
Best-of 2021, la totale ÀBLOCK!
Avez-vous été ÀBLOCK! cette année ? Que s’est-il passé en 2021 dans nos colonnes ? Vous avez loupé quelque chose ? Attention, séance de rattrapage, voici donc le Best-of des Best-of de cette fin d’année. Enjoy !
Publié le 21 avril 2022 à 13h49, mis à jour le 13 janvier 2025 à 16h37
Vous publiez l’« Histoire populaire du baseball »*, sous-titré : « 10 pionniers(ères) qui ont fait évoluer leur société à travers leur parcours hors norme ». Pourquoi cette odyssée ?
Dans les années 2000, je me suis mis à regarder pas mal d’animés japonais de sport. J’ai été entraîné dans l’histoire de Major, de son héros Goro Shigeno… et dans l’univers du baseball.
En 2008, j’ai déménagé à Paris et je me suis dit : une nouvelle ville, une nouvelle vie, pourquoi pas un nouveau sport ?
J’ai alors poussé la porte d’un club doyen du baseball français, le Paris Université Club, et j’ai accroché tout de suite.
C’est un sport avec une très grande richesse culturelle et historique, qui a été au centre – et c’est ce que je tente de montrer dans le livre – de nombreux enjeux sociaux et sociétaux.
Vous avez choisi d’écrire sur cinq pionniers, mais aussi cinq pionnières du baseball. L’égalité de traitement, c’était indispensable ?
Quand j’ai décidé de partir sur des portraits qui permettraient de couvrir une partie importante de l’histoire du baseball, j’ai souhaité la parité. Et puis je voulais vraiment retracer l’odyssée du baseball au féminin !
Je voulais parler de cette histoire qui, pendant très longtemps, était tombée dans l’oubli. D’ailleurs, dans mes recherches, ça a été parfois plus difficile de trouver des informations pour les portraits féminins que pour les portraits masculins…
Gaétan Alibert
S’il fallait résumer : l’arrivée des femmes dans le baseball, ce fut facile ou ce fut un combat ?
Ça a toujours été très compliqué, mais elles ont toujours été là. En 1866, au Vassar College, on voit apparaître la première équipe universitaire féminine… et le premier stop, du côté des parents : ‘‘Ah non, on ne veut pas que nos jeunes filles jouent à ce sport de garçon ’’. Et ça, ça résume pendant très longtemps l’histoire du baseball au féminin.
En revanche, il y a eu très tôt des tentatives pour le professionnaliser. La première fois que des femmes ont été payées pour jouer au baseball, c’était en 1875 !
Alors, il y avait bien sûr un côté « exhibition » : des femmes qui jouent au baseball, c’est incroyable et l’incroyable, ça attire ! Il y avait un côté : « On dérange les conventions, mais c’est pour faire du business ». Ce qui a permis à des femmes de jouer, y compris dans des équipes masculines.
Lizzie Arlington, en 1898, a été la première femme à disputer un match dans les League mineurs. Il y avait une vraie avancée sociétale à voir des femmes jouer au baseball.
Mais à chaque fois qu’elles ont avancé, on a tenté de les stopper.
Lizzie Arlington, en 1898.
Vous traitez plusieurs figures féminines du baseball, comment les avez-vous choisies ?
Ce que je voulais, femme et hommes compris, c’était pouvoir explorer, à travers ces personnalités, de nombreuses époques du baseball et de l’histoire contemporaine.
L’Américaine Edith Houghton était une pionnière dans les années 1920/1930. C’était une prodige du baseball et la première femme à être recruteuse à temps plein pour la MLB (Major League Baseball).
Effa Manley, dirigeante iconique des « Negro Leagues » -les ligues noires qui ont existé pendant la ségrégation- est la seule femme, encore aujourd’hui, à avoir été élue au baseball Hall of Fame. Ça, ce sont des noms qui se sont imposés comme une évidence.
Edith Houghton, une pionnière des années 1920/1930.
Pour d’autres, j’ai fait un peu plus de recherches. La Californienne Julie Croteau, par exemple, dans le chapitre consacré à la deuxième moitié du XXe siècle. Je l’ai choisie parce qu’elle est passée par une action judiciaire pour pouvoir jouer, pour pouvoir exister dans un monde soi-disant masculin (En 1987, elle attente un procès, qu’elle perdra, pour pouvoir intégrer l’équipe masculine de son lycée, Ndlr).
Son combat a rejoint les évolutions sociétales permises par le mouvement féministe post Seconde Guerre Mondiale, le fameux « Titre IX » de 1972 (amendement américain qui interdit toute discrimination sur la base du sexe, Ndlr). Elle, plus que toutes autres, est connectée à la grande histoire du monde.
L’histoire du baseball à travers une ex-joueuse emblématique, Julie Croteau, devenue entraîneure.
On apprend dans votre livre qu’on a essayé d’imposer aux femmes la pratique du softball plutôt que du baseball, pour quelles raisons ?
Ce qui est assez incroyable avec cette histoire, c’est qu’au départ le softball est un sport qui a été créé par hasard, à Chicago. L’idée, c’était de pouvoir jouer au baseball dans un gymnase quand il faisait froid. Dès l’année suivante, il s’est pratiqué en extérieur et s’est développé, mais « sans genre » !
C’est dans les années 30 que le softball va devenir le « baseball au féminin ». Jusqu’alors, certes, les femmes luttent pour jouer au baseball mais elles jouent !
Pendant la guerre, les femmes ont prouvé qu’elles pouvaient faire autre chose que mère ou épouse, qu’elles pouvaient avoir une utilité sociale. Et qui dit utilité sociale dit droits…
Donc, elles se sont attaquées au patriarcat, et il a réagi. Une de ces réactions a été de dire : les femmes ne peuvent pas jouer au baseball. Le baseball, c’était le sport des hommes, celui qui profite du grand terrain. Et le grand terrain, c’est la métaphore avec l’espace public et les lieux de pouvoir.
Ça n’est que depuis les années 2000, qu’on a commencé à faire tomber cette distinction de genre, mais elle existe toujours… On a vu aux derniers JO que le softball, c’était la discipline des femmes et le baseball la discipline des hommes…
Heureusement, dans l’univers du baseball aujourd’hui, c’est beaucoup moins figé que ça !
La Française Melissa Mayeux…©FFBS
Justement, de nos jours, diriez-vous que les femmes se sont fait une place pérenne dans le baseball ?
Dans les années 90, après Julie Croteau, d’autres pionnières sont apparues. Leur arrivée sur les terrains correspond aussi à la mise en avant de l’histoire de la All-American Girls Professional Baseball League entre 1943 et 1954. Le baseball féminin renaît à ce moment-là.
Ensuite, peu à peu, il va prendre une certaine importance. On a des joueuses qui continuent à endosser des rôles de pionnières, comme la Japonaise Eri Yoshida ou la Française Mélissa Mayeux, première femme au monde à apparaître sur les listes d’éligibilité de la MLB en 2015…
En France, les règles ont évolué aux alentours de 2010, justement pour pouvoir permettre aux femmes de jouer. Avant ça, elles pouvaient jouer en mixte jusqu’à leurs 16 ans mais, après, elles devaient choisir entre arrêter ou aller au softball.
Grâce à Mélissa Mayeux, mais aussi au travail de beaucoup de bénévoles et de clubs, la fédération a changé les règles. Désormais, c’est assez commun de voir des équipes régionales avec plusieurs femmes dans leur effectif.
On a même maintenant des équipes féminines comme les Bats dans la région de Lyon ! Aujourd’hui, le baseball féminin existe, il est bien structuré. Et, petit à petit, il continue de grandir…
* « Histoire populaire du baseball », 17 mars 2022, éditions Blacklephant
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