La santé des sportifs et sportives professionnels ? Un sujet ÀBLOCK! par définition et qui ne doit pas être pris à la légère. On ne parle pas ici de potentielles blessures physiques, mais de risques psychosociaux auxquels sont confrontés ces salariés un peu particuliers.
Pressions, doutes de soi, incertitudes sur leur avenir… Les facteurs de stress ne manquent pas et poussent un grand nombre de sportifs et sportives jusqu’au burn-out.
Aujourd’hui, les langues se délient même si le sujet est encore tabou. Quels problèmes en effet pourrait bien rencontrer celui ou celle qui fait du sport toute la journée ?
C’est oublier que ces (nos) champion.ne.s sont des êtres comme vous et moi. C’est oublier qu’ils et elles donnent tout pour leur sport. Voilà sans doute l’une des problématiques à traiter d’urgence.
En 2019, la skieuse Perrine Laffont a osé témoigner sur le sujet, racontant sa dépression causée par une mise en lumière aussi brutale que soudaine. L’an passé, l’ex-n°1 mondiale de tennis Naomi Osaka annonçait faire une pause, sans en dissimuler la vraie raison : la fragilité de son état mental.
Comment aider ces champions et championnes qui nous font rêver afin que leur carrière ne vire pas au cauchemar ?
Philippe Gonigam, ancien athlète de haut niveau, aujourd’hui directeur de l’Union National des Sportifs de Haut Niveau (UNSHN), le syndicat des sportifs et sportives professionnels, a l’ambition de faire avancer les choses à ce sujet dans le monde du sport : “Au terme de ma carrière sportive, j’ai observé que dans la quasi-totalité des branches professionnelles, il y avait une réelle connaissance des risques psychosociaux et de leur prévention. Mais dans le sport, rien, il n’existait rien !”, explique-t-il.
Philippe Gonigam et ses équipes décident alors de lancer un projet inédit dans le milieu du sport : un dispositif d’évaluation et de prévention des risques psychosociaux.
Sur les trois ans à venir, des chercheurs du laboratoire Sport Expertise Performance de l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) vont aller à la rencontre des sportifs et sportives professionnels afin de construire une étude objective et qui reflète la réalité du monde sportif.
“Il y aura deux étapes principales pour l’étude, explique Philippe Gonigam. D’abord, faire un état des lieux de la situation des sportifs par rapport aux risques psychosociaux. Ensuite, entrer dans le concret et mettre en place des dispositifs d’évaluation et de prévention de ces risques.”
L’objectif est en effet d’aider les sportifs et sportives dans une situation compliquée. Pas juste constater les dégâts.
En première ligne avec le syndicat, Philippe Gonigam veut responsabiliser les clubs, les ligues professionnelles et les fédérations : “Notre rôle, c’est de sensibiliser les employeurs.”
Et ce n’est pas un vain mot. Par exemple, le document unique (DU) d’évaluation et de prévention des risques professionnels ne s’applique toujours pas aux sportifs professionnels.
Situation qui n’est pas acceptable pour l’UNSHN et son président : “Concernant la prévention des risques psychosociaux, l’employeur n’est pas dans une obligation de moyens, mais dans une obligation de résultats.”
Et quoi de mieux qu’une sportive engagée pour faire bouger les lignes ? Méline Nocandy, championne olympique 2021 avec l’équipe de France de Handball, est la marraine de ce dispositif : “Méline est confrontée à tous ces risques, ça nous paraissait donc logique qu’elle s’implique à nos côtés”, note Philippe Gonigam.
Implication qui prend tout son sens et aidera à donner naissance à une étude inédite. Celle qui “optimisera la sérénité des sportifs pour une performance responsable.”