Dans la vie quotidienne, nous faisons souvent plusieurs choses à la fois. On se brosse les dents en écrivant des textos, on déjeune en continuant nos mails, on écoute les autres en pensant à notre to do list du moment. Notre esprit peine à se poser, absorbant toujours plus de sollicitations et notre attention finit par être engloutie sous notre charge mentale.
Selon le philosophe William James, « l’attention est la prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées. ». Il s’agit en somme d’une capacité à se focaliser sur quelque chose de précis à l’exclusion de tout le reste.
L’attention, c’est être là, pleinement là, hermétique au reste du monde et ce n’est pas simple !
Une expérience élaborée par le psychologue Daniel Simons, l’illustre bien : quand on demande à des spectateurs d’une partie de basket-ball de compter le nombre d’échanges qu’effectuent les membres de l’une des équipes, la moitié est tellement concentrée sur cette tâche qu’elle ne voit pas passer un gorille noir se frappant le torse.
Mais la plupart du temps, cette attention, nous ne parvenons pas à la fixer et nous la morcelons. Rien de grave certes, après tout pourquoi ne pas continuer à papillonner sans crainte ? Sauf que cela est épuisant ! On se trouve éreinté par le maintien de cette veille constante.
D’où l’importance de préserver des expériences d’attention « profonde » qui constituent des espaces de ressourcement. Mais comment faire ? Où trouver ce précieux répit ?
Eh bien justement, l’une des pistes à explorer est la pratique sportive. Le sport, quelqu’il soit, exige notre pleine présence. Comment est placé notre poignet ? Où va atterrir la balle ? Quel déplacement va choisir notre adversaire ? Notre foulée est-elle optimale ? Comment poser notre respiration ? Quel muscle activer dans cette posture ? Quelle stratégie développer face à la vague ?
Autant de questions diverses et variées qui témoignent d’une réalité : l’activité physique est un tremplin pour poser son esprit. Le corps travaille, se dépense, s’engage, mais en parallèle, le cerveau s’offre la plus belle des odyssées, celle d’une conscience qui s’apaise.
C’est en préservant ces fragments attentionnels, ces instants d’éternité, que nous faisons face à la dispersion et que nous pouvons, enfin, souffler.