Ton histoire avec le vélo… ça a commencé comment ?
J’habitais en station de sport d’hiver en Haute-Savoie donc il fallait que je trouve un sport à faire l’été pour remplacer le ski que je pratiquais beaucoup l’hiver. C’est comme ça que mes parents m’ont inscrite au club de VTT. J’avais 8 ans et, à côté, je faisais aussi pas mal d’entraînements en vélo de route avec mon grand-père. Avec le club, j’ai vite fait quelques compétitions départementales et régionales.
Ta spécialité en cyclisme est le VTT cross-country, en quoi ça consiste ?
À rouler sur un circuit de quatre à six kilomètres avec des passages techniques, des montées, des descentes, le tout sur un chemin tout-terrain comme en montagnes ou en forêts. On part en peloton pour une heure et demie de course et la première arrivée gagne…

Tu dis que, dans ce milieu, lorsque tu étais petite, il y avait beaucoup plus de filles que maintenant…
Bizarrement, oui. On était plus d’une dizaine à prendre le départ dans chaque catégorie, mais beaucoup ont arrêté. C’est sûr qu’il y a tout de même beaucoup plus d’hommes que de femmes dans ce sport où on concourt en catégories séparées. Mais c’est quand-même un milieu assez ouvert aux filles !
On va toujours entendre quelques remarques réductrices comme : « C’est plus simple chez les filles » ou « Il n’y a pas de niveau », mais c’est comme partout…
Souvent, les copains athlètes sont épatés de ce qu’on peut faire en descente, de notre niveau technique. En général, il y a un bon esprit.

Que dirais-tu à des jeunes filles qui veulent se mettre au vélo mais qui n’osent pas se lancer sur la piste ?
Faites ce qui vous plaît ! Et surtout n’ayez pas de complexes et donc allez oser battre les garçons !
Tu es l’un des espoirs du cyclisme féminin français avec tes nombreux titres : Championne de France de VTT par deux fois (en 2019 et 2020) et sur le podium en Championnats du monde et d’Europe (médaillée en Bronze), le tout en catégorie Espoirs justement…
Je concours en Espoirs, soit en moins de 23 ans, mais je me suis fait surclasser en Élite cette année pour les Jeux Olympiques. C’est comme ça que je pourrai faire les courses de sélections et possiblement être sélectionnée…
La Fédération Française de Cyclisme a fait une demande à l’Union Cycliste Internationale. Il fallait que je sois dans les 5 premières mondiales des espoirs sur l’année.

Tout récemment, aux Menuires, pour les championnats de France du 21 au 23 août, tu t’es classée en tête de la catégorie Espoirs et devenue vice-championne de France en catégorie Élite Dame. C’était ton objectif ?
Oui, je voulais vraiment garder mon maillot dans la catégorie Espoirs et je m’étais dit pourquoi pas un podium avec les élites ?
Donc, je suis vraiment contente de ma performance, surtout sur ce circuit très physique et avec la gestion plus ou moins difficile de l’altitude.

Quelle est la suite de ton programme sportif cette année ?
Les Coupes du monde, les Championnats du monde et d’Europe, tout à la suite, du 28 septembre au 18 octobre. J’ai vraiment hâte ! J’ai tout fait pour me préparer le mieux possible donc on verra… Je suis très motivée.
Tu n’es pas encore cycliste professionnelle, pourquoi ?
C’est mon objectif à long terme, mais ça dépend des résultats, des opportunités et des budgets de l’équipe dans laquelle on est. Aux sponsors de vouloir débloquer un budget pour payer un athlète. !
J’ai cependant la chance d’être à l’Armée des champions, ce qui me permet de pouvoir vivre du cyclisme tout en continuant mes études. Tous les ans, des places se libèrent, le Ministère des Armées attribuant des places à chaque fédération pour recruter des sportifs de haut-niveau.

Devenir pro, c’est donc ton objectif, quoi d’autre ?
Faire les JO ! À côté de ça, je vais valider ma licence, je suis en STAPS troisième année (sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr), mais je me réorienterai sans doute par la suite.
C’est quoi l’entraînement d’une championne cycliste ?
Je fais partie du Pôle France VTT depuis cinq ans et je m’entraîne en moyenne entre douze et quinze heures par semaine.

Assez intense…On a tous les jours envie de monter en selle ?
C’est comme dans tout : parfois, on n’a pas envie de se mettre sur le vélo mais, moi, une fois que j’y suis, tout va bien ! Le jour où ça deviendra un sacrifice, j’arrêterai.
Mentalement, tu gères comment cette pression liée au sport de haut-niveau ?
J’arrive bien à gérer, niveau mental. En fait, à chaque fois, j’attends le prochain objectif : on vit pour ça, on y pense tout le temps, dès l’entraînement. Et c’est ça qui me motive !
Le sport, c’est dur oui, on n’est pas toujours au top, mais le but, c’est de faire toujours mieux !

As-tu des modèles féminins qui te boostent dans le cyclisme ?
Pauline Ferrand-Prévot, bien sûr ! Championne du monde dans les trois disciplines et Championne du monde, quand-même ! Et Julie Bresset, Championne olympique en 2012. Je suis dans la même team qu’elle – Massi – et je mesure ma chance car elle partage beaucoup son expérience !

Dans ta vie, finalement, le cyclisme représente quoi ?
Le sport me procure vraiment du plaisir et me permet de m’évader. Et puis, je fais du vélo tout simplement parce que c’est ma passion ! Comme avec tous les sports de haut-niveau, ça permet d’avoir une autre vision de la vie, d’être plus persévérante, plus déterminée. Ça apprend à tout donner, à ne rien lâcher et à mettre toutes les chances de son côté… pour réussir !