Elle est née avec une agénésie transverse des membres supérieurs (ATMS) touchant le bras gauche, mais elle semble dire : « Et alors ? ». Heïdi Gaugain est une sportive. Point. « Je me suis toujours senti une petite fille normale, intégrée et capable », dit-elle dans L’Équipe. Après avoir pratiqué le roller, la natation et la gym, elle commence le cyclisme en 2015 au Vélo Saint-Georges Aventure, un club monté par son père Fabrice, cycliste amateur. Elle a 10 ans et elle ne cesse de pédaler, tant et si bien qu’à 11 ans, elle s’inscrit à sa première course.
Dans la famille, le vélo est une passion depuis plusieurs générations. Son père lance son école de vélo et ses filles le suivent. « On a démarré avec ma soeur cadette, Centyne, se souvient la jeune athlète dans Ouest-France. J’ai vite accroché, car j’aime l’effort solitaire, me dépasser. »
Ce qui ne veut pas dire que tout fut facile. « J’ai vite compris que le cyclisme était un sport dur et que sans sacrifices, je ne m’imposerai pas », confie-t-elle à lamayenne.fr. Des sacrifices qui n’en sont pas vraiment : « L’entraînement ne m’a jamais rebuté. J’aime ça, même l’hiver quand on aimerait pourtant rester au chaud ! Mon niveau a progressé́ et cela m’a motivée. »
Rapidement, elle intègre des courses avec les valides malgré son handicap. Sa force ? Le goût du dépassement de soi. Elle pratique ce sport comme ses co-équipiers. Rien ne peut la troubler et encore moins son handicap. Son père adapte pour elle un vélo qui fait le job. « C’était du bricolage. C’était un peu olé olé ! On scotchait sa prothèse et elle ne freinait que de la main droite », raconte son père.
Le bricolage, au fil des ans, laisse la place à la techno, Heïdi Gaugain bénéficie aujourd’hui d’une prothèse qui est un anneau articulé qu’elle glisse autour du guidon, d’une corne pour positionner sa prothèse et d’un dérailleur électrique pour les changements de vitesses, ce qui lui permet d’être performante tant sur la piste que sur route. Et elle gère !
En 2019, elle intègre la SEF (Structure d’Entraînement et de Formation) de Laval, un tournant dans sa vie. Elle s’épanouie dans ce centre et, surtout, elle apprend plus vite avec les valides et…avec les garçons : « J’étais la seule fille la première année, j’ai beaucoup appris. Nous avions des horaires aménagés, avec trois entraînements par semaine, en groupe avec les garçons », explique-t-elle dans le journal Ouest France.
Puis, en juin de cette même année, Heïdi Gaugain découvre le para cyclisme sur les conseils de Stéphane Bahier, un triathlète handisport, multi médaillé, basé en Mayenne, comme elle. Elle le rencontre lors du championnat de France, à Landaul dans le Morbihan, et tout s’enchaîne.
Elle quitte son club de Laval pour celui de Bayonne, avant que les entraîneurs du Pôle espoir de para cyclisme d’Urt dans les Pyrénées-Atlantiques, lui proposent de participer à des stages JAP (Jeunes à Potentiel) et à La Relève, un programme de détection d’athlètes prometteurs dans un ou plusieurs sports paralympiques et qui ne sont pas encore intégrés dans un circuit de compétition.
Heïdi Gaugain perçoit là la possibilité de performer en handisport. Et elle a raison, elle est douée, très douée. Elle enchaîne les podiums et les titres. Championne de France para cyclisme en contre-la-montre et course en ligne en 2020, elle remet ça en doublant la mise l’année suivante, décrochant en effet, en prime, le maillot de championne de France de scratch et omnium.
En 2022, elle devient la première athlète handisport a remporté un titre de championne du monde chez les valides, en poursuite par équipe et à la course aux points, à Tel Aviv. Car, handisport ou valide, elle refuse de choisir. Elle est donc la première para athlète titrée mondialement en cyclisme et en para cyclisme.
La médaille d’or par équipe pour Heïdi Gaugain…©Facebook
Mais c’est auréolée de ses titres en paracyclisme qu’elle compte susciter l’admiration aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Elle sera au départ de trois épreuves : sur la piste du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines puis sur la route les 4 et 6 septembre avec le contre la montre individuel autour de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, et enfin, la course en ligne : « Je suis confiante quant à mon niveau sportif et donc, mon ambition est de finir sur le podium lors de toutes les épreuves auxquelles je participe », lance-t-elle, déjà impatiente de se frotter aux meilleures de sa catégorie.
Si elle relève le défi, devinez quoi ? Elle se tournera vers les Jeux de Los Angeles 2028 pour y concourir chez les valides. Et la boucle sera bouclée.