Bruna de Paula« Le sport m’a tout appris. Sans lui, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. »

Bruna de Paula
Handballeuse pro venue tout droit de son Brésil natal en 2016, Bruna de Paula est une force de la nature, corps et esprit alignés et déterminés ! Couronnée meilleure joueuse de la saison 2019-2020 du Championnat de France féminin de handball, elle trace sûrement sa route vers la médaille tant rêvée des Jeux Olympiques. Une belle leçon de sport et de vie.

Par Claire Bonnot

Publié le 13 juin 2020 à 20h29, mis à jour le 13 janvier 2025 à 17h55

Tu viens d’être élue meilleure joueuse du Championnat de France de la saison. Qu’est-ce qu’on ressent lorsqu’on est ainsi distinguée ?

C’est une vraie récompense  ! Ça montre que le travail ça paye et que je suis sur le bon chemin.

Si on refait le match… Comment as-tu commencé le handball ?

Quand j’étais petite, c’était le foot que j’adorais, c’était vraiment mon sport de cœur. Mais dans ma ville (au Brésil, ndlr), il n’y avait pas de foot féminin… C’est comme ça que j’ai découvert le hand qui est devenu ma passion.

J’ai commencé à l’école. Et il se trouve que l’entraîneur était aussi celui du club de la ville. Il m’a invitée à venir faire partie de l’équipe. J’avais seulement dix ans !

J’ai continué dans cette voie, j’ai quitté la maison pour partir m’entraîner dans un club de haut niveau à l’âge de 14 ans.  J’ai eu de la chance parce que ma famille n’était pas aisée et notre seule alternative était alors de travailler jeune.

Bruna de Paula

Qu’est-ce qui t’as plu dans le handball ?

Les différentes façons qu’il y a de se sortir d’une situation difficile sur le terrain. Pour moi, c’est exactement ce qu’il se passe dans la vie de tous les jours. Tu dois gérer. Avec le handball, c’est pareil, il y a sans cesse des obstacles que tu dois dépasser  ! 

Grand tournant : Tu es sélectionnée en 2015 pour le Championnat du monde au Danemark…

J’avais à peine 19 ans  ! Je ne m’attendais pas du tout à ça. Surtout que l’année d’avant, le Brésil avait été Champion du monde de handball (en 2013, en Serbie, ndlr). Ça me paraissait irréel d’être dans l’équipe de championnes !

Tout comme d’avoir été élue Meilleure Joueuse cette année… Être sélectionnée dans l’équipe nationale, c’était un rêve mais peut-être trop tôt réalisé… Ça m’a mis beaucoup de pression. Pourtant, tout s’est très bien passé !

Bruna de Paula

Un an plus tard, en 2016, tu quittes le Brésil pour la France. Tu rejoins les Panthères du club français de Fleury Loiret. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

J’ai eu cette opportunité et je l’ai saisie car je veux toujours plus. Et je savais qu’en France, je pouvais encore progresser alors qu’au Brésil, je me sentais stagner.

Dans ma vie personnelle, c’est pareil, j’ai besoin d’être défiée, or là, j’ai senti que c’était le moment d’aller vers quelque chose de nouveau, la chance d’évoluer dans le hand. Je n’ai pas hésité !

Quelle est ton arme secrète sur le terrain ?

Mon point fort, c’est vraiment la réactivité, la capacité que j’ai à décider rapidement des actions à mener sur le terrain. J’ai aussi une certaine facilité à jouer dans les trois postes, arrière gauche, demi-centre et arrière droite.

Bruna de Paula

Qu’est-ce qui te plaît tant dans le fait de jouer en équipe ?

La force du collectif.  Lorsque tu es embarquée dans un match avec ton équipe, quoi qu’il arrive, les autres joueuses vont être là pour toi. Pour te porter, pour t’aider dans les moments difficiles. Toute l’équipe est derrière toi. On court toutes derrière le même objectif  !

Un souvenir de victoire qui t’a marquée ?

Le Mondial 2015  ! Parce que c’était mon premier et que j’étais ébahie par tout ce que je vivais. Un moment inoubliable : quand on a marqué le dernier but à deux secondes de la fin !

Bruna de Paula

Et d’une défaite qui t’a tout de même permis d’avancer ?

Ah, je n’aime pas perdre  ! On va dire que j’ai appris à perdre, mais ce n’est pas encore mon point fort aujourd’hui ! Je sais que dans un match, il y a un gagnant et un perdant, et si c’est l’adversaire qui gagne, c’est parce qu’il est meilleur que nous, tout simplement.

«  Perdre, c’est aussi avoir la chance de repérer ses erreurs et donc de s’améliorer. »

Je dois l’accepter et ça permet de se remettre en question, de se dire « Qu’est-ce que je vais faire lors du prochain match pour décrocher la victoire ? »

Perdre, c’est aussi avoir la chance de repérer ses erreurs et donc de  s’améliorer.

DE PAULA-Fleury Loiret - Bertrand DElHOMME

Le sport de haut niveau, c’est beaucoup de sacrifices ou c’est un plaisir total pour toi ?

À part être loin de ma famille, ce n’est vraiment pas un sacrifice parce qu’il n’y a même pas deux secondes dans le hand où j’ai la sensation de travailler. C’est une passion, un plaisir, c’est dans mon cœur, je donne tout. Le hand c’est ma vie  !

Comment on se sent quand on a atteint le haut niveau ?

Il faut être préparé, avoir le mental pour ça, parce que le sport, ce n’est pas que du bonheur, il y a les blessures, la pression. On a un coach pour nous aider en ce sens. 

«  Le sport m’a montré que j’avais de la force et qu’en tant que femme, je pouvais faire la même chose que les hommes, même plus parfois  ! »

Bruna de Paula

Mais moi, j’ai de la chance parce que j’arrive à voir les problèmes d’une autre façon. Je me dis que c’est juste un instant dans ma vie et que ça va passer, que c’est peut-être arrivé afin que je puisse grandir encore.

Le sport, ça t’a apporté quoi dans ta vie personnelle ?

Je suis partie très jeune de chez moi, c’est le sport qui m’a tout appris  : à respecter les autres, à savoir se dépasser. Je tiens vraiment à remercier le sport pour cette belle leçon de vie ! Sans lui, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui.

Est-ce que ça t’a aidé dans ta vie de femme ?

Le sport m’a montré que j’avais de la force et qu’en tant que femme, je pouvais faire la même chose que les hommes, même plus parfois  ! Ça a forgé mon caractère  : si je veux quelque chose, je ne lâche rien, je fais tout pour l’avoir.

Que dirais-tu aux femmes pour les inciter à se mettre au sport ?

Il faut croire en soi, être très déterminée. Si tu veux quelque chose, peu importe ce que les autres en disent tant que toi tu y croies !

Quelle est la suite du match pour toi ? Ton rêve ?

Les JO 2021  ! Le grand objectif de ma vie est d’avoir une médaille, c’est le rêve de toutes les sportives. Et de la rapporter pour mon pays… le Brésil !

Vous aimerez aussi…

Renelle Lamotte

Rénelle Lamote, l’athlète qui fond sur Tokyo pour oublier Rio

Il y a cinq ans, au Brésil, Rénelle Lamote voyait ses ambitions olympiques réduites à néant dès les séries. Après une lente et douloureuse reconstruction, la demi-fondeuse francilienne est parvenue à renouer avec son meilleur niveau. À quelques jours de son entrée en lice aux Jeux Olympiques de Tokyo, la double vice-championne d’Europe du 800 mètres veut rivaliser avec le gratin mondial.

Lire plus »
Khadjou Sambe

Khadjou Sambe, le surf comme planche de salut

Première surfeuse pro du Sénégal devenue symbole d’émancipation, elle glisse sur l’eau pour mieux noyer les préjugés. Changer les mentalités est son crédo dans un pays où certains sports ne se conjuguent pas au féminin. Khadjou Sambe s’entraîne dur pour se qualifier aux prochains JO de Tokyo et ça va tanguer !

Lire plus »
Lauriane Lamperim

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une ex-gymnaste devenue surfeuse (Lauriane Lamperim sur notre photo), une basketteuse emblématique, une parachutiste qui a fait du ciel son univers, une patineuse qui a bousculé l’ordre établi, une Simone qui a roulé sa bosse ou encore une championne de karaté qui se raconte dans notre podcast, c’était le menu de la semaine dernière sur ÀBLOCK! et c’est à (re)découvrir sans modération…

Lire plus »
Gabriella Papadakis

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une fille à couettes qui soulève plus lourd que Hulk en personne, une espionne qui ne lâche pas le sport, même en prison, une « mère indigne » championne olympique, des patineuses d’hier et d’aujourd’hui (comme Gabriella Papadakis sur notre photo) ou encore une sportive dingue de windsurf, demandez le programme !

Lire plus »

Simonne Mathieu, la reine de la terre battue qui fit trembler les filets en 1930

Elle est la deuxième meilleure joueuse de tennis française de tous les temps, mais la mémoire collective n’a pas retenu son nom. Simonne Mathieu, tapie dans l’ombre écrasante de Suzanne Lenglen, n’a pas eu la place qu’elle méritait dans les livres d’histoire. Et pourtant. La Francilienne, deux fois victorieuse en simple de Roland-Garros, s’est illustrée par son talent sur les courts, mais aussi par son parcours de résistante au service de la France libre.

Lire plus »
Ming Gherardi Van Eijken  « En gym, quand je m'élance pour une figure, je suis mon coeur. »

Ming Gherardi Van Eijken : « En gym, quand je m’élance pour une figure, je suis mon coeur. »

Ce p’tit bout de 16 ans d’1,51 m est une boule d’énergie. Ce qu’elle veut, c’est gagner. Championne de France 2024, médaillée de bronze aux Championnats du monde junior 2023, vice-championne d’Europe en 2022 et sur la troisième marche du podium en 2024, le tout en saut de cheval… la « Kid » de la gym’ féminine française, Ming Gherardi Van Eijken, ira toujours plus haut !

Lire plus »
Il était une fois la boxe... féminine

Il était une fois la boxe… féminine

Alors comme ça, la boxe serait une affaire d’hommes ? Que nenni, les gants vont aussi bien aux filles qu’aux garçons ! Et certaines n’ont pas attendu d’autorisation pour le faire savoir. Retour sur l’histoire de ces pionnières gantées.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner