Thomas Boury : « Alors que le Tour se termine, à quoi pensent ces héroïnes des temps modernes ? »

Tour de France Femmes/MALCOTTI Barbara
Ce tour de France féminin n’a cessé de susciter l'enthousiasme, pourtant demain la vie reprendra son cours. Jusqu’à l’année prochaine où le volcan de nos amours reprendra feu comme si c’était hier.

Par Thomas Boury, cycliste, spécialiste d'ultra-endurance

Publié le 31 juillet 2023 à 17h00, mis à jour le 31 juillet 2023 à 17h18

Le Tour de France, c’est cet arbre centenaire sous lequel on vient roupiller les après-midis d’été. L’œil à demi ouvert jusqu’à 17h, pour finir les yeux écarquillés, pendus au suspense de la fin d’étape. Voilà cent-vingt ans que le Tour existe, et deux qu’il se réinvente.

Le Tour de France traverse les époques et je pense à mes grands-parents avec qui je l’ai découvert lors des vacances estivales. C’était le temps de l’insouciance et de la fin des devoirs. J’apprenais la géographie l’après-midi avec le Tour et le soir avec la carte au trésor. Que l’on ait 30 ans, 20 ans ou 50 ans, le Tour c’est ce tourbillon de souvenirs. Loin du sport, près de la France.

©A.S.O. Charly Lopez

Au rythme de ce second Tour de France Femmes, j’ai réappris le vélo, tenté de déjouer ses clichés, laisser parler mon cœur pour ne laisser transparaître que la sincérité unique de l’effort. Celle-là même qui m’anime au quotidien, ce pour quoi je monte en selle. Celle-là même qui m’interroge et me renvoie à ma condition d’Homme. Celle-là même qui fait tomber les masques que nous apposons sur nos visages pour traverser le vacarme et la hâte.

©A.S.O. Charly Lopez

La course cycliste de juillet est là où on ne l’attend pas et je crois que c’est ce qui lui confère son pluralisme. Que nous soyons sportifs ou non, « danseuses », « marins », ou « artisans de l’effort », pour reprendre quelques-uns des mots d’Olivier Haralambon, philosophe, écrivain et cycliste, le vélo nous unis, fait tomber nos barrières et avec lui nous rêvons. La France de juillet est belle et nos chœurs attendris se rapprochent en concert.

Alors que le Journal du Dimanche pointe aux abonnés absents, le spectacle de la grande boucle, lui, répond présent dans un dernier baroud. De Pau à Pau, c’est dans les faubourgs de la capitale du Béarn, plombé d’un ciel métallique, que le chronomètre égraina à rebours le compte des minutes et des secondes. 22,6 kilomètres joués à la vitesse de la lumière pour finir de départager ces femmes.

©A.S.O/Thomas Maheux

Je ne parlerais pas ici de vainqueure ou de vaincue, de succès ou d’échecs. Car est-ce bien là ce qui nous importe ? J’ai tenté pendant une semaine de m’imaginer à leur place le temps d’un instant, le temps d’un effort. Alors que le Tour ferme ses portes, je me demande à quoi pensent ces héroïnes des temps modernes.

Ce soir je m’interroge sur leurs rêves et leurs envies pour la suite. Ce tour de France féminin n’a cessé de susciter enthousiasme et intérêt, pourtant demain la vie reprendra son cours, les souvenirs de leurs visages s’effaceront sous le sable du mois d’août et leurs noms recouverts de l’écume des jours… Jusqu’à l’année prochaine où le volcan de nos amours reprendra feu comme si c’était hier.

La boucle est bouclée et juillet, une fois de plus, ne ressemble à nul autre pareil.

A.S.O. / Thomas Maheux

Ouverture Barbara Malcotti ©A.S.O. Thomas Maheux

Vous aimerez aussi…

Juliette Gelin, la libéro qui électrise les parquets

Juliette Gelin, la libéro qui électrise les parquets

Pilier des Bleues, à seulement 23 ans, Juliette Gelin s’impose comme l’une des figures les plus inspirantes du volley féminin. Libéro au style instinctif et à la vision affûtée, elle veut devenir la meilleure au monde et on lui fait confiance. Portrait d’une joueuse qui fait du terrain sa scène et du sport un spectacle.

Lire plus »
Mondiaux de para athlétisme 2024, l'heure du récap'

Mondiaux de para athlétisme 2024, l’heure du récap’

C’était l’une des dernières occasions de réviser ses gammes pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Du 17 au 25 mai dernier, le para-athlétisme a pris possession de Kobe au Japon. Une édition en petit comité pour les Français, beaucoup ayant fait l’impasse sur la compet’ pour mieux préparer les JO. Décryptage.

Lire plus »

Manon : « J’ai longtemps cru que certains sports étaient réservés aux mecs ! »

Sportive tous azimuts depuis toujours – de l’équitation au tennis en passant par la course à pied, Manon n’aurait cependant jamais pensé soulever de la fonte un jour. Dans son esprit, c’était du « sport de mecs ! ». La passion communicative de son copain lui a fait pousser la porte d’une salle de CrossFit et, depuis, elle se sent plus forte. Un joli parcours d’ouverture d’esprit et d’émancipation par le sport.

Lire plus »
Anaïs Quemener  : « Ma plus grande victoire a été de revenir au niveau après ma maladie. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une tenniswoman qui avait la tête dans les étoiles, un petit rab enneigé pour les jeunes, une runneuse que rien n’arrête (Anaïs Quemener sur notre photo), une Question qui tue spécial cardio, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK! Enjoy !

Lire plus »
Gabriella Papadakis

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une fille à couettes qui soulève plus lourd que Hulk en personne, une espionne qui ne lâche pas le sport, même en prison, une « mère indigne » championne olympique, des patineuses d’hier et d’aujourd’hui (comme Gabriella Papadakis sur notre photo) ou encore une sportive dingue de windsurf, demandez le programme !

Lire plus »
Margot Chevrier

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Des seniors gantées, le retour des VTT, une perchiste ambitieuse (Margot Chevrier sur notre photo), une réponse à une question musclée et l’ultra-trail qui se met au parfum ÀBLOCK!, c’est le meilleur de la semaine. Enjoy !

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner