équipe de France t’ouvre les portes. Comment as-tu vécu ce cap ? 

C’est un cap qui a été assez violent parce qu’on me demandait une intensité de travail que je n‘avais jamais connue avant. Je ne savais pas qu’il était possible d’être autant fatiguée et c’est pour cette raison que j’ai fait le choix, l’année suivante, de changer de club dans l’optique de découvrir d’autres méthodes pour peut-être, avoir plus de résultats. 

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Tu rejoins alors le Taekwondo Club Élite d’Asnières, la fabrique à champions. Tu refuses d’entrer à l’INSEP et tu partages ton temps entre l’école, le sport. L’INSEP ne te faisait pas rêver ? 

L’INSEP me faisait rêver mais je n‘étais pas prête à sauter le pas. Ça me semblait hyper tôt et l’idée de quitter ma famille, de ne la voir, éventuellement, que le week-end me paraissait trop aventureuse. Il y a des gens qui parviennent à sauter le pas facilement mais moi, à ce moment-là, je ne me voyais vraiment pas le faire, je ne me voyais pas quitter tout ce qui était ma vie.

En changeant de club, j‘ai trouvé une solution à mon problème, mais il est vrai que c’était une période extrêmement fatigante. À l’époque, j’étais très jeune, je commençais les cours à 8h et après, j‘allais au sport en bus. Le trajet aller était très court, mais le retour me prenait une heure voire un peu plus. Je rentrais chez moi aux environs de minuit, c’était l’enfer ! 

Tu n’as jamais envisagé de laisser tomber ?  

En y repensant, c’est vrai que je ne me suis pas facilité la tâche mais je pense malgré tout que j’ai fait le bon choix à ce moment-là : je faisais ce que je voulais et, quelques mois plus tard, ça a payé, je suis devenue championne d’Europe junior et ensuite, championne du monde junior. C‘est avec ces résultatslà que j’ai pu prétendre entrer à l’INSEP et avoir d’autres sélections 

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Tu n’as pas eu peur de laisser passer une chance qui ne se représenterait peut-être pas ? 

Non, à vrai dire je n’y ai pas pensé. Mon envie à moi était de faire les choses correctement et il n’y avait pas une once de doute dans ma manière de penser. C’est peut-être à mettre sur le compte de la fougue de la jeunesse mais je ne me rendais pas compte, je me disais simplement que, quoi je décide, il fallait que j’obtienne des résultats et que, tant que j’y parvenais, la porte ne serait pas fermée.

Tu décroches ton premier titre de championne d’Europe junior en 2017, le titre mondial l’année suivante. Comment tu le vis : est-ce que ça arrive plus vite que tu ne le penses ou est-ce que c’est la juste récompense de tous les efforts que tu as déployés ? 

Ça me semblait arriver de manière logique même si le sport de haut niveau n‘est pas forcément une affaire de logique. Il reste que j’étais contente que mes efforts paient parce que je le sentais le 8h-minuit et que ce n‘était pas facile à vivre tous les jours.

Quoi qu’il en soit, j’ai un caractère qui fait que j’ai toujours envie de faire au mieux, envie d’essayer d’exceller et le fait d’y parvenir a été une grande joie même si, cette saison, a aussi été marquée par ma nonqualification pour les Jeux Olympiques de la jeunesse qui elle, a eu un effet dévastateur.

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Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ça a été vraiment dur à vivre parce que j’étais au top niveau dans ma catégorie, j’ai été retenue pour disputer le tournoi de qualification et là, j’ai perdu un combat qui pouvait me permettre de participer aux JO de la jeunesse. Avec cette défaite, j’ai vécu ma première contre-performance. C‘est arrivé environ une semaine et demie avant les Championnats du monde juniors et je pense que c’est ce qui m’a motivée encore plus à être performante pour ce rendez-vous là. 

Lorsque l’on s’attarde sur ton parcours, on a malgré tout la sensation que tu n’as pas souvent goûté à la défaite, c’est pour cela que tes rares échecs ont des répercutions si fortes ?

Lorsque je vis ces situations, c’est très très fort émotionnellement parlant et ça me motive encore plus pour ce qui vient ensuite. Cette défaite pour la qualification aux JOJ m’a, je pense, d’autant plus motivée par la suite pour décrocher une place pour les Jeux de Tokyo et faire une médaille là-bas. Je me suis dit : « Ok, j’ai raté le coche en junior, j’ai intérêt à exceller chez les séniors. »

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Tes débuts chez les séniors remontent à 2019. Durant cette année-là et la suivante, tu continues joyeusement ta moisson avec une médaille de bronze puis le titre aux Europe, catégorie olympique. Ça implique quoi pour toi de concourir en catégorie olympique ?

En taekwondo, nous avons deux systèmes de catégorie : les catégories mondiales et les catégories olympiques. En catégorie mondiale, je suis en moins de 73 kilos et en catégorie olympique, je suis en plus de 67 kilos ce qui signifie que, à partir du moment où l’on fait 67.1 kilos, on peut monter jusqu’à 100 kilos et plus, ce n‘est pas un problème. Il m’est d’ailleurs arrivé, si je me souviens bien, d’affronter des adversaires qui faisaient plus de 100 kilos.

Comment est-ce qu’on détermine le poids et la catégorie qui nous conviennent le mieux ? 

Pendant les premières années où j’ai évolué dans cette catégorie, j’avais un poids assez léger par rapport à mes concurrentes et ça s’est ressenti sur certains combats. C‘est pour cela, quavec l’encadrement et ma coach, nous avons décidé de me faire prendre en masse. Ça a été un peu difficile pour moi parce quau départ, je n‘étais pas forcément très douée en musculation. Cela fait deux ans maintenant que nous travaillons le sujet de manière beaucoup plus intensive, j’ai pris de la masse et c’est ce qui a permis ma performance aux Jeux de Paris.

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C’est un choix qui te réussit… 

Oui, c’était un bon choix. J‘avais un coach en club qui me disait souvent des choses pas forcément très cool à propos de mon poids. Il me disait qu’il ne fallait pas que j’aille en plus de 67, qu’il fallait que je redescende sous les 67 alors que j’étais extrêmement grande pour la catégorie. C‘est pour ça qu’il faut se connaître en tant quathlète, savoir quelles sont nos qualités physiques et écouter notre intuition, tout simplement.

En ce qui me concerne, il y a un moment où il devenait trop difficile de faire moins de 67 kilos, je faisais des régimes qui engendraient certaines choses dans mon corps que je n‘ai pas envie de revivre.

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Tu penses que cette injonction à évoluer dans une catégorie de poids inférieure est dû au fait qu’on attend d’une athlète femme qu’elle soit performante, mais aussi jolie dans le sens où elle se doit d’afficher un corps fidèle aux canons de beauté en vigueur ?

C‘est vrai que lorsque lon est une athlète femme, il peut arriver que l’on soit confrontée à ce genre de problématique même si je pense que nous nous nous détachons de plus en plus des critères de beauté et ce d’autant plus que l’on vit à l’ère de l’inclusivité. Nous sommes des athlètes, nous avons des morphologies différentes et nous sommes fières de nos physiques parce que c’est ce qui nous permet de gagner et de briller.

Au-delà de la question des canons physiques, il y a également celle de la morphologie type en taekwondo avec des physiques très longilignes, très grands, très minces. Ce coach que j’évoquais plus haut pensait que c’était vers cela que je devais tendre, mais je n’étais pas forcément d’accord car il me manquait certaines choses, des muscles par exemple, pour gagner certains combats. En passant en plus de 67 kilos, j’ai pu prendre cette masse musculaire sans être contrainte de faire des régimes énormes ce qui m’a permis d’être beaucoup plus à l’aise et beaucoup plus performante. 

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Comment fait-on pour ne pas être soumise à ces diktats ?

Il faut pouvoir dire : « Non, ça ne va pas se passer comme ça. J‘ai envie de faire les choses de cette manière et pas d’une autre ». Pour ma part, j’ai rencontré une coach en équipe de France qui a compris mon problème et m’a dit que, comme j’étais grande, j’avais raison, que je pouvais aller dans n’importe quelle catégorie, que ce soit en lourd ou autre, et que ça ne me poserait pas de problème.

Est-ce que tu dirais qu’il est plus facile pour une athlète femme d’avoir affaire à une coach femme lorsque l’on est confrontée à ce genre de problématique ? 

Oui, en ce qui me concerne, le fait que ma coach soit une femme fait que j’ai plus de facilités. Ceci étant, ça peut aussi très bien se passer avec un coach homme à partir du moment où il est compréhensif. J’en ai connu des entraîneurs comme ceux-là qui ne prétendaient pas savoir mieux que moi ce qui se passait dans mon corps et ça s’est effectivement très bien passé.

C’est une question d’écoute plus que de sexe ?

C’est ça. 

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Concrètement, tu prouves que tu as eu raison de t’écouter puisqu’en 2021, tu es du voyage à Tokyo où tu vas disputer tes premiers Jeux Olympiques. Ces Jeux sont marqués par le covid et se disputent sans public. Malgré tout, est-ce qu’ils sont conformes à ce que tu t’imaginais plus jeune ?

Je ne savais pas à quoi m’attendre et je n’avais pas idée que ce serait aussi une fabuleux. C‘était des Jeux Olympiques, mes tout premiers et j’ai trouvé ça magique. J‘avais l’impression d’être dans un animé : tout était extrêmement grand et c’était impressionnant de voir autant de pays en un seul endroit réunis pour la même chose. Tout me semblait sortir tout droit d’un rêve.

Ton parcours débute parfaitement bien, tu remportes tes deux premiers combats, le deuxième contre la Chinoise Zheng Shuyin, championne olympique en titre, et tu t’inclines en demie face à la future médaillée d’or, la Serbe Milica Mandi. Tu expliques alors que ce combat perdu t’a permis de comprendre que la défaite n’était pas forcément une fatalité

Après ma défaite, Yasmina Aziez, une camarade un peu plus âgée que moi, m’a fait réaliser qu’aux Jeux, quand on perd, ce n’est pas forcément fini et c’est un scenario auquel nous ne sommes pas habitués en taekwondo. C’est elle qui m’a dit que j’avais le droit d’être triste pendant trente minutes- une heure si je voulais mais, qu’après, il fallait que je me re-mobilise pour aller chercher la médaille de bronze parce que c’est une médaille qui me resterait à vie et que je n’aurais pas trente-six mille occasions comme celle-là. J’ai également reçu des messages d’athlètes qui avaient, eux aussi, vécu cette situation et me disaient de foncer alors je me suis dit : « Allez, il faut y aller ». 

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Tu fonces et tu rentres en France avec le bronze autour du cou. À 19 ans, tu deviens la plus jeune médaillée du taekwondo français. Cette médaille, je te cite, est un déclic, un indicateur très fort sur ton potentiel. De l’extérieur, tu ne donnes pas l’impression de douter or c’est le cas.

Il y a toujours une part de doute dans la performance mais ce doute chez moi était la conséquence d’expériences négatives. Durant mon parcours, on m’a souvent dit que je n‘arriverais à rien, que je ne ferais jamais rien en taekwondo et, avant les Jeux, on m’annonçait perdante dès le premier tour ! Aujourd’hui, ce genre de paroles ne me ferait rien mais, quand on est jeune, ça peut être destructeur.

Tout cela a donné encore plus de poids à cette médaille de bronze et je me disais que, si jamais ma carrière devait s’arrêter maintenant, j’aurais une médaille olympique, ce qui prouvait que ce que l’on avait dit de moi était faux.

Ces gens que tu évoques faisaient partie de l’encadrement ?

Je n‘ai pas envie de donner des noms, j’ai surtout envie d’insister sur le fait que ce genre de discours adressé à une personne très jeune peut faire extrêmement mal. C‘est la dure réalité du haut niveau : on ne voit souvent que les beaux moments, les moments de victoire durant lesquels tout est rose, mais il y en a d’autres beaucoup plus difficiles à passer, d’autres durant lesquels on se sent seule à devoir affronter ce genre de choses. 

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Tu dirais que cette médaille était pour toi une revanche ?  

Ce n’était pas forcément une revanche mais elle m’a permis de me dire que j’avais raison, que j’avais bien fait de m’écouter. C‘est plus cette perspective-là qui rend cette médaille d’autant plus magique.  

Après Tokyo, tu ajoutes quatre autres médailles à ton palmarès dont trois en or l’or européen en 2022 et 2024, l’or mondial en 2023 – et en 2023, tu deviens numéro 1 mondiale. Pour autant, tu es loin d’être rassasiée

Je ne suis effectivement pas encore rassasiée et j’ai envie de continuer sur cette lancée. L‘olympiade de Paris a été absolument magnifique : pour chaque championnat sur lesquels nous nous sommes déplacés, je suis revenue avec une médaille d’or ou un titre, je trouve ça juste exceptionnel et j’en suis très très fière. Il faut que je me serve de ça comme d’un supplément de motivation pour me dire que je peux faire mieux, que je peux encore aller plus loin.

Je sais que le statut qui est désormais le mien va forcément un peu compliquer la tâche, mais c’est un challenge et c’est ce qu’on aime dans le sport.

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Qu’est-ce que l’on met en place pour parer à toute baisse d’intensité ou de niveau ?

Plein de choses, mais je pense que c’est avant tout la résultante d’un état mental particulier qui nous fait chercher à aller plus haut, plus loin, à chercher à être plus « parfaite » même si la perfection n’est pas forcément atteignable. Avec ma coach, on est vraiment dans cette démarche-là : essayer de perfectionner mon jeu au maximum et plus le temps avance, plus mes techniques s’améliorent. Quand après un combat, je regarde ce que j’ai fait et que je me rends compte que j’ai utilisé telle technique, que je fais de moins en moins d’erreurs, c’est un immense sentiment de satisfaction et je n’ai pas envie que ça s’arrête. 

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Le seul or qui manque à ton palmarès à ce moment-là, c’est l’or olympique. Ce sera chose faite à Paris au terme d’un parcours durant lequel tu n’as pas perdu un seul round. Au fil des victoires, tu ne t’es pas dit que tout allait trop bien, tu n’as pas eu peur que la scénario s’inverse ? 

Pas vraiment. Je préfère ne pas penser à ça mais, si ça doit arriver, l’idée de devoir remonter la pente pourrait, malgré tout, être un challenge assez stimulant.

Quand tu as compris que tu étais championne olympique, la première du taekwondo français, tu te souviens de ce à quoi tu as immédiatement pensé ?

Je ne sais pas trop si j’arrivais à penser. Je crois qu’à ce moment-là, mon cerveau s’est mis en mode pause et je me suis mise à célébrer dans tous les sens. Avant de voir les images, je sais que suis allée voir ma coach parce que j’ai couru vers elle mais je ne savais plus trop exactement ce que j’avais fait. Il y avait beaucoup d’émotions mélangées, beaucoup de joie, beaucoup de fierté de l’avoir enfin fait, c’était magique comme moment.

On a senti que toi, jeune femme réservée, tu avais décidé de laisser de côté ta timidité pour profiter pleinement de ce moment et partager avec un public qui était tout acquis à ta cause.

Je me disais que tous ces gens étaient venus pour voir mes combats et qu’avec cette médaille, je leur rendais tout ce qu’ils m’avaient donné de la plus belle des manières possibles.

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L’été dernier t’a fait entrer définitivement dans l’histoire de ta discipline, à jamais la première pour le taekwondo français

Wahouuu… Jusqu’à présent, on avait réussi à décrocher des médailles de bronze et d’argent et l’or nous échappait mais désormais, c’est terminé. Cette médaille, c’est un message pour les générations futures, elle est la preuve que nous avons tout ce qu’il faut pour décrocher l’or encore et encore.

Le bronze de Tokyo t’avait incité à conquérir d’autres titres, quand on possède ton palmarès et qu’on a décroché toutes les distinctions les plus prestigieuses, comment on envisage l’avenir ?

Pendant très longtemps, le défi a été de conquérir ces titres là et il est désormais de répéter l’exploit parce que le faire une fois, c’est très difficile mais le répéter deux fois, c’est extrêmement difficile et je ne parle pas d’une 3e ou d‘une 4e fois. Cette perspective est un challenge très très stimulant 

©Amandine Lauriol/Nike

Ouverture ©Amandine Lauriol/Nike

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