Loana Lecomte : « Le sport de haut niveau, ça te permet d’avoir une autre vision de la vie. »

Loana Lecomte
Elle est est l’une des reines du cyclisme français. Deux fois Championnes de France en catégorie Espoir et plusieurs podiums européens et mondiaux à son actif en VTT, Loana Lecomte n’est pas près de lâcher le guidon. Son rêve ? Pédaler sur une piste olympique pavée d’or. Rencontre avec une jeune prodige aussi fraîche que déterminée.

Par Claire Bonnot

Publié le 11 septembre 2020 à 18h15, mis à jour le 11 septembre 2024 à 17h40

Ton histoire avec le vélo… ça a commencé comment ?

J’habitais en station de sport d’hiver en Haute-Savoie donc il fallait que je trouve un sport à faire l’été pour remplacer le ski que je pratiquais beaucoup l’hiver. C’est comme ça que mes parents m’ont inscrite au club de VTT. J’avais 8 ans et, à côté, je faisais aussi pas mal d’entraînements en vélo de route avec mon grand-père. Avec le club, j’ai vite fait quelques compétitions départementales et régionales.

Ta spécialité en cyclisme est le VTT cross-country, en quoi ça consiste ? 

À rouler sur un circuit de quatre à six kilomètres avec des passages techniques, des montées, des descentes, le tout sur un chemin tout-terrain comme en montagnes ou en forêts. On part en peloton pour une heure et demie de course et la première arrivée gagne…

Loana Lecomte
©Facebook Loana Lecomte

Tu dis que, dans ce milieu, lorsque tu étais petite, il y avait beaucoup plus de filles que maintenant…

Bizarrement, oui. On était plus d’une dizaine à prendre le départ dans chaque catégorie, mais beaucoup ont arrêté. C’est sûr qu’il y a tout de même beaucoup plus d’hommes que de femmes dans ce sport où on concourt en catégories séparées. Mais c’est quand-même un milieu assez ouvert aux filles !

On va toujours entendre quelques remarques réductrices comme : « C’est plus simple chez les filles » ou « Il n’y a pas de niveau », mais c’est comme partout…

Souvent, les copains athlètes sont épatés de ce qu’on peut faire en descente, de notre niveau technique. En général, il y a un bon esprit.

Loana Lecomte
©Facebook Loana Lecomte

Que dirais-tu à des jeunes filles qui veulent se mettre au vélo mais qui n’osent pas se lancer sur la piste ?

Faites ce qui vous plaît ! Et surtout n’ayez pas de complexes et donc allez oser battre les garçons !

Tu es l’un des espoirs du cyclisme féminin français avec tes nombreux titres : Championne de France de VTT par deux fois (en 2019 et 2020) et sur le podium en Championnats du monde et d’Europe (médaillée en Bronze), le tout en catégorie Espoirs justement…

Je concours en Espoirs, soit en moins de 23 ans, mais je me suis fait surclasser en Élite cette année pour les Jeux Olympiques. C’est comme ça que je pourrai faire les courses de sélections et possiblement être sélectionnée…

La Fédération Française de Cyclisme a fait une demande à l’Union Cycliste Internationale. Il fallait que je sois dans les 5 premières mondiales des espoirs sur l’année.

Loana Lecomte
©Facebook Loana Lecomte

Tout récemment, aux Menuires, pour les championnats de France du 21 au 23 août, tu t’es classée en tête de la catégorie Espoirs et devenue vice-championne de France en catégorie Élite Dame. C’était ton objectif ?

Oui, je voulais vraiment garder mon maillot dans la catégorie Espoirs et je m’étais dit pourquoi pas un podium avec les élites ?

Donc, je suis vraiment contente de ma performance, surtout sur ce circuit très physique et avec la gestion plus ou moins difficile de l’altitude.

Loana Lecomte
© Les Menuires

Quelle est la suite de ton programme sportif cette année ?

Les Coupes du monde, les Championnats du monde et d’Europe, tout à la suite, du 28 septembre au 18 octobre. J’ai vraiment hâte ! J’ai tout fait pour me préparer le mieux possible donc on verra… Je suis très motivée.

Tu n’es pas encore cycliste professionnelle, pourquoi ?

C’est mon objectif à long terme, mais ça dépend des résultats, des opportunités et des budgets de l’équipe dans laquelle on est. Aux sponsors de vouloir débloquer un budget pour payer un athlète. !

J’ai cependant la chance d’être à l’Armée des champions, ce qui me permet de pouvoir vivre du cyclisme tout en continuant mes études. Tous les ans, des places se libèrent, le Ministère des Armées attribuant des places à chaque fédération pour recruter des sportifs de haut-niveau.

Loana Lecomte
©Facebook Loana Lecomte

Devenir pro, c’est donc ton objectif, quoi d’autre ?

Faire les JO ! À côté de ça, je vais valider ma licence, je suis en STAPS troisième année (sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr), mais je me réorienterai sans doute par la suite.

C’est quoi l’entraînement d’une championne cycliste ?

Je fais partie du Pôle France VTT depuis cinq ans et je m’entraîne en moyenne entre douze et quinze heures par semaine.

Loana Lecomte
©FFC Patrick Pichon

Assez intense…On a tous les jours envie de monter en selle ?

C’est comme dans tout : parfois, on n’a pas envie de se mettre sur le vélo mais, moi, une fois que j’y suis, tout va bien ! Le jour où ça deviendra un sacrifice, j’arrêterai.

Mentalement, tu gères comment cette pression liée au sport de haut-niveau ?

J’arrive bien à gérer, niveau mental. En fait, à chaque fois, j’attends le prochain objectif : on vit pour ça, on y pense tout le temps, dès l’entraînement. Et c’est ça qui me motive !

Le sport, c’est dur oui, on n’est pas toujours au top, mais le but, c’est de faire toujours mieux !

Loana Lecomte
©FFC Patrick Pichon

As-tu des modèles féminins qui te boostent dans le cyclisme ?

Pauline Ferrand-Prévot, bien sûr ! Championne du monde dans les trois disciplines et Championne du monde, quand-même ! Et Julie Bresset, Championne olympique en 2012. Je suis dans la même team qu’elle – Massi – et je mesure ma chance car elle partage beaucoup son expérience !

Loana Lecomte
©FFC Patrick Pichon

Dans ta vie, finalement, le cyclisme représente quoi ?

Le sport me procure vraiment du plaisir et me permet de m’évader. Et puis, je fais du vélo tout simplement parce que c’est ma passion ! Comme avec tous les sports de haut-niveau, ça permet d’avoir une autre vision de la vie, d’être plus persévérante, plus déterminée. Ça apprend à tout donner, à ne rien lâcher et à mettre toutes les chances de son côté… pour réussir !

Vous aimerez aussi…

Emeric Clos : « Les petites filles qui font de l'escrime sont souvent celles qui n'ont peur de rien. » Kids

Emeric Clos : « Les petites filles qui font de l’escrime sont souvent celles qui n’ont peur de rien. »

Si les escrimeuses françaises ont brillé lors des JO parisiens, les jeunes filles demeurent minoritaires dans les clubs. Pourquoi et comment inverser la tendance ? Réponses à fleurets mouchetés d’Emeric Clos qui a longtemps donné des cours, chez lui, à Aix-en-Provence, avant de s’occuper du haut niveau et d’entraîner l’équipe de France masculine de fleuret.

Lire plus »
Sine Qua Non Run 2025, et c'est reparti pour le show !

Sine Qua Non Run, et c’est reparti pour le show !

Ce samedi 15 mars, la 7e édition de la Sine Qua Non Run débutera à 18 heures. La soirée appartiendra aux participantes et participants, qui seront tous là pour piétiner les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes. Le tout dans une ambiance festive, en pleine Ville Lumière.

Lire plus »
JO Beijing 2022 Tempête bleue annoncée sur les hauteurs de Chine

JO Beijing 2022 : Tempête bleue annoncée sur les hauteurs de Chine

L’équipe de France arrive en force ! Du 4 au 20 février, la 24e édition des JO d’hiver aura lieu à Pékin, autrement dit Beijing, en Chine. Et elle a bien l’intention de marquer les esprits durant cette quinzaine olympique. Au programme, de nouvelles épreuves et toujours plus de spectacle, ça fait un paquet de bonnes raisons de marquer d’une croix les dates de ces Jeux Olympiques. Petit tour d’horizon de ce qui nous attend.

Lire plus »
Diana Nyad La nageuse qui s’est jouée des requins en chantant

Diana Nyad, la nageuse qui s’est jouée des requins en chantant

En 2013, elle reliait à la nage, sans aucune protection contre les requins, Cuba à Key West, en Floride. Elle avait 64 ans. L’Américaine Diana Nyad était alors surtout connue pour avoir été championne de squash dans les années 80. Mais son rêve, c’était de relever ce défi aquatique. She did it. Et elle se raconte dans cet épisode du podcast « Merci pour ce moment » signé Quentin Faure.

Lire plus »
Iga Swiatek

Roland-Garros : les 7 dernières killeuses de la terre battue

Les Internationaux de France de tennis s’ouvrent porte d’Auteuil et avant de savoir qui soulèvera la coupe Suzanne-Lenglen (les paris donnent gagnante Iga Swiatek sur notre photo), zoom sur les championnes de ces sept dernières années, celles, souvent inattendues, qui ont brillé sur les courts du plus grand tournoi parisien.

Lire plus »
Nicolas Sauerbrey : « Les filles veulent faire du beau volley avant d'être efficaces et les garçons, eux, veulent gagner. » KIds

Nicolas Sauerbrey : « Les filles veulent faire du beau volley avant d’être efficaces et les garçons, eux, veulent gagner. »

Presque la moitié des licenciés de la Fédération Française de Volley sont des jeunes filles et des femmes, un bon point pour cette discipline qui signe des records d’affluence post-JO. Pour autant, Nicolas Sauerbrey, DTN adjoint en charge de la formation et du développement, assure que les filles aiment le volley, mais pas comme les garçons. Il nous explique pourquoi.

Lire plus »
Ramla Ali, toujours le poing levé !

Ramla Ali, toujours le poing levé !

Une enfance marquée par la guerre et l’exode, une adolescence troublée, une passion folle pour les gants, la championne somalienne de boxe anglaise Ramla Ali combat comme elle respire. Portrait d’une fille qui se hisse avec hargne au sommet de sa discipline, avec les JO en ligne de mire.

Lire plus »
Renelle Lamotte

Rénelle Lamote, l’athlète qui fond sur Tokyo pour oublier Rio

Il y a cinq ans, au Brésil, Rénelle Lamote voyait ses ambitions olympiques réduites à néant dès les séries. Après une lente et douloureuse reconstruction, la demi-fondeuse francilienne est parvenue à renouer avec son meilleur niveau. À quelques jours de son entrée en lice aux Jeux Olympiques de Tokyo, la double vice-championne d’Europe du 800 mètres veut rivaliser avec le gratin mondial.

Lire plus »
Becky Hammon

Becky Hammon : la basketteuse qui s’offre une révolution de parquet

« Big shot Becky » est dans la place ! À 45 ans, Becky Hammon, après être devenue la première femme à coacher une équipe en NBA, marque un peu plus l’histoire du basket nord-américain en enchaînant les victoires en WNBA, la ligue féminine, et en étant élue entraîneure de l’année. Récit d’une fille qui sait prendre la balle au bond.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner