L’équitation, un sport mixte, vraiment ?

equitation femme
À la différence de nombreux autres sports, l’équitation a toujours été un sport mixte. En compétition, sur ses trois disciplines majeures - saut d’obstacles, dressage et concours complet -, les femmes sont les égales des hommes. Pourtant, il ne s’agit pas encore d’une réelle parité.

Par Delphine Germain

Publié le 25 février 2020 à 11h11, mis à jour le 06 mars 2022 à 18h23

Avec 80,6  % de femmes licenciées à la Fédération française d’équitation, tous niveaux confondus, l’équitation est communément taxée de « sport de filles ». C’est aussi l’un des rares sports mixtes. Aux jeux Olympiques, c’est même le seul sport individuel mixte sur les vingt-huit disciplines.

Mais si les filles sont très présentes chez les amateurs, en revanche seules 25  % d’entre elles évoluent à haut niveau, un bastion encore très masculin. En 2014, sur les 3 104 cavaliers dits professionnels, on comptait 1 202 femmes pour 1 902 hommes.

L’équitation requiert une grande implication sociale et financière, avec de gros efforts physiques quotidiens pendant de nombreuses années pour des résultats aléatoires. Peu de femmes décident de prendre un tel risque. Adulte, la plupart des cavalières affichent des réserves, par peur de la chute, des blessures, par crainte aussi de ne pouvoir jongler entre vie de famille et compétition.

Égérie incontestée

cheval equitation

Certaines y parviennent cependant avec brio, comme la médaillée d’or par équipes aux JO de Rio 2016, 22e rang mondial mais première femme du classement, la Française Pénélope Leprévost.

Cette championne de saut d’obstacles est l’égérie incontestée de toutes les cavalières qui admirent son style parfait au-dessus des barres. Mais pas seulement.

À l’instar des hommes, l’élégante Normande a la gagne dans le sang. Issue d’un milieu modeste, elle affichait petite une volonté hors norme : «  J’étais enragée, je passais ma vie avec les chevaux, se souvient-elle. Au collège, dès que je n’étais plus en cours, je filais aux écuries, même à l’heure du déjeuner. »

Le soir, elle était la dernière à partir. Pour assouvir sa passion, à 14 ans elle montait déjà des chevaux de propriétaire, tout en assurant les travaux d’écuries. Bac scientifique en poche, elle se lance dans une carrière professionnelle.

Maman à 23 ans, elle ne s’arrête pas avant ses cinq mois de grossesse et se remet aussitôt en selle après l’accouchement. Deux ans plus tard, elle commence à gagner ses premières épreuves nationales, avant d’accéder au haut niveau à 28 ans.

Le même moteur

equitation

Star des concours internationaux, celle qui a activement participé à la qualification des Bleus aux Jo de Tokyo cet été, se sent l’égale des hommes : « Je ne fais pas de différence entre hommes et femmes, dit-elle, j’ai juste l’impression que nous sommes des cavaliers animés par le même moteur pour réussir. »

Le fait d’être une femme serait même pour elle un avantage : « On me confie souvent des chevaux talentueux mais difficiles, avec qui il faut agir avec délicatesse. »

Elle avoue cependant qu’il faut du tempérament pour résister à la pression de la compétition à haut niveau. Heureusement, la dame a du caractère : « Oui, j’en ai à revendre ! Je suis connue dans le milieu pour avoir de la personnalité ! » Et ce n’est pas un défaut.

Seule concession, côté perso, Pénélope Leprévost est « maman à mi-temps », du lundi au jeudi. Le reste de la semaine, elle multiplie les compétitions à travers le monde : « Maintenant, je partage ma passion avec ma fille, confie-t-elle. Ce sont des moments fabuleux même si j’ai tout fait pour qu’elle ne tombe pas là-dedans ! » On n’échappe pas à son destin.

Vous aimerez aussi…

Paris-Roubaix : l'Enfer des dames, saison 2 !

Paris-Roubaix : l’Enfer des dames, saison 2 !

Elles s’apprêtent à rouler en éclaireuses. Ce samedi 16 avril, la veille du départ des hommes, la deuxième édition du Paris-Roubaix féminin s’élancera sous le soleil nordiste. Des coureuses qui vont battre le pavé. Ou presque, car ces acharnées-là savent très bien où elles vont et pourquoi elles roulent : vers une plus grande reconnaissance des filles dans le cyclisme. Parcours mythique, casting de rêve… Attention au blockbuster !

Lire plus »
Aloïse Retornaz

Aloïse Retornaz : « J’ai beaucoup de mal à rester loin de la mer, loin de l’eau. »

Une tête bien faite dans un corps bien entraîné. Championne de France Elite, Championne d’Europe, médaillée d’or en Coupe du monde de 470, la Brestoise Aloïse Retornaz vient de remporter la médaille de bronze sur 470, avec sa coéquipière Camille Lecointre, aux JO de Tokyo. Nous l’avions rencontrée en mai dernier. Échanges passionnants avec une fille qui mord la mer à pleines dents, sans prendre la tasse.

Lire plus »
JO 2021

JO de Tokyo, la course au drapeau

Pour la première fois, aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo, la France aura deux représentants pour un seul drapeau : une femme et un homme. Un binôme égalitaire pour jouer les porte-drapeaux. Ils sont dix-neuf athlètes à s’être proposés pour porter haut les couleurs françaises. Il faudra attendre début juillet pour savoir qui est sorti du chapeau. Pour l’heure, si on faisait les présentations ?

Lire plus »
Ons Jabeur, l'histoire est en marche...

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Des joueuses sur les courts à Roland-Garros, le nouveau podcast ÀBLOCK! qui accueille une femme qui n’a pas sa langue dans sa poche ou encore un championnat où tenir bon la barre, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Bonne lecture !

Lire plus »
La question qui tue

Une brassière, ça serre trop, j’peux pas juste mettre un sous-tif ?

Oh, ça va, avouons-le, on a toutes rêvé de faire du sport à poil sous le t-shirt ! Tellement plus confort de pas avoir un truc qui compresse la poitrine et vous scie la peau du dos ! Oui, mais non. La question qui tue, du coup, c’est : « Une brassière, c’est obligé ? Si je mettais plutôt un bon vieux soutien-gorge ? » Euh…la réponse de notre coach Nathalie Servais. Ça vaut mieux.

Lire plus »
Kasey Badger, l'héroïne au sifflet

Kasey Badger, l’héroïne au sifflet

Le 24 octobre dernier, lors d’un match de la Coupe du monde masculine de rugby à XIII, la star n’était pas ballon en main, mais sifflet en bouche. L’Australienne Kasey Badger est devenue la première de l’histoire de la discipline à avoir arbitré un match d’un tel niveau.

Lire plus »
Fanny Caspar

Fanny : « Quelques minutes sur des skis et c’est le bonheur infini… »

Le ski pour passion, la montagne comme inspiration, les femmes par conviction. Championne du monde junior et multi-championne de France de ski de bosses, membre de l’équipe de France de freestyle dès ses 15 ans, coach de l’équipe d’Australie, Fanny Caspar a eu plusieurs vies sur ses skis. Résiliente après deux genoux cassés et un arrêt brutal de sa carrière, la montagnarde partage désormais son expérience avec les autres femmes en les poussant à croire en elles via les sports de glisse. Témoignage survitaminé.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner